obligation (après la profession de foi, la prière, l’aumône, le jeûne du
mois de ramadan et le pèlerinage à La Mecque) mais ce n’est pas cora-
nique. Cela étant, c’est un terme qu’utilisent de plus en plus les
mouvements islamistes en invoquant la tradition. En effet, dès les
premières conquêtes, s’est élaborée la théorie du Dar el islam que nous
allons évoquer.
Dar el-islam, le «territoire de l’islam», ou encore Dar es-salam, le
«territoire de la paix», est celui de la oumma, la «communauté des
musulmans». Il s’oppose au Dar el-kufr, «le territoire de l’impiété» ou
Dar el-harb, le «territoire de la guerre», qui est celui des infidèles ; ce
dernier devra être gagné à la chari’a par la prédication ou par les
armes. Ce thème, fréquent chez les premiers conquérants, a été repris
par des contemporains comme le sunnite Hassan el-Banna, fondateur,
en 1928, de l’organisation des Frères musulmans d’Égypte, matrice de
la plupart des mouvements islamistes, ou l’ayatollah Khomeyni, un
chiite. Il inspire l’action de l’Arabie saoudite et de la Ligue islamique
mondiale qu’elle a instituée en 1961, et qui a des antennes dans le
monde entier. Réalistes, les juristes musulmans avaient également
défini Dar el-çolh, «le territoire de la trêve», qui peut obtenir la paix en
payant tribut à Dar el-islam. Ils ont également prévu que les relations
entre ce dernier et Dar el-harb puissent être régies par la daruriyya,
«l’état de nécessité», dicté par la supériorité des infidèles et des impé-
ratifs économiques, techniques ou sociaux.
Les réformateurs, partisans du dialogue des civilisations et de l’in-
tégration des musulmans dans les sociétés d’accueil des États occi-
dentaux, opposent à la théorie du Dar el-harb et aux appels au jihad
plusieurs versets du Coran dont ceux-ci : «Si Dieu l’avait voulu, il aurait
fait de vous une communauté unique» (V-48) et «Si Nous avons fait de vous
des peuples et des tribus, c’est afin que vous vous connaissiez mutuellement»
(XLIX-13).
Chahîd (pluriel chouhada). Etymologiquement le mot signifie
témoin, ce qui implique d’avoir la connaissance directe. Pour les
musulmans, c’est le «témoin de la foi» et, par extension, le «martyr».
Dans le Coran, chahîd apparaît uniquement dans le sens de témoin
comme un des 99 attributs de Dieu (le 51è) ; la notion de martyr figure
indirectement dans le verset qui promet le Paradis à «Ceux qui ont été
tués dans le chemin de Dieu»(III-163). Le terme est utilisé dans le sens de
«martyr» dans les hadîth et chez les fuqahâ. Il est en honneur chez les
CONFLUENCES Méditerranée - N° 40 HIVER 2001-2002
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