12 | Mercredi 10 octobre 2012 | Le Quotidien Jurassien
MAGAZINE santé } Cette page Magazine santé
est réalisée en collaboration
avec l’Hôpital du Jura et le
Service cantonal de la santé
publique.
Armés pour contrer la rage
inattendu? «On a en stock des
vaccins contre la rage. Ainsi
que des médicaments d’ur-
gence en cas d’épidémie de
méningite, heureusement
très rarement utilisés… Rien
de très exceptionnel. On n’est
plus à l’époque de la pharma-
cologie «coup d’éclat»; au-
jourd’hui on traite en majorité
des pathologies bien connues
telles que le diabète, l’hyper-
tension ou des infections cou-
rantes pour lesquelles nous
avons des médicaments relati-
vement anciens et bien éprou-
vés.»
Le pharmacien en chef re-
connaît que ces dix dernières
années, il n’y a pas eu de gran-
des avancées pharmacologi-
ques, en dehors du domaine
du cancer et de certaines ma-
ladies auto-immunes ou géné-
tiques. JK
La tâche de la Pharmacie in-
terjurassienne réside aussi
dans l’analyse objective de mé-
dicaments annoncés comme
miracle. «Il faut savoir garder
du recul par rapport à une
nouveauté. Ne pas s’avancer
trop vite et attendre des études
solides», reconnaît le Dr Joël
Wermeille, pharmacien en
chef de la Pharmacie interju-
rassienne. Beaucoup de médi-
caments sont en effet intro-
duits sur le marché, avant d’en
être retirés, à cause de leurs ef-
fets secondaires le plus sou-
vent.
Traiter des pathologies
connues
Alors Dr Wermeille, dans
l’attirail à disposition des mé-
decins des établissements ju-
rassiens et jurassiens bernois,
quel est le traitement le plus
Un hôpital a aussi sa pharmacie
V
TRAITEMENT Qui dit soins, dit très souvent médicaments. Avant qu’un traitement ne soit prescrit à un patient
soigné dans un établissement du Jura, il a suivi tout un processus supervisé par la Pharmacie interjurassienne.
Coup d’œil sur la vie d’un cachet, dans les dédales de l’hôpital
Tous les traitements administrés dans les hôpitaux et établissements médicalisés du Jura et du Jura bernois transitent obligatoirement par la Pharmacie interjurassienne, basée à Moutier. Ici une de ses
antennes à l’Hôpital du Jura à Delémont. PHOTO ROGER MEIER
pour chaque cas. Le Dr Wermeille
éclaircit: «La pharmacologie s’est
complexifiée ces dernières années.
Aujourd’hui, un patient hospitalisé
prend en moyenne 5 à 10 médica-
ments par jour. Nous sommes pour
apporter nos connaissances sur les
risques d’interactions entre les diffé-
rents traitements pris par un malade
et s’assurer qu’ils sont sans danger.»
Et le travail du pharmacien ne tend
pas à se simplifier. Les maladies chro-
niques augmentent, ce qui complexi-
fie la médication et augmente le nom-
bre de médicaments à prendre pour
se soigner.
JULIE KUUNDERS
Mais le mandat de la pharmacie
s’incarne aussi et surtout sur le ter-
rain. Des informations sur les médi-
caments sont transmises aux méde-
cins et infirmiers: modes d’adminis-
tration, effets secondaires possibles,
association avec d’autres remèdes,
rien n’est laissé au hasard, afin d’opti-
miser le rapport avantages/risques
des traitements médicamenteux. Les
pharmaciens se déplacent également
dans les unités de soins, où ils accom-
pagnent les médecins et les infirmiers
lors des visites effectuées au chevet
des patients, pour évaluer avec les au-
tres professionnels de santé si le trai-
tement est à jour et toujours adéquat
Et sur le terrain
Chaque employé amené à utiliser
des médicaments en possède une liste
précise, dressée par la Pharmacie in-
terjurassienne et sa commission des
médicaments, qui est mise régulière-
ment à jour. «Cette liste est tenue afin
de remplir plusieurs objectifs. Infor-
matif d’abord, pour rendre compte
des traitements essentiels à disposi-
tion. Didactique ensuite, pour familia-
riser les médecins internes aux médi-
caments, à leur gestion et à leur utili-
sation. Enfin, cette liste nous permet
d’exclure les médicaments à l’efficaci-
douteuse ou controversée», énumè-
re le Dr Joël Wermeille.
