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nouveaux dans les pays en développement. Mais beaucoup d’autres seront déplacés à
l’intérieur d’Etats, ce qui les privera des droits que confère internationalement le statut de
réfugié ».
Certains ne pourront pas se déplacer : les plus pauvres !!!
Un monde avec beaucoup « d’autres Darfour est le scénario cauchemar de plus en plus
probable ». Par ailleurs, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
(GIEC), précise que, « d’ici 2080, ce sont entre 1,1 et 3,2 milliards de personnes qui
manqueront d’eau et qu’entre 200 et 600 millions de personnes souffriront de la faim.
Chaque année, entre 2 et 7 millions de personnes seront affectées par la hausse du niveau
des océans ».
Philippe Boncour cite « le rapport du Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD), qui insiste sur l'injustice qui caractérise le déroulement du phénomène. Ainsi un
habitant des Etats-Unis émettait, en 2004, 21 tonnes de C02 dans l'atmosphère, un
Français, 6 tonnes, un Chinois, 3,8 tonnes, un habitant du Bangladesh ou un Ethiopien, 0,1
tonne. En cas d'échec dans l'effort pour limiter ces émissions, "les 40 % de la population
mondiale la plus pauvre, soit environ 2,6 milliards de personnes, seront condamnés à un
avenir comportant moins d'opportunités. Le changement climatique accentuera encore les
inégalités profondes entre les pays". Et Le rapport observe que les montants affectés au
Fonds d'aide à l'adaptation aux changements climatiques sont dérisoires (environ 220
millions de dollars), alors même que l'aide globale au développement stagne malgré toutes
les promesses. "On ne peut pas laisser les plus pauvres du monde couler ou nager grâce à
leurs seules ressources, tandis que les pays riches protègent leurs citoyens derrière les
fortifications anti-climat", y lit-on. »
H. Flautre invite « les institutions européennes et internationales à promouvoir les objectifs
suivants :
- Accentuer la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre ;
- Soutenir les programmes de prévention et d’appui aux stratégies d’adaptation aux impacts
des dérèglements climatiques, y compris la restauration des zones affectées, des habitats et
des milieux de vie, intensifier la coopération internationale sur ces questions ;
- Mettre en œuvre des mécanismes de compensation des préjudices économiques, sociaux
et culturels subis par les populations. »
Philippe Boncour : « A Houston en 2005, les déplacés de La Nouvelle Orléans avaient été
accueillis à bras ouverts après le cyclone Katrina. Puis quelques semaines plus tard, des
centaines de manifestants appelaient au départ des réfugiés. Ceci dans le même pays !!! »
« L'Europe travaille sur le sujet, mais n’apporte aucune réponse. Car il n'y a pas de réponse
politiquement acceptable pour les Etats membres : élargir le statut de réfugié de la
Convention de Genève aux réfugiés climatiques ? Instaurer un principe de pollueur-payeur
pour financer l'exil ? Anticiper les catastrophes, déplacer avant le drame ? Mais sait-on
faire ? La balle est dans les mains des citoyens qui par exemple se battent pour « les sans
papiers » afin de faire pression sur leurs élus pour mettre des législations en place, prévoir
des programmes d’accueil avec des structures et anticiper. Allons-nous y arriver ? Pour des
interventions humanitaires, ponctuelles et souvent fort médiatisées, il n’y a pas de difficulté.
Sauf si un état refuse l’aide humanitaire comme en Birmanie (un état est souverain). Quand
on pense que les flux financiers circulent librement et sans peine alors qu’une personne a
plus de difficulté à circuler. Pourtant le droit des personnes est plus important que les
finances !! Les frontières des pays du Nord se fermeront pour les migrants. Ce n’est pas la
solution.»