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DIXIÈME ANNÉE
• V13N1
DoSSier
import - export
effets de la chute du dollar canadien
CAHier
SiAL 2016
•
V13N1
CAHIER spécial
GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
Isabèle Chevalier
Co-présidente de BioK+ International
Portrait moderne d’une fonceuse née
pAR Martin Lemire
Nés dans une famille où les idées de grandeur n’avaient pas de frontière, Isabèle Chevalier et son frère, François-Pierre, ont tous
deux fait partie à part entière, et dès les débuts, d’une startup aujourd’hui devenue grande. Assumant aujourd’hui la co-présidence
avec son frère, Isabèle Chevalier est aussi à l’aise dans son rôle qu’une bactérie sur une gélose, et incarne la force de caractère à
l’image de son armée bactérienne. La vie prédestinée d’une Chevalier.
L’ entreprise familiale, BioK+ International, qui compte aujourd’hui 120
employés, est le fruit du mariage
réussi entre le monde scientifique et celui de
l’alimentation. De plus, il fallait une véritable
vision pour créer un marché visant à commercialiser des bactéries à un moment où
tant de gens tentaient par tous les moyens
de s’en débarrasser. BioK+ a véritablement
été au cœur de la création d’un marché pour
les probiotiques, et en est devenu leader. Une
position qui lui a valu un prix PRÉCURSEUR
DUX 2016, décerné le 27 janvier dernier à
Montréal à l’occasion du gala DUX 2016,
qui rassemblait près de 480 leaders de la
communauté agroalimentaire et de la santé
au Marché Bonsecours.
Participant à un congrès laitier à Bangkok,
Claude Chevalier, père d’Isabèle Chevalier,
rencontre par pur hasard à son hôtel, le Dr
François-Marie Luquet, microbiologiste
français et expert dans le domaine des bactéries lactiques. Revenant d’une conférence où
l’on présentait le Yakult, une boisson lactée
japonaise, le Dr Luquet est impressionné
par le potentiel des propriétés du produit
et en fait part à M. Chevalier. L’histoire en
serait restée ainsi, mais les deux spécialistes devenus amis prennent par la suite
l’habitude de se retrouver à l’occasion. Le
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CAHIER spécial
GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
ENTRETIEN CLASSE AFFAIRES AVEC Isabèle Chevalier
Dr Luquet, qui a découvert une bactérie
lactique aux propriétés génératrices pour
la flore intestinale, vient à en discuter avec
l’homme d’affaires. L’idée est lancée : étudier
la possibilité de créer un produit à base de lait
qui serait un « alicament », une combinaison
entre la notion de produit alimentaire et de
médicament censée combattre les troubles
digestifs. Dans un premier temps, la bactérie
CL1285MD, découverte par le Dr Luquet, est
homologuée à l’Institut Armand-Frappier
au Québec où sont effectués les premiers
tests génétiques, ainsi qu’à l’Institut Pasteur
à Paris où la souche est depuis conservée.
Brevetée mondialement et approuvée par
Santé Canada, la bactérie lactique révèle
ses propriétés thérapeutiques au fur et à
mesure des recherches.
Un projet familial, dès le jour 1
Avant de partir l’entreprise, mon père et ma
mère se sont assis avec mon frère François-Pierre et moi, pour nous demander
si ça nous intéressait, ce que nous avons
accepté de plein gré. Comme ils étaient
dans la cinquantaine, ils se disaient que si
l’idée de l’entreprise ne nous intéressait pas,
ils pourraient bien faire le choix de profiter d’une préretraite, et de faire le tour du
monde, plutôt que de réinvestir dans une
startup totalement nouvelle et innovante.
Le projet de l’entreprise a dès lors pris le
dessus, et d’emblée, nous avons tous travaillé ensemble. Les parents étaient la tête
de l’entreprise et nous les bras.
Conciliation vie et famille
Je suis avant tout une femme passionnée,
mère de trois enfants, et ensuite, une femme
d’affaires. J’adore bâtir. Développer des projets. Il y a 5 ans, alors que j’avais deux enfants
en couches, un 3e bébé d’à peine quelques
semaines, et un conjoint qui voyageait près de
trois semaines sur quatre, nous avons réalisé
que ça ne pouvait durer ainsi. Quelque chose
devait changer. Le hasard a fait que nous
avions un besoin à combler à l’interne pour
un poste en ventes dans le secteur hospita-
lier, un secteur que mon conjoint Christian
connaissait très bien, et il s’est joint à l’équipe.
Christian est aujourd’hui responsable des
ventes pour le Canada au complet.
Une co-présidence aidante
Mon frère François-Pierre et moi, avons
chacun nos affaires, mais nous échangeons
beaucoup sur nos dossiers. C’est enrichissant
d’avoir des yeux neufs dans nos dossiers, et
en même temps, c’est l’idéal pour une conciliation travail-famille. Le succès est dans la
communication. Nous nous parlons à tous les
jours, et nous avons des rencontres de planifiées à toutes les semaines. Mêmes jeunes,
nous avons toujours eu une synergie et une
complicité. Les hauts dirigeants ont donc
deux patrons ? Oui. Ils peuvent demander à
un comme à l’autre. C’est là où la communication devient importante. Nous établissons
clairement qui de nous prend le lead sur tel ou
tel dossier. Le moindrement que nous avons
un doute, on s’en parle, et c’est tout. Un texto
ou un téléphone, ça prend 30 secondes.
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Naître leader
Depuis que je suis toute jeune, je suis
quelqu’un qui est à l’avant des projets. Une
organisatrice. C’était naturel pour moi de
plonger avec BioK+ et de m’organiser pour
faire arriver les choses, car je crois beaucoup en la pyramide inversée. Ma place est
de soutenir les gens qui m’entourent qui, en
retour, s’assurent de soutenir ceux qui les
entourent. Je crois à la gestion participative.
Il est certain qu’à un moment, il faut prendre
une décision et je suis en mesure de trancher,
mais nous mettons tous l’épaule à la roue.
Ma place est de soutenir
les gens qui m’entourent qui,
en retour s’assurent de
soutenir ceux qui les
entourent. Je crois à la
gestion participative.
Une tendance à double tranchant
Il existe un élément qui est non négligeable dans le marché des probiotiques : le
trend. Par contre, il y a du bon, et du moins
bon, car on assiste à de la désinformation.
Comme c’est une tendance, les gens pensent
qu’aussitôt qu’un produit possède la mention « probiotique », que les bénéfices santé
seront similaires pour tous les produits. Il
n’y a rien de plus faux ! Ce n’est pas parce
que l’on ajoute quelques millions de bactéries probiotiques dans un produit que
les consommateurs ressentiront nécessairement un effet probiotique. Clarifier la
situation nous demande de grands efforts
d’éducation. Dans la plupart des cas, il n’y
a aucune démonstration d’efficacité.
Le volet santé qui a propulsé BioK+
Bien que le déploiement de BioK+ soit actif
sur deux fronts parallèles, le lifestyle préventif et le prescriptif pour des problèmes
de santé spécifiques, c’est ce côté qui a vé-
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ritablement propulsé BioK+. C’était dans
les années 2003-2004, lors de la première
crise de Clostridium difficile. Les recherches
avaient établi que le Bio-K+, lorsqu’administré aux patients atteints par la bactérie,
étaient hors de danger au bout de 72 heures.
En renforçant la flore et les parois de l’intestin, il permet à l’organisme de combattre les
bactéries pathogènes comme le C. difficile
en produisant un effet antimicrobien.
préalablement été lyophilisés et sont donc
plus sensibles à l’acidité et aux sels biliaires
lors de leur passage gastrointestinal. Avec
toutes les données scientifiques cumulées,
et la persistance des maladies nosocomiales
en milieu hospitalier, il est quasi inévitable
pour un médecin de ne pas l’utiliser lorsqu’ils
connaissent les effets de Bio K +.
Dans les hôpitaux, l’intégration se fait par l’intermédiaire du personnel traitant, qui inclut les
capsules de BioK+ dans les protocoles de traitement. Dans certains centres hospitaliers, par
exemple, tous les patients sous antibiothérapie
reçoivent deux capsules Bio-k+ durant tout le
traitement et les cinq jours suivants. Il est à
noter que les capsules possèdent un enrobage
entérique qui permet la libération des bactéries
probiotiques au site d’action principal, c’està-dire les intestins. Cela est essentiel, car les
probiotiques sous la forme de capsules ont
Aux États-Unis, nous sommes aussi actifs
sur deux principaux fronts : hospitalier et
aliments naturels. Le géant Whole Foods
est d’ailleurs notre plus gros client en sol
américain. Il faut savoir qu’aux États-Unis,
le C. difficile est un des enjeux de santé le
plus important selon le CDC (Center for
disease control), ce qui rend encore plus
pertinent notre développement de marché. Le développement du marché des
pharmacies ainsi que celui des épiceries
suivront prochainement.
Développement international :
La prochaine grande étape
AFFAIRES ET FINANCE
ENTRETIEN CLASSE AFFAIRES AVEC Isabèle Chevalier
Différences régionales et culturelles
On remarque de grandes différences
entre la côte ouest et le Québec. Les
Québécois ont la dent sucrée et boivent
encore beaucoup de lait, ils optent donc
majoritairement pour les produits plus
sucrés à base de lait. Dans l’Ouest, en
revanche, les gens recherchent les produits avec un minimum de sucre et sont
plus tournés vers des solutions alternatives au lait, comme notre gamme à
base de riz et de soja. S’ils choisissent
la version avec le lait, l’Original, sans
sucre, sera priorisé.
Aux États-Unis,
le phénomène Est-Ouest est similaire.
Dans nos projets de développement, nous
visons également la Chine. On pourrait
penser que ce serait via le circuit hospitalier, mais non. Curieusement, pour
le moment, ce sont des ventes en ligne,
par le biais d’un partenaire intermédiaire
local. Les gens achètent beaucoup via le
Web en Chine.
En rafales, Isabèle Chevalier
Lecture du mois :
en affaires, il y a souvent des situations
qui peuvent survenir. Ça fait partie du fait
d’être entrepreneur et de se développer,
mais c’est important de ne pas se prendre
au sérieux, et de pouvoir en rire. Et être
capable de se dire les vraies choses, c’est
vraiment la base.
Blink ou La Force de l'intuition par Malcolm
Gladwell. Pas récent, mais très intéressant.
C’est un livre qui parle de la notion d’instinct.
Le « gut feeling » (la conviction profonde). C’est
quelque chose qui me parle beaucoup.
Un mentor :
Mon père a été un mentor extraordinaire. Le
legs de mon père est celui d’être authentique
et vrai. L’intégrité avant tout. Rester droit.
Avoir aussi l’humilité d’écouter et de vouloir
s’améliorer. Mais il y a aussi ma mère avec
son côté maternel puissant. Celui qui prend
soin des gens que l’on aime.
Noir et blanc, ou nuances de gris ? :
Vraiment noir et blanc, pas gris du tout !
L’important :
L’important d’avoir du fun. De rire. De rire
de soi. De rire des situations. Quand tu es
M. Chevalier, fondateur, et père d’Isabèle Chevalier.
Les produits Bio-K+ ont été créés grâce
à une collaboration exceptionnelle
entre le milieu des affaires et le milieu
scientifique. L’histoire de madame Chevalier est tout aussi exceptionnelle, car
cette femme d’affaires, avec le soutien
de sa famille, a décidé d’exploiter les
volets de l’exportation et du développement international, tout en misant
sur l’importance de la conciliation travail-famille.
K+. Il va sans dire qu’au moment où une
entreprise pénètre le marché américain, plusieurs défis se présentent. La
concurrence y est forte, mais les produits Bio-K+ semblent se positionner
dans un créneau très précis dans le
milieu hospitalier. Vu le succès de ce
produit au Québec, tout porte à croire
que le développement aux États-Unis se
concrétisera de la même manière. Une
belle entreprise québécoise à suivre.
L’un des principaux défis liés à l’exportation d’un produit comme Bio-K+ réside
sans aucun doute dans l’investissement
pour sensibiliser les consommateurs
à ce que sont réellement les produits
probiotiques et à ce qui distingue Bio-
Isabelle Renaud, directrice principale,
Services de certification et membre
de l’équipe régionale du secteur de la
transformation alimentaire au Québec.
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