Résister par la peinture
Otto Freundlich
Rosace II, 1941.
L’artiste juif allemand,
précurseur de la peinture
non figurative, a été
interné dans plusieurs
camps français, s’est
caché dans les Pyrénées
avant d’être déporté et tué
dans un camp de Pologne.
Joseph Steib
Le Conquérant, 1942.
Employé au service des
eaux de Mulhouse, peintre
amateur, Joseph Steib
prend pour cible de ses
peintures le régime nazi et
surtout Hitler.
Victor Brauner
Souffrance, souffrance,
1941.
Il retrouve ses amis
surréalistes à Marseille,
se réfugie dans le sud-
ouest, puis se cache près
de Gap. Démuni, il peint
avec du brou de noix et
de la peinture à la cire,
sur du papier.
Otto Dix
Portrait d’un prisonnier
de guerre, 1945
Bien que menacé par la
Gestapo, Otto Dix reste en
Allemagne. Mobilisé en
1944, il est fait prisonnier
par les Français et detenu
près de Colmar, où on lui
permet de peindre .
Joan Miró
Femme dans la nuit, 1945.
L’artiste catalan a
beaucoup navigué entre
l’Espagne et la France, où
il est revenu au moment
de la Guerre Civile.
Pendant l’occupation
allemande, il regagne
l’Espagne en 1942, vivant
à Palma de Majorque puis
à Barcelone.
Résister par la peinture
Charlotte
Salomon
Sans titre, 1940-1942.
Juive allemande, Charlotte
Salomon, réfugiée en
France, est internée à
Gurs, relâchée, puis
déportée et tuée, enceinte,
à Auschwitz. Ces gouaches
font partie de l’histoire de
sa vie, peinte pendant ces
années noires.
Georges Rouault
Homo Homini Lupus
(Le pendu).
L’homme est un loup
pour l’homme. Peint en
1944, ce tableau est un
cri de révolte de Georges
Rouault contre les
horreurs de la guerre.
Anonyme
Ces quatre cochons
représentent Himler, Göring
et Ribbentnrop. En repliant la
feuille, c’est le visage d’Hitler
qui apparaît : le quatrième
cochon.
Boris Taslitzky
Intérieur camp de Melun,
1940.
Peintre communiste
d’origine russe, résistant,
Boris Taslitzky est arrêté,
s’évade, est de nouveau
arrêté. Il peint au camp
de Saint-Sulpice-la-Pointe
(Tarn) et à Buchenwald,
où il a réalisé 200 dessins.
L’art dans les camps
Hans Bellmer : l’obsession
du mur de brique
Les oeuvres de Hans Bellmer qui furent
produites dans l’année 1940, celle de son
incarcération au Camp des Milles, ont
souvent la brique comme élément de base.
Ainsi, dans cette tête de femme :
Tête de femme sur une tour,
vers1940.
Sans titre, vers1940.
Les apatrides de
Max Ernst
Max Ernst, Les Apatrides, 1940.
Le grand artiste surréaliste, Max
Ernst, dessine beaucoup au camp
des Milles. Il travaille en compagnie
de Hans Bellmer. Certains dessins
sont même faits à deux. Max Ernst
dessine ces curieuses créatures, faites
de limes et intitule le dessin : Les
Apatrides. Rappelons que beaucoup
de ces artistes juifs allemands ont
perdu leur nationalité allemande,
sans pour autant avoir obtenu une
autre nationalité : ils sont «apatrides»
(sans patrie). On peut voir aussi un
clin d’oeil dans le fait de dessiner
des limes, outil fantasmatique du
prisonnier.
Camp de Saint-Cyprien
Felix Nussbaum
Autoportrait au passeport juif, 1943.
Il fut arrêté le 10 mai 1940 par le police belge
et interné au camp de Saint-Cyprien.
Pendant son séjour en camp, il ne dessine que
des ébauches, mais après s’être évadé, il retourne
à Bruxelles où il peint. À la fin de la guerre, il
fut arrêté par la Gestapo à Bruxelles, le 20 juin
1944, transporté à Auschwitz et assassiné
Robert Liebknecht
observe les internés
du camp
Personnage au camp, 1939.
Le peintre prend toute une série de
croquis du camp (voir ci-dessus, le
bâtiment principal du camp). Il avait
beaucoup dessiné, à Berlin, des
attitudes d’ouvriers et de chômeurs,
désespérés par la crise économique.
Dans le camp, il dessine, sur du
mauvais papier à lettre quadrillé, des
attitudes de prisonniers.
Ferdinand Springer :
un monde écorché
Écorché I, 1939-1940.
Ferdinand Springer nous montre sa
vision du monde et de l’art. Si les
formes sont classiques et belles, elles
se décomposent aussi sous nos yeux.
Seul le reflet est encore avenant,
mais il semble s’estomper. Le fond
est un mur de pierre particulièrement
solide, comme l’étaient les caves
de la tuilerie des Milles où Springer
exerçait la fonction d’infirmier.
L’art dans les camps
Camps de Pithiviers et
Beaune-la-Rolande
Le 14 mai 1941, plusieurs milliers
d’hommes juifs « étrangers et
apatrides » de l’Est parisien sont
convoqués par la police française.
