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Christine Hoët - Van Cauwenberghe: Rezension von: Ted Kaizer /
Margherita Facella (eds.): Kingdoms and Principalities in the
Roman Near East, Stuttgart: Franz Steiner Verlag 2010, in
sehepunkte 11 (2011), Nr. 10 [15.10.2011],
URL:http://www.sehepunkte.de/2011/10/19026.html
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sehepunkte 11 (2011), Nr. 10
Ted Kaizer / Margherita Facella (eds.):
Kingdoms and Principalities in the Roman
Near East
Cet ouvrage nous offre un aperçu très stimulant des relations entre Rome
et ses voisins imméd;iats des frontières proches-orientales. Il a été
composé en partie d'articles issus de communications tenues lors du
colloque intitulé "Client Kingdoms'in the Roman Near East" qui eut lieu
au Corpus Christi College d'Oxford les 26 et 27 juin 2004 et de nouveaux
articles qui complètent ce premier aperçu. L'ensemble a été intégré à la
collection Oriens et Occidens , dont il constitue le dix-neuvième volume.
L'introduction, réd;igée; par les éd;iteurs scientifiques, Ted Kaizer et
Margherita Facella, présente les treize articles qu'ils ont classés en
quatre parties. Ils ont pris pour fil directeur les relations entre Rome et
les royaumes voisins de l'Orient en termes d' amicitia , de clientèle, de
patronicium , de fides et de maiestas . Les traités déc;oulant de ces liens
ainsi créés font également partie de la réf;lexion d'ensemble. Ce volume
est très riche en pistes de recherches et en exemples concrets dans ce
cadre assez peu étudié et mal connu du Proche-Orient. On y déc;ouvre un
patchwork d'états princiers dont les intérêts sont complexes surtout
quand ils sont pris entre de grandes puissances comme les Romains et
les Parthes. Les éd;iteurs se sont appuyés sur les travaux de Fergus
Millar pour déc;rire ces états entrés dans la mouvance de Rome, en
particulier dans le sens où ce dernier détermine deux niveaux d'exercice
du pouvoir: le roi gouverne son peuple et Rome règne sur le roi. De ce
fait, l'observation des pratiques courantes comme l'éd;ucation à Rome
des enfants otages de ces princes ou les recours à des soldats issus de
ces royaumes pour venir renforcer l'armée; romaine est aussi
privilégiée;. L'ingérence de Rome est alors envisagée; de façon
ponctuelle, surtout lors de troubles internes menaça;nt de rompre
l'équilibre ainsi créé.
Olivier Hekster s'est attaché à montrer l'utilité pour Rome des royautés
locales dans le but de maintenir l'ordre dans des zones difficiles à
contrôler directement et fournir préc;isément des troupes à l'armée;
romaine en cas de néce;ssité. Richard Fowler a voulu, quant à lui, déf;inir
les rois de manière diachronique, mais en revenant finalement à des
considérations synchroniques, en particulier dans les relations de Rome
avec les Parthes. Dans ce sens, l'auteur examine le cas du roi Izartes,
présente comme un dynaste subalterne, mais efficace. En outre, la
loyauté dont il fait preuve ne va pas sans une affirmation de son
autonomie. L'auteur montre bien ici la différence des conceptions entre
les Parthes et les Romains: si ces derniers pratiquent des relations de
verticalité entre l'autorité centrale et les rois clients, il n'en va pas de
même pour les Parthes qui préf;èrent en général développer des liens
horizontaux, souvent renforcés par des alliances matrimoniales.
Andrea Raggi évoque le titre de socius et amicus populi Romani et les
privilèges qu'en tiraient les bénéf;iciaires. Les rois et les dynastes étaient
friands de ce titre qui leur apportait la séc;urité. Bon nombre de ces
alliés furent réc;ompensés de la citoyenneté romaine par Pompée;
d'abord, puis par César, Antoine et Auguste; d'ailleurs, l'empereur devint
de princeps protecteur et bienfaiteur de ces rois. Karsten Dahmen étudie
pour sa part l'influence de Rome au travers des monnaies de ces états-
clients. Il constate que le portrait de l'empereur n'apparaît que sur les
pièce;s d'or et d'argent, aux légendes en grec et non en latin. Les images
et emblèmes nationaux continuent de figurer sur les monnaies. En outre,
les monnaies royales et romaines étaient interchangeables. On trouve les
titres de philokaisar et de philoklaudios sur le monnayage d'Hérode et de
ses successeurs au I er sièc;le ap. J.-C. qui font état de relations
personnelles. Ils sont d'ailleurs les seuls à employer des types
entièrement romains. Ted Kaizer mène une étude sur les "rois et les
dieux". Il met en évidence l'interaction, l'interpénétration des cultures.
Ainsi, le royaume kushite de l'Inde du nord-est présente des monnaies
d'or (vers 100 ap. J.-C.), où l'on peut lire sur l'avers "rois des rois" en
iranien mais en caractères grecs et une réf;érence au Bouddah sur le
revers. L'auteur passe ensuite en revue les formes de syncrétisme que
l'on peut observer dans le royaume de Commagène: Apollon / Mithra,
Hélios / Hermès, Zeus / Oromasdès. En Characène, c'est Héraclès assis
qui paraît sur les revers des monnaies de Zénobie. Si elles laissent
entrevoir une imagerie gréc;o-romaine, il n'y a pas de preuve de
l'association Hélios / Bel. Ensuite, dans le royaume nabatée;n, l'influence
hellénistique est perceptible à travers l'hommage rendu aux Dioscures, à
Isis et à Tychè. Enfin, Hérode apparaît comme celui qui participa à la fois
à la construction du second temple de Jérusalem et à l'essor du culte
impérial, voulant s'attribuer les bonnes grâce;s de tous. Lhewelyn
Morgan se concentre sur le cas de la Bithynie, pour lequel elle montre
que le royaume eut beaucoup à souffrir de l'emprise de Rome. Riche par
son bois, son marbre, ses activités portuaires et navales, elle fut
transmise à Rome par son roi Nicomède; IV. Si Rome entraîna la riche
Bithynie dans la première guerre mithridatique, Catulle déplore qu'il ne
fut plus ensuite qu'une provincia mala .
