Quelles sont les inégalités hommes/femmes devant le risque

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Article rédigé par Olivier MARIN et paru dans la revue Premier Secours
Selon l’enquête Sumer 2003 menée par le ministère chargé du Travail, on compte 2,4 millions de salariés
exposés à des produits cancérogènes, soit 13,5 % des salariés.
Les hommes constituent 84 % des salariés exposés aux cancérogènes, dans la mesure les secteurs les plus
exposés sont essentiellement masculins. Toutefois, les expositions des femmes aux cancérogènes en milieu
professionnel ont fait l’objet de peu d’investigations.
Du fait du caractère plurifactoriel du cancer, il reste très difficile de distinguer la part des cancers relevant
d’expositions professionnelles de celle imputable à des facteurs individuels (âge, polymorphisme génétique) ou
à d’autres types d’exposition (liés à l’environnement et aux modes de vie) ce qui constitue un frein à la
déclaration, la reconnaissance et la mise en œuvre de mesures de prévention primaire.
Etat des lieux :
D’après l’InVS, entre 1980 et 2005, le nombre de nouveaux cas de cancer a augmenté respectivement de +93 %
chez l’homme et de +84 % chez la femme et une augmentation des décès de +13 % chez l’homme et de +13 %
chez la femme. Au cours de ces 25 ans, en tenant compte de l’augmentation de la taille de la population et de
son vieillissement, l’augmentation du risque d’avoir un cancer est de 48 % chez l’homme et de 47 % chez la
femme. Le risque de décéder d’un cancer a en revanche diminué pendant cette même période de -29 % chez
l’homme et de -22 % chez la femme. Le cancer du sein représente la moitié de l’augmentation des nouveaux cas
de cancer chez la femme et le cancer de la prostate 70 % de l’augmentation chez l’homme. La modification des
pratiques médicales et l’augmentation de l’activité de dépistage ont joué un rôle majeur dans l’augmentation des
nouveaux cas de cancers sans toutefois suffire à expliquer l’ensemble des résultats observés. Il est probable que
des facteurs socio-économiques, environnementaux, de mode de vie et de comportement sont aussi en cause.
C’est pourquoi, les travaux de recherche menés dans le cadre du plan cancer 2009-2013 sur les facteurs de risque
restent essentiels pour une meilleure compréhension des cancers et pour orienter les mesures d’information et de
prévention.
Inégalité d’exposition :
Selon l’agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, les cancers professionnels sont plus communs
chez les hommes, en particulier à cause des différences de durée et de type d’exposition entre les deux sexes.
Exposition aux produits cancérogènes. :
- Les hommes sont 4 fois plus exposés aux cancérogènes que les femmes (secteurs professionnels exposés
majoritairement masculins, l’amiante restant la principale cause de cancer professionnel)
Cinq secteurs d’activité (parmi 36 au total : construction, commerce et réparation automobile, métallurgie,
services opérationnels, santé) concentrent la moitié des salariés exposés.
Quelles sont les inégalités
hommes/femmes devant le risque
CMR
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Centres Médicaux
SAINTE MARIE 30, rue André Lardy – Bât A Les cuves de la Mare Tél : 02.6228.81.80 / Fax : 02.62.28.81.84
SAINT-DENIS Immeuble Paille en Queue 31, rue Jacob Tél : 02.62 21.06.92 / Fax : 02.62.21.31.40
LE PORT 17, rue Roland Hoareau Tél : 0262 42.04.10 / Fax : 02.62 43.69.83
SAINT-PIERRE 2, rue René Dufestin Boulevard Bank Tél : 0262 25.07.43 / Fax : 02.62 35.12.63
Exposition aux produits mutagènes :
- Environ 186 000 personnes, soit 1 % des salariés sont exposés aux produits mutagènes repérés dans le
questionnaire Sumer 2003
- Les salariés ayant des fonctions de production ou de maintenance sont les plus exposés (3 %), suivi des salariés
dans des fonctions de méthodes, recherche (1%). Les produits les plus fréquents sont le chrome et ses dérivés
dans 58 % des cas et le benzène dans 25 % des cas
Exposition aux produits reprotoxiques :
- Les hommes sont 3 fois plus souvent exposés que les femmes et constituent 80 % des travailleurs exposés
Les cancers féminins longtemps sous-estimés :
Jusqu’à 2004, les études dans les secteurs professionnels les hommes sont soumis à des risques de cancers
sont en effet tout simplement beaucoup plus nombreuses. Le rapport 2002 de l’Organisation Mondiale de la
Santé précise que 20 à 30% de la population masculine en âge de travailler et 5 à 20% de la population féminine
ont pu être exposés au cours de leur vie professionnelle à des facteurs carcinogènes des poumons tels que
l’amiante, l’arsenic, le béryllium, le cadmium, le chrome, les émanations des moteurs diesel, le nickel et la
silice. Des expositions responsables de 10,3% des cancers de la trachée et des bronches et de 2,4%des
leucémies.
Un ensemble d’études réalisées entre 1997 et 2003 aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et en Suisse montre
que le taux de mortalité à des cancers du foie en rapport avec des facteurs professionnels est plus élevé chez
les femmes que chez les hommes : 5,3% contre 3,5%.
Les études sur le rôle des facteurs professionnels dans les cancers du sein, cancer qui affecte le plus grand
nombre de femmes, restent rares : seules quatre études avaient été conduites sur ce sujet jusqu’à 2003.
