synthèse des travaux du Groupe Ethique et Déontologie

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Synthèse des travaux du Groupe Ethique et Déontologie
Le mot du Président
Introduction au Congrès : contexte d’élaboration et objectifs de la Charte
Réflexions sur l’engagement sociétal
Conclusion du Congrès : vers de nouvelles perspectives pour la Profession
Le mot du Président
La responsabilité en action
Le Congrès de la Fédération des Foires, Salons, Congrès et Evénements de France est un rendez-vous
majeur de la Profession. Il est le temps de la réunion, de la réflexion, de l’échange et du débat. Cette année, il
er
se tient à Toulouse du 29 juin au 1 juillet, et est placé sous le signe de l’éthique et de la déontologie.
Le sujet n’a pas été choisi au hasard : l’engagement de notre filière à l’égard de la société et dans
l’intérêt général est ancré dans notre histoire. Par ailleurs, la filière a toujours constitué un espace d’échanges et
d’engagements de la société.
Cependant, les contextes changent. Chaque jour, de nouveaux concurrents et de nouvelles
technologies apparaissent ; chaque jour, de nouvelles réglementations et de nouvelles normes entrent en
vigueur ; chaque jour, nous déployons nos équipes et cherchons de nouveaux talents ; chaque jour, nous
tentons de nous différencier pour conquérir de nouveaux marchés.
Notre responsabilité de dirigeants est d’assurer la pérennité de nos entreprises. Anticiper les
changements politiques, économiques, juridiques, technologiques et sociétaux qui s’accélèrent est encore le
meilleur moyen de les maîtriser.
Le Congrès FSCEF 2011 sera un rendez-vous historique pour la Profession, qui a fait le choix de se
doter d’une Charte d’actions responsables de nos entreprises. Cette Charte est un atout pour nos opérations
quotidiennes en tant qu’entrepreneurs, mais également pour nos stratégies à long terme en tant qu’acteurs
locaux, régionaux, nationaux et internationaux.
 Parce que le client est au cœur de nos activités, les relations clients responsables (thème n°1)
doivent être traitées en priorité pour faire de l’excellence le maître-mot de nos services.
 Parce que les femmes et les hommes que nous employons sont à l’origine de nos services et de notre
valeur ajoutée, les relations sociales responsables (thème n°2) doivent être promues et généralisées.
 Parce que la répartition de la valeur est en pleine recomposition, les relations intra-professionnelles
responsables (thème n°3) doivent permettre de faciliter les rapports au sein de notre Profession.
 Parce que nos métiers de la rencontre sont historiquement ancrés dans le développement des territoires
et la socialisation des communautés, les relations sociétales responsables (thème n°4) doivent donner un
sens à nos missions pour donner naissance à nos innovations.
La Charte d’actions responsables n’est pas une fin en soi, mais bien le commencement d’une démarche
déontologique que nous devrons enrichir chaque jour afin de renforcer durablement notre confiance et notre
image auprès de nos partenaires d’aujourd’hui et de demain. La responsabilité est en marche. Il est temps pour
nous de la formaliser et de communiquer, car il s’agira de faire savoir notre savoir-faire et faire connaître notre
savoir-être.
Thierry HESSE
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Contexte relatif à l’élaboration de la Charte d’actions responsables
1. Les foires, salons, congrès et événements : creusets d’échange, de rencontre et de
liberté
Toute entreprise et toute Profession souhaitant se doter d’une Charte de responsabilité doit avant tout
défendre et assumer son cœur de métier.
La filière des foires, salons, congrès et événements est historiquement ancrée dans les relations entre
acteurs de la société. Elle constitue un lieu d’échange et de rencontre de la société elle-même. Sa
responsabilité, son engagement social et sociétal, bien qu’aujourd’hui formalisés dans une charte,
sont donc intrinsèques à ses activités : ils sont inscrits dans ses gènes.
De plus, son cœur de métier historique qu’est l’intermédiation, c’est-à-dire la mise en relation des
hommes et des femmes, en fait un outil d’une extrême modernité, qui a réussi à surmonter de
nombreuses révolutions sociales, économiques, culturelles, industrielles et technologiques, y compris
la dernière en date, celle de l’Internet.
Sa responsabilité sociétale se mesure d’abord à l’aune de la liberté qu’elle rend possible à travers ses
espaces d’expression : liberté individuelle, liberté collective, liberté d’entreprise, mais également
liberté politique. En tant qu’espaces libres, les manifestations que les opérateurs du secteur
organisent constituent des territoires d’actions politiques.
Elle se mesure ensuite à l’aune des possibles qu’elle ouvre, et des avancées qu’elle permet, dans des
champs aussi vastes que l’industrie, l’économie, le savoir, le social, le culturel, etc.
Elle se mesure enfin à l’aune de son rapport aux territoires français et européen. Les fleurons
mondiaux des foires, salons, congrès et événements se situent encore en Europe et en France, sans
doute grâce à cette profonde culture de l’échange et plus particulièrement de l’échange politique, mais
également grâce aux innovations, à la qualité et à la créativité dont font preuve ses opérateurs. La
filière a ainsi joué et continue à jouer une part importante dans la construction de l’espace national,
mais également européen. L'Europe serait-elle possible sans la mise en place de dispositifs
d'échanges, de création d'espaces de circulations et d’idées, et de remodelage des frontières ?
Cette Charte déontologique doit donc avant tout venir renforcer cet élan vital que les foires, salons,
congrès et événements nourrissent, depuis leurs créations, dans leurs actions l’égard de la société.
2. Les facteurs externes de changements structurels
Le monde de l’entreprise opère dans un contexte économique, juridique, social et politique par nature
mouvant. Les entreprises du secteur des foires, salons, congrès et événements de France ne font pas
exception à la règle : elles interagissent avec leur environnement en tant qu’observateurs d’un
ensemble qui les dépasse, mais également en tant qu’acteurs de leur propre destin.
