Vendée Agriculteurs Français et Développement International REVUE DE PRESSE n° 92. Biodiversité Le climat a eu sa conférence (la COP 21 avec l’accord de Paris fin 2016). Mais la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) -qui en est pourtant à sa 13° édition- est totalement passée sous silence ; ce qui montre sans aucun doute que le monde vivant reste pour les gouvernements une préoccupation subsidiaire, alors même que son appauvrissement est aussi alarmant que le dérèglement climatique, alors même que tous les indicateurs sont au rouge La biodiversité, ou diversité biologique, désigne la variété du monde vivant sous toutes ses formes. Elle est définie plus précisément dans l'article 2 de la Convention comme la variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris les écosystèmes terrestres, marins et aquatiques. Cette notion de biodiversité renvoie également à la place de l'Homme : l’homme qui la menace, l'homme qui la convoite, l'homme qui en dépend pour un développement durable de ses sociétés. Développée en 1988, la notion de point chaud de biodiversité vise à identifier les régions du monde où la biodiversité est considérée comme la plus riche, mais aussi comme la plus menacée. Pour obtenir ce statut, une région doit remplir deux critères principaux : abriter au moins 1 500 espèces de plantes endémiques et avoir perdu au moins 70 % de son habitat initial. Au total, trente-quatre points chauds de biodiversité ont été identifiés dont vingt se situent au niveau des tropiques. , Recouvrant seulement 11,8 % de la surface des terres émergées de la planète, ces points chauds abritent 44 % des espèces de plantes et 35 % des vertébrés terrestres. Particulièrement en Afrique, l’impact de l’homme sur les milieux naturels ne va cesser de croître : démographie galopante, chasse, braconnage, urbanisation, réchauffement climatique. Au niveau terrestre, les forêts tropicales représentent le type d'écosystème renfermant la biodiversité la plus élevée. Au niveau marin, il s’agit des récifs coralliens qui ont d'ailleurs été surnommés forêts tropicales de la mer. Si rien ne change, nous assisterons à des extinctions massives des singes d’ici à 25 ou 50 ans et le fait que ces primates soient nos plus proches cousins ne ralentit pas les dégâts infligés à leurs habitats. 60% des espèces sont en danger et 75% accusent déjà un déclin. Même constat pour les éléphants, rhinocéros, lions, ou léopards. La CDB fait pourtant partie des trois conventions adoptées lors du Sommet de Rio en 1992 ; avec celle sur le changement climatique et celle -tout aussi méconnuesur la lutte contre la désertification. Le cocotier de mer est en voie de disparition aux Seychelles. Son fruit, le plus gros du règne végétal, peut peser jusqu’à 45 kg. Il est surnommé (mais pourquoi donc ?) coco-fesses ; sa pulpe est très convoitée pour ses vertus aphrodisiaques. C’est aussi le symbole national (il figure sur les visas). En Afrique et plus particulièrement au Kenya, les vautours, essentiels sur le plan sanitaire, sont en voie d’extinction. La moitié des décès est due à des empoisonnements (les carcasses dont ils se nourrissent étant volontairement empoisonnées par certains éleveurs pour lutter contre les lions, accusés de s’attaquer aux troupeaux). De même, les contrebandiers les éliminent en traitant les carcasses d’éléphants qu’ils viennent d’abattre pour éviter que les vols d’oiseaux ne les fassent repérer par les gardes des réserves interdites. Meubles en kit et destruction de forêts en Indonésie mais aussi en Roumanie et au Sénégal. Interpol évalue ce business mondial en milliards d’euros et le place en tête des trafics liés à l’environnement, entre la drogue et le trafic d’armes. Agroforesterie 43% des surfaces agricoles mondiales comptent moins de 10% d’arbres. Une étude vient de réévaluer l’importance de cette technique -mêlant cultures et arbres- qui améliore la fertilité du sol, protège des intempéries et permet de stocker davantage de carbone. En Côte d’Ivoire, le cacao menace la forêt car une partie des récoltes provient de parcelles cultivées en toute illégalité, au beau milieu d’espaces classés (il y en a 231 dans le pays). Ces planteurs clandestins, étrangers pour la plupart, ignorent très souvent le statut de leurs parcelles. Le Burkina est doublement concerné par ce sujet car 3,5 millions de ses ressortissants (soit 60% des étrangers) y vivraient et beaucoup y sont nés. Au Burkina, Nafa Naana (le bénéfice est arrivé en langue dioula) lutte contre la déforestation. La principale source d’énergie y est le bois ; le ministère de l’environnement estime que 105 000 hectares de forêts disparaissent chaque année. Lancé en 2012, le programme Nafa Naana contribue à changer les habitudes en proposant des solutions plus économes pour la cuisson et le chauffage (et aussi moins nocives pour la santé par diminution des fumées) : les nouveaux foyers à bois (fabriqués par des artisans locaux) permettent une économie de 30 à 75 %. Des réchauds à gaz et des lampes solaires complètent ce dispositif dont bénéficient actuellement 30 000 ménages. On n’a pas le choix : sans la forêt et le charbon, on meurt. En République démocratique du Congo, en limite de l’Ouganda et du Rwanda, la forêt disparaît par suite du trafic de charbon de bois, activité illégale récupérée par des groupes de rebelles rwandais. En 30 ans, une girafe sur trois a disparu en silence ; il y en avait 160 000 en 1985 contre 97 000 actuellement. Disparue de sept pays, elle a rejoint les 24 307 espèces menacées listées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La girafe mâle -qui toise le monde du haut de ses 5,5 m- est mise à mal par une espèce trois fois plus petite, l’Homme. La croissance démographique a eu un impact négatif, avec la chasse illégale, la perte d’habitat (déforestation), l’expansion de l’agriculture et de l’exploitation minière, sans compter les conflits qui touchent les pays où elles vivent ? Mais alors, que va devenir Sophie, le doudou en latex (conçu, dit-on, le 25 mai 1961, jour de la sainte du même prénom) que triturent tous les bébés ? La girafe dit tout haut ce que beaucoup d’autres pensent tout bas. Loïc Danieau (Afdi Vendée), 15-02-2017.