Réseau de Surveillance sanitaire de la Faune sauvage en RW Maladie d'Aujeszky En Belgique, la vaccination contre la maladie d’Aujeszky (MA) est interdite depuis janvier 2011 et notre pays a obtenu le statut indemne en octobre 2011. Selon les données disponibles sur le site de l’AFSCA, aucun cas clinique n’a été détecté dans les élevages porcins du pays depuis 3 ans. Pourtant, la MA est endémique au sein des populations de sangliers de la région et le risque de transmission du réservoir sauvage au porc domestique doit être envisagé. En effet, outre les contacts directs sangliers/porcs domestiques qui restent des évènements rares, le virus de la MA peut être transmis de la faune sauvage aux porcs de manière indirecte (via des personnes, des rongeurs et/ou du matériel contaminé). Par conséquent, le monitoring Aujeszky est maintenu en faune sauvage afin, notamment, de suivre l’évolution au cours du temps et de localiser les zones à forte prévalence. Il est prévu également de conserver les souches éventuellement isolées en faune sauvage afin de les tracer au niveau moléculaire, si un foyer porcin devait être détecté. Etat des connaissances La maladie d’Aujeszky (pseudorage) est une maladie dont l’impact économique est important au niveau mondial (Anderson et al., 1997 ; Müller et al., 2003). L’agent responsable est un herpèsvirus 1 (Suid herpesvirus 1 [SuHV-1], virus de la pseudorage [PrV]) qui appartient à la famille des Herpesviridae, sous famille des Alphaherpesvirinae (Straw et al., 2006). Les Alphaherpesvirus sont caractérisés par leur neurotropisme, leur latence au niveau des neurones et un large éventail d’hôtes (Straw et al., 2006). Il n’existe qu’un sérotype mais de nombreuses souches de PrV se différencient par leur virulence, leur quantité et leur durée d’excrétion (Maes et al., 1983 ; Thiry, 2004). Le PrV est stable et considéré comme résistant dans l’environnement (Wittmann, 1985). Les hôtes naturels sont les suidés chez lesquels le virus peut rester en latence (Enquist et al., 1998). Ce dernier est capable d’infecter un grand nombre de mammifères incluant les ongulés, les carnivores (dont les chiens de chasse), les lagomorphes et les rongeurs (Thiry, 2004 ). Chez ces autres espèces, le virus est responsable de troubles neurologiques mortels (Straw et al., 2006). Chez les carnivores, l’évolution est fulgurante et l’encéphalite est toujours fatale (mort endéans 12 à 48 heures après l’apparition des signes cliniques). Chaque année en Belgique, des cas mortels d’Aujeszky sont rapportés chez des chiens de chasse. Et pour information, deux loups d’un parc animalier en Région wallonne ont été infectés en 2012 par le PrV après avoir été nourris avec des abats de sangliers (B. Cay et al, 2013). Chez le porc domestique, morbidité et mortalité induites par le PrV dépendent de l’âge de l’animal. Les porcelets et les juvéniles représentent les catégories à risque. Parmi les facteurs de risques, citons la densité de population au sein de l’élevage, le nombre de reproducteurs, le nombre à l’engraissement et le taux de remplacement (Straw et al., 2006). Comme tout herpèsvirus, le PrV possède un ou plusieurs sites de latence. Chez le porc, le virus se loge principalement au niveau du ganglion trijumeau. Il est transmis essentiellement de groin à groin. La transmission peut également se faire pendant l’accouplement par contact avec la muqueuse vaginale ou la semence contaminée, par voie transplacentaire (Beran, 1991) ou par contact avec des carcasses de rongeurs, de porc ou autre animal infecté (Donaldson, 1983). Des transmissions par aérosols sont également décrites en conditions favorables (Christensen et al., 1990). La pathogénie et les signes cliniques dépendent de la souche virale, de la voie d’infection, de la dose infectante, de l’âge des animaux infectés, de l’immunité du troupeau, du stress et des conditions d’élevage (Thiry, 2004 ; Straw et al., 2006). Une baisse de la production, associée à des troubles respiratoires chez le porc 1 Réseau de Surveillance sanitaire de la Faune sauvage Université de Liège, Faculté de Médecine vétérinaire Responsable : A. Linden Equipe scientifique : R. Volpe, C. Lesenfants, J. Paternostre, T. Fett, N. Tchuenkam [email protected] www.faunesauvage.be Réseau de Surveillance sanitaire de la Faune sauvage en RW charcutier (taux de morbidité élevé) et des avortements sporadiques sont souvent les seuls signes observés. La mortalité est rarement élevée, sauf chez les porcelets nouveau-nés. En Europe, plusieurs pays sont officiellement indemnes (Pays-Bas, Royaume-Uni, Allemagne, France et G-D Luxembourg) et ne vaccinent plus contre la maladie d’Aujeszky. Pourtant, le virus circule encore largement au sein des populations de sangliers. Des travaux réalisés en Allemagne montrent que les souches isolées chez le sanglier sont différentes de celles observées chez le porc domestique (Müller et al., 1998). Contrairement à ce qui est décrit chez le porc, le virus chez les suidés sauvages est principalement niveau du ganglion sacré. On peut cependant le détecter comme chez le porc par PCR au niveau du ganglion trijumeau et des amygdales (Romero et al., 2003). Lors d’infections expérimentales de porcs avec des souches d’origine « sanglier », une forme atténuée de MA est décrite (Hahn et al., 1997). Hormis quelques signes neurologiques rapportés chez des sangliers en Espagne (Gortázar et al., 2002) ou en Allemagne (Schulze et al., 2010), aucun signe clinique sévère que ce soit chez le sanglier ou le porc n’a été rapporté avec un virus d’origine sauvage (Romero et al., 2001). Seuls quelques signes cliniques légers sont rapportés (fièvre, écoulements