Mondialisation des marchés et financiarisation des entreprises, récurrence des crises et renforcement
des règles de régulation, juridiciarisation des relations et normalisation des modes de gestion,
rationalisation des structures et transversalité des métiers, révolutions des technologies et du temps
réel, désintermédiation des rapports, effacement des frontières et des distances, nouvel ordre du tout
connecté et du tout mobile, dynamiques économiques fondées sur la consommation de services et
d’expériences … constituent autant de bouleversements qui se nourrissent mutuellement et
définissent de nouvelles échelles d’espace et de temps. Les mutations qui s’opèrent et s’accélèrent
2
depuis une dizaine d’années génèrent de grandes nouveautés, mais également de profondes
incertitudes.
C’est en prenant le contre-pied de l’accélération, en prenant le temps du recul et de l’analyse, que
l’observateur devient acteur pour mieux accepter le mouvement, anticiper les évolutions et maîtriser
son avenir. C’est en donnant du sens à son métier que l’entreprise donne le sens du changement. Et
la responsabilité, en tant que valeur portée par l’entreprise, s’inscrit dans le sens qu’elle entend
donner et se donner.
3. Les entreprises des foires, salons, congrès et événements face aux changements
Depuis quinze ans, la filière des foires, salons, congrès et événements se professionnalise, se
structure et se financiarise. Cette logique s’inscrit dans le processus naturel de maturation des
secteurs qui entendent jouer le jeu de la mondialisation. Sans formalisation des règles et des
relations, point de perspectives de développement des activités tant à l’échelle mondiale qu’à
l’échelon local. Sans code de déontologie, point de développement des entreprises sur les marchés
boursiers.
Cette structuration des entreprises françaises du secteur, traditionnellement réparties en trois grandes
catégories (gestionnaires de sites, organisateurs de manifestations et prestataires de services), est le
terrain de jeu de multiples stratégies complémentaires ou opposées de développement.
Trois grandes orientations stratégiques peuvent être identifiées :
- stratégie de « place » ou « destination » (intégration des métiers de l’événement autour d’un
site d’accueil dans une logique de développement économique local, régional, national ou
international),
- stratégie de « média » (intégration horizontale / convergence médias dans une logique de
marketing mix),
- stratégie de « filière » (intégration verticale de la prestation de services à la gestion de sites en
passant par l’organisation de manifestations).
Ces trois grandes tendances du marché s’accompagnent d’autres stratégies ou viennent en
déclinaison de stratégies plus globales :
- stratégie de spécialisation sur des marchés de niche à très forte valeur ajoutée,
- stratégie de concentration verticale et/ou horizontale des activités métier,
- stratégie de diversification sur des activités hors métier,
- stratégie d’externalisation,
- stratégie de partenariat ou de rapprochement avec des parties prenantes hors métier,
- stratégie d’intégration dans des industries plus importantes.
Les acteurs du secteur en sont les moteurs ou les instruments.
Il est encore difficile de savoir qui, des acteurs d’aujourd’hui, dominera la filière de demain. Quoi qu’il
en soit, la chaîne de valeur connaît actuellement de multiples tensions : les prestataires sous-traitants
sont tiraillés entre contraintes de prix, de délais et de qualité, les organisateurs de foires pâtissent d’un
déficit d’image et doivent revoir leur positionnement, les organisateurs de congrès sont soumis à des
lois toujours plus strictes, les organisateurs de salons réfléchissent à l’identité de leurs métiers, et les
gestionnaires de sites organisent de plus en plus de manifestations.
Les raisons de ces tensions sont multiples : la répartition de la valeur ajoutée entre les acteurs du
secteur se déplace (phénomène de transfert de marge des activités de prestation de services, et plus
récemment d’organisation de manifestations, vers les activités de gestion de sites), les frontières qui
séparaient hier les métiers de chaque opérateur s’effacent et les segments d’activité auparavant bien
différenciés se confondent, les clients sont de plus en plus difficiles à appréhender dans leurs
comportements et leurs attentes, etc.
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Malgré ces tensions, malgré l’avènement d’Internet et la perte d’influence des intermédiaires
traditionnels, malgré la crise financière, économique et sociale de ces dernières années, et malgré les
contraintes de plus en plus lourdes d’optimisation du temps, des budgets et des déplacements, l’outil
FSCE a tenu bon, sans doute parce qu’il dépasse la notion et la dimension de simple média grâce à la
valeur ajoutée qu’il apporte dans la complexité de la rencontre physique, la qualité des prestations de
services et conseils de plus en plus pointus qu’il propose et le retour sur investissement qu’il offre à
ses clients. C’est également grâce à la confiance qu’il a réussi et réussira à établir et à consolider
avec ses clients et ses partenaires, en réponse à la profonde incertitude générale régnant chez les
dirigeants d’entreprise et les consommateurs.
De plus, la filière surfe sur un certain nombre de courants porteurs pour lesquels elle constitue une
plate-forme idéale de développement des entreprises, à condition de leur offrir des services
personnalisés et adaptés aux nouveaux besoins des clients :
- recentrage des priorités vers les stratégies de développement commercial sur de nouveaux
marchés,
- recherche d’informations, d’innovations et de nouvelles technologies,
- réduction des budgets et impératif d’efficacité et de rentabilité dans les opérations de
démarchage, de communication et de réseautage,
- prise en compte des enjeux de développement durable.
La conjugaison de ces freins et de ces accélérateurs sous-tend de nombreux questionnements.
Le concurrent d’hier ne serait-il pas le partenaire de demain ? Quel équilibre trouver entre corps de
métiers aux méthodes et cultures artisanales et processus industrialisés et rationnalisés ? Comment
maîtriser les cascades de sous-traitances spécifiques au secteur et garantir aux sous-traitants des
conditions minimums d’activités leur permettant de fournir des prestations de qualité dans le respect
des lois et des règles d’éthique ? Où trouver de nouvelles sources de revenus connexes pour
compenser une demande de plus en plus forte de gratuité ? Où se situe la valeur ajoutée de la filière :
dans l’innovation et la créativité d’un prestataire, dans l’implantation et la polyvalence d’un site
d’accueil, dans l’excellence et la flexibilité de l’offre et de l’organisation d’une manifestation ? Où se
situe la valeur stratégique de la rencontre : dans l’identité (multiple) de marque, dans la création
(participative) de l’événement ? Quelle fonction donner à la rencontre : un outil de marketing, de
commercialisation, de promotion, de communication et de veille (salons et foires), d’information, de
loisir et d’animation (foires et événements), de production et de transmission de savoirs et
d’innovations (salons et congrès), ou tout à la fois ? La filière de l’exposition, de la rencontre et de
l’événementiel est-elle un simple média ou s’inscrit-elle dans une industrie plus large du savoir, de la
communication, de l’intermédiation, de l’interconnexion et du réseau ? Comment envisager les liens
de demain ?
