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RESOLUTION
Le climat compte :
La vision de la jeunesse
européenne pour la COP21
CONSEIL DES MEMBRES /
ASSEMBLEE GENERALE EXTRAORDINAIRE
MADRID, ESPAGNE, 27-28 NOVEMBRE 2015
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Les négociations mondiales sur le changement climatique qui se dérouleront cette
année à Paris (COP21) décideront de l’avenir des jeunes dans le monde
d’aujourd’hui. Le dernier rapport du Groupe d’Experts intergouvernemental sur
l’Evolution du Climat (GIEC) l’affirme clairement1 : il existe une probabilité accrue
d’impacts sévères, omniprésents et irréversibles résultant du changement climatique
pour les populations et les écosystèmes.
Si l’on tient compte de divers scénarios, les changements attendus comprendront
vraisemblablement la hausse des températures de surface, des vagues de chaleur
plus régulières et plus longues, des épisodes de précipitations extrêmes plus
intenses et plus fréquents, une augmentation mondiale du niveau moyen de la mer,
ainsi qu’une acidification et un réchauffement de l’océan. Tous ces changements
commencent à perturber la vie des êtres vivants sur terre et à avoir un impact sur la
biodiversité.
Etant donné que notre système socio-économique est déjà vulnérable, le
changement climatique pourrait avoir des effets mondiaux potentiellement
catastrophiques car des écosystèmes entiers devront s’adapter aux nouvelles
conditions. Au bout du compte, c’est notre mode de vie dans son ensemble qui se
trouve menacé.
C’est pourquoi les Objectifs pour le Développement Durable (ODD) récemment
adoptés, insistent sur le changement climatique : sans action radicale en faveur du
climat, des centaines de millions de jeunes dans le monde risquent de sombrer dans
l’extrême pauvreté.
En tant que jeunes citoyens du monde et acteurs du changement, nous demandons
des actions immédiates aux dirigeants mondiaux. La COP21 doit convenir d’un
accord ambitieux et contraignant qui atténuera suffisamment le changement
climatique et s’y adaptera. Nous exprimons également notre solidarienvers ceux
qui sont actuellement les plus touchés par le changement climatique dans
l’hémisphère sud. Nous voulons un accord qui assure à l’ensemble du monde un réel
développement durable.
Cette résolution expose la position du Forum Européen de la Jeunesse sur des
aspects du changement climatique liés à la société, à la jeunesse et au
développement durable qui lui semblent absolument essentiels. Elle s‘ajoute à
d’anciennes prises de positions sur le développement durable et le changement
climatique adoptées par le Forum.2 L’ensemble de ces documents constitue la vision
que portera le Forum Européen de la Jeunesse pendant la COP21 et au-delà.
Les jeunes au centre
Les jeunes sont déjà l’une des catégories sociales les plus touchée par les effets du
changement climatique et ils continueront de l’être. Le fardeau socio-économique
qu’ils portent, en particulier dans le contexte actuel, va grandir et s’alourdir du fait du
changement climatique. En effet, le changement climatique révèle et renforce les
inégalités, surtout pour les jeunes, et particulièrement pour les jeunes femmes,
encore plus si elles vivent dans l’hémisphère sud.
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1 5ème rapport d’évaluation GIEC
2 2006 Document politique sur “Le développement durable”; 2008, résolution sur “Les jeunes
d’Europe luttent contre le changement climatique”; 2009 Prise de position “Quel genre
d’accord mondial sur le climat les jeunes méritent-ils?”
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Le changement climatique soulève également la question de la justice
intergénérationnelle car l’action ou l’inaction d’aujourd’hui a des implications sur les
jeunes générations d’aujourd’hui et celles à venir.
Nous considérons les jeunes comme des acteurs du changement, capables de
plaider en faveur de notre avenir et d’entreprendre des actions pour le préserver. Les
organisations de jeunesse jouent un rôle majeur pour donner du pouvoir d’agir aux
jeunes, faisant campagne pour leurs droits et éduquant l’ensemble de la société.
Pourtant, leurs voix ne sont pas suffisamment reflétées dans le débat et le processus
décisionnel.
C’est pour cette raison que nous demandons :
- la participation accrue des jeunes de tous les milieux dans les
processus décisionnels de la Convention Cadre des Nations Unies sur
le Changement climatique (CCNUCC) et dans des structures permanentes
afin d’encourager la participation des jeunes dans toutes les étapes et à tous
les niveaux du processus.
- un instrument légalement contraignant au niveau international qui
engage les Etats dans la protection des générations futures comme
mentionné à l’article 33 de la CCNUCC.
- un accord mondial qui garantisse une plus grande solidarité
intergénérationnelle grâce à des mécanismes de financement pour les
pertes et dégâts causés par le changement climatique : les jeunes et les
générations futures n’ont pas à porter eux-mêmes le fardeau au
phénomène du changement climatique et à la réponse inadéquate qui y est
apportée.
Une approche fondée sur les droits humains et sociaux
Il est essentiel de reconnaître que le changement climatique a des conséquences en
termes de conditions socio-économiques et d’accès aux droits humains.
La transition écologique, économique et sociale qui doit avoir lieu ne pourra se faire
que si les acteurs publics et privés ainsi que les individus changent leurs habitudes.
Il est donc absolument nécessaire que les jeunes aient accès à l’éducation au
développement durable. L’éducation, tant formelle que non formelle, est
fondamentale pour sensibiliser le public et acquérir de nouvelles compétences
nécessaires, et elle doit être reconnue comme un outil puissant pour disséminer les
informations appropriées et responsabiliser les individus pour aboutir à un
changement positif. Les organisations de jeunesse sont des partenaires importants
dans ce processus éducatif et leur travail nécessite une reconnaissance et un
financement.
