vision des origines

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ÉTATS-UNIS — ARABIE SAOUDITE :
Aux prolégomènes du terrorisme
Par Karim MOHSEN - Dimanche 6 décembre 2015
http://www.lexpressiondz.com/edito/230971-aux-prolegomenes-du-terrorisme.html
Le phénomène dit « terrorisme islamiste » est devenu le fléau d’un début de troisième
millénaire calamiteux. Le qualificatif a été vite donné au nouveau barbarisme taxé, à tort,
de «terrorisme islamiste». L’adjectif « islamiste » est superfétatoire et ne renferme
qu’une parcelle de vérité qui n’est pas la vérité. En effet, si ces tueurs se réclament de
« l’islam », ils le font par défaut et en rapport tant avec les besoins de leur mentor et
sponsor pour l’un que des objectifs stratégiques et géopolitiques pour l’autre. Ainsi,
l’objectif de l’Arabie saoudite a été, est, l’exportation de sa vision fondamentaliste de
l’islam, le wahhabisme qui essaime partout dans le monde et particulièrement dans les
pays arabes et en Afrique. Pour leur part, les États-Unis veulent assurer leur hégémonie
sur le monde et plus particulièrement sur les pays renfermant de grandes réserves
énergétiques. Leurs responsabilités dans le « jihadisme » islamiste est grande. Riyadh a
apporté l’argent et le prosélytisme, et Washington a mis sur la table sa logistique, sa
technologie et son savoir-faire militaire pour créer cet étrange mercenariat qui agit sous
étiquette « jihadiste ». Plus de 30 000 « jihadistes » de 80 nationalités (selon les chiffres
mêmes du Pentagone) participent à la guerre dite « civile » imposée depuis quatre ans et
demi à la Syrie. Peut-on comprendre ce phénomène « jihadiste » si l’on ne revient pas à
la source de sa genèse ? Il est ainsi admis que les premiers groupes jihadistes apparurent
en Afghanistan dans les années 1980 pour combattre l’armée rouge soviétique. Des
dizaines de milliers d’Arabes (Ils étaient au nombre de 35 000, selon des chiffres avancés
à l’époque, à avoir été enrôlés.) ont été recrutés par l’Arabie saoudite et acheminés au
Pakistan où ils ont été formés par des agents de la CIA et de l’ISI (services secrets
pakistanais). Les premiers étrangers à avoir eu entre les mains le fameux lance-missile
US FIM-92 Stinger (en dehors des soldats états-uniens) ont été ces « volontaires »
arabes — connus plus tard sous le nom d’« Afghans » — qui ont sévi dans certaines
contrées arabes et en particulier en Algérie dans les années 1990 où ils ont semé la terreur
occasionnant la mort de 200 000 Algériennes et Algériens. Le chef de ces « Afghans »
n’était autre que l’agent patenté de la CIA : Oussama BEN LADEN, promu plus tard
dirigeant de la nébuleuse dite « islamiste » Al Qaîda. Ce que reconnaissait le sulfureux
conseiller du président Jimmy CARTER, Zbigniew BRZEZINSKI, qui avouait en 1998
au magazine le Nouvel Observateur avoir financé et utilisé Ben Laden pour abattre un
régime progressiste (afghan, NDLR) qui avait accompli une réforme agraire et émancipé
les femmes. Il assure : c’est bien la CIA qui a piégé l’URSS pour l’attirer en Afghanistan.
« Oui, la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes... » Ces précisions pour lever les
amalgames et que ce sont bien les États-Unis qui sont derrière les bouleversements qu’a
connus le Moyen-Orient ces dernières décennies. Aussi, les États-Unis, par Arabie
saoudite interposée, ont eu un long compagnonnage avec l’intégrisme saoudien. Ce que
confirme l’ancien secrétaire d’État américain, sous George BUSH père, James BAKER
III, qui admet sans ambages que l’Arabie saoudite est bien « un État intégriste » indiquant
« il n’y a pas de pays musulman plus intégriste que l’Arabie saoudite [...] et pourtant c’est
à la fois un ami et un pays important pour les États-Unis. Nous ne devons nous opposer à
l’intégrisme que dans la mesure exacte où nos intérêts nationaux l’exigent », fin de
citation. Il fallait le dire. Chassés d’Afghanistan par l’occupation de ce pays par les ÉtatsUnis, de nombreux « Afghans » se sont recyclés dans le terrorisme sous la bannière de
l’islamisme intégriste. En réalité, tant qu’ils tuaient ailleurs, l’Occident n’a jamais cru à la
nature barbare de ces hommes se réclamant d’une idéologie loin de représenter l’islam tel
que nous le connaissons. Le monde entier avait pris à la légère la nuisance et les menaces
de ce terrorisme singulier, jusqu’à la catastrophe de New York. Ayant ainsi mesuré la
nocivité des nouveaux zombies, plutôt que d’agir dans un cadre concerté et sous l’égide
de l’ONU, les États-Unis ont décidé de faire cavalier seul, déterminant des priorités, dont
seul Washington en connaît les tenants et aboutissants et qui ne sont pas nécessairement
ceux de la communauté internationale. L’instrumentalisation du terrorisme est évidente si
l’on excipe du fait que beaucoup d’analystes ont été surpris de la manière avec laquelle
les États-Unis combattaient « Daesh » en Irak et en Syrie. C’est encore plus révélateur
depuis l’intervention de la Russie en Syrie [à la demande du gouvernement syrien, c’est
important de le souligner] qui, en deux mois, a accompli ce que la coalition de 50 pays
n’ont pu réaliser en quatorze mois. Ce qui fait réfléchir. Il y a anguille sous roche ! Que
nous cache-t-on ?
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