Sécurité au travail
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peuvent favoriser la survenue des
divers troubles visuels. Or, peu de
maladies sont reconnues dans la
législation suisse comme des
maladies professionnelles. Quelles
sont les moyens pour les faire
reconnaître?
Les maladies professionnelles sont
déterminées en fonction de deux
listes, celle des substances nocives et
celle des affections médicales recon-
nues comme maladies profession-
nelles. Ces listes figurent dans l’an-
nexe 1 de l’Ordonnance d’application
de la Loi fédérale sur l’assurance-
accident (www.admin.ch/ch/ f/rs/8/
832.202. fr. pdf). Afin de faire recon-
naître une nouvelle maladie profes-
sionnelle par le législateur, il faut tout
d’abord prouver le lien de causalité
entre la profession exercée ou la nou-
velle substance nocive et la maladie
en question. Pour ce faire, l’analyse du
risque est la première étape indispen-
sable de la démarche. Les sources
d’informations doivent être d’une
part les statistiques des assureurs de
l’assurance accidents et d’autre part
les études épidémiologiques réalisées
en Suisse ou à l’étranger. L’étape sui-
vante est celle de la légitimation de
ces données par l’administration fé-
dérale qui devra valider les résultats
présentés. Une autre possibilité de
prouver le lien de causalité est de dé-
fendre un cas individuel devant les tri-
bunaux car si l’on résout le problème
pour une personne, cela pourra faire
évoluer la législation dans le sens de la
reconnaissance. Dans ce cas, il faut
établir que la maladie professionnelle
a été causée de manière prépondé-
rante (au moins à 75%) par l’exercice
de l’activité professionnelle en ques-
tion.
Conclusion: Cervantès disait (si les
yeux ne voient pas, le cœur ne se fend
pas( et c’est d’autant plus vrai pour
les primates dont nous sommes les
lointains cousins. Préservons donc
notre vue afin de chérir notre cœur.
elle est irréversible et représente,
dans certains cas, un facteur de risque
important.
En votre qualité d’optométriste,
quels conseils pourriez-vous
donner aux personnes souffrant
de fatigue oculaire?
Tout d’abord, il faut avoir une bonne
correction en lunettes ou en lentilles
et de préférence faire des contrôles
réguliers de la vue. Puis il faut avoir un
bon éclairage afin que le champ de vi-
sion soit uniformément éclairé pour
faciliter la lecture et permettre un
certain confort visuel. Ensuite, la dis-
tance à laquelle on travaille (ex. lire)
doit être convenable, c’est à dire à 35-
40 cm des yeux. Quant au travail sur
ordinateur, l’écran doit être installé à
40-50 cm des yeux et dans un angle
précis par rapport à l’œil. Et finale-
ment pour détendre les yeux, prati-
quer régulièrement (le palming(, c’est
à dire se frotter énergiquement les
mains et les apposer, comme des co-
quilles, devant les yeux sans toutefois
les toucher.
Du point de vue juridique, quelles
sont, Maître Weber, les solutions
possibles pour les travailleurs
touchés par les maladies de l’œil
et se trouvant dans l’impossibilité
d’exercer leurs professions?
Jean-Bernard Weber: Dans le cas
d’une impossibilité partielle ou totale
d’exercice de fonction, le travailleur
peut être pris en charge par l’Assu-
rance Invalidité (AI). En effet, l’AI offre
des mesures de réadaptation profes-
sionnelle, notamment la formation
qui permet d’acquérir d’autres savoir-
faire et la réadaptation pratique qui
fait appel aux stages dans les ateliers
protégés. En cas d’accident de travail
endommageant la vue, les mesures
d’indemnisation économique sont
décidées en fonction des dispositions
de la Loi Fédérale sur l’Assurance Acci-
dent (LAA) (octroi de rentes et d’in-
demnités pour atteintes à l’intégrité).
Certaines professions qui exigent
une concentration et sollicitation
des yeux très importantes,
entre les deux est que le premier
soigne l’œil et le second corrige la vue.
Un optométriste a les mêmes notions
de base que l’ophtalmologue mais il
est spécialisé dans la correction de
vices de réfraction de l’œil par le biais
de lunettes ou de lentilles de contact.
Il doit être capable de faire un dia-
gnostic sur des pathologies simples de
l’œil pour pouvoir adresser le patient
à l’ophtalmologue en cas de symp-
tôme suspect.
Y a-t-il des cas où le port des
verres de contact corrige mieux la
vue que les lunettes?
De manière générale, le port des len-
tilles de contact donne une meilleure
acuité visuelle par rapport au port des
lunettes. En effet, les lentilles de
contact ne changent pas la taille des
objets extérieurs alors qu’avec les lu-
nettes, ils paraissent soit plus petits si
on est myope, soit plus grands si on
est hypermétrope. Par ailleurs, non
seulement la vue se trouve améliorée
mais le champ visuel est étendu et
complet car non limité par le cadre
des lunettes. Ainsi, le regard est com-
plètement libéré notamment pour le
sport où la performance est plus
grande. Il y a des cas médicaux graves
où seule les lentilles de contact appor-
tent une solution efficace et durable:
par exemple le kératocône (malfor-
mation congénitale évolutive de la
cornée), l’anisométropie (grande dif-
férence de correction entre les deux
yeux), l’amblyopie (œil paresseux) usw.
Dans tous ces cas spéciaux où les len-
tilles sont prescrites, il y a une bonne
prise en charge par l’assurance de
base obligatoire. Depuis environ cinq
ans, la dernière innovation technolo-
gique consiste à porter, uniquement
la nuit, des lentilles orthokératolo-
giques qui (gomment( la myopie et
l’astigmatisme pendant le sommeil.
Ainsi, le patient est doté d’une vision
optimale et libéré de port des lu-
nettes ou des lentilles pendant la
journée. Par la suite, il suffit de porter
les lentilles une à deux nuits par se-
maine selon le défaut visuel. Pour cer-
tains patients, c’est une excellente al-
ternative à la chirurgie réfractive qui