L’innovation dans les services constitue une voie essentielle du développement de demain. Il faut
valoriser la dimension intellectuelle des propositions de valeur des FSCE. Désormais, toute offre doit
intégrer de l’objet communicant, intelligent et interactif, doit prolonger et enrichir le contact par une
continuité de flux, et doit se fonder sur un système complexe de produits et services interconnectés. Il
ne s’agit plus de vendre un simple retour sur investissement, mais de vendre de l’expérience, de
l’image (valorisation), de l’originalité, de l’exception et du sens, grâce à une véritable stratégie de
marque et un engagement, une synergie de moyens de toutes les parties prenantes d’une filière ou
d’une communauté, dans une logique de transversalité, d’interactivité et de partenariat.
Pour répondre aux nouveaux besoins de l’économie de marché et de service, de l’économie de
l’information et de la communication, de l’économie de la connaissance et l’économie de l’expérience,
les foires, salons, congrès et événements devront se repositionner en tant que véritables outils de
décision stratégique du dirigeant d’entreprise.
Pour répondre aux nouveaux besoins de socialisation, de participation, de proximité, de repères, de
transmission, de valeurs, d’histoire, et d’informations fiables, les foires et salons grands publics
devront renouveler leurs offres (thèmes et formats), innover dans leurs politiques marketing
(positionnement et marques), et établir une culture qui leur soit propre.
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Pour répondre aux nouveaux besoins de valeur ajoutée en matière de compétitivité économique,
d’expertise, de savoir, d’information et de contact, les congrès et salons professionnels devront
réinventer leurs dimensions sociales et politiques, ainsi que leurs positionnements et leurs offres à
l’égard des mondes de l’associatif, de l’institutionnel et de la recherche.
Ces enjeux appellent les acteurs du marché à une responsabilisation partagée (politique d’achat
responsable, traçabilité dans les chaînes de sous-traitance, transparence vis-à-vis des clients,
engagement à l’égard de la société civile, etc.), qu’il s’agira de formaliser. Il en va de la crédibilité de
la Profession et de la confiance client.
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Objectifs relatifs à l’élaboration de la Charte d’actions responsables
1. Objectif du Groupe de Travail : la réflexion éthique et déontologique en tant
qu’innovation dans le secteur de l’exposition, de la rencontre et de l’événementiel
FSCEF a engagé une réflexion auprès de l’ensemble de ses adhérents sur le thème de l’Ethique et de
la Déontologie.
Cette problématique n’a pas été choisie au hasard.
Tout d’abord, elle intègre, tout en le dépassant, le thème du Congrès FSCEF 2010 consacré au
Développement Durable, assurant ainsi une continuité et une cohérence dans la réflexion stratégique
de la filière.
Ensuite, elle permet à la Profession dans son ensemble d’approfondir sa structuration, sa
professionnalisation et sa légitimation dans un contexte de forte concurrence internationale, de
faciliter les relations entre ses parties prenantes, et d’améliorer son image auprès des autres secteurs
de l’industrie et des services, mais également auprès du grand public.
Enfin, elle s’inscrit dans la mission que s’est donnée la Fédération d’anticiper les règles et enjeux
auxquels les acteurs la filière devront faire face dans un avenir plus ou moins proche : si la filière ne
prend pas les devants en matière d’éthique et de déontologie, les normes et règlementations la
rattraperont rapidement, créant des distorsions de concurrence.
Il en va ainsi de la profusion de règlementations, directives, normes et autres principes directeurs qui
apparaissent chaque jour à l’échelle nationale, européenne ou mondiale, et qui sont sources de
confusion pour de nombreux acteurs de la Profession.
Normes ISO 9001 sur la gestion de la qualité, ISO 14001 sur le management environnemental, ISO
26000 sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE)1, principes directeurs de l’OCDE sur la
corruption et la due diligence appliquée à la chaîne d’approvisionnement, mise en place de directives
gouvernementales d’achats responsables, obligation d’inclure des bilans sociaux et
environnementaux dans les rapports d’activité des entreprises, réglementation nationale de plus en
plus prégnante sur la prévention des conflits d’intérêt, importance toujours plus grande pour les
entreprises des critères extra-financiers développés par les agences de notation … constituent autant
de contraintes qu’il s’agit de transformer en opportunités.
Nombreuses sont les entreprises, tous secteurs confondus, qui s’organisent et se rapprochent au
niveau de chaque profession pour les maîtriser et les orienter, mais qui savent également saisir
l’occasion ainsi offerte de repenser en profondeur aussi bien leur modèle économique et leur stratégie
que leurs processus opérationnels.
Cette démarche éthique entreprise par la Fédération répond à une exigence toujours plus prégnante
et inexorable de la société civile vers plus de transparence et de déontologie. Elle s’inscrit donc
naturellement dans l’histoire du secteur de l’exposition, de la rencontre et de l’événementiel en
France. Sa formalisation constitue cependant une innovation de fond : les entreprises françaises du
secteur pourraient ainsi être le fer de lance d’une démarche à promouvoir à l’échelle européenne voire
internationale auprès d’autres fédérations de la meeting industry.
2. Objectif du Congrès FSCEF 2011 : la Charte d’actions responsables en tant que boîte
à outils et formalisation des engagements
Cette réflexion se veut globale et exhaustive mais également concrète et pragmatique, tant dans sa
démarche que dans sa présentation.
Il ne s’agit ni de donner des leçons ni de fustiger des méthodes ou des entreprises en particulier, mais
de faire un état des lieux de l’existant, définir des priorités et établir des principes. Et le premier
principe s’imposant à toute filière désireuse de se doter d’une Charte d’actions responsables est le
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Voir annexe 1, « Rappel des questions centrales et domaines d’action de la norme ISO 26000 ».
