456 GUIDE DES VÉGÉTATIONS DES ZONES HUMIDES DE LA RÉGION NORD-PAS DE CALAIS
Vé gétations littorales
Photo : B. Toussaint
Végétations littorales
GUIDE DES VÉGÉTATIONS DES ZONES HUMIDES DE LA RÉGION NORD-PAS DE CALAIS 457
Vé gétations littorales
Description De la classe
Végétations graminéennes colonisant des substrats perturbés
par divers types d’événements “catastrophiques” : labours dans
les cultures et les vignes, décapages divers dans les friches et
les bordures de routes et d’autoroutes, incendies accidentels
ou contrôlés (écobuage), crues. Dans les estuaires (les autres
situations ne sont pas étudiées ici), ces végétations colonisent
le haut du schorre, dans la zone couverte par les laisses de
mer. Ce type de végétation tire profit du substrat nu et riche en
nutriments créé par la couche de laisses de mer, qu’il colonise
rapidement grâce aux puissants systèmes racinaires des
espèces le constituant. Ce sont des communautés végétales
à très forte productivité, mais peu diversifiées. Les populations
d’espèces existantes sont recouvertes par les nouveaux dépôts
de laisses de mer, mais elles se régénèrent par des rejets
rhizomateux qui traversent la couche de dépôts.
Les espèces fructifient en fin d’été, de telle sorte que les
marées d’équinoxe (fin septembre) charrient les différents fruits
d’estuaires en estuaires.
La forme des communautés épouse celle des laisses de mer :
il s’agit de bandes parfois discontinues d’une végétation dense
de hauteur homogène (environ 50 centimètres). Toutefois,
certaines communautés monospécifiques tendent de nos jours
à envahir les fonds d’estuaires en voie de colmatage rapide
suite aux perturbations engendrées par les aménagements
côtiers (digues, épis, enrochements, etc.).
De par leur caractère pionnier, ces végétations entrent en contact
et sont souvent en mélange avec les végétations annuelles des
laisses de mer (Cakiletea maritimae) et avec les “prés salés”
(Asteretea tripolii).
Flore caractéristique
Le genre Elymus domine et caractérise la classe : sur le littoral,
ce sont Elymus athericus (Link) Kerguélen, Elymus campestris
(Godr. & Gren.) Kerguélen subsp. maritimus (Tzvelev) Lambinon,
Elymus repens (L.) Gould, et les hybrides entre ceux-ci et
avec Elymus farctus (Viv.) Runemark ex Melderis subsp.
boreoatlanticus (Simonet et Guinochet) Melderis. Ils donnent
Végétations vivaces graminéennes
de haut schorre
Agropyretea pungentis p.p.
458 GUIDE DES VÉGÉTATIONS DES ZONES HUMIDES DE LA RÉGION NORD-PAS DE CALAIS
Agropyretea pungentis p.p.
Photo : E. Catteau
1 Beta vulgaris subsp. maritima, 2 Elymus athericus, 3 Elymus repens.
à la végétation sa teinte bleu-vert caractéristique. Quelques
autres graminées peuvent s’y ajouter. Les plus fréquentes sont
Festuca rubra subsp. littoralis et Agrostis stolonifera L. var.
pseudopungens. Les dicotylédones sont moins abondantes. On
note Althaea officinalis, Beta vulgaris subsp. maritima, Atriplex
prostrata, Sonchus arvensis
Les chiendents constituent un genre extrêmement délicat
à déterminer. L’identification d’Elymus campestris subsp.
maritimus, et des hydrides en particulier, est souvent critique.
Il en résulte des incertitudes embarrassantes quant à la
composition taxinomique des associations décrites.
Il n’existe guère de taxon caractéristique de la classe en dehors
d’Elymus repens. Les syntaxons ont en commun la structure et la
physionomie graminéenne et la dominance d’espèces à système
rhizomateux très puissant. Cette particularité anatomique leur
permet de coloniser efficacement les substrats neufs et de se
déplacer par les fragments de rhizomes.
Distribution géographique
et statut régional
La classe semble être présente dans toute l’Europe. Elle est
signalée en Allemagne, en Italie, en Espagne, en France.
Plusieurs auteurs lui accordent un optimum continental lié au
caractère steppique de ces végétations (PASSARGE 1999 en
particulier). La distribution circumboréale de certaines espèces
(Equisetum arvense, Elymus repens), voire subcosmopolite
(Cardaria draba, Convolvulus arvensis, Agrostis gigantea)
et la présence d’espèces américaines dans les végétations
européennes (Bromus carinatus, B. catharticus) font penser à
une répartition bien plus étendue.
Dans le Nord-Pas de Calais, ces végétations littorales sont assez
fréquentes dans les estuaires, elles ont un caractère quasi
naturel. Les végétations intérieures (Agropyretalia intermedio -
repentis) colonisent les cultures, les friches, les gares, les bords
de routes et sont étroitement liées aux activités humaines.
