Aussi, nous affirme-t-on et nous réaffirme-t-on que la mixité est illicite que et le moindre contact
avec le sexe opposé ne serait-ce qu'une poignée de main en est autant.
Dans ce cas-là, comment les personnes qui sont amenées à travailler ou à étudier avec le sexe
opposés doivent t-elles faire, hein ? Comme je l'ai dit plus haut il faut certes affirmer la norme, mais
il faut aussi être intelligent en prenant en considération les réalités dans lesquelles nous vivons.
Admettons que je refuse de serrer la main à une femme qui me tend la sienne, que se passera-t-il ?
Et bien elle le prendra certainement très mal à un point où elle aura une mauvaise image non pas
des musulmans mais de l'Islam. Ou en refusant de serrer la main à une cousine. Cela peut aboutir à
une rupture des liens familiaux. Finalement on s'aperçoit qu'en voulant éviter un mal on en
provoque un plus grand. Donc soyons intelligents en pesant le pour et le contre.
J’ai aussi vu en commentaire qu’un frère avait sévèrement blâmé un prédicateur qui a osé tenir un
séminaire où les filles et garçons n’étaient pas séparés. Mais je souhaiterai savoir que propose ce
frère comme solution mis à part critiquer ? De maintenir les sœurs à l’écart en les laissant dans
l’ignorance peut-être ?
Lors d’une conférence le professeur Michot fut interrogé par une sœur concernant le port du voile.
Constatez par vous-même la profondeur et la sagesse de sa réponse:
« Je ne suis pas moufti, je crois en la responsabilité individuelle de chacun. Je ne sais pas quelle est
l'intention d'une sœur qui a ses responsabilités dans le milieu du travail, je ne sais pas ce qui l'y a
entre elle et son Créateur. Mais je sais qu'elle a le droit de faire du tadabbur et c’est ce que le Coran
lui demande. Elle n'est tenue de suivre personne et elle peut-elle même juger de ce qui est plus im-
portant dans le travail qu'elle peut faire, et peut être qu'en jugeant le pour ou le contre elle se rendra
compte qu'elle pourra accomplir beaucoup plus sans le voile qu'elle ne le peut avec le voile notam-
ment sur le lieu du travail. Et elle peut manifester sa religion d'une toute autre série de façon mais
ce n'est pas à moi de prendre la décision. En tant que citoyen je suis pour la liberté de porter le voile
ou de ne pas le porter et en tant que religieux je demande aux sœurs de faire du tadabbur et d'être
intelligentes. Et le tadabbur consiste à peser le pour et le contre, de voir le meilleur de deux biens et
le pire de deux maux en toutes circonstances et tout cela avec une pureté d'attention ».
Donc je pense qu'au lieu que les prédicateurs dispensent des conseils à longueur de journée il
vaudrait mieux qu'ils s'érigent en tant faqîh
dans le sens comprendre profondément les réalités dans
lesquelles nous vivons, afin de nous apporter bien plus que des conseils mais des solutions!
Certains objecteront quelles solutions, moi je propose. Je n’ai aucune légitimité en la matière, mais
ce que je peux suggérer c’est que les musulmans s’unissent. Qu’il y ait un consensus
intercommunautaire. Car comme le Prophète l’a dit : « Ma communauté ne serait se mettre d’accord
autour d’un égarement
». A partir de là on en déduit que le consensus (ijmâ’) ne peut qu’être
qu’une bonne chose.
Que les prédicateurs procèdent à une consultation (chûra) avec les fidèles afin de discuter des
problèmes qu’ils rencontrent, comme je l’ai mentionné plus haut. Par exemple, j’ai rarement
entendu les prédicateurs parler d’engament économique, politique, social ou autre. Ne serait-ce que
s’il y avait un engagement économique, les musulmans acquerront une certaine indépendance
financière, ce qui leur permettrait de ne plus passer par les banques, de créer de l’emploi et à partir
de là, effectuer ses prières à l’heure et assister à la prière du vendredi deviendrait chose possible.
Tout cela reste utopique à mes yeux, car comme on le sait les musulmans se sont mis d'accord pour
Dans la terminologie islamique le terme « faqih » désigne le juriste/jurisconsulte. Mais dans sa définition linguistique
le « faqih » désigne celui qui connait profondément les choses, y compris les réalités.
Cette parole du Prophète a été même confirmé à travers l’histoire, notamment lorsque le calife Al Ma’mûn a voulu
imposer le credo mu’tazilite par l’épée. La communauté n’a bien évidemment pas accepté cette hérésie. Pourquoi ?
« Parce que ma communauté se serait se mettre d’accord autour d’un égarement » a dit le Prophète.