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Synthèse des travaux du Groupe Ethique et Déontologie
Le mot du Président
Introduction au Congrès : contexte d’élaboration et objectifs de la Charte
Réflexions sur l’engagement sociétal
Conclusion du Congrès : vers de nouvelles perspectives pour la Profession
Le mot du Président
La responsabilité en action
Le Congrès de la Fédération des Foires, Salons, Congrès et Evénements de France est un rendez-vous
majeur de la Profession. Il est le temps de la réunion, de la réflexion, de l’échange et du débat. Cette année, il
se tient à Toulouse du 29 juin au 1er juillet, et est placé sous le signe de l’éthique et de la déontologie.
Le sujet n’a pas été choisi au hasard : l’engagement de notre filière à l’égard de la société et dans
l’intérêt général est ancré dans notre histoire. Par ailleurs, la filière a toujours constitué un espace d’échanges et
d’engagements de la société.
Cependant, les contextes changent. Chaque jour, de nouveaux concurrents et de nouvelles
technologies apparaissent ; chaque jour, de nouvelles réglementations et de nouvelles normes entrent en
vigueur ; chaque jour, nous déployons nos équipes et cherchons de nouveaux talents ; chaque jour, nous
tentons de nous différencier pour conquérir de nouveaux marchés.
Notre responsabilité de dirigeants est d’assurer la pérennité de nos entreprises. Anticiper les
changements politiques, économiques, juridiques, technologiques et sociétaux qui s’accélèrent est encore le
meilleur moyen de les maîtriser.
Le Congrès FSCEF 2011 sera un rendez-vous historique pour la Profession, qui a fait le choix de se
doter d’une Charte d’actions responsables de nos entreprises. Cette Charte est un atout pour nos opérations
quotidiennes en tant qu’entrepreneurs, mais également pour nos stratégies à long terme en tant qu’acteurs
locaux, régionaux, nationaux et internationaux.
Parce que le client est au cœur de nos activités, les relations clients responsables (thème n°1)
doivent être traitées en priorité pour faire de l’excellence le maître-mot de nos services.
Parce que les femmes et les hommes que nous employons sont à l’origine de nos services et de notre
valeur ajoutée, les relations sociales responsables (thème n°2) doivent être promues et généralisées.
Parce que la répartition de la valeur est en pleine recomposition, les relations intra-professionnelles
responsables (thème n°3) doivent permettre de faciliter les rapports au sein de notre Profession.
Parce que nos métiers de la rencontre sont historiquement ancrés dans le développement des territoires
et la socialisation des communautés, les relations sociétales responsables (thème n°4) doivent donner un
sens à nos missions pour donner naissance à nos innovations.
La Charte d’actions responsables n’est pas une fin en soi, mais bien le commencement d’une démarche
déontologique que nous devrons enrichir chaque jour afin de renforcer durablement notre confiance et notre
image auprès de nos partenaires d’aujourd’hui et de demain. La responsabilité est en marche. Il est temps pour
nous de la formaliser et de communiquer, car il s’agira de faire savoir notre savoir-faire et faire connaître notre
savoir-être.
Thierry HESSE
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Contexte relatif à l’élaboration de la Charte d’actions responsables
1. Les foires, salons, congrès et événements : creusets d’échange, de rencontre et de
liberté
Toute entreprise et toute Profession souhaitant se doter d’une Charte de responsabilité doit avant tout
défendre et assumer son cœur de métier.
La filière des foires, salons, congrès et événements est historiquement ancrée dans les relations entre
acteurs de la société. Elle constitue un lieu d’échange et de rencontre de la société elle-même. Sa
responsabilité, son engagement social et sociétal, bien qu’aujourd’hui formalisés dans une charte,
sont donc intrinsèques à ses activités : ils sont inscrits dans ses gènes.
De plus, son cœur de métier historique qu’est l’intermédiation, c’est-à-dire la mise en relation des
hommes et des femmes, en fait un outil d’une extrême modernité, qui a réussi à surmonter de
nombreuses révolutions sociales, économiques, culturelles, industrielles et technologiques, y compris
la dernière en date, celle de l’Internet.
Sa responsabilité sociétale se mesure d’abord à l’aune de la liberté qu’elle rend possible à travers ses
espaces d’expression : liberté individuelle, liberté collective, liberté d’entreprise, mais également
liberté politique. En tant qu’espaces libres, les manifestations que les opérateurs du secteur
organisent constituent des territoires d’actions politiques.
Elle se mesure ensuite à l’aune des possibles qu’elle ouvre, et des avancées qu’elle permet, dans des
champs aussi vastes que l’industrie, l’économie, le savoir, le social, le culturel, etc.
