METEO-FRANCE
ECOLE NATIONALE DE LA METEOROLOGIE
CONCOURS INTERNE 2005
DE TECHNICIEN SUPERIEUR DE LA METEOROLOGIE
- :- :- :- :- :-
EPREUVE OPTIONNELLE DE DEVELOPPEMENT DURABLE
Durée : 3 heures
- :- :- :- :- :-
Développement durable et changement
climatique : comprendre pour agir
Cette épreuve comporte trois parties d’importance égale. Il est ainsi recommandé de consacrer
un temps équivalent à ces trois parties. Outre le fond, la forme et le soin apportés seront pris
en compte dans la notation. Deux documents vous sont proposés :
Document 1 : « Changement climatique : il faut agir », M. Beckett et P. Hewitt, Le
Figaro, 18 mars 2005.
Document 2 : Extrait de la synthèse du troisième rapport du Groupe d’expert
Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), 2001.
1. Synthèse du premier document
Pour le premier document, rédiger une synthèse en 200 mots environ (+/- 20%). Il s’agit d’un
exercice différent du résumé, car l’objectif est de souligner les principales idées développées
par les auteurs, sans que la synthèse soit nécessairement exhaustive. Cette synthèse ne doit
pas contenir d’idées ou d’informations qui ne soient pas développées dans le document.
2. Argumentaire contradictoire
Sur la base des documents fournis ainsi que de vos connaissances personnelles, vous
rédigerez un argumentaire contradictoire1 sur la question suivante : compte-tenu des
connaissances et des incertitudes scientifiques actuelles, est-il nécessaire d’engager dès
maintenant des actions visant à réduire les causes anthropiques susceptibles de modifier le
système climatique?
3. Discussion
Vous rédigerez enfin une discussion sur l’opportunité et les formes principales (diplomatie
internationale, communication et sensibilisation du public, dispositifs réglementaire et
législatif, recherche et développement,…) que doivent prendre selon vous les efforts de lutte
contre le changement climatique en France.
1 C’est à dire présentant dans une première partie des arguments en faveur d’une réponse positive et, dans une
seconde partie, des arguments en faveur d’une réponse négative.
Document 1. « Changement climatique : il faut agir »
Margaret Beckett* et Patricia Hewitt**
* Ministre britannique de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales
** Ministre britannique du Commerce et de l'Industrie
[Le Figaro, 18 mars 2005]
Le changement climatique est bel et bien une réalité. C'est même une lourde menace qui pèse
sur l'environnement et que la communauté internationale ne doit pas sous-estimer. Depuis que
les registres météo existent, les cinq années les plus chaudes ont eu lieu entre 1998 et 2005, et
les dix années les plus chaudes, entre 1990 et 2005. Il y a dix-huit ans qu'a été enregistré le
dernier mois « plus froid que la normale saisonnière ». Dans leur majorité, les chercheurs
indépendants reconnaissent que le climat change parce que l'homme, libère des gaz à effet de
serre dans l'atmosphère. La science s'intéresse maintenant aux effets présents et futurs de ce
changement. Le problème n'est pas qu'écologique ; il est aussi économique. Si on laisse faire,
le coût risque d'être gigantesque. D'après Swiss-Re, n°2 mondial de la réassurance, il pourrait
doubler et atteindre 112 milliards d'euros par an ces dix prochaines années, ce qui ferait de 23
à 30 millions de règlements de sinistres par an pour les assureurs.
C'est dans ce contexte que le premier ministre, Tony Blair, a défini les priorités de son année
de présidence du G8 - le changement climatique et l'Afrique - devant le Forum économique
de Davos. Le G8 est bien placé pour jouer le rôle de chef de file : ses membres sont
responsables de 47 % des émissions de gaz carbonique dans le monde et sont à la pointe de la
recherche scientifique et du progrès technique - on sait qu'ils signent 70 % des
communications scientifiques publiées dans le monde. Il est important que le G8 reconnaisse
l'urgence du problème et la nécessité d'agir. La Grande-Bretagne vient d'organiser un colloque
qui a réuni d'éminents chercheurs venus de 29 pays. Il a permis de mieux connaître l'impact
du réchauffement et d'en circonscrire les incertitudes. Il a conclu que les risques étaient
supérieurs à ceux qui étaient escomptés.
