3
L'enveloppe de fécondation se forme peu après, puis une portion de l'albumen. En 3 heures
environ, l'oeuf fécondé, en début de segmentation, atteint la portion inférieure de l'oviducte
(utérus). Le reste de l'albumen, les membranes coquillères et la coquille se forment dans les
20-24 heures suivantes. L'embryon avec le vitellus sous-jacent subit des rotations à l'intérieur
de sa coquille, dont témoignent d'ailleurs les chalazes, rotations qui indiquent l'axe antéro-
postérieur de l'embryon. Finalement, la ponte a lieu; l'embryon d'oiseau se trouve au stade de
blastodisque, prêt à entamer la gastrulation. L'embryon même et le vitellus sont entourés de
l'enveloppe de fécondation, de l'albumen, des deux membranes coquillères et de la coquille.
L'albumen (le "blanc") se compose à 85% d'eau et à 15% de protéines, dont 94% d'albumine.
Les chalazes consistent en deux régions particulièrement denses de l'albumen rattachées à la
membrane coquillère interne; elles maintiennent l'embryon en place, au centre de la coquille.
Les membranes coquillères se composent de kératine. Les deux sont intimement apposées,
sauf à une extrémité où l'interne adhère à l'albumen et l'externe à la coquille. Entre les deux:
la chambre à air. La coquille consiste surtout en carbonate de calcium (CaCO
3
). Elle est
percée de nombreux pores remplis d'une protéine semblable à du collagène. Les pores
permettent les échanges d'O
2
et de CO
2
. Dans l'oeuf de poule, par exemple, la coquille possède
environ 7 000 pores de 40-50µm de diamètre.
Suivant la gastrulation et en même temps que disparaît graduellement l'enveloppe de
fécondation, un mouvement d'épibolie entraîne les trois feuillets: endoderme, mésoderme et
ectoderme, à entourer le vitellus, bien qu'incomplètement. Ce mouvement permet la
distinction entre feuillets embryonnaires et extra-embryonnaires. L'embryon se soulève du sac
vitellin, lui étant rattaché par la tige vitelline. Ce faisant, le mésoderme extra-embryonnaire,
comme le mésoderme embryonnaire, se délamine en deux feuillets par une cavité, le coelome
extra-embryonnaire. Le feuillet accolé à l'ectoderme est appelé somatopleure et celui
accolé à l'endoderme splanchnopleure. Ensemble, l'ectoderme et la somatopleure forment le
chorion. Pour certains auteurs, la somatopleure comprend et l'ectoderme et la couche
mésodermique somatique (pariétale), de même que la splanchnopleure comprend et
l'endoderme et la couche splanchnique (viscérale) du mésoderme. Nous n'en faisons pas ainsi
dans ce cours.
Une seconde épibolie élève l'ectoderme extra-embryonnaire et le feuillet somatique du
mésoderme extra-embryonnaire par dessus l'embryon, formant ainsi l'amnion. Tout d'abord
ouvert vers l'extérieur (l'albumen) par le pore amniotique, l'amnion vient à se refermer
autour de l'embryon. Il est rempli du liquide amniotique qui provient de la déshydratation de
l'albumen. L'embryon baigne donc dans ce liquide.
Les mouvements d'épibolie font que les deux feuillets du mésoderme extra-embryonnaire sont
incorporés à des structures différentes: la somatopleure se trouve incorporée à l'amnion et la
splanchnopleure au sac vitellin et à l'allantoïde (voir plus loin).
Des vaisseaux sanguins se différencient in situ dans le mésoderme splanchnique et
vascularisent le sac vitellin. Des enzymes sécrétées par l'endoderme extra-embryonnaire
dégradent le vitellus, ses produits passant à la circulation vitelline et à la circulation
embryonnaire (revoir la chapitre précédent) pour nourrir l'embryon.
À la jonction du sac vitellin et de l'intestin postérieur se dessine un diverticule de l'endoderme
qui entraîne avec lui le mésoderme splanchnique; il s'agit de l'allantoïde (allantoine).