Elle se mesure enfin à l’aune de son rapport aux territoires français et européen. Les fleurons
mondiaux des foires, salons, congrès et événements se situent encore en Europe et en France, sans
doute grâce à cette profonde culture de l’échange et plus particulièrement de l’échange politique, mais
également grâce aux innovations, à la qualité et à la créativité dont font preuve ses opérateurs. La
filière a ainsi joué et continue à jouer une part importante dans la construction de l’espace national,
mais également européen. L'Europe serait-elle possible sans la mise en place de dispositifs
d'échanges, de création d'espaces de circulations et d’idées, et de remodelage des frontières ?
Cette Charte déontologique doit donc avant tout venir renforcer cet élan vital que les foires, salons,
congrès et événements nourrissent, depuis leurs créations, dans leurs actions l’égard de la société.
2. Les facteurs externes de changements structurels
Le monde de l’entreprise opère dans un contexte économique, juridique, social et politique par nature
mouvant. Les entreprises du secteur des foires, salons, congrès et événements de France ne font pas
exception à la règle : elles interagissent avec leur environnement en tant qu’observateurs d’un
ensemble qui les dépasse, mais également en tant qu’acteurs de leur propre destin.
Mondialisation des marchés et financiarisation des entreprises, récurrence des crises et renforcement
des règles de régulation, juridiciarisation des relations et normalisation des modes de gestion,
rationalisation des structures et transversalité des métiers, révolutions des technologies et du temps
réel, désintermédiation des rapports, effacement des frontières et des distances, nouvel ordre du tout
connecté et du tout mobile, dynamiques économiques fondées sur la consommation de services et
d’expériences constituent autant de bouleversements qui se nourrissent mutuellement et
définissent de nouvelles échelles d’espace et de temps. Les mutations qui s’opèrent et s’accélèrent
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depuis une dizaine d’années génèrent de grandes nouveautés, mais également de profondes
incertitudes.
C’est en prenant le contre-pied de l’accélération, en prenant le temps du recul et de l’analyse, que
l’observateur devient acteur pour mieux accepter le mouvement, anticiper les évolutions et maîtriser
son avenir. C’est en donnant du sens à son métier que l’entreprise donne le sens du changement. Et
la responsabilité, en tant que valeur portée par l’entreprise, s’inscrit dans le sens qu’elle entend
donner et se donner.
3. Les entreprises des foires, salons, congrès et événements face aux changements
Depuis quinze ans, la filière des foires, salons, congrès et événements se professionnalise, se
structure et se financiarise. Cette logique s’inscrit dans le processus naturel de maturation des
secteurs qui entendent jouer le jeu de la mondialisation. Sans formalisation des règles et des
relations, point de perspectives de développement des activités tant à l’échelle mondiale qu’à
l’échelon local. Sans code de déontologie, point de développement des entreprises sur les marchés
boursiers.
Cette structuration des entreprises françaises du secteur, traditionnellement réparties en trois grandes
catégories (gestionnaires de sites, organisateurs de manifestations et prestataires de services), est le
terrain de jeu de multiples stratégies complémentaires ou opposées de développement.
Trois grandes orientations stratégiques peuvent être identifiées :
- stratégie de « place » ou « destination » (intégration des métiers de l’événement autour d’un
site d’accueil dans une logique de développement économique local, régional, national ou
international),
- stratégie de « média » (intégration horizontale / convergence médias dans une logique de
marketing mix),
- stratégie de « filière » (intégration verticale de la prestation de services à la gestion de sites en
passant par l’organisation de manifestations).
Ces trois grandes tendances du marché s’accompagnent d’autres stratégies ou viennent en
déclinaison de stratégies plus globales :
- stratégie de spécialisation sur des marchés de niche à très forte valeur ajoutée,
- stratégie de concentration verticale et/ou horizontale des activités métier,
- stratégie de diversification sur des activités hors métier,
- stratégie d’externalisation,
- stratégie de partenariat ou de rapprochement avec des parties prenantes hors métier,
- stratégie d’intégration dans des industries plus importantes.
Les acteurs du secteur en sont les moteurs ou les instruments.
Il est encore difficile de savoir qui, des acteurs d’aujourd’hui, dominera la filière de demain. Quoi qu’il
en soit, la chaîne de valeur connaît actuellement de multiples tensions : les prestataires sous-traitants
sont tiraillés entre contraintes de prix, de délais et de qualité, les organisateurs de foires pâtissent d’un
déficit d’image et doivent revoir leur positionnement, les organisateurs de congrès sont soumis à des
lois toujours plus strictes, les organisateurs de salons réfléchissent à l’identité de leurs métiers, et les
gestionnaires de sites organisent de plus en plus de manifestations.
Les raisons de ces tensions sont multiples : la répartition de la valeur ajoutée entre les acteurs du
secteur se déplace (phénomène de transfert de marge des activités de prestation de services, et plus
récemment d’organisation de manifestations, vers les activités de gestion de sites), les frontières qui
séparaient hier les métiers de chaque opérateur s’effacent et les segments d’activité auparavant bien
différenciés se confondent, les clients sont de plus en plus difficiles à appréhender dans leurs
comportements et leurs attentes, etc.
