Ainsi, l'on fouille actuellement,
le Sud-Ouest, de grandes aurières
t été mises en service dès le
ne
av.
J.-c..
-~OIRE :
Connaît-on les noms de ces
puissants?
~lISTlAN GOUDINEAU :
On peut consi-
er, grosso modo, que les peuples
és par César (cf repères géogra-
•ues,
p.
37) étaient en place dans les
ées
150
av.
J.-c.
Tous n'avaient pas
'me importance: il suffit d'observer
::arte, qui révèle de grands territoires
le Midi, dans le Centre (des Sé-
es aux Santons, d'est en ouest). En
che, la partie septentrionale est
ée d'une mosaïque de peuples plus
. . Mais chacun avait le sens de son
tité; il suffit, pour s'en convaincre,
constater la généralisation du mon-
ve..
OIRE :
Comment se présentait un
_ idum?
GoUDINEAU :
Malheureuse-
t, on n'en a guère fouillé sur une su-
cie importante, sauf à Bibracte (cf
au point
«
Bibracte: état des lieux
»,
72). On connaît surtout leur étendue
- qui peut atteindre 2 à
300
hectares
-. leurs remparts, de différents types,
iant souvent un poutrage de bois et
parements de pierre, et leur rôle: ca-
es administratives, éventuels re-
pour les populations rurales, mais
i marchés périodiques, centres arti-
aux, lieux de rassemblements reli-
z-: ux. L'exemple des villes méditerra-
- - nnes a sans doute joué: nombre de
:iaulois ont parcouru le monde en tant
_ e mercenaires, et des liens avaient sû-
rement subsisté, ou été rétablis, entre les
3aulois de Gaule et ceux qui peuplaient
talie du Nord.
_1iISTOIRE :
Les Gaulois entretenaient
ne des relations avec les peuples voi-
?
RRISTIAN GOUDINEAU :
Bien sûr. On a
œndance à considérer la Gaule comme
e entité isolée, hors du monde. Rien
'est plus faux! Tout le Midi, depuis la
:ondation de Marseille en
600
av.
J.-c.,
était en relation avec les grandes puis-
sances méditerranéennes. Mais les
utres peuples ne vivaient pas en autar-
cie! Ainsi les textes nous apprennent
que les Éduens, qui occupaient l'ac-
tuelle Bourgogne, étaient, au
ne
siècle
av.
J.-c.,
liés à Rome par une alliance
qui remontait peut-être au siècle précé-
dent. Il s'agissait d'une alliance très forte
puisque les Éduens étaient déclarés
«frères» du peuple romain et, plus en-
core, «frères du même sang», une for-
mule qui n'est utilisée par Rome qu'à
l'égard des Troyens - dont les Romains
se disaient les descendants. Il faut croire
que ces Gaulois s'étaient forgé une lé-
gende remontant également à la guerre
de Troie, et que cette légende avait été
reconnue par Rome. Elle montre la
force et l'officialité de ces liens.
L'HISTOIRE:
Mais pourquoi une telle al-
liance
?
CHRISTIAN GOUDINEAU :
Sans doute est-
elle analogue à celle que Rome avait
nouée, aux environs de
400
av.
J.-c.,
avec Marseille: la cité phocéenne repré-
sentait les intérêts de Rome dans le
Midi, veillait à faire régner l'ordre. Dans
la mesure où, depuis les migrations du
IVe siècle av.
J.-c.,
la Gaule passe aux
yeux des Romains pour une source de
dangers, les Éduens sont une garantie,
des gendarmes en quelque sorte!
L'HISTOIRE :
n
n
y
avait pas de motifs
commerciaux àcette entente politique
?
CHRISTIAN GOUDINEAU :
Bien sûr, tout
est lié. Au
ne
siècle av.
J.-c.,
on assiste à
une intensification des échanges,
qu'illustrent notamment les épaves,
chargées de vin italien, retrouvées par
l'archéologie sous-marine. On estime
que
500 000
à
1
million d'amphores arri-
vaient annuellement en Gaule, c'est-à-
dire, puisque une amphore contient
25
litres, de
125
à
250 000
hectolitres!