et de la gestion des stocks… Un peu
comme dans un magasin. Une bouti-
que un peu spéciale, par laquelle
transitent des produits sensibles: «La
procédure de gestion est particulière
pour les stupéfiants, les médica-
ments à garder au frais ainsi que les
médicaments oncologiques qui sont
très actifs», précise le pharmacien en
chef.
Sur les étagères de la Pharmacie
interjurassienne, 1200 types de pro-
duits sont rangés, alors qu’il en existe
20000 formes sur le marché. Ils
sont ensuite distribués sur les sites,
puis dans les services, par le biais des
assistantes en pharmacie.
Dans chaque service, dans
chaque chambre et sur la
table de chaque patient at-
territ à un moment ou un
autre un cachet, un suppositoire ou
une injection. Tous les traitements ad-
ministrés dans les hôpitaux et établis-
sements médicalisés EMS, résiden-
ces du Jura et du Jura bernois ont
d’abord obligatoirement transité par
la Pharmacie interjurassienne, basée
à Moutier avec des antennes sur les di-
vers sites jurassiens. Ce service com-
mun à une quinzaine d’établisse-
ments de soins est chargé de gérer les
médicaments et d’assurer une bonne
information quant à leurs propriétés
et leur utilisation.
Comme dans un magasin
La première étape de la vie d’un
médicament dans les institutions
hospitalières du canton est son
choix et sa commande. «Pour qu’un
produit vienne étoffer les rayonna-
ges de la pharmacie, puis s’ajouter à
l’artillerie de remèdes, il doit passer
à travers un filtre», explique le Dr
Joël Wermeille, pharmacien respon-
sable de la Pharmacie interjuras-
sienne. «Dans toutes les gammes
des industries pharmaceutiques,
nous devons opérer des choix afin
de déterminer la pertinence de tel
ou tel médicament. Trois critères di-
rigent nos réflexions: l’efficacité de
ce médicament, le risque qu’il peut
faire encourir au patient, à travers
des effets secondaires, et le coût.»
Ce modus operandi permet de
contourner le matraquage marke-
ting mis en place par les géants de la
pharma et d’échapper à d’éventuels
conflits d’intérêts. Une fois toutes
les informations soupesées, l’analy-
se des pharmaciens est soumise à
une commission composée notam-
ment de médecins. Elle détermine la
liste des médicaments retenus. Un
travail de fourmi, confirme le Dr
Wermeille: «Nous procédons de cet-
te manière à chaque fois qu’un nou-
veau produit qui peut nous intéres-
ser arrive sur le marché.»
Les collaborateurs de la pharmacie
se chargent ensuite des commandes
n
En 2011, les établissements de
soins du Jura et du Jura bernois*
ont administré, sous les auspices
de la Pharmacie interjurassienne:
n
100000 comprimés pour traiter
le diabète, soit en moyenne 270 par jour.
n
125000 comprimés ou ampoules d’an-
tibiotiques.
n
180000 comprimés d’Aspirine pour
prévenir les accidents vasculaires.
n
*260000 poches de perfusions.
n
850000 comprimés ou ampoules
de médicaments contre la douleur.
n
*1 000 000 de comprimés ou ampoules
de médicaments pour le cœur.
*Chiffres concernant uniquement
les quinze institutions qui travaillent avec
la Pharmacie interjurassienne (dont
l’Hôpital du Jura).
FChiffres
Sur les étagères de la Pharmacie interjurassienne, 1200 types de produits sont rangés, alors qu’il en existe
20 000 formes sur le marché. PHOTO ROGER MEIER
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