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Malgré ces tensions, malgré l’avènement d’Internet et la perte d’influence des intermédiaires
traditionnels, malgré la crise financière, économique et sociale de ces dernières années, et malgré les
contraintes de plus en plus lourdes d’optimisation du temps, des budgets et des déplacements, l’outil
FSCE a tenu bon, sans doute parce qu’il dépasse la notion et la dimension de simple média grâce à la
valeur ajoutée qu’il apporte dans la complexité de la rencontre physique, la qualité des prestations de
services et conseils de plus en plus pointus qu’il propose et le retour sur investissement qu’il offre à
ses clients. C’est également grâce à la confiance qu’il a réussi et réussira à établir et à consolider
avec ses clients et ses partenaires, en réponse à la profonde incertitude générale régnant chez les
dirigeants d’entreprise et les consommateurs.
De plus, la filière surfe sur un certain nombre de courants porteurs pour lesquels elle constitue une
plate-forme idéale de développement des entreprises, à condition de leur offrir des services
personnalisés et adaptés aux nouveaux besoins des clients :
- recentrage des priorités vers les stratégies de développement commercial sur de nouveaux
marchés,
- recherche d’informations, d’innovations et de nouvelles technologies,
- réduction des budgets et impératif d’efficacité et de rentabilité dans les opérations de
démarchage, de communication et de réseautage,
- prise en compte des enjeux de développement durable.
La conjugaison de ces freins et de ces accélérateurs sous-tend de nombreux questionnements.
Le concurrent d’hier ne serait-il pas le partenaire de demain ? Quel équilibre trouver entre corps de
métiers aux méthodes et cultures artisanales et processus industrialisés et rationnalisés ? Comment
maîtriser les cascades de sous-traitances spécifiques au secteur et garantir aux sous-traitants des
conditions minimums d’activités leur permettant de fournir des prestations de qualité dans le respect
des lois et des règles d’éthique ? Où trouver de nouvelles sources de revenus connexes pour
compenser une demande de plus en plus forte de gratuité ? Où se situe la valeur ajoutée de la filière :
dans l’innovation et la créativité d’un prestataire, dans l’implantation et la polyvalence d’un site
d’accueil, dans l’excellence et la flexibilité de l’offre et de l’organisation d’une manifestation ? se
situe la valeur stratégique de la rencontre : dans l’identité (multiple) de marque, dans la création
(participative) de l’événement ? Quelle fonction donner à la rencontre : un outil de marketing, de
commercialisation, de promotion, de communication et de veille (salons et foires), d’information, de
loisir et d’animation (foires et événements), de production et de transmission de savoirs et
d’innovations (salons et congrès), ou tout à la fois ? La filière de l’exposition, de la rencontre et de
l’événementiel est-elle un simple média ou s’inscrit-elle dans une industrie plus large du savoir, de la
communication, de l’intermédiation, de l’interconnexion et du réseau ? Comment envisager les liens
de demain ?
L’innovation dans les services constitue une voie essentielle du développement de demain. Il faut
valoriser la dimension intellectuelle des propositions de valeur des FSCE. Désormais, toute offre doit
intégrer de l’objet communicant, intelligent et interactif, doit prolonger et enrichir le contact par une
continuité de flux, et doit se fonder sur un système complexe de produits et services interconnectés. Il
ne s’agit plus de vendre un simple retour sur investissement, mais de vendre de l’expérience, de
l’image (valorisation), de l’originalité, de l’exception et du sens, grâce à une véritable stratégie de
marque et un engagement, une synergie de moyens de toutes les parties prenantes d’une filière ou
d’une communauté, dans une logique de transversalité, d’interactivi et de partenariat.
Pour répondre aux nouveaux besoins de l’économie de marché et de service, de l’économie de
l’information et de la communication, de l’économie de la connaissance et l’économie de l’expérience,
les foires, salons, congrès et événements devront se repositionner en tant que véritables outils de
décision stratégique du dirigeant d’entreprise.
Pour répondre aux nouveaux besoins de socialisation, de participation, de proximité, de repères, de
transmission, de valeurs, d’histoire, et d’informations fiables, les foires et salons grands publics
devront renouveler leurs offres (thèmes et formats), innover dans leurs politiques marketing
(positionnement et marques), et établir une culture qui leur soit propre.
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Pour répondre aux nouveaux besoins de valeur ajoutée en matière de compétitivité économique,
d’expertise, de savoir, d’information et de contact, les congrès et salons professionnels devront
réinventer leurs dimensions sociales et politiques, ainsi que leurs positionnements et leurs offres à
l’égard des mondes de l’associatif, de l’institutionnel et de la recherche.
Ces enjeux appellent les acteurs du marché à une responsabilisation partagée (politique d’achat
responsable, traçabilité dans les chaînes de sous-traitance, transparence vis-à-vis des clients,
engagement à l’égard de la société civile, etc.), qu’il s’agira de formaliser. Il en va de la crédibilité de
la Profession et de la confiance client.
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