Avec la croissance, la demande d'énergie ne peut qu'augmenter. En 2002, la production
d'énergie et de chaleur a été à l'origine de 40 % des émissions de gaz carbonique dans le
monde. Bien que la part des renouvelables augmente rapidement, il faut admettre que les
combustibles fossiles, dans un avenir prévisible, vont continuer à générer l'essentiel de
l'énergie. Mais nous pouvons les rendre plus propres, encourager le développement et le
déploiement de l'énergie renouvelable, et améliorer le rendement énergétique à la production
et à l'usage. Nombre de ces technologies existent déjà et peuvent être mises en oeuvre pour
bien moins cher qu'on ne le croyait.
Les 15 et 16 mars, la Grande-Bretagne a invité à une table-ronde les ministres de l'Energie et
de l'Environnement de 20 pays ayant des besoins en énergie importants. Les pays du G8
étaient là - pour la France, Patrick Devedjian et Serge Lepeltier - ainsi qu'un ensemble
représentatif d'autres pays industrialisés et d'économies émergentes. Etaient présents aussi les
délégués de groupes industriels, d'ONG et de grandes organisations multilatérales. Ensemble
ils se sont demandé comment rendre la production d'énergie plus durable ; comment réduire la
teneur en carbone des émissions ; accélérer la mise au point de nouvelles technologies ; et ce
que faisaient les différents pays pour développer des systèmes techniques et énergétiques plus
fins et plus propres.
La Grande-Bretagne se sert aussi de la présidence du G8 pour se rapprocher des grandes
économies émergentes qui ont de plus en plus besoin d'énergie comme la Chine, l'Inde,
l'Afrique du Sud et le Brésil, et pour faciliter le dialogue mondial, la compréhension mutuelle
et la coopération internationale. D'ici à 2030, les centrales au charbon des pays en
développement pourraient émettre plus de gaz carbonique que tout le secteur de l'électricité
du monde développé aujourd'hui.
En Chine, par exemple, 80 % des centrales qui seront en service en 2020 ne sont pas encore
construites. Un tel investissement est une formidable occasion pour affecter une partie de ce
pouvoir d'achat massif au développement de centrales plus efficaces. Si ces nouvelles
installations peuvent intégrer des technologies propres, le monde évitera de buter sur des
émissions plus importantes que nécessaire.
Il faut que nous arrivions à mieux sensibiliser l'opinion à la nécessité de disposer à court
terme d'une technologie plus propre et plus efficace ; et à long terme, d'une recherche-
développement dans les nouvelles technologies ; ce qui n'enlève rien à la nécessité d'agir
maintenant. Nous comptons faire avancer le Plan d'action sur la science et la technologie pour
un développement durable élaboré à Evian en 2003 quand la France présidait le G8. Il a déjà
incité les pays du G8 à accélérer la recherche, le développement et la diffusion de
technologies plus propres. Nous avons l'accord politique sur le fait qu'il faut aller plus loin
dans ces domaines. Maintenant il faut agir.
Un certain nombre de propositions spécifiques doivent être étudiées plus à fond. Il existe déjà
de nombreuses technologies capables de réduire l'énergie utilisée et les émissions, mais elles
ne sont adoptées qu'avec parcimonie. L'entreprise a montré qu'un meilleur rendement
énergétique pouvait être source de profits. BP a réduit de 18 % ses émissions de gaz à effet de
serre entre 1997 et 2001, réalisant 490 millions d'euros d'économie en trois ans pour une mise
de fonds de 15 millions. Nous pourrions aller bien plus loin en accélérant le progrès dans des
secteurs comme le logement, les véhicules routiers, l'électroménager et l'électricité. Les
technologies avancées auront un rôle fondamental à jouer et permettront de faire des choix
intéressants, mais il faut pousser la recherche et le développement. Les pays membres du G8
montrent déjà la voie, en particulier par leurs travaux sur l'économie hydrogène, la capture et
le stockage du gaz carbonique, et les technologies renouvelables. Il faut les approfondir, en
partenariat avec les grandes économies émergentes. Au titre de son action en faveur de la
coopération internationale, la Grande-Bretagne organise en mai un atelier «
Innovation/recherche et énergie » dans l'intention de stimuler la mise en réseau et la recherche
en collaboration sur les technologies à faible teneur en carbone.