Ensuite, dans une troisième partie consacrée; à des études de cas, Rolf
Strootman revient sur une reine bien connue : Cléopâtre VII et son lien
avec le triumvir Marc-Antoine. La question de la dévolution d'une partie
des possessions romaines et au-delà, "de l'Hellespont à l'Inde",
comprenant aussi la Mésopotamie contrôlée; par les Parthes, lors de la
cérémonie du don d'Alexandrie, est en fait à mettre dans la perspective
de la notion d'imperium sine fine. L'idéologie royale hellénistique
impliquait de mettre Cléopâtre et Césarion dans le rôle de suzerains d'un
système d'états vassaux. Ensuite, Andrea Primo s'attache à retracer
l'histoire des royaumes du Pont et du Bosphore, pris entre l'ambition de
Mithridate Eupator et celle des Romains. Margherita Facella étudie le
royaume de Commagène, état-tampon à la position géographique
stratégique. L'amitié entre Pompée; et Antiochos I er , et le passage de la
Commagène dans la sphère du pouvoir romain bénéf;icia au roi qui reçut
Zeugma et accrut ses revenus grâce; aux droits de passage. Elle termine
par l'annexion en 72 ap. J.-C. du royaume de Commagène et dépeint
l'administration directe qui est mise en place par les Romains pour
renforcer la défe;nse contre les agresseurs étrangers. Notons
l'intégration du descendant du roi déc;hu qui n'est autre que C. Iulius
Philopappos, devenu consul de Rome au déb;ut du II e sièc;le ap. J.-C.,
dont le tombeau est visible depuis l'acropole d'Athènes sur la colline des
Muses. Quant à Andreas Kopp, c'est la maison royale d'émèse au I er
sièc;le ap. J.-C. qu'il a examinée;. Bien connu par sa pierre noire,
Elagabale, que l'on y vénérait, ce royaume n'existait pas encore en 45 av.
J.-C. La déc;ouverte à Horus, sur le site d'Émèse, d'un bracelet, d'un
casque plaqué d'argent et d'un sceau sur un anneau d'or, nous
permettent de nous familiariser avec cette maison peu connue par
ailleurs. Sampsigeramus, devenu citoyen romain, se fit construire un
mausolée; sous forme de nefesh , "une maison de l'âme" (6m de large
pour 7m de haut). Toutefois, parmi les tombes retrouvée;s, on note
l'usage de l' opus reticulatum . La double allégeance émésienne et
romaine est perceptible. Enfin, cette partie se termine par l'article de
Michael Sommer qui nous conduit au royaume d'Osrhoène à l'époque de
Trajan. Abgar d'Osrhoène, qui se trouvait dans l'influence parthe se
ménagea aussi une sortie honorable dans la perspective de la victoire de
Trajan dont il gagna la faveur. Une fois ce royaume intégré à l'empire de
Rome, les élites d'Éde;sse, sa capitale, restée;s fidèles à l'éc;onomie
redistributive du palais, souffrirent de l'éloignement par rapport au
pouvoir central car ils n'étaient guère habitués à ce centre lointain et à
ses réseaux aristocratiques.
Enfin, la quatrième partie "Variations et alternatives" offre à la réf;lexion
deux articles, présentant deux cas particuliers: l'un sur Palmyre de Jean-
Baptiste Yon et l'autre sur les problèmes des alliés nomades en Orient
d'Uff Scharrer. Palmyre fonctionnait sans rois, en communauté
organisée;, avec une société dominée; par de "grands notables" sans
titres officiels. Palmyre fut un lieu de commerce et d'éc;hanges, en
particulier avec la Basse Mésopotamie au déb;ut de l'Empire. Quant au
problème des peuples nomades, on constate que le caractère principal
est celui de la parenté. Une migration arabe est observable aux II e et III
e sièc;le: celle des Sarraceni. Des opérations de police romaine sont
attestée;s face au brigandage des Arabes et des Nabatée;ns, mais ni les
Parthes ni les Romains ne tentèrent de les séde;ntariser. Toutefois, des
troupes arabes sont attestée;s dans l'armée; romaine. Ces "guerriers des
frontières", puisque l'on ne peut pas parler dans ces cas d'états-tampons,
maintinrent des liens avec Rome qui disparurent après le III e sièc;le.
Pour conclure, ce tour d'horizon aux marges et au-delà de l'Empire nous
livre un panorama très riche et très varié, composé de situations
originales où le fait d'entrer dans la clientèle de Rome n'était pas sans
ambiguïté ni sans conséquence pour les structures politiques indigènes.
La présence de ce états-tampons était vitale pour Rome, en particulier
pour le maintien de la paix et de l'équilibre de ces zones frontières.
Toutefois, les élites de ces états étaient souvent divisée;s, mais un certain
nombre d'entre elles parvint à s'intégrer dans l'Empire romain comme ce
fut le cas du royaume de Commagène. La confrontation avec l'Empire
parthe joue un rôle important dans la recherche de ces alliances par
Rome. Ce livre fournit donc des éc;lairages tout à fait intéressants sur cet
aspect de la diplomatie romaine dans cette partie du monde. On notera
pour terminer quelques considérations pratiques: ce livre présente un
index.
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