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respect du socle commun des lois régissant le secteur. La Charte n’aura donc pas vocation à se
substituer à la loi, mais bien d’identifier les bonnes et mauvaises pratiques en cours dans la
Profession et de proposer, le cas échéant, des solutions, des recommandations et des préconisations,
sans pour autant imposer de prescriptions. Plus qu’une norme, elle doit être une boîte à outils et un
instrument de compétitivité, d’avantage comparatif et d’amélioration des performances pour les
entreprises du secteur qui les adopteront :
- par la qualité, la plus-value et l’innovation de leurs services,
- par le respect et l’engagement de leurs collaborateurs,
- par le respect et l’engagement de leurs partenaires (fournisseurs et autres parties prenantes),
- par les perspectives et les ambitions qu’elles se donneront dans leurs missions et leurs
métiers.
Cette réflexion doit concerner les acteurs de la filière dans toute leur diversité, qu’ils soient locaux ou
régionaux, d’envergure nationale ou internationale. L’étude de cas pratiques quotidiens sera donc
privilégiée à la théorie, sans pour autant éluder les perspectives stratégiques qu’elle ouvre en termes
de valeurs et de missions que se donne la Profession à long terme.
Elle devra aboutir à une Charte d’actions responsables qui permettra de synthétiser et de structurer
tous ces cadres règlementaires et normatifs, et de les traduire au regard des spécificités des métiers
FSCE et de communiquer sur l’attitude responsable du secteur.
Le Congrès FSCEF 2011 constituera le point d’orgue de cette réflexion et sera l’occasion de présenter
cette Charte déontologique sous la forme d’un état des lieux très concret des règlementations
existantes et des pratiques en cours. Cependant, il ne sera pas une fin en soi, mais bien le
commencement d’une démarche évolutive axée sur l’éthique et la déontologie dans notre filière,
démarche qu’il s’agira de nourrir au long cours afin de répondre aux exigences futures de
responsabilité des entreprises, et de refléter durablement une image positive de la Profession.
3. Objectif à long terme : la RSE en tant qu’outil stratégique de transversalité
La Charte d’actions responsables constitue pour la Profession une brique fondamentale dans la
construction de son Histoire, dans la mesure où elle capitalise l’ensemble des avancées réalisées au
sein de la Fédération en matières économique, juridique, réglementaire, sociale, sociétale et
environnementale. Forte de ce nouvel acquis, la Profession pourrait mener un travail transversal et à
long terme selon deux axes :
- intra-professionnel, dans le cadre d’une intégration des réflexions, travaux et outils développés
au sein du Groupe de réflexion stratégique sur l’avenir de la filière, de la Commission sociale
(précarité de l’emploi, sécurité des salariés, travail illégal, etc.), du Groupe de Travail
Développement Durable (gestion des déchets, bilan carbone, étiquetage environnemental,
etc.) et du Service Juridique de la Fédération (questions de droit de la concurrence, etc.),
- interprofessionnel, dans le cadre d’une collaboration élargie avec des organismes français
(MEDEF, CGPME, etc.) et internationaux (ISO, UFI, IAPCO, etc.).
Formalisée dans une Charte, cette capitalisation transversale de la connaissance des métiers, des
fonctions et des missions de la Profession et des enjeux de la filière pourra servir d’outil d’innovation
et de développement stratégique à l’ensemble des entreprises du secteur.
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Réflexions sur l’engagement sociétal de la filière des foires, salons, congrès et événements
1. Les enjeux de l’engagement durable
Les métiers des foires, salons, congrès et événements font partie intégrante des échelles d’espaces
et de temps que se construit la société : ils en sont à la fois l’instrument et le moteur.
Or, les relations sociales et sociétales connaissent de profonds bouleversements : accélération et
nouvelles modalités des échanges, des rencontres et des créations de savoirs, nouveaux modes de
langage et d’expression, renforcement des impératifs de compétitivité, développement de l’urbanisme
et du sens de la Cité, redéfinition des valeurs, redimensionnement de l’individualité, de la citoyenneté,
du politique, de la société civile et de la communauté, etc.
Face à ces changements, il est naturel pour les acteurs des foires, salons, congrès et événements de
suivre le mouvement de l’hyper-actualité, de l’hyper-innovant, de l’hyper-efficacité et de l’hyperconnectivité, inscrites en partie dans les gênes de l’événementiel et de l’exceptionnel. Mais le subir,
c’est tomber dans les écueils du mort-né, de la fuite en avant, du court-termisme et de l’épuisement.
La rencontre est au cœur des métiers des foires, salons, congrès et événements. Si l’avènement des
nouvelles technologies de l’information et de la communication, et avec lui, le développement de
l’Internet et de la virtualisation des échanges, n’a pas sonné le glas de la rencontre physique, il a au
contraire conforté les entreprises du secteur dans la finalité de leurs métiers : la mise en rapport
concrète des hommes et des femmes. Face à Internet, nouvelle émanation de la rencontre, fils
perturbateur et positivement challengeur, les entreprises du secteur doivent inventer de nouvelles
modalités d’intermédiation en intégrant les nouveaux paradigmes du web collaboratif 2.0. Elles
doivent également faire coïncider le temps et l’espace de la rencontre avec les nouveaux impératifs
d’instantanéité, de virtualisation et de mondialisation de l’espace. De nouveaux équilibres sont donc à
trouver sur ces deux dimensions.
1.1 Le concret et le lien, comme réinvention des territorialités
Etymologiquement, le terme « concret » signifie « croître ensemble, croître avec ». La Profession doit
jouer pleinement son rôle social du « vivre ensemble » et de création du lien sur un lieu multiple et
pluriel.
L’attractivité des territoires est à considérer à l’aune de nouvelles échelles d’espace : espace-monde,
espace-ville, espace-site, espace interpersonnel, espace-intime, etc. La virtualisation et la
mondialisation de l’espace ont renforcé le mouvement de « déterritorialisation » (ou « désancrage »
territorial) propre aux manifestations, qui sont de véritables creusets d’internationalité et de
multiculturalisme.