nasaux et conjonctivite), (Müller et al., 2001). Sur base de certaines études, les transmissions sanglier/porc ne conduiraient qu’à des manifestations d’ordre subcliniques (Romero et al., 2001). Les références citées dans cette revue sont disponibles au laboratoire. Enquête Aujeszky réalisée en 2015 en Région wallonne Les résultats de l’enquête sérologique Aujeszky 2015 (728 échantillons testés, ELISA PrV, Idexx) confirment ceux des années précédentes. Le virus responsable de la maladie d’Aujeszky circule de manière endémique au sein des populations de sangliers en Région wallonne. En moyenne, entre 25 et 30 % des sangliers sont porteurs latents du virus. Au-delà de la problématique de transmission du SuHV-1 au chien de chasse (lorsque les sangliers sont en phase d’excrétion du virus), ces résultats montrent que ce virus circule au sein d’un réservoir sauvage alors que depuis 2009, sauf dérogation, la vaccination des porcs domestiques est interdite sur tout le territoire national (Arrêté Royal 10 oct 2010). Au niveau des porcs domestiques, la vigilance est maintenue et la notification doit être rapide. Le monitoring sérologique est réalisé sur une base annuelle pour la majorité des élevages de porcs à l’exception des troupeaux dans lesquels les animaux ont un parcours extérieur ainsi que les porcs de reproduction qui doivent être testés tous les 4 mois. Quant au volet « suidés sauvages », il est important de maintenir le monitoring, d’évaluer le risque de transmission pour les élevages de porc plein air et de conserver les souches de SuHV-1 éventuellement isolées de sangliers pour les tracer au niveau moléculaire, si un foyer porcin était détecté. Les résultats globaux (20102015) seront présentés ultérieurement. 2 Réseau de Surveillance sanitaire de la Faune sauvage Université de Liège, Faculté de Médecine vétérinaire Responsable : A. Linden Equipe scientifique : R. Volpe, C. Lesenfants, J. Paternostre, T. Fett, N. Tchuenkam [email protected] www.faunesauvage.be Réseau de Surveillance sanitaire de la Faune sauvage en RW Aujeszky's disease virus seroprevalence in wild boar, Southern Belgium, 2012. Jouant L., Wayet J., Volpe R., Ceuleers V., Paternostre J., Massart L., Linden A. 31st International Union of Game Biologists congress (IUGB), Brussels (Belgium), 27>29/08/2013, pg 281. Surveillance Network of Wildlife Diseases, Departement of Infectious Diseases, Faculty of Veterinary Medicine, University of Liège, Liège, Belgium Sus scrofa is a largely distributed wild species in Southern Belgium (Wallonia), with an estimated population of about 25 000 animals over 16 844 km². As wild boars share a variety of pathogens with farm animals, they theoretically constitute a source of contamination. This hypothesis requires close monitoring in situations where a given pathogen circulates in wild boar whereas the domestic pig population living in the same geographical area is free. This is officially the case in Belgium since October 2011, after the pig sector conducted a systematic vaccination campaign against Aujeszky’s disease virus (ADV). Since January 2009, the vaccination is prohibited, which left the Belgian pig population seronegative, thus immunologically naive against ADV. To assess the risk posed by this situation, it is important to evaluate the fraction of the wild boar population that hosts the virus and could therefore reintroduce it. From October 2012 to January 2013, an active surveillance program was carried out throughout 4 of the 5 provinces of Wallonia with the help of hunters and hunting societies. Five hundred ninety-six blood samples were drawn on dry tubes from hunter-killed wild boars. The corresponding sera were screened for the presence of antibodies targeting the membrane glycoprotein-B of ADV using a competition ELISA. Descriptive characteristics of the cohort sampled are the following : 142 adults (> 2 yr old) of which 78 males and 66 females, 125 subadults (1-2 yr old) of which 55 males and 70 females, 252 juveniles (6-12 mo old) of which 107 males and 145 females and 70 piglets (< 6 mo old), of which 37 males and 33 females. Global seroprevalence was 18.3% (IC 95% : 15.2 – 21.4). There was no significant difference in seroprevalence between males and females or between the different months of sampling. The age of the boar had a significant effect, the apparent seroprevalence observed being higher in adults [40.3% (IC 95% : 32.3 – 48.3)] than in subadults [21.4% (IC 95% : 14.3 – 28.6)], juveniles [3.6% (IC 95% : 1.3 – 5.8)] and piglets [18.6% (IC 95% : 9.5 – 27.7)]. The location of sampling had a significant effect on the seroprevalence too. The apparent prevalences were higher in the provinces of Hainaut [30.8% (IC 95% : 13.0 – 48.5)], Namur [23.03% (IC 95% : 16.8 – 29.2)] and Luxemburg [18.7% (IC 95% : 14.1 – 23.4)] than in the province of Liege [7.5% (IC 95% : 2.8 – 12.2)]. The results gathered here are consistent with an endemic circulation of ADV in the wild boar population living in Southern Belgium. The risk of reintroduction in the domestic pig population is therefore not negligible, especially where domestig pigs are raised outdoors. If a reintroduction happens in the future, confirmation or refutation of its "wild" origin will rely on the comparison of genomic sequences. Therefore, isolation of a set of wild boar strains currently circulating in the region is a priority. 3 Réseau de Surveillance sanitaire de la Faune sauvage Université de Liège, Faculté de Médecine vétérinaire Responsable : A. Linden Equipe scientifique : R. Volpe, C. Lesenfants, J. Paternostre, T. Fett, N. Tchuenkam [email protected] www.faunesauvage.be