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20 New Settings #3
Pourquoi avez-vous eu envie de faire une B.D.
autour de Mathilde Monnier ? Est-ce la femme ou
la chorégraphe qui vous a d’abord intéressé ?
Ce qui m’a intéressé d’abord, c’est le travail de
chorégraphie. Puis la chorégraphe. Et au fil des
conversations, en se connaissant mieux, on s’est
vite aperçu que travail et vie étaient tellement liés
que je me suis intéressé à la femme.
Qu’est-ce que pour vous, la danse, et qu’est-ce
que vous vouliez faire passer d’abord par votre
dessin ?
Pour moi la danse c’est le temps du corps
dans l’espace. Et ce qui m’intéressait était la
représentation de l’espace comme acteur,
comme personnage à part entière, qui lie
les histoires, apporte sa sensibilité, parle du
rapport entre les personnes représentées. Dans
le livre, vous pouvez voir qu’à chaque nouvelle
conversation dans le studio, la vue du studio
change. On se rapproche des personnages,
et on descend vers le sol. C’est passer par la
représentation de l’espace pour dire un rapport
entre deux personnes et donner au lecteur la
sensation de connaître mieux le sujet, de s’en
approcher, l’air de rien.
Comment avez-vous abordé la question du
mouvement, car dessiner le mouvement ne
semble pas la chose la plus aisée. Avez-vous joué
sur les lignes, les couleurs, le déroulé des actions ?
Il s’agissait en effet de comprendre comment
le mouvement pouvait apparaître au lecteur,
mais surtout comment le séquençage du
temps pouvait trouver sa propre résolution
en bande dessinée. Après avoir essayé
plusieurs méthodes de mise en forme (chaque
spectacle a une conception différente dans
sa représentation), je me suis rendu compte
qu’en considérant la page ou la double
page comme une cage de scène, on pouvait
rejouer ce que l’œil du spectateur vit au
théâtre. En dessinant plusieurs scènes dans
la même scène, en suivant un danseur sur une
trajectoire, en focalisant sur un visage, ce qui
provoquait le mouvement était en réalité le
regard du lecteur. Son œil crée le mouvement.
Vous avez traduit l’univers de Mathilde
Monnier en dessins et maintenant s’agit-il
pour vous de repasser du dessin à la scène ?
Comment allez-vous travailler ce passage du
dessin à la scène ?
Pour la scène, l’enjeu est tout à fait différent.
La présence du dessin équivaut à celle d’un
danseur, d’une personne sur le plateau. Il ne
faut pas que le dispositif (un écran gigantesque
en fond de scène) soit écrasant. Le dessin arrive
par petites touches, de sorte qu’on a le choix
entre suivre le dessin en train de se faire, à son
rythme, ou de suivre les amateurs évoluant sur
le plateau, à leur rythme. Ce qui m’intéresse
c’est cette conversation entre le temps de
réalisation du dessin (le mouvement du trait)
et le temps de réalisation du mouvement des
amateurs sur le plateau.
Dans vos pages, la couleur a parfois beaucoup
d’importance. Allez-vous l’utiliser aussi sur
la scène ?
Pour ce spectacle, nous avons choisi de rester
le plus proche possible de l’esthétique du
carnet de croquis. Ne pas chercher les effets,
ne pas chercher à être esthétisant mais plutôt
fonctionnel. On pourrait presque oublier
le dessin pour suivre une voix, qui utilise le
dessin pour s’exprimer. Comme un danseur
utilise le langage du corps.
Entretien réalisé par Stéphane Bouquet
— juin 2013
Entretien avec François Olislaeger
Qu’est-ce qui nous arrive ?!?, tournée 2013-2014
• 23–24 juin 2013 > création au Théâtre de l’Agora – Festival Montpellier Danse
• 26–28 juillet 2013 > Festival Impulstanz, Vienne (Autriche)
• 6 novembre 2013 > Théâtre Jean Alary, Carcassonne, dans le cadre de Montpellier Danse en
Languedoc-Roussillon 2013-2014
• 15–16 mars 2014 > La Ferme du Buisson – scène nationale de Marne-la-Vallée
• 16 mai 2014 > La Cigalière, Sérignan