Sous prétexte d’être « en surnombre
dans l’économie nationale »,
trois mille sept cents d’entre eux
sont envoyés dans deux camps
« d’hébergement », à Pithiviers et à
Beaune-la-Rolande, près d’Orléans.
Des arrestations totalement
arbitraires.
Mais, la première année, l’horreur
n’est pas encore au rendez-vous :
les internés peuvent recevoir des
visites, échanger des colis, travailler
à l’extérieur. Ils organisent même
des activités - chorales, photos,
clubs d’échecs - et fabriquent des
souvenirs.
À Pithiviers, un certain Isaac
Schoenberg se spécialise dans
la gravure de porte-plumes
personnalisés.
À Beaune-la-Rolande, d’autres se
tournent plutôt vers les jouets :
lit de poupée, poussette, et, surtout,
une série de paquebots, avec petits
hublots et éclairage intérieur !
Modèle réduit d’avion chasseur B15
fabriqué par Nicolas Strompf, pour son
fils Raymond, à Pithiviers 1941-1942.
Bois gravé et métal. L’avion porte sur
l’empennage de queue les références B14
(comme baraque 14) et M1329 (matricule
de Nicolas). Le cockpit est amovible et
recouvre une petite plaque métallique
sur laquelle sont gravés des appareils de
commande. Les traits du pilote, finement
réalisés, évoquent ceux de Nicolas.
L’onirisme de Wols
Les nombreux dessins
de Wols fourmillent de
personnages bizarres dans un
environnement qui se dérègle.
Il en ressort une inquiétude
foisonnante, comme celle d’un
mauvais cauchemar. L’artiste
vit très difficilement son
enfermement.
L’homme terrifié, 1940.
Le camp gardé, 1940.
L’un de ses dessins évoque une
plaie des camps : les parasites.
Étude pour la puce, 1940.
Bateau « Beaune-la-Rolande »
fabriqué par Chaïm Kac pour sa fille
Germaine, à Beaune-la-Rolande en 1942.
Bois et métal. Avec l’inscription : «À ma
chère fille Germaine, en souvenir de son
20e anniversaire».
Porte-plume «Souvenir de Pithiviers
1941-42»
envoyé par Maurice Einhorm à Anny
Klein, avec l’inscription «À ma petite
Anny chérie, de son Maurice». Le dessins
sur le porte-plume est probablement
l’œuvre d’Issaac Schoenberg. Bois.
Maurice Einhorm, 20 ans, est déporté le
17 juillet 1942 vers Auschwitz, où il est
assassiné.
L’art dans les camps
Camps de Pithiviers et
Beaune-la-Rolande
Le 14 mai 1941, plusieurs milliers
d’hommes juifs « étrangers et
apatrides » de l’Est parisien sont
convoqués par la police française.
Sous prétexte d’être « en surnombre
dans l’économie nationale »,
trois mille sept cents d’entre eux
sont envoyés dans deux camps
« d’hébergement », à Pithiviers et à
Beaune-la-Rolande, près d’Orléans.
Des arrestations totalement
arbitraires.
Mais, la première année, l’horreur
n’est pas encore au rendez-vous :
les internés peuvent recevoir des
visites, échanger des colis, travailler
à l’extérieur. Ils organisent même
des activités - chorales, photos,
clubs d’échecs - et fabriquent des
souvenirs.
À Pithiviers, un certain Isaac
Schoenberg se spécialise dans
la gravure de porte-plumes
personnalisés.
À Beaune-la-Rolande, d’autres se
tournent plutôt vers les jouets :
lit de poupée, poussette, et, surtout,
une série de paquebots, avec petits
hublots et éclairage intérieur !
Modèle réduit d’avion chasseur B15
fabriqué par Nicolas Strompf, pour son
fils Raymond, à Pithiviers 1941-1942.
Bois gravé et métal. L’avion porte sur
l’empennage de queue les références B14
(comme baraque 14) et M1329 (matricule
de Nicolas). Le cockpit est amovible et
recouvre une petite plaque métallique
sur laquelle sont gravés des appareils de
commande. Les traits du pilote, finement
réalisés, évoquent ceux de Nicolas.
L’onirisme de Wols
Les nombreux dessins
de Wols fourmillent de
personnages bizarres dans un
environnement qui se dérègle.
Il en ressort une inquiétude
foisonnante, comme celle d’un
mauvais cauchemar. L’artiste
vit très difficilement son
enfermement.
L’homme terrifié, 1940.
Le camp gardé, 1940.
L’un de ses dessins évoque une
plaie des camps : les parasites.
Étude pour la puce, 1940.
Bateau « Beaune-la-Rolande »
fabriqué par Chaïm Kac pour sa fille
Germaine, à Beaune-la-Rolande en 1942.
Bois et métal. Avec l’inscription : «À ma
chère fille Germaine, en souvenir de son
20e anniversaire».
Porte-plume «Souvenir de Pithiviers
1941-42»
envoyé par Maurice Einhorm à Anny
Klein, avec l’inscription «À ma petite
Anny chérie, de son Maurice». Le dessins
sur le porte-plume est probablement
l’œuvre d’Issaac Schoenberg. Bois.
Maurice Einhorm, 20 ans, est déporté le
17 juillet 1942 vers Auschwitz, où il est
assassiné.
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