Pour autant, le site d’accueil des manifestations reste rattaché à un sol et génère ainsi son propre
territoire, dans un mouvement de « reterritorialisation ». Il redessine et réinvente les espaces et les
frontières, notamment dans la dimension multiculturelle de ses manifestations. Sensibles au devenir
de la société, les foires, salons, congrès et événements doivent créer des « hétérotopies », c’est-àdire des espaces autres, capables d’animer des communautés citoyennes, professionnelles,
scientifiques et politiques.
Ainsi, le parc des expositions joue souvent dans les nouveaux projets le rôle d'avant-poste de
l'urbanisation : de plus en plus placés dans la périphérie de la ville aujourd'hui pour des raisons
d'accessibilité et de disponibilité de terrains, ils seront dans 10 ou 20 ans de nouveau au milieu de la
ville. Ils participent activement de la mobilité du territoire.
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1.2 Le calendrier et la série, comme réinvention des temporalités
Inscrire l’éphémère de l’événementiel dans une promesse de durabilité sociétale passera par une
redéfinition du temps de la manifestation. En effet, tout événement est multiple : il s’inscrit dans une
multitude d’éditions passées et à venir. La série est intrinsèque à l’événement, elle crée l’événement.
Créer du lien avant et après la manifestation par la maîtrise des nouveaux outils de communication
permettrait d’étirer cette échelle de temps. C’est tout le défi d’amener le métier des FCSE vers
l’animation des communautés dans la permanence, et d’en faire ainsi un véritable média « 4D » : un
média unique et multi-fonction d’événementiel collectif dans une continuité d’animation.
Créer un temps et un rythme propres à la manifestation itérative, à contre-courant de l’immédiateté et
de l’accélération des échanges, permettrait de renforcer l’intensité exceptionnelle de la rencontre.
Créer une manifestation non comme une finalité mais dans une continuité, au regard de ses éditions
passées et en anticipation de ses éditions futures, permettrait à la rencontre de se réapproprier sa
dimension virtuelle, de conjuguer l’exceptionnel au durable, d’écrire sa propre histoire, de créer ses
propres valeurs, de produire son propre savoir et de générer sa propre durée, au profit de la société et
dans l’intérêt général.
2. Les missions des foires, salons, congrès et événements
L’histoire moderne des foires, salons et congrès s’est écrite à travers le rôle prééminent joué par les
acteurs publics (Chambres de Commerce et d’Industrie, etc.) d’une part et les grandes fédérations
professionnelles et les fleurons de l’industrie d’autre part. Cet ancrage historique au service de l’intérêt
général s’est progressivement décliné en une multitude de fonctions qui fédèrent les entreprises du
secteur. Les foires, salons, congrès et événements remplissent un certain nombre de missions à
l’égard des diverses parties prenantes impliquées de près ou de loin dans la Profession (opérateurs
du secteur, clients professionnels et particuliers, communautés économiques, sociales,
professionnelles et scientifiques, élus et institutions politiques, société civile). Facteurs de
transversalité et d’interdisciplinarité par essence, outils d’intermédiation à forte valeur ajoutée,
vecteurs de la parole sociale, microcosmes reflétant l’évolution de la société, ils constituent ainsi tout
à la fois :
- des liens de confiance, établie sur la qualité et la transparence,
- des ponts entre les sphères politique et économique (performances économiques / missions
de service public),
- des relais d’information, d’opinion et de démocratie,
- des moteurs d’attractivité, générateurs de compétitivité et d’emploi,
- des carrefours de l’innovation, producteurs de savoirs, accélérateurs de recherche, et vitrines
de la créativité des entreprises,
- des plates-formes de développement international des entreprises,
- des instruments de structuration des territoires et des filières professionnelles,
- des promoteurs de socialisation des communautés sociales, citoyennes et scientifiques.
2.1 Outil d’attractivité des entreprises et des territoires
Compétitivité des entreprises, emploi et dynamique économique
S’inscrivant dans un rôle de promotion des filières professionnelles et de leurs entreprises locales,
régionales, nationales et d’envergure internationale, les foires, salons, congrès et événements
contribuent à la compétitivité des entreprises françaises, grâce à la dynamisation des activités et des
échanges qu’ils engendrent.
Forte d’environ 4000 entreprises générant un chiffre d’affaires annuel de près de 3 milliards d’euros et
employant plus de 13000 personnes, la filière française des foires, salons, congrès et événements
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engendre également des retombées économiques considérables estimées à 30 milliards d’euros par
an, dont près de 23 milliards d’euros de flux d’affaires2.
Ces retombées économiques contribuent à leur tour au maintien et à la création d’emplois en France
dans des secteurs connexes, que la filière se doit d’intégrer en tant que parties prenantes de la chaîne
d’accueil (hôtellerie et restauration, transport et logistique, télécommunication, et tout autre service et
infrastructure d’accueil, public ou privé). C’est en fédérant ces parties prenantes en véritables
partenaires que la filière contribuera à la qualité de l’accueil en France en créant une dynamique
réciproque d’attractivité et d’efficacité des entreprises avec leurs territoires.
Développement et structuration des territoires
Pour se développer, le territoire doit se doter d’un ensemble intégré, cohérent et performant
d’infrastructures de transports, de structures d’accueil, d’interconnexions et de réseaux de
télécommunication. Le site d’accueil des foires, salons, congrès et événements joue un rôle majeur
dans le développement de la filière sur un territoire donné, mais également dans la structuration de sa
zone d’implantation, sur laquelle il doit envisager son champ d’action légitime. Ce rôle structurant du
centre des expositions et du palais des congrès est à considérer dans sa double dimension de
contenant (qualité de conception et de fabrication de son bâti propre) et de contenu (qualité de
conception et d’organisation des manifestations qu’il accueille).
Pour être légitime, le territoire d’un site d’accueil doit se fonder sur ses spécificités, ses avantages
concurrentiels et ses atouts économiques, scientifiques, sociaux, culturels, historiques, etc. Ces atouts
font partie intégrante de la place ou destination d’accueil3 et donc de son attractivité. Cette stratégie
exige de se défaire de la dimension de « tourisme d’affaires », à laquelle la filière des foires, salons et
congrès est trop souvent rattachée de manière exclusive et restrictive. La filière doit élargir ses
ambitions dans le champ plus vaste du « développement économique du territoire ». C’est ainsi
qu’elle servira au mieux le politique, dont l’appui est capital, tant sur le plan législatif et réglementaire
que dans la capacité de la filière à fédérer les parties prenantes de la chaîne d’accueil et dans les
candidatures des sites et organisateurs à des appels d’offres nationaux et internationaux. Il s’agira
alors d’inverser la logique et de convaincre le politique de se mettre au service de la filière.
