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Secondaire
Polychromies secrètes : Le contexte
historique - Toulouse au XVe siècle
Toulouse, de la même manière que l’ensemble du royaume de France, a traversé une période
de turbulences marquée par l’accumulation de multiples fléaux. A partir des années 1340-1350,
la ville aborde un siècle de malheurs : aux disettes, famines et inondations s’ajoutent les
ravages de la Guerre de Cent Ans entre la France et l’Angleterre, la peste noire (en 1348-49) et
l’incendie de 1463 qui détruit le cœur de la cité. Vers le milieu du XVe siècle, l’horizon s’éclaircit
et les signes d’une reprise se manifestent ; cette période va être favorable au renouveau
économique et artistique.
Toulouse et le Languedoc dans le contexte politique
français
Pendant la Guerre de cent Ans, Toulouse a fait preuve d’une fidélité sans faille envers le
royaume, contre l’Aquitaine anglaise.
Dans un contexte de difficile succession au trône, le ralliement du Languedoc, en 1418, assure
au futur Charles VII, une base solide. A partir de 1420, le destin de Toulouse est lié à celui de
Charles VII. Depuis longtemps, les états du Languedoc réclamaient un parlement. Les
spécificités du droit méridional, l’éloignement du parlement de Paris, la longueur des procès et
leur coût apparaissent comme autant d’arguments justifiant l’installation d’une telle cour.
L’existence, depuis le XIIIe siècle, à Toulouse, d’une illustre faculté de droit offrait de surcroît la
possibilité de pourvoir aisément au personnel judiciaire. Le contexte politique général va profiter
aux Toulousains. En effet, au milieu du XVe siècle, Charles VII est lancé dans une véritable
entreprise de reconquête du royaume. La justice, l’armée, les finances, le droit, l’Eglise sont
réorganisés. La requête des Toulousains s’inscrit donc parfaitement dans cette politique.
En mars 1420, le dauphin entre à Toulouse et institue un parlement pour le Languedoc et le
Duché de Guyenne deçà la Dordogne. La cour siège de manière irrégulière à Toulouse ou à
Béziers. Mais cette expérience demeure éphémère et est interrompue le 7 octobre 1428. En
octobre 1422, à la mort de son père, Charles VII peut se proclamer roi de France. Un peu plus
tard, en prenant Toulouse comme base, il parvient à reconquérir la Guyenne et, en 1453, avec
l’échec anglais lors de la bataille de Castillon, la Guerre de Cent Ans est pratiquement
terminée. Le ralliement du Languedoc envers le roi s’est donc avéré déterminant dans la
réalisation de l’unité du royaume et dès 1430, les états interviennent auprès de Charles VII pour
© Ville de Toulouse, musée des Augustins, service éducatif, (Anne-Laure Jover, Didier Michineau, 2006).
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demander le rétablissement du parlement. Le 11 octobre 1443, ils obtiennent satisfaction
lorsque Charles VII, par un édit signé à Saumur, restitue à Toulouse sa cour. L’installation
solennelle a lieu le 4 juin 1444, en présence du premier président du parlement, Aynard de
Bletterens, des délégués du roi, du lieutenant général du Languedoc Tanneguy du Châtel, de
l’archevêque de Toulouse Pierre Dumoulin, du maître des requêtes de Charles VII Jean
d’Etampes et de l’argentier du roi Jacques Cœur. En novembre 1444 a lieu l’entrée solennelle
du parlement de Toulouse.
La création du Parlement à Toulouse, de manière provisoire (1420-28) puis définitive à partir de
1443, apparaît dès lors comme un signe de reconnaissance du roi. Le Parlement va renforcer
l’attachement de la ville et de ses élites à la monarchie et contribuer à son rayonnement.
Deuxième parlement de France, il étend son influence sur une région qui s’étend du Rhône à
l’Atlantique et des Pyrénées au Massif Central.
