Les animaux dans la ville : réalité et outils pour une meilleure prise en compte
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INTRODUCTION
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Animalité urbaine : quelle place pour les animaux dans la ville ?
Des renards aux portes de Paris, des rats qui envahissent la Gare Saint-lazare, des souris dans
les vitrines de Fauchon à la Madeleine. L’animalité surgit parfois là où on ne l’attend pas : au cœur
des grandes villes a priori bien éloignées de la nature, et lieu des cultures humaines par excellence. Et
pourtant…
Le milieu urbain s’est considérablement développé et la planète est presque entièrement
urbanisée. Depuis 2007, 50% de la population mondiale vit en milieu urbain. D’ici 2030 plus de 60%
de l’humanité vivra dans les villes. L’opposition nature/culture, ville/campagne n’a plus de sens à
l’heure actuelle. Villes et animaux se superposent, s’imbriquent et cohabitent. S’intéresser à
l’animalité aujourd’hui, c’est nécessairement s’intéresser à l’animalité dans la ville, donc à l’animalité
« urbaine », et aux espaces qu’ont désormais à partager animaux et urbains.
Mais de quels « animaux urbains » s’agit-il ? Si l’on tente d’établir une première typologie
simple – car il en existe d’autres que nous verrons – trois catégories émergent. Tout d’abord, il y a les
animaux de compagnie ou ceux qui font partie des « familles humaines »2. Ils sont sans aucun doute
les plus visibles en ville. Avec ses 65 millions de chats, chiens, petits rongeurs, oiseaux et poissons, la
France est, en Europe, au premier rang des pays possesseurs d’animaux de compagnie3. À l’heure
actuelle, ce sont plus de 51% des foyers hexagonaux qui possèdent un animal domestique4. D’après
l’INSEE, le nombre d’animaux de compagnie a augmenté de 40% en 20 ans. L’évolution est
particulièrement sensible en zone urbaine puisque plus d’un tiers de ces animaux vit en ville.
Mais la ville est peuplée de bien d’autres animaux : parmi ceux qui ne font pas partie des
« familles humaines », mais qui sont néanmoins bien présents, il y a les animaux commensaux5 qui
2 Dominique Lestel est philosophe et éthologue, maître de conférence à l’Ecole Normale Supérieure. Il prépare
actuellement un livre sur l’animalité urbaine intitulé « ZooPolis. Petite philosophie de l’animalité urbaine »
3 Voir le site de l’association AFIRAC (Association Française d’Information et de Recherche sur l’Animal de
Compagnie) <http://www.afirac.org/index.php>
4 Se dit d’un animal qui a été dressé ou apprivoisé et qui vit ans l’entourage de l’Homme, Le Petit Larousse
illustré, 2009.
5 Se dit d’une espèce animale qui vit au contact d’une autre en profitant des résidus de sa nourriture, mais sans la
parasiter, Le Petit Larousse illustré, 2009. Par exemple, les poissons-pilotes qui suivent les requins et autres gros
poissons pour se nourrir des débris de leur repas, ou les moineaux qui vivent dans les villes, villages et champs
en se nourrissant des graines et des miettes. Le moineau est ainsi le commensal de l’Homme. Les animaux
commensaux sont les animaux non domestiqués qui se nourrissent de ce que l’Homme produit et qui en sont
dépendants.