L’étude CECILE (INSERM fev 2010) sur les facteurs de risque professionnels, conduite auprès de 2.500
femmes, dont la moitié atteinte d’un cancer du sein, en Ille-et-Vilaine et en Côte-d’Or, met en avant un risque
accru de ce cancer chez les infirmières et les ouvrières de l’industrie textile. Mais aussi chez les femmes ayant
travaillé la nuit entière (23h-5h) dont le risque de cancer du sein est accru de 40% par rapport aux femmes
n’ayant jamais travaillé de nuit.
L’étude ICARE (INSERM fev 2010), conduite auprès de plus de 8.000 personnes, a montré un excès de
cancers du poumon chez les monteurs en appareillage électrique, les plombiers et les travailleurs de la
construction et un excès de cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS) chez les femmes de ménage,
les ouvrières du façonnage et de l’usinage des métaux.
En 2009, l’INRS souligne le nombre important d’études épidémiologiques menées depuis 25 ans qui
s’intéressent aux expositions survenant avant et pendant la grossesse. Certains cancers génitaux chez les enfants
de sexe féminin ont été mis en évidence dans des cas de traitement de la mère pendant la grossesse par certain(s)
œstrogène(s), comme le distilbène. Mais le rôle des expositions professionnelles des parents aux agents
chimiques dans l’étiologie des cancers de l’enfant reste encore à l’état d’hypothèse. Toutefois, pour le cas des
expositions in utero aux rayonnements ionisants, la responsabilité des expositions à forte dose dans plusieurs des
cancers de l’enfant est bien établie. Des questions restent cependant posées en ce qui concerne les faibles doses.
Une étude publiée par L’INSERM en mars 2011 dans la revue ''Environmental Health Perspectives'' et réalisée
entre 2002 et 2006 auprès de plus 3.400 femmes enceintes en début de grossesse en Bretagne, région agricole, a
permis d'établir qu'une présence marquée d'atrazine (pesticide le plus présent dans les eaux en France) dans les
urines était accompagnée d'une diminution du poids de naissance et de périmètre crânien. Selon l'enquête, les
femmes ayant des traces d'atrazine ou d'un de ses métabolites dans les urines avaient 50% de risque
supplémentaire d'avoir un enfant ayant un faible poids à la naissance et 70% de risque supplémentaire d'avoir un
enfant ayant une faible circonférence crânienne à la naissance. Cette étude nous montre clairement que des doses
très faibles d'un herbicide perturbateur endocrinien peuvent avoir des effets dommageables sur le développement
du fœtus et donc sur le futur état de santé de l'enfant''.
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Inégalité individuelle :
Certains individus sont porteurs d’anomalies génétiques (ou mutations) qui les prédisposent à la survenue de
certains cancers, comme le cancer du sein ou le rétinoblastome.
Selon l’INSERM le concept de susceptibilité génétique et d’interactions entre facteurs de risque génétiques et
environnementaux est un nouvel axe de recherche de l’épidémiologie des cancers. De plus, dans le domaine de
la recherche comme du point de vue de l’utilisation des résultats en prévention, il est important de rappeler que
le mode d’exposition, la durée, l’âge, le sexe notamment, ou éventuellement d’autres gènes que ceux étudiés par
l’expertise, resteront des déterminants majeurs du risque.
Pour Conclure :
Tous les secteurs d’activité sont susceptibles d’être concernés par la prévention du risque cancérogène : 4 à 8,5
% des cancers sont aujourd’hui suspectés d’être d’origine professionnelle (InVS).
Les différents parcours professionnels, les inégalités géographiques, l’exposition de certaines populations à
d’autres facteurs de risque de cancer (tabac, alcool, alimentation, sédentarité, etc.), s’inscrivent également dans
ces processus cumulatifs et contribuent aux inégalités en plus des spécificités individuelles et de celles liées au
sexe.
Même si le nombre de cancers reconnus comme maladies professionnelles a augmenté ces dernières années (du
fait de la reconnaissance des cancers liés à l’amiante), le système de reconnaissance, de réparation et de suivi
post-expositions reste largement sous-utilisé. En conséquence, seule une part des cancers liés à des expositions
professionnelles est effectivement déclarée et reconnue, ce qui renforce ces inégalités.
La prévention des cancers d’origine professionnelle doit donc être une priorité car les expositions d’aujourd’hui
feront les cancers de demain.
Protection spécifique des femmes par le code du travail :
Les femmes enceintes qui viennent d'accoucher ou qui allaitent, exposées ou risquant d'être exposées
aux agents chimiques dangereux, aux rayonnements ionisants ou aux agents biologiques (articles D.
4152-3 à D. 4152-7, D. 4152-9 à D. 4152-11 du Code du travail).
Article R4412-89 : L'information des travailleurs porte sur les effets potentiellement néfastes de
l'exposition aux substances chimiques sur la fertilité, sur l'embryon en particulier lors du début de la
grossesse, sur le fœtus et pour l'enfant en cas d'allaitement. Elle sensibilise les femmes quant à la
nécessité de déclarer le plus précocement possible leur état de grossesse et les informe sur les
possibilités de changement temporaire d'affectation et les travaux interdits prévus respectivement aux
articles L. 1225-7 et D. 4152-10.
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