Les activités du parlement sont extrêmement diverses. Il a un rôle fondamental dans la vie de la
province. Ses compétences sont d’ordre judiciaire (il reçoit en appel les affaires civiles,
criminelles et ecclésiastiques), mais aussi économique, politique ou administrative. Le
parlement contrôle d’administration municipale, défend l’intégrité du domaine royal et surveille
l’administration. Jusqu’au milieu du XVIe siècle, le parlement de Toulouse apparaît comme l’un
des piliers de l’entreprise de réformation du royaume ; il contribue à la centralisation
monarchique.
> L’économie régionale
D’un point de vue économique, Toulouse redistribue les produits provenant de tout le
Languedoc et prélève sa commission au passage. L’économie régionale subit les
conséquences de cette période de tourmentes mais, à partir de la moitié du XVe siècle, les
signes favorables se multiplient.
Toulouse est, par sa superficie, au XVe siècle, une des plus grandes villes du royaume. Ses
horizons ne sont pas seulement régionaux : elle accroît ses rapports avec l’ensemble du
royaume. Toulouse est placée sur la Via Domitia, grand axe de circulation routière entre la
région du Rhône et la France méridionale. Entre la Provence et la Catalogne, Toulouse a donc
une situation géographique propice aux échanges et au commerce. La présence de la Garonne
permet quant à elle le développement du commerce fluvial.
Par ailleurs, les liens se multiplient avec l’Italie. Les grandes banques italiennes font connaître
leurs méthodes de change et de comptabilité et c’est le début de la banque à Toulouse. La ville
devient un centre financier.
La fin des troubles permet un développement accru du commerce du pastel. Celui-ci passe,
entre 1450 et 1470, des mains des Béarnais à celles des Toulousains. Cultivée en Albigeois et
Lauragais (à Villefranche, Montgiscard et Mazères), la précieuse teinture bleue extraite de la
plante est redistribuée à Toulouse. Dans un premier temps, la ville gagne beaucoup d’argent
grâce au commerce du pastel mais exporte peu. Les Toulousains vont progressivement
commencer à exporter et, au début du XVIe siècle, le réseau d’exportation du pastel s’étendra à
la fois sur le marché du Nord (Angleterre, Pays-Bas, Normandie) et sur l’Espagne et l’Italie.
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© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (A.-L. Jover, D. Michineau, 2006).
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Toulouse, une capitale culturelle et artistique
La croissance économique de Toulouse favorise l’essor de la création artistique. Mais d’autres
facteurs ont un rôle non négligeable.
Toulouse accueille de nombreuses congrégations et compte un millier d’ecclésiastiques à la fin
du XIVe siècle. Les Ordres Mendiants par exemple s’installent au XIIIe siècle et contribuent au
déploiement de l’architecture dite du « gothique méridionale ». Par ailleurs, la ville abrite les
reliques de Saint Saturnin et apparaît dès lors comme une capitale religieuse. La basilique
romane de Saint-Sernin constitue une étape sur la route menant à Saint-Jacques de
Compostelle. La papauté d’Avignon a également contribué à l’épanouissement de l’art à
Toulouse.
Les universitaires et des hommes de lois sont nombreux et concourent au rayonnement de la
ville dans le Midi de la France. La richesse des « puissants » de la ville favorise le
développement de l’art. Toulouse commence à jouer un rôle culturel. Les joutes poétiques se
développent mais surtout les commandes d’œuvres d’art se font plus nombreuses. Les
mécènes, à l’exemple de Jean Tissandier, ont un rôle prépondérant. Toulouse attire désormais
des artistes de renom et regroupe un grand nombre d’ateliers dédiés à toutes les disciplines
artistiques. La ville est un intense foyer de sculpture, de peinture et d’enluminure. Le
Languedoc participe à un large échange d’influences entre les provinces de France et les
fréquents déplacements des artistes font naître un art interprovincial.
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© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (A.-L. Jover, D. Michineau, 2006).
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