L'HISTOIRE:
Et qu'offraient les Gaulois
, en échange?
CHRISTIAN GOUDINEAU :
De l'étain, prin-
cipalement en provenance des îles Bri-
tanniques et transitant par la Gaule, et
divers produits comme le cuir, les salai-
sons, le bétail. Mais l'essentiel consistait
en esclaves. C'est en effet l'époque où
l'esclavage atteint son apogée en Italie à
cause de l'extension des grands do-
maines et parce que, pour tenir son
rang, un aristocrate romain doit entrete-
nir une armada de serviteurs.
L'HISTOIRE :
Quelles' ont
étè
les consé-
quences de ce commerce sur la société
gauloise?
CHRISTIAN GOUDINEAU :
Nous ne pou-
vons, dans ce domaine, avancer que des
hypothèses. Le développement de ce
commerce favorise de nouveau l'instau-
ration de pouvoirs forts ou les renforce.
La fourniture d'esclaves introduit aussi
un processus de tensions croissantes :
d'abord on prélève ceux-ci parmi ses
compatriotes, ensuite on va les chercher
chez les peuples voisins, au début en
DOCUMENT
L'HISTOIRE W 176 AVRIL 1994
39
NOS ANCÊTRES
LES GAULOIS
En
1875,
Henri Martin publie une
Histoire
populaire de la France
largement inspirée,
pour ce qui concerne l'histoire de la Gaule,
de l'œuvre monumentale d'Amédée
Thierry. Les grands traits du
«
mythe
gaulois» sont fixés. Ils connaîtront un bel
avenir dans les
écoles-de
la III' République.
«
La langue des Gaulois, qu'on nomme
celtique parce que les Gaulois étaient aussi
appelés Celtes, a subsisté chez les Bas-
Bretons, et le caractère des Gaulois a subsisté
chez nous tous, comme leur sang a passé de
génération en génération jusque dans nos '
veines. Il y avait en eux beaucoup d-echoses
diverses et contraires. Ils étaient
enthousiastes et moqueurs, mobiles en
apparence, obstinés au fond, sociables et
querelleurs, faciles à vivre et intraitables sur
le point d'honneur, généreux et envahissants,
cruels à la guerre et sensibles aux plaintes des
malheureux, et toujours prêts à secourir le
faible contre le fort; éloquents dans les
assemblées, ils aimaient les combats de la
parole comme les combats de l'épée, et ils
n'avaient aucune peur de la mort. [...]
«
Les premiers Gaulois étaient de grands
hommes blonds, aux yeux bleus; mais ils
.amenèrent avec eux d'Asie d'autres tribus de
la famille aryenne qui se firent gauloises, et
ils se mêlèrent anssi plus tard avec les restes
des populations plus anciennes qu'eux en
Occident, surtout avec les Espagnols dans le
Midi; et c'est apparemment à cause de cela
que nous sommes aujourd'hui, pour la
plupart, moins grands qu'eux, et châtains, et
non plus blonds. [... ]
«
Ils vivaient dans des maisons rondes ou
ovales en terre, aux grands toits de bois et de
chaume. [... ] Ils avaient, sur les hauteurs ou
dans les marais, des places fortes où ils se
retiraient, en temps de guerre, avec leurs
familles et leurs troupeaux; il s'en rencontre
encore quelques restes. [... ]
«
Les Gaulois des anciens temps portaient
des épées et des lances de bronze et de cuivre,
des haches de pierre et de bronze, des flèches
de silex: leurs casques ronds étaient
surmontés de cornes et de hautes crêtes et
avaient de larges jugulaires qui leur
couvraient les joues. Les chefs se paraient de
colliers et de bracelets de bronze; ou même
simplement d'os ou de bois. Ils combattaient,
leurs cheveux flottant au vent, et nus jusqu'à
la ceinture, pour montrer leur mépris des
blessures et de la mort. Les druides, qui
étaient leurs savants, leurs juges, leurs
professeurs et leurs prêtres, portaient des
colliers de jaspe, de turquoises et d'autres
pierres fines, et des couronnes de chêne.
»