diffusés dans les médias, parfois dans les déclarations de
politiciens que l’on ne répertorie pas comme extrémistes,
justifiant même l’élaboration de lois ciblées, singulièrement
et avant tout en France, même si le phénomène a pris
aujourd’hui une ampleur continentale. Nous ne sommes
plus dans le rejet classique des étrangers qui voleraient
« nos » emplois et s’intégreraient mal ; nous avons éga-
lement dépassé la simple islamophobie qui s’est diffusée
dans les années 1980 et 1990. Un pas supplémentaire
a manifestement été franchi. Au- delà d’une éventuelle
poussée démographique ou d’hypothétiques obstacles à
l’« assimilation », la religiosité des musulmans, la visibilité
des symboles d’islamité, le développement du commerce
halal et, bien sûr, les différentes déclinaisons du voile
sont désormais interprétés comme autant de signes d’une
entreprise d’acculturation inversée : loin de s’« intégrer » aux
populations européennes, les musulmans chercheraient à
leur imposer leur propre mode de vie.
Le célèbre éditorialiste Ivan Rioufol n’hésite pas à compa-
rer la situation actuelle de l’Europe à la Chute de Constan-
tinople : « […] ce qui frappe à la lecture de ce déclin et
de l’effacement brutal de la civilisation byzantine [face à
l’islam] est la permanence de sentiments contemporains,
à commencer par le déni des dangers pourtant prévisibles
[…]. » Nous ferions face à une « islamisation d’isolats plus
ou moins étendus », ce qui nous conduirait « avant la fin
de ce siècle » à un « progressif effacement culturel et iden-
titaire rendant dérisoire toute résistance finale ». Rioufol en
appelle solennellement, pour contrecarrer « ce destin d’une
nouvelle France gagnée par un peuplement nouveau », à
Le mythe de l’islamisation
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