Le Courrier de la Transplantation - Volume I - n o2 - juillet-août-septembre 2001
74
Recherche
CD134L/CD134 vers une voie Th2 (25),
mais leur rôle semble moindre que celui
des interleukines.
Un autre effet du CD154 produit par les
lymphocytes T est de rendre les cellules
dendritiques capables de stimuler et
costimuler les lymphocytes TCD8. En
effet, seules les cellules dendritiques ren-
dues super-matures par le CD154 peu-
vent présenter efficacement les antigènes
HLA de classe I aux lymphocytes T cyto-
toxiques. C’est ainsi que s’explique l’ef-
fet auxiliaire des lymphocytes TCD4 sur
la réponse TCD8 cytotoxique. Ce relais
assuré par le CD154 et la cellule dendri-
tique permet de dissocier dans le temps
et dans l’espace la rencontre de la CPAg
avec le lymphocyte TCD4 puis avec le
lymphocyte TCD8 (26). Les molécules
de costimulation exprimées par les CPAg
et nécessaires à l’activation des TCD8
sont encore mal connues, mais il semble
que CD27 et 4-1BB pourraient jouer un
rôle dans ce phénomène (27).
COSTIMULATION ET RÉGULATION
DES RÉPONSES IMMUNITAIRES
Nous avons vu précédemment que
l’absence de costimulation pouvait
induire une apoptose ou une anergie des
lymphocytes TCD4 spécifiques (28).
L’absence d’expression de molécules de
costimulation par les cellules parenchy-
mateuses (cellules épithéliales, fibro-
blastes, cellules musculaires…), même
quand celles-ci expriment de façon inha-
bituelle des antigènes du CMH de
classe II, peut contribuer à induire un état
de tolérance spécifique des antigènes du
greffon. De même, les cellules dendri-
tiques immatures, qui expriment peu
d’antigènes du CMH de classe II et très
peu de molécules de costimulation, indui-
sent des phénomènes de tolérance immu-
nitaire (29) et prolongent la survie des
greffons (30). Ces phénomènes sont très
certainement importants en physiologie,
en l’absence de tout stimulus inflamma-
toire, et contribuent au maintien d’un état
de tolérance périphérique vis-à-vis des
antigènes du soi (31).
L’apparition de molécules de costimula-
tion sur les CPAg peut rompre cet équi-
libre, mais les réponses immunitaires
induites ne sont pas forcément néfastes,
en raison des possibilités ultérieures de
réorientation de la différenciation
lymphocytaire T (tolérance par déviation
immunitaire). Comme nous l’avons
précisé plus haut, une costimulation sou-
tenue par les molécules “accessoires”
favorise l’action des cytokines différen-
ciantes. Outre les états Th1 et Th2, tous
deux délétères pour le greffon, certains
lymphocytes T peuvent être amenés sous
l’action de l’IL-4 à exprimer un phéno-
type Th3 caractérisé par la synthèse de
TGFβtrès immunosuppresseur (32) ou
un phénotype Tr1 (T regulatory 1) carac-
térisé par une forte sécrétion d’IL-10 et
d’IL-5 (33).
Outre ces possibilités de régulation des
réponses lymphocytaires par les molé-
cules de costimulation elles-mêmes,
d’autres acteurs moléculaires étroitement
associés aux processus de costimulation
peuvent également jouer un rôle régula-
teur. Par exemple, CTLA4 (cytotoxic T
lymphocyte antigen 4), aussi dénommé
CD152, récepteur apparenté à CD28,
possède les mêmes ligands que ce der-
nier, c’est-à-dire les molécules CD80 et
CD86, mais il les lie avec une plus grande
affinité que CD28 (tableau III). CTLA4
n’est exprimé à la surface du lymphocyte
T que 24 heures après l’engagement du
TCR et la costimulation initiale par
CD28, par une exocytose de vésicules de
stockage. Bien que CTLA4 ne s’exprime
qu’en faible densité à la surface lympho-
cytaire, son excellente affinité pour les
molécules B7 détourne ces dernières de
leur récepteur CD28, faisant cesser la
costimulation. De plus, la liaison des
molécules B7 au récepteur CTLA4 induit
des signaux intracellulaires de type inhi-
biteur, empêchant la phosphorylation des
résidus tyrosine (34). Ce processus de
régulation physiologique permet de faire
cesser l’importante costimulation initia-
lisée par CD28, et permet de mettre en
Tableau III.Les couples
récepteur-ligand impli-
qués dans l’inhibition de la
costimulation.
Ligands Récepteurs
Répartition cellulaire Autres noms Noms usuels Autres noms Répartition cellulaire
B7-1 sur CD et LB B7-1 CD80 Sur les LT activés
CTLA4 /après engagement
B7-2 sur LB, B7-2 CD86 TCR/CMH et CD28/B7
monocytes et CD
Sur monocytes,
CD, kératinocytes
activés par IFNγ,B7-H1 PD-L1
macrophages PD-1 /Sur monocytes,
et cellules LT et LB
non lymphoïdes
Idem PD-L2
CD : cellule dendritique ; LT : lymphocyte T ; LB : lymphocyte B.