4 Santé en Communauté française
Les bonnes pratiques de dépistage
L’OMS, en 1970, a établi une liste de 10 critères qui sont désormais bien connus5 :
1) La maladie dont on recherche les cas constitue une menace grave
pour la santé publique ;
2) Un traitement d’efficacité démontrée peut être administré aux sujets
chez lesquels la maladie a été décelée ;
3) Les moyens appropriés de diagnostic et de traitement sont
disponibles ;
4) La maladie est décelable pendant une phase de latence ou au début
de la phase clinique ;
5) Une épreuve ou un examen de dépistage efficace existe ;
6) L’épreuve utilisée est acceptable pour la population ;
7) L’histoire naturelle de la maladie est connue, notamment son
évolution de la phase de latence à la phase symptomatique ;
8) Le choix des sujets qui recevront un traitement est opéré selon des
critères préétablis ;
9) Le coût de la recherche des cas (y compris les frais de diagnostic et
de traitement des sujets reconnus malades) n’est pas disproportionné
par rapport au coût global des soins médicaux ;
10) La recherche des cas est continue et elle n’est pas considérée comme
une opération exécutée « une fois pour toutes ».
Comme le synthétise Bourdillon (2009)6, « la maladie que l’on essaie d’identifier doit
être grave pour la santé publique, fréquente et disposer d’un traitement ». Toutefois,
l’absence de traitement ne peut à lui seul justifier le refus de mettre en place un program-
me de dépistage (problématique du VIH au début de l’épidémie). Enfin, l’auteur rappelle
que l’absence de maladie peut également conduire au développement de stratégies
d’action et que la présence d’un test négatif revêt également une grande importance
(un dosage négatif d’anticorps peut déterminer une vaccination future, par exemple
dans le cas précis d’une sérologie négative pour la rubéole). Bourdillon insiste également
sur la nécessité de bien connaître l’histoire/l’évolution naturelle de la maladie ; celle-
ci permettant « d’étayer la stratégie de dépistage sur la phase présymptomatique, sur les
données d’évolutivité rapide ou longue ».
Enfin, comme le souligne le Conseil Supérieur de Promotion de la santé (CSPS) dans les
recommandations formulées en 2007, il est important de tenir compte des différents
niveaux d’évaluation reconnus internationalement et qui permettent de déterminer la
validité scientifique des recommandations émises par les professionnels du secteur. Les
membres du CSPS suggèrent l’utilisation de la grille GRADE (Guyatt et al., 2006)7 qui
identifie des niveaux de recommandations, au regard
- des bénéfices identifiés par rapport aux risques et effets négatifs
- de la qualité méthodologique des preuves appuyant les recommandations et des
implications diverses.
Cependant, avant de s’engager dans la mise en place d’un programme et de stratégies
de dépistage, il est primordial de s’assurer de la disponibilité d’un test/ examen de
dépistage de qualité qui réponde à des critères d’efficacité en termes de sensibilité
(probabilité qu’un test soit positif si le patient est porteur de la maladie) et de spéci-
5. CSPS (Conseil Supérieur de
Promotion de la Santé), (2007),
Examens de dépistage pour de
bonnes pratiques, in http://www.
sante.cfwb.be
6. Bourdillon F., (2009), Le dépista-
ge, Traité de prévention, Médecine-
Sciences, Flammarion, pp. 100-103.
7. Guyatt G., Gutterman D.,
Baumann M., Addrizzo-Harris D.,
Hylekb E., Phillips B., Raskob G.,
Zelman Lexis S., Schünemann H. ,
Grading strength or recommen-
dations and quality of évidence in
clinical guidelines : Report of an
American College or Chest phy-
sicians Task Force, in Chest 2006,
129, pp. 174-181.