Cette dynamique politico-économique contribuera au rayonnement national et international du
territoire et à son attractivité en termes d’investissements, attractivité sur laquelle la filière pourra à
nouveau capitaliser à moyen et long termes au niveau des sites et des manifestations qu’ils
accueillent. Cette boucle sera d’autant plus vertueuse que la filière prendra toute sa part dans la
création d’une véritable image de marque de la destination.
C’est dans cet esprit que l’outil FSCE est promu auprès des pouvoirs publics, à travers l’Amicale
parlementaire et les actions de la Fédération auprès des élus locaux et territoriaux.
2.2 Outil de socialisation des communautés
La qualité, la créativité et l’innovation du contenu proposé par la manifestation, et plus généralement
l’événement, créent, enrichissent et pérennisent le lien. La création du lien est à l’origine même des
activités des foires, salons, congrès et événements. La socialisation des communautés en est une
version moderne d’autant plus pertinente qu’Internet, en tant que fils prodige, à la fois perturbateur et
challengeur, en offre une dimension nouvelle avec la montée des réseaux sociaux. Ces réseaux
sociaux créent des espaces d’expression libre, tout à la fois ouverts, interactifs, participatifs, non
hiérarchisés, et disponibles à tout moment et en tout lieu.
En se positionnant en outil de socialisation des communautés, les FSCE trouvent ainsi un
dénominateur commun à l’échange virtuel, avec lequel ils peuvent interagir en tant que compléments,
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Ces chiffres sur les retombées économiques sont en cours d’actualisation par la Fédération. Concernant les flux d’affaires
réalisés dans les manifestations économiques, l’évaluation des montants de transactions entre exposants et visiteurs date du
début des années 90. Toutefois, les opérateurs mettent en place des enquêtes pour évaluer les revenus créés. Par ailleurs,
les ratios de dépenses des exposants et des visiteurs sont en cours de réactualisation, et les critères d’évaluation sont en
cours de révision.
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Le concept de « place » se réfère au lieu d’échanges, notamment économiques. Celui de « destination » se réfère aux flux
induits par la place, notamment en termes de « tourisme d’affaires ». Ces deux dimensions contribuent au développement du
territoire.
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prolongements, voire initiateurs de cet échange. L’enjeu pour les FSCE sera donc de savoir proposer,
mais également réinventer, des espaces de socialisation, en fonction des flux de population, actuels
et futurs, réels et virtuels (la France comptera 70 millions d’habitants d’ici 2020, créant ainsi de
nouveaux besoins d’intégration des populations à venir).
Les FSCE apportent en outre une valeur ajoutée supplémentaire dans leur fonction plus spécifique de
socialisation des communautés scientifiques. En tant qu’outils de diffusion des savoir-faire, d’interface
avec les pôles de compétitivité, d’excellence et de R&D, et d’aide à la prospection et à la veille, ils
contribuent à la recherche, à la formation des spécialistes, à la production et la transmission
d’innovations et de savoirs, ainsi qu’à la constitution de communautés scientifiques.
Afin d’affirmer ce rôle, les FSCE pourraient être valorisés auprès des responsables gouvernementaux
en tant qu’indicateurs faisant partie intégrante de l’évaluation du dynamisme de la recherche
nationale.
3. Environnement et développement durable
Le rassemblement des hommes et des femmes, propre à l’activité des foires, salons, congrès et
événements, pourrait paraître contradictoire avec les impératifs de protection de l’environnement.
Cependant, non seulement l’élan vital créé par la manifestation, notamment dans ses dimensions
politiques, sociales et scientifiques, participe de la prise de conscience écologique et de la durabilité
de la société, mais le rassemblement efficace des communautés permet en outre d’éviter un certain
nombre de déplacements, qui génèreraient, sans la manifestation, des émissions de CO 2 beaucoup
plus importantes.
C’est donc à travers la concentration (et non la surconsommation) d’énergie que la manifestation
produit une dynamique de l’échange.
En matière de développement durable, notamment dans sa composante environnementale, la
Fédération s’est engagée sur plusieurs chantiers de sensibilisation de ses adhérents et mène un
certain nombre d’actions :
 Participation au collectif Eco-événement (Charte, feuille de route et site Internet).
 Mise en place de formations à l’éco-conception de stands et de manifestations.
 Prix FSCEF décernés chaque année aux opérateurs innovants en matière de développement
durable.
 Collaboration avec EcoFolio sur l’éco-contribution sur le tonnage papier dans la filière.
 Participation à l’élaboration et au développement de la matériauthèque de la FFM2E.
 Outils d’évaluation de l’empreinte carbone des événements (calculateur Viparis, outil
d’autodiagnostic ADERE, développement d’un outil d’évaluation des déplacements d’affaires
évités grâce aux salons professionnels, etc.).
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Vers de nouvelles perspectives pour la Profession
La Fédération s’est dotée d’une charte éthique et déontologique. Cette charte constitue un premier
pas pour un secteur qui continue à se structurer autour de règles et de valeurs communes. Forte de
cette Charte d’actions responsables, la Profession devra conforter son processus de maturation et
redéployer son action en matière de régulation, d’expertise et de connaissance afin d’assurer la
pérennité de ses entreprises et de sa démarche éthique.
La Profession devra ainsi envisager précisément les modalités de pilotage de la Charte d’actions
responsables, notamment la manière dont elle s’articulera avec la Charte de la Médiation du Crédit et
de la Cdaf. Ces deux Chartes seront signées par FSCEF. Cependant, il faudra permettre à chaque
entreprise individuelle, membre de la Fédération, de formaliser et d’officialiser son engagement dans
une telle démarche commune, mais également de se faire reconnaître par ses pairs au sein de la
Profession ainsi que par les parties prenantes et partenaires externes. Dans une première étape, la
Charte d’actions responsables pourrait ainsi être soumise à signature auprès de chaque adhérent.