Nous savons bien que toute politique visant à atténuer les effets du changement climatique ne
doit pas mettre à mal la croissance et la prospérité - ce ne serait tolérable pour aucun
gouvernement. Mais il est possible aujourd'hui de prendre des décisions qui s'accompagneront
de bénéfices économiques non négligeables tout en atténuant les effets du changement
climatique. En Grande-Bretagne, les émissions de gaz à effet de serre de 2003 ont été
inférieures de 14 % à celles de 1990 ; dans le même temps, la croissance a été de 36 %. C'est
bien la preuve que la croissance de l'économie ne va pas de pair avec celle des gaz à effet de
serre. Avec le livre blanc sur l'énergie publié en 2003, le gouvernement a montré que la
réduction volontaire des émissions carbonées pouvait être au coeur de la politique
énergétique, au même titre que les objectifs de sécurité des approvisionnements, de
compétitivité des marchés et de lutte contre la pauvreté en combustibles. Tony Blair avait
annoncé à Davos que le changement climatique serait aussi une priorité de la présidence
britannique de l'Union européenne au second semestre 2005. Dans ce domaine, l'Union s'est
engagée sur une stratégie à moyen et long terme, et la Grande-Bretagne participera à
l'élaboration de la stratégie future. Nous voulons lutter avec les autres pays et partager notre
expérience avec eux.
Le changement climatique concerne chacun d'entre nous dès aujourd'hui, et il affectera de
plus en plus les générations futures si nous n'agissons pas maintenant de manière radicale.
* Ministre britannique de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales
** Ministre britannique du Commerce et de l'Industrie
Document 2. Extrait de la Synthèse du troisième rapport du Groupe
d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC,
2001).
(http://www.ipcc.ch/)
Comment les analyses scientifiques, techniques et socio-économiques peuvent-elles
contribuer à déterminer ce qui constitue une perturbation anthropique dangereuse du
système climatique, telle qu’elle est définie dans l’Article 2 de la Convention-cadre sur
les changements climatiques ?
Les sciences naturelles, techniques et sociales peuvent fournir des données et des
preuves indispensables à la définition de ce qui constitue « une perturbation anthropique
dangereuse du système climatique ». Mais cette définition est un jugement subjectif établi à
partir de processus socio-politiques et qui prend en compte des facteurs tels que le
développement, l’équité et la durabilité, ainsi que les incertitudes et les risques. La
détermination de ce qui constitue « une perturbation anthropique dangereuse du système
climatique » repose sur une base qui variera selon les régions en fonction de la nature locale
et des conséquences des incidences des changements climatiques, ainsi que de la capacité
d’adaptation à ces changements et qui dépend de la capacité d’atténuation, étant donnée
l’importance de l’ampleur et du rythme des changements. En l’absence de modèles universels,
il est important d’évaluer la solidité des mesures politiques par rapport à divers scénarios de
mondes futurs, et les possibilités d’intégration de ces politiques propres au climat dans des
politiques de développement durable plus générales.
Le troisième rapport d’évaluation (TRE) fournit aux décideurs une évaluation des
nouvelles données scientifiques et des preuves susceptibles de les aider à déterminer ce qui
constitue une « perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». D’une part, il
fournit de nouvelles prévisions sur les futures concentrations atmosphériques de gaz à effet de
serre, les profils des changements mondiaux et régionaux, le rythme des variations des
températures, des précipitations, du niveau de la mer, et la modification des phénomènes
climatiques extrêmes. Il examine également les risques de changements abrupts et
irréversibles en ce qui concerne la circulation océanique et les inlandsis. D’autre part, il
évalue les effets biophysiques et socio-économiques des changements climatiques, en ce qui
concerne les risques pour des systèmes uniques et menacés, les risques associés aux
phénomènes climatiques extrêmes, la distribution des incidences, les incidences mondiales et
les risques de phénomènes à grande échelle et à effets importants. Enfin, il évalue les
possibilités d’obtention d’une large fourchette de niveaux de concentrations atmosphériques.
Une vision mondiale des changements climatiques prend en compte les forces
dynamiques présentes dans le cycle de causes et effets interdépendants pour tous les secteurs
concernés. Le TRE fournit de nouvelles informations et preuves pertinentes au plan politique.
L’exploration de nouvelles voies de développement et des émissions connexes de gaz à effet
de serre a constitué une nouvelle contribution importante du Rapport spécial sur les scénarios
d’émissions, et le TRE a évalué des travaux préliminaires sur les liens entre l’adaptation,
l’atténuation et les voies de développement. Mais, en raison du caractère incomplet des
connaissances, cette évaluation n’intègre pas la totalité des changements climatiques.
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !