L’art dans les camps
Camps de Pithiviers et
Beaune-la-Rolande
Le 14 mai 1941, plusieurs milliers
d’hommes juifs « étrangers et
apatrides » de l’Est parisien sont
convoqués par la police française.
Sous prétexte d’être « en surnombre
dans l’économie nationale »,
trois mille sept cents d’entre eux
sont envoyés dans deux camps
« d’hébergement », à Pithiviers et à
Beaune-la-Rolande, près d’Orléans.
Des arrestations totalement
arbitraires.
Mais, la première année, l’horreur
n’est pas encore au rendez-vous :
les internés peuvent recevoir des
visites, échanger des colis, travailler
à l’extérieur. Ils organisent même
des activités - chorales, photos,
clubs d’échecs - et fabriquent des
souvenirs.
À Pithiviers, un certain Isaac
Schoenberg se spécialise dans
la gravure de porte-plumes
personnalisés.
À Beaune-la-Rolande, d’autres se
tournent plutôt vers les jouets :
lit de poupée, poussette, et, surtout,
une série de paquebots, avec petits
hublots et éclairage intérieur !
Modèle réduit d’avion chasseur B15
fabriqué par Nicolas Strompf, pour son
fils Raymond, à Pithiviers 1941-1942.
Bois gravé et métal. L’avion porte sur
l’empennage de queue les références B14
(comme baraque 14) et M1329 (matricule
de Nicolas). Le cockpit est amovible et
recouvre une petite plaque métallique
sur laquelle sont gravés des appareils de
commande. Les traits du pilote, finement
réalisés, évoquent ceux de Nicolas.
L’onirisme de Wols
Les nombreux dessins
de Wols fourmillent de
personnages bizarres dans un
environnement qui se dérègle.
Il en ressort une inquiétude
foisonnante, comme celle d’un
mauvais cauchemar. L’artiste
vit très difficilement son
enfermement.
L’homme terrifié, 1940.
Le camp gardé, 1940.
L’un de ses dessins évoque une
plaie des camps : les parasites.
Étude pour la puce, 1940.
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Bateau « Beaune-la-Rolande »
fabriqué par Chaïm Kac pour sa fille
Germaine, à Beaune-la-Rolande en 1942.
Bois et métal. Avec l’inscription : «À ma
chère fille Germaine, en souvenir de son
20e anniversaire».
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Porte-plume «Souvenir de Pithiviers
1941-42»
envoyé par Maurice Einhorm à Anny
Klein, avec l’inscription «À ma petite
Anny chérie, de son Maurice». Le dessins
sur le porte-plume est probablement
l’œuvre d’Issaac Schoenberg. Bois.
Maurice Einhorm, 20 ans, est déporté le
17 juillet 1942 vers Auschwitz, où il est
assassiné.
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