Inventaire des Zones Naturelles d'Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique - Deuxième Génération
Cirque des Cortalets
n° 6612-5144
ZNIEFF de
type I
Identifiant national : 910030157 *La projection utilisée pour le calcul des surfaces est le Lambert II étendu.
4. Facteurs influençant l'évolution de la ZNIEFF
Les conditions édaphiques et climatiques agencent l'organisation des milieux naturels sur le site. La zone autour du
cirque est presque exclusivement rocheuse, tandis que les versants moins pentus qui la prolongent, sont constitués de
formations basses (landes à Loiseleurie couchée ou à Rhododendron ferrugineux, landes à Dryade octopétale), mais
aussi de pelouses qui méritent une caractérisation toute particulière au vu de la richesse minérale.
L'un des intérêts floristiques de la zone tient à la présence d'un cortège de plantes caractéristiques des habitats
rupestres : grandes surfaces d'éboulis, de pierriers, de parois et de falaises créant ainsi des zones refuge pour une flore
spécifique. Les cortèges floristiques sont marqués par un fort taux d'endémisme, et certaines espèces constituent des
reliques glaciaires. On y trouve notamment :
• le Saxigrage faux-geranium Saxifraga geranioides;
• le Séneçon à feuilles blanches Senecio leucophyllus ;
• Armeria muelleri;
• la Linaire des Alpes Linaria alpina ssp acucifolia ;
• la Woodsie des Alpes Woodsia alpina;
• la Petite Astrance Astrantia minor L..
Par ailleurs, la partie basse du territoire accueille au niveau des étangs un habitat naturel d'intérêt communautaire, rare
au niveau local. Il s'agit des eaux douces stagnantes, situées dans le secteur des Estagnols, milieux oligotrophes à
mésotrophes avec une végétation composée d'une communauté à Rubanier à feuilles étroites Sparganium
angustifolium.
Pour ce qui concerne la faune, les vertébrés son représentés par des espèces remarquables de haute montagne et
notamment :
• le Gypaète barbu, l'Aigle royal et le Crave à bec rouge. Les zones rocheuses constituent des reposoirs et pourraient
être utilisées pour la reproduction ;
• le Lagopède alpin reste néanmoins l'espèce patrimoniale emblématique du site ;
• le Grand tétras occupe la forêt de Pins à crochets un peu plus bas ;
• l'Isard reste observable et une belle chevrée est cantonnée dans la zone depuis que la chasse de l'espèce n'y est
plus autorisée.
Chez les invertébrés, la zone accueille également une entomofaune riche en espèces, parmi lesquelles on peut citer :
• Cophopodisma pyrenaea, orthoptère endémique des Pyrénées françaises et espagnoles ;
• Gomphoceridius brevipennis, espèce aptère endémique du massif pyrénéen ;
• l'Aeschne des joncs Aeshna juncea, libellule typiquement montagnarde que l'on peut rencontrer au niveau des
étangs du Cortalets ;
• le Carabe des Pyrénées Carabus pyrenaeus se trouve ici en limite orientale de son aire de distribution.
Le chalet des Cortalets constitue un lieu très fréquenté pour l'accès au pic du Canigou, par la crête du Barbet, et surtout
par le Pic Joffre. La fréquentation est particulièrement forte en période estivale avec notamment deux records annuels
lors de la Trobada du Canigou pour les préparatifs de la Saint-Jean (week-end de la mi-juin) ou encore lors de la célèbre
course du Canigou (premier week-end d'août). Cette surfréquentation peut avoir un fort impact, notamment par l'érosion
des sols, le piétinement des végétaux ou encore le dérangement de la faune (en particulier lors des périodes de
reproduction ou d'élevage des jeunes de Grand tétras, de Lagopède alpin ou d'Isard).
Depuis quelques années, une attention toute particulière est portée à la préservation et à la gestion du site. C'est le
Syndicat Mixte du Canigou et l'ONF, propriétaire des terrains, qui y travaillent. Pour cela des aménagements ont été
réalisés : exclos et pose de filets de rétention des matières minérales pour permettre à certaines zones de se
revégétaliser, balisage et réalisation d'assises de sentiers pédestres, notamment aux abords du Pic du Canigou, parking
obligatoire pour les véhicules de tourisme au Ras des Cortalets. Par ailleurs des actions de sensibilisation et de
surveillance du site sont entreprises : la circulation des pistes est réglementée (horaires de circulation, interdites la nuit
ou par temps de pluie) et une permanence sur la fragilité des écosystèmes est ouverte au public au refuge.
Toujours dans le registre des loisirs, l'escalade est régulièrement pratiquée sur les flancs nord/ouest du Barbet. Une
surveillance est à mettre en place pour la préservation des milieux rupicoles, riches en espèces endémiques.
D'une manière générale, il est nécessaire de poursuivre les efforts sur ce site pour continuer à améliorer la gestion de la
fréquentation et sensibiliser le public à la préservation de cet environnement exceptionnel, mais fragile.
Il est à noter que l'isard, espèce emblématique de la zone, n'y est pas chassée (classement de l'ONF).
Par ailleurs, il existe un enjeu de taille autour des lacs de montagnes, exceptionnels et en limite d'aire de répartition
européenne. En effet, ces zones subissent un assèchement général du climat, surtout en été, et sont parfois surpâturées
par des troupeaux de bovins. Une gestion raisonnée est à préconiser, en concertation avec les éleveurs estivant sur ce
site.
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