Comme on l’a déjà indiqué, la classe n’a pas vraiment d’espèces caractéristiques en dehors peut-être d’Elymus repens (sa présence
dans les prés salés restant à confirmer). Ce sont le genre Elymus et la structure graminéenne et rhizomateuse qui font l’homogénéité de la
classe. Hormis cela, l’ordre littoral (Agropyretalia pungentis) et l’ordre intérieur (Agropyretalia intermedio - repentis) ont des compositions
floristiques assez différentes. Pour cette raison, ils sont positionnés par certains auteurs dans des classes différentes : les Agropyretalia
pungentis sont parfois intégrés aux Asteretea tripolii (prés salés et falaises littorales) tandis que les Agropyretalia intermedio - repentis
sont fréquemment associés aux Artemisietea vulgaris (friches). Toutefois, dans ces deux cas, les communautés graminéennes colonisent
vigoureusement les végétations précédentes et les espèces considérées comme des caractéristiques de ces deux classes ne sont
finalement que des relictes des stades antérieurs.
Agropyretea pungentis Géhu 1968
Agropyretalia pungentis Géhu 1968
Agropyrion pungentis Géhu 1968
Beto maritimae - Agropyretum pungentis Corillion 1953 sensu Géhu & Franck 1982
cf. fiche “Végétations à Elymus athericus
Atriplici hastatae - Agropyretum repentis (de Litardière & Malcuit 1927) Géhu 1976 sensu Géhu & Franck 1982
cf. fiche “Végétations à Elymus athericus
Communautés basales à Elymus athericus
Communautés presque monospécifiques s’étendant en nappes à partir des laisses de mer de hauts de prés salés
et colonisant la partie supérieure des estuaires, aux dépens des autres végétations de haut-schorre. Elles peuvent
également se développer à partir des bourrelets de sédimentation le long des marigots disséquant le moyen et le haut
schorre. Elles témoignent d’un exhaussement du niveau topographique du schorre et marquent la continentalisation
de l’estuaire.
Groupement à Matricaria maritima subsp. maritima et Elymus xlaxus
cf. fiche “Végétations à Elymus athericus
- Althaeo officinalis - Elymetum pycnanthi Géhu & Géhu-Franck 1976 nom. invers. propos. & nom. mut. propos.
Analyse synsystématique
GUIDE DES VÉGÉTATIONS DES ZONES HUMIDES DE LA RÉGION NORD-PAS DE CALAIS 459
Agropyretea pungentis p.p.
1
2
3
Agropyretea pungentis p.p.
460 GUIDE DES VÉGÉTATIONS DES ZONES HUMIDES DE LA RÉGION NORD-PAS DE CALAIS
Végétations graminéennes à Élyme piquant
des fonds d’estuaires
Végétations à Elymus athericus
Elymus athericus (Élyme piquant), Elymus campestris subsp
maritimus (Élyme des sables), Beta vulgaris subsp. maritima
(Bette maritime), Elymus ×acutus nsubsp. obtusiusculus
(Élyme à glumes obtuses)
Atriplex prostrata (Arroche hastée), Festuca rubra subsp. litoralis
(Fétuque littorale), Artemisia maritima (Armoise maritime), Aster
tripolium (Aster maritime), Matricaria maritima subsp. maritima
(Matricaire maritime)
physionomie
“Prairies” denses d’espèces graminéennes rhizomateuses. Il
s’agit essentiellement de chiendents (Elymus div.sp.).
Communautés monostrates, pauvres en espèces (5-10 espèces)
et très nettement dominées par les chiendents.
Densité généralement très élevée (95-100%), hauteur de l’ordre
de 0,5 m.
Végétation pérenne d’optimum en fin d’été, bien que les
floraisons soient ternes. La couleur générale vert glauque
conférée par les chiendents n’est pas égayée par les floraisons
des rares dicotylédones présentes.
Végétations en nappes plus ou moins linéaires à spatiales.
écologie
CORINE biotopes 15.35
UE 1330
Cahiers d'habitats 1330-5
Développement optimal : fin d’été
Photo : B. Toussaint
Fond des estuaires, dans la partie supérieure du schorre atteinte
par les marées d’équinoxe, bordure des marigots.
Substrat sablo-limoneux à graveleux enrichi en dépôts
organiques. La nature du substrat dépend finalement de la
nature du biotope en contact avec l’estuaire : prairies, dunes,
cordon de galets, digue, etc.
Substrat inondé exceptionnellement lors des plus grandes
marées hautes de vives eaux et pouvant subir une forte
dessiccation estivale.
Estuaires naturels. Le facteur biotique est négligeable dans le
déterminisme de ces végétations mais de manière indirecte
en favorisant la sédimentation sableuse, l’homme peut les
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