Médecine d'Afrique Noire : 2000, 47 (2)
Tableau V : Types histologiques des
adénocarcinomes selon les tranches d’âge
Type histologique Age < 40 ans Age 40 ans Total
Bien différencié 17 14 31
Peu différencié 3 1 4
Indifférencié 1 0 1
Mucoïde 0 2 2
Total 21 17 38
Tableau VI : Extension loco-régionale de
38 adénocarcinomes colo-rectaux
selon la classification de Dukes
Stade Age < 40 ans Age 40 ans Total
A 2 4 6
B 3 5 8
C 12 6 18
D 4 2 6
Total 21 17 38
Les formes des stades B et C de Dukes prédominaient chez
les sujets de plus de 40 ans, les fo rmes C et D chez les
sujets de moins de 40 ans, sans que cette différence ne soit
s t a tistiquement signifi c at i ve (X2 = 4,04 ; ddl = 3 ;
P = 0,25).
COMMENTAIRES
Cette étude bien que portant sur une petite série africaine a
montré une absence de part i c u l a rités cliniques entre les
c a n c e rs colo-rectaux du sujet de moins de 40 ans et les
c a n c e rs colo-rectaux chez les sujets plus âgés en milieu
Camerounais. Du point de vue anatomo-pathologique seul
l’aspect macroscopique semble diff é r ent entre les deux
t ra n ches d’âge (tableau IV), les fo rmes ulcérées et infi l -
trantes étant plus fréquentes chez les sujets de moins de 40
ans. Cette différence serait due à l’évolution naturelle des
cancers colo-rectaux qui, nés à partir d’une lésion muqueu-
se, évoluent classiquement en profondeur, en hauteur et en
l a rgeur gagnant la circ o n f é rence rectale ou colique pour
devenir sténosante ou obstructive.
L’étude montre aussi une incidence des cancers colo-
rectaux pro b ablement plus grande en milieu camero u n a i s
que dans les autres pays africains ; NGUEMA-MVE (9)
n’avait retrouvé que 7 cas de cancers coliques en 10 ans,
soit 0,07 % de l’activité chirurgicale de l’Hôpital de Melen
au Gabon ; un seul malade de cette étude avait moins de 40
ans. PADONOU et coll. (11) au Bénin et YA N G N I -
ANGATE et coll. (15) en Côte d’Ivoire ont noté la même
rareté des cancers colo-rectaux avec respectivement 10 cas
en 7 ans et 35 cas en 5 ans. Deux facteurs étiologiques sont
constants dans les séries africaines, la prédominance mas-
culine et l’âge moyen situé souvent entre 45 et 50 ans (2, 8,
9, 11). Ce jeune âge moyen est justifié par un grand nom-
bre de cancers colo-rectaux chez les sujets de moins de 40
ans, 30 malades dans notre série soit 47,61 % des cas.
Cette fréquence est nettement supérieure à celle des séries
occidentales, 2 à 10 % pour la plupart des auteurs (3, 4, 6,
12). D’autres fréquences élevées (23 %) avaient été retrou-
vées en Arabie Saoudite, un pays à fa i ble prévalence des
c a n c e r s colo-rectaux ; l’incidence de ces cancers dans
notre série plaide contre la pratique classique qui considé-
rait le cancer colo-rectal comme une affection du sujet de
la cinquantaine.
Du point de vue clinique, il faut signaler la rareté des états
précancéreux dans les antécédents des malades, un seul de
nos malades (1,5 %) contre 41 % selon PISSIOTIS (13)
sur 17 cancers colo-rectaux diagnostiqués chez des mala-
des de moins de 25 ans. Ailleurs, le délai entre le début des
symptômes et le traitement en milieu chirurgical était aussi
bien élevé chez les malades de moins de 40 ans que chez
les malades plus âgés. Si la différence entre les deux grou-
pes de malades n’était pas signifi c at ive, le délai moye n
global de 11,94 mois reste supérieur à ceux des séri e s
occidentales qui sont souvent inférieurs à 6 mois et demi
(1, 4, 13). L’absence de différence selon les symptômes et
les signes physiques entre les deux groupes (tableau 11)
semble liée à une longue durée d’évolution de ces cancers
qui ont la même répartition des types histologiques dans
cette étude (Tableau V). L’ a bsence de part i c u l a ri t é s
cliniques des cancers colo-rectaux du sujet de moins de 40
ans avait déjà été décrite par ADLOFF (1). Ce fait est
associé à une similitude de survie moyenne de ces cancers
par rapport aux cancers colo-rectaux des sujets de plus de
40 ans (1, 6, 12). Pour d’autres auteurs par contre les
c a n c e rs colo-rectaux seraient plus agressifs avec un plus
mauvais pronostic chez l’adulte de moins de 40 ans (3, 4,
13). Dans notre étude, la survie des malades n’a pas été
é t u d i é e, mais nous considérons que le pronostic de ces
cancers n’est pas aggravé par le facteur âge, la répartition
selon les stades de Dukes étant comparable dans les deux
LES CANCERS COLO-RECTAUX… 103