Chronique botanique N°16

publicité
CHRONIQUE BOTANIQUE N°16
L’HERBIER
Déjà le début du mois de mars : les perce-neiges, crocus, éranthis, jonquilles et hellébores
fleurissent dans nos parcs et jardins, mais les arbres et arbustes sont toujours nus. Avant que
le grand renouveau de la nature éclate, je voudrais vous parler d’un moyen qui vous aidera à
mieux connaître vos plantes à fleurs : l’herbier.
L’herbier nous permet de bien observer les plantes, de les conserver, nous donne la possibilité
de passer de la seule admiration esthétique à une réelle connaissance botanique. Certains
d’entre nous ont fait un herbier à l’école et à l’époque, c’était bien la fin d’une activité qui
avait son apogée aux XVIIIe et XIXe siècles : herboriser fut alors le loisir du dimanche de
beaucoup de familles. On faisait cadeau d’un herbier à un bon ami ou on le commandait à un
spécialiste. Je vous recommande l’admirable petit livre de Jean-Jacques Rousseau : Lettres
sur la Botanique à Madame Delessert. Madame Delessert, sa cousine, lui avait commandé un
herbier pour sa fille. Dans ces lettres, Rousseau met en application les idées pédagogiques
exposées dans l’Emile.
L’HERBIER DE VOS JARDINS,
Le souvenir de mon herbier scolaire ne m’a jamais quittée, si bien qu’une fois à la retraite, j’ai
décidé de faire un herbier des plantes de mon jardin. Cela veut dire surtout faire l’inventaire
du jardin, puis regarder de plus près comment sont faites les différentes feuilles de la plante,
combien de pétales, sépales, étamines a-t-elle, comment est faite sa tige ….Vous pouvez
décider vous-même jusqu’à quel détail vous voulez aller, utiliser une loupe ou vous contenter
de votre vue.
L’HERBIER D’ENFANTS
Mais la cible pour la cueillette pourrait être aussi la campagne environnante. Vos enfants ou
petits-enfants cueillent des fleurs pendant la promenade. Vous pouvez alors les éduquer de
façon à ce qu’ils aient un comportement respectueux de la nature, les habituer à ne pas
arracher les racines et ne prélever qu’un exemplaire. Il faut aussi ajouter la feuille, puis ne pas
laisser faner les plantes rapportées, mettre vite ces trésors en presse. Les enfants seront ravis
de retrouver leurs plantes quelque temps plus tard séchées pour les coller sur un carton tout en
y inscrivant leurs noms. (Vous pouvez trouver en jardinerie un joli cahier qui incite les
enfants à faire l’herbier des feuilles d’arbres).
SUJETS D’HERBIER POSSIBLES
Mais pour vous aussi, il y a de nombreux sujets possibles pour préparer un herbier : mieux
connaître les plantes médicinales, les simples, ou bien les plantes sauvages comestibles, les
graminées si difficiles à mémoriser. Une autre idée encore pourrait être l’étude d’une famille
botanique : réunir tous les ranunculaceae, ou tous les apiaceae,ou tous les scrophulariacea,
que vous pouvez trouver. Une telle étude vous permettra de reconnaître des points communs
ou des différences des genres à l’intérieur d’une même famille. Connaître les familles aide
beaucoup à retenir les genres, surtout si l’on a commencé tard à apprendre les noms latins.
Par contre, abandonnez l’idée de ramasser les fleurs de montagne, elles sont presque toutes
protégées, ou bien les plantes de pays lointains lors d’un voyage. C’est interdit et vous risquez
d’apporter des œufs ou larves d’insectes qui se répandraient chez nous sans avoir de
prédateur. Pensez à l’horreur que sont les frelons asiatiques.
METHODE
1°Pour la cueillette par temps sec à la campagne il faut emporter :
*un couteau,
*un grand sac avec des feuilles de papier journal pour y glisser les plantes prélevées,
*un carnet pour noter le lieu où vous avez trouvé l’exemplaire, les qualités de la plante qui
vont disparaître pendant le séchage (la couleur, l’odeur), sa taille moyenne, car vous ne prenez
qu’un seul exemplaire, puis l’environnement de la plante.
2°Le séchage se fait
*dans une presse, faite de deux planches de bois ou de deux grilles de métal un peu plus
grandes que le format A3 (voir la photo N°4°), munies de sangles ou d’un système de
crochets et chaînes pour pouvoir bien serrer.
*dans du papier journal A3.
*Vous avez besoin d’une pince à épiler.
Si les plantes contiennent beaucoup d’eau, vous êtes obligés de changer le papier au bout de
quelques jours pour éviter qu’elles moisissent. Il est également conseillé d’ouvrir la presse au
bout d’un jour ou deux pour déplier les feuilles et les pétales correctement à l’aide de la pince.
Plus tard vous abîmerez la plante.
* Pensez à glisser de temps en temps dans la presse de toutes petites fleurs qui vous serviront
à décorer des cartes de vœux.
3° Pour la conservation, il faut
*des feuilles A3 solides sur lesquelles sont collées les plantes séchées,
* de la colle ruban pour photos ou mieux des bandelettes que vous découperez dans du papier
gommé.
* Vous pouvez utiliser de la colle blanche pour les détails ainsi que
* des étiquettes d’identification sur lesquelles vous transférez les notes prises à la cueillette et
* un grand classeur pour recevoir ces feuilles ou un carton qui s’ouvrirait sur une longueur.
LE PLUS GRAND HERBIER DU MONDE AU MNHN
Nous possédons en France le plus grand herbier du monde avec 8 millions d’exemplaires. Il
inclut les algues, les mousses, les fougères, les champignons. Il est conservé au Muséum
National d’Histoire Naturelle à Paris. Il contient 47% de la flore mondiale, 40% des
échantillons ont été récoltés avant 1900 et proviennent d’expéditions célèbres et de siècles
d’activité du Jardin Royal des Plantes Médicinales créé en 1635.
Ce grand herbier a été rénové entre 2008 et 2012 et permet aux chercheurs du monde entier de
travailler d’une manière très rationnelle. 6 millions de planches de cet herbier sont déjà
numérisées. Beaucoup restent à identifier. Vous pouvez devenir herbonaute à partir du site :
www.mnhn.fr
Pour les visiteurs, amateurs du végétal, une belle petite galerie botanique a été installée. Elle
se visite toute la semaine sauf le jour de fermeture. Je conseille de visiter les serres tropicales
le même jour, ainsi la galerie ne vous paraîtra pas trop petite.
Téléchargement