Ce sont spécifiquement les jeunes, les femmes, les groupes indigènes et
marginalisés qui courent le plus grand risque de vivre dans des conditions
d’isolement et d’exclusion sociale. C’est pourquoi ils ont un accès limité aux signes
précurseurs en période de catastrophes et aux prévisions de changements
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
3Il incombe aux Parties de préserver le système climatique dans l’intérêt des générations
présentes et futures, sur la base de l’équité et en fonction de leurs responsabilités communes
mais différenciées et de leurs capacités respectives.” Convention Cadre des Nations Unies
sur le Changement climatique, Article 3, 1992
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drastiques du climat. Ils sont donc les plus vulnérables au déplacement forcé, et à la
pauvreté extrême qui peuvent compromettre leur santé physique et mentale, leur
sécurité alimentaire, leur approvisionnement en eau et leur capacité de survie.
C’est pour cette raison que nous demandons :
- l’inclusion des principes de l’article 6 de la CCNUCC sur l’éducation, la
formation et la sensibilisation du public dans l’accord de Paris ;
- une approche de la justice climatique qui associe les droits humains, y
compris les droits des jeunes et le développement pour aboutir à une
approche centrée sur l’humain, sauvegardant les droits des plus vulnérables
en partageant le fardeau du changement climatique. Cette approche fondée
sur les droits doit concevoir l’accès aux biens publics mondiaux tels que
l’eau, l’air pur, l’énergie propre et renouvelable et la sécurité alimentaire
comme des droits humains universels ;
- aux pays développés d’adopter une position proactive sur la question
des populations déplacées pour des raisons environnementales.
Promouvoir un nouveau modèle durable
Parce que nous sommes conscients de la connexion qui existe entre le changement
climatique et toutes les dimensions de notre société, l’accord global qui devrait surgir
de la COP21 doit adopter une approche transversale. Des mesures d’adaptation et
d’atténuation pour s’adapter au changement climatique et réduire son impact sont
indispensables pour ce nouveau modèle durable. Grâce à l’innovation, ce modèle
devrait permettre aux jeunes de vivre un avenir meilleur.
C’est pour cette raison que nous demandons :
- une transition mondiale vers une économie verte, neutre en carbone et
circulaire basée sur une approche dite « du berceau au berceau »4 et sur
des chaînes d’approvisionnement courtes. C’est un outil qui permettra de
créer de nouveaux emplois de qualité pour les jeunes et de promouvoir
l’innovation ;
- un marché énergétique européen intégré et une Union énergétique qui
s’éloigne des sources non renouvelables. Il doit permettre le plein
potentiel de l’énergie renouvelable et l’interconnectivité pour sécuriser l’offre
en déplaçant l’énergie excédentaire au sein de l’Union européenne et pour
permettre des économies d’énergie ;
- la reconnaissance des coûts cachés 5 des politiques actuelles. Les
jeunes ne doivent pas porter le double fardeau d’un environnement qui se
dégrade et d’une transition qui devient plus onéreuse à mesure que l’on
attend ;
- une évaluation transparente et régulière de l’impact du changement
climatique à tous les niveaux ;
- des mécanismes appropriés de financement tels qu’une taxe globale sur
l’impact environnemental, et la mise en place d’un Système d’Echange de
Quotas d’Emission. Les ressources doivent être désinvesties des énergies
fossiles pour être investies dans l’économie verte ;
- la reconnaissance et le soutien au droit au développement durable pour
l’hémisphère sud. La coopération interrégionale doit soutenir des actions
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
4 Ce cadre cherche à créer des techniques de production qui ne sont pas uniquement
efficaces mais qui sont aussi essentiellement sans déchets.
5 Externalités négatives, c-à-d les coûts qui affectent une partie qui n’a pas choisi de les
subir.
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d’atténuation et d’adaptation adéquatement ciblées, par le biais du Fonds vert
pour le Climat6 en faveur duquel l’hémisphère nord devrait s’engager ;
- des recherches soutenant les stratégies de résilience doivent être
encouragées et financées par tous les Etats conformément à leurs capacités
respectives ;
- un accord équilibrant les principes d’innovation et de précaution, surtout
lorsqu’il s’agit des questions de san(cancers, maladies chroniques, baisse
des taux de fertilité, etc.) qui affectent de plus en plus de jeunes.
La marche à suivre
Pour pouvoir répondre à toutes ces demandes, des principes de base doivent être
appliqués. C’est pourquoi nous demandons :
- un accord légalement contraignant comportant des mesures de
responsabilisation ;
- un engagement à atteindre le maintien de la hausse des températures
en deçà des +2°C, en se concentrant sur des objectifs « progressifs » pour
faciliter les processus de suivi. Cet engagement devra être basé sur un
calendrier commun pour tous les pays;
- que l’Union européenne et l’Europe dans son ensemble soient
exemplaires en la matière, déterminant des objectifs ambitieux qui
dépassent la cible existante de réduction des émissions de gaz à effet de
serre de 50%7 notamment en atteignant la neutralité carbone d’ici à 2050 ;
- une solution de financement à chaque décision politique prise à la
COP21 ;
- un processus plus démocratique et équitable dans les négociations sur le
climat.
- un engagement en faveur des Objectifs pour le Développement Durable à
la COP21.
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6 Le Fonds vert pour le Climat est un fonds créé dans le cadre de la CCNUCC en guise de
mécanisme pour assister les pays en voie de développement dans leurs mesures
d’adaptation et d’atténuation pour contrecarrer le changement climatique.
7"Position de l’Union européenne en vue de la Conférence de Paris sur le changement
climatique 18/09/2015"
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