Toujours dans cet objectif, le Groupe de Travail Ethique et Déontologie a par ailleurs envisagé la mise
en place d’une commission déontologique et d’une commission d’expertise en responsabilité
sociétale.
Enfin, cette démarche d’engagement responsable pourrait être prolongée par la mise en place d’une
structure de recherche fondamentale, mais également par un redimensionnement de la filière au
niveau européen et le déploiement de visions stratégiques ambitieuses pour ses entreprises.
1. Vers une commission déontologique
Une Commission déontologique des entreprises de la filière pourrait être instituée dans un triple
objectif :
- analyser les pratiques, régir les usages professionnels et faire évoluer les engagements,
- mettre en place un dispositif de contrôle en matière de pratiques et de sanction à l’égard des
signataires contrevenants,
- traiter à l’amiable les différends opposant les acteurs FSCE en la matière.
Agissant en chambre de médiation4, elle n’aurait pas pour but de remplacer les tribunaux dans leur
compétence : elle ne remettrait que des avis et non des décisions contraignantes juridiquement, et
toute entreprise du secteur serait libre d’entrer dans un processus de médiation et de s’en retirer. Par
ailleurs, cette Commission pourrait impliquer une tierce partie indépendante, extérieure à la
Profession, renforçant ainsi la légitimité de la Charte aux yeux du gouvernement, des administrations
et des tribunaux, mais également vis-à-vis de la société civile.
Véritable atout de compétitivité pour les entreprises du secteur, la médiation aurait une triple
fonctionnalité :
4
Le Centre de Médiation et d’Arbitrage de Paris distingue les rôles de médiateur et d’arbitre de la manière suivante :
La médiation est un processus amiable et confidentiel de résolution des différends. Son objectif est de proposer aux
parties en conflit l’intervention d'un tiers indépendant et impartial formé à la médiation, qui les aide à parvenir à une
solution négociée optimale et, en tout cas, conforme à leurs intérêts respectifs, mettant fin au litige. Le médiateur n’est ni
un juge, ni un arbitre, mais plutôt un “catalyseur” dont la mission est de faciliter les négociations entre les parties, afin de
les aider à trouver elles-mêmes une solution à leur différend. Il n'a donc pas vocation à trancher le litige et ne donne, en
principe, son avis que dans le cas où cela lui est unanimement demandé. L’organisation d’une médiation repose
essentiellement sur la commune volonté des parties de rechercher, de bonne foi, une issue amiable à un désaccord.
L'arbitrage est un mode juridictionnel, privé, de résolution des conflits, réglementé aux articles 1442 et suivants du
Nouveau code de Procédure civile (NCPC). Il consiste à soumettre, par voie contractuelle, un litige né ou à naître entre
une ou plusieurs personnes physiques ou morales à la juridiction d'un tiers, l'arbitre ou le tribunal arbitral (quand
plusieurs arbitres le composent), indépendant et impartial, à charge pour ce dernier de trancher ledit litige en application
des règles de droit et des usages du commerce qui lui sont applicables. L'arbitre rend alors une décision, appelée
sentence arbitrale, qui a force obligatoire entre les parties, ce qui signifie qu'elle s'impose à elles, et met fin au litige.
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un outil de facilitation permettant de fluidifier les relations entre acteurs de la Profession, et
plus généralement entre fournisseurs et clients, et d’éviter un certain nombre de contentieux
coûteux,
un outil de différenciation permettant aux entreprises adhérant au mécanisme de compléter
leurs processus de gestion de la relation client et de renforcer la confiance client,
un outil de communication pour améliorer l’image du secteur à l’égard des parties prenantes
extérieures à la Profession.
Par ailleurs, un dispositif de contrôle du respect des engagements par les signataires de la Charte
(labellisation des bonnes pratiques), et d’alerte graduée à l’égard des contrevenants, permettrait à la
Profession de renforcer sa légitimité et son image auprès des opérateurs du secteur et des autres
parties prenantes externes. Il permettrait également à chaque entreprise signataire, de renforcer sa
crédibilité et sa réputation auprès de ses partenaires et vis-à-vis de ses concurrents, dans une
démarche de confiance et de fidélisation.
2. Vers une expertise RSE propre à la filière
La loi sur la Nouvelle Régulation Economique prévoyant l’obligation progressive de publication
d’informations environnementales et sociales, et de vérification des rapports extra-financiers par un
organisme tiers indépendant, une Commission d’expertise en responsabilité sociétale des entreprises
(RSE) pourrait être instituée pour définir les indicateurs RSE propres aux activités de la filière FSCE,
ainsi que les modalités de vérification par des organismes extérieurs d’audit. L’élaboration de ces
outils s’inscrirait dans une démarche d’amélioration continue et d’accompagnement des entreprises.
Le développement d’indicateurs pourrait se fonder sur les travaux actuellement menés dans le cadre
des normes ISO, qui forment un socle commun et bénéficient d’une reconnaissance internationale
(adaptation de la norme ISO 26000 aux métiers de l’événementiel, projet de norme ISO 20121 sur un
Système de Management de la Durabilité des Evénements, etc.), ou sur tout autre référentiel mis en
place au sein de la filière.
La constitution d’une telle expertise RSE pourrait également s’appuyer sur un dispositif de recherche
et d’identification de bonnes pratiques menées par les entreprises du secteur, quelle que soit leur
taille. Un tel dispositif permettrait notamment de faire remonter au niveau fédéral les meilleures
pratiques mises en place par les structures les plus petites, afin de faire avancer l’ensemble de la
Profession sur des pistes d’amélioration communes.
3. Vers une science à part entière
Actuellement, la recherche fondamentale sur l’univers des foires, salons et congrès est quasiment
inexistante en France. L’Allemagne est le seul pays possédant un enseignement en la matière, la
Messewirtschaft ou économie des foires et salons. La nundinographie5, science peu connue des foires
et salons, pourrait en constituer les prémices. Il s’agira de repenser les savoir-faire dans un savoir
plus général pour mieux comprendre les enjeux de la filière.
Le paradigme qui veut que « de tout temps, les Hommes se rencontrent » doit être repensé dans une
perspective de mutation des relations sociales, des modalités de rencontre et de prise de parole, et
plus largement des espaces et des temporalités.
Cette science transversale des foires et salons est à inventer, en s’appuyant sur les domaines
scientifiques de la sociologie, de l’économie, de l’urbanistique et de l’anthropologie. Elle permettra de
comprendre le sens et le rôle des foires, salons, congrès et événements dans la construction d’une
société, pour mieux tracer des pistes de réflexion durables et pérenniser les entreprises de la
rencontre, de l’exposition et de l’événementiel.
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Un ouvrage y fait référence, « Foires et marchés d’Occitanie, de l’antiquité à l’an 2000 », écrit par Pierre-Albert CLEMENT
et édité aux Presses du Languedoc.
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Cet investissement dans la recherche et le développement à long terme appellera un véritable
changement culturel dans un secteur encore ancré dans une échelle du temps court. L’innovation et la
créativité devront être au cœur des programmes de recherche. Cette science appliquée permettra de
faire émerger des entreprises innovantes et de renforcer le leadership national, européen, voire
mondial des acteurs de la filière.
Ce projet pourrait notamment se concrétiser au sein d’un pôle de compétitivité dédié à la filière. Ce
pôle pourrait voir le jour à travers l’implication financière de la Fédération, des entreprises et de l’Etat,
et ferait le lien entre recherche fondamentale et application industrielle.
4. Vers un redimensionnement européen de la filière
Historiquement, l’Europe a vu naître et se développer l'activité des Foires, Salons et Congrès. Face à
de nouvelles concurrences, ce leadership doit pouvoir s’appuyer sur des acteurs solides au niveau
européen. Par ailleurs, l'Europe elle-même et ses peuples ont besoin de se rencontrer pour mieux
consolider l’idée européenne du « vivre ensemble ».
L’engagement sociétal et la transversalité des métiers des foires, salons, congrès et événements,
ainsi que leur rôle dans la structuration des territoires, donnent à la filière toute sa légitimité pour
mieux s’investir dans la construction et la coopération européenne, notamment à travers ses
programmes : PRCD - Programme Cadre de Recherche et Développement -, INTERREG, etc.
Pour soutenir cette ambition européenne et accompagner la filière dans un contexte où la
règlementation se décide de plus en plus à Bruxelles, la création d’une fédération européenne du
secteur pourrait être envisagée.
5. Vers un déploiement des visions stratégiques des entreprises
Les engagements formalisés dans la Charte d’actions responsables des entreprises de la filière ne
doivent pas être considérés comme des contraintes mais comme de véritables opportunités incitant
chaque opérateur de la Profession à repenser ses métiers, ses fonctions et ses visions d’avenir.
Cette démarche a déjà été entamée dans le cadre du Séminaire de réflexion stratégique sur la filière,
qui a permis d’identifier les courants porteurs pour le secteur, de définir une cartographie des acteurs
leaders de la Profession, mais également d’envisager ses activités innovantes à l’ère de l’économie
de marché, de l’économie de l’expérience et de l’économie de la connaissance.
C’est pourquoi cette Charte doit être un outil de développement stratégique des entreprises, dans la
manière dont elles appréhendent leurs modèles économiques fondés sur la création de sens, l’image
de marque, l’innovation dans les services, les nouvelles technologies, la mise en synergie de moyens,
et les nouvelles modalités de partenariats et de financement de la chaîne de valeurs.
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Annexe 1 : Rappel des questions centrales et domaines d’action de la norme ISO 26000
Question centrale : Gouvernance de l’organisation
Question centrale : Droits de l’Homme
Domaine d’action 1 : Devoir de vigilance
Domaine d’action 2 : Situations présentant un risque pour les droits de l’Homme
Domaine d’action 3 : Prévention de la complicité
Domaine d’action 4 : Remédier aux atteintes aux droits de l’Homme
Domaine d’action 5 : Discrimination et groupes vulnérables
Domaine d’action 6 : Droits civils et politiques
Domaine d’action 7 : Droits économiques, sociaux et culturels
Domaine d’action 8 : Principes fondamentaux et droits au travail
Question centrale : Relations et conditions de travail
Domaine d’action 1 : Emploi et relations employeur/employé
Domaine d’action 2 : Conditions de travail et protection sociale
Domaine d’action 3 : Dialogue social
Domaine d’action 4 : Santé et sécurité au travail
Domaine d’action 5 : Développement du capital humain
Question centrale : L’environnement
Domaine d’action 1 : Prévention de la pollution
Domaine d’action 2 : Utilisation durable des ressources
Domaine d’action 3 : Atténuation des changements climatiques et adaptation
Domaine d’action 4 : Protection de l’environnement, biodiversité et réhabilitation des habitats naturels
Question centrale : Loyauté des pratiques
Domaine d’action 1 : Lutte contre la corruption
Domaine d’action 2 : Engagement politique responsable
Domaine d’action 3 : Concurrence loyale
Domaine d’action 4 : Promotion de la responsabilité sociétale dans la chaîne de valeur
Domaine d’action 5 : Respect des droits de propriété
Question centrale : Questions relatives aux consommateurs
Domaine d’action 1 : Pratiques loyales en matière de commercialisation, d’informations et de contrats
Domaine d’action 2 : Protection de la santé et de la sécurité des consommateurs
Domaine d’action 3 : Consommation durable
Domaine d’action 4 : Service après-vente, assistance et résolution des réclamations et litiges pour les
consommateurs
Domaine d’action 5 : Protection des données et de la vie privée des consommateurs
Domaine d’action 6 : Accès aux services essentiels
Domaine d’action 7 : Education et sensibilisations
Question centrale : Communautés et développement local
Domaine d’action 1 : Implication auprès des communautés
Domaine d’action 2 : Education et culture
Domaine d’action 3 : Création d’emplois et développement des compétences
Domaine d’action 4 : Développement des technologies et accès à la technologie
Domaine d’action 5 : Création de richesses et de revenus
Domaine d’action 6 : La santé
Domaine d’action 7 : Investissement dans la société
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