beaucoup moins pour une ânesse quand je lui récite la règle qui s'applique, dégotée dans une autre des
bibles des correcteurs, qu'ils appellent « le Thomas » :
« Si c'est le COD qui fait l'action, on accorde, sinon, c'est invariable.
Tu écriras donc : La Marseillaise que j'ai entendu chanter.
Mais :
La Marseillaise que j'ai entendue s'élever ! »
Le standard de SOS Amitié
La difficulté du participe passé - et la saveur vaguement perverse de la chose, si vous voulez mon avis -, c'est
que de multiples autres acrobatiques exceptions émaillent le chapitre consacré obligatoirement par tout ouvrage
de grammaire ou d'orthographe à ses accords infernaux.
En tout cas, vous l'aurez compris, nul champion d'orthographe ne peut prétendre en maîtriser l'ensemble des
règles. L'important, c'est de savoir qu'elles existent, et où les trouver pour se rafraîchir la mémoire au moment
opportun. Allez, un petit défi pour en terminer avec les blagues du participe. Comment accorderiez-vous :
La chanteuse que j'ai entendu(e) applaudir.
Eh bien, figurez-vous que, selon que la chanteuse est applaudie (cas de figure le plus probable) ou qu'elle
applaudit elle-même (les spectateurs, les musiciens, ou une autre chanteuse, pourquoi pas ?), le participe passé
s'accordera... ou pas.
La chanteuse que j'ai entendue applaudir : elle applaudit.
La chanteuse que j'ai entendu applaudir : elle est applaudie.
La clé, ici, comme pour l'histoire de La Marseillaise, est à chercher du côté du sens du verbe. Les participes
passés de certains verbes de perception (apercevoir, écouter, entendre, regarder, sentir, voir...) s'accordent
uniquement si c'est le sujet de la phrase qui accomplit l'action dont il est question. Encore un exemple, juste pour
le plaisir. On écrira :
Camilla que j'ai vue battre Charles aux petits chevaux.
Mais :
Camilla que j'ai vu battre par Charles aux petits chevaux.
Autre astuce pour savoir s'il faut accorder ou non le participe passé avec un verbe de perception : remplacer le
participe passé par un participe présent. Dans l'exemple : « Camilla que j'ai vue battre Charles », on accorde
parce qu'on pourrait dire, sans modifier le sens : « Camilla que j'ai vue battant Charles aux petits chevaux. »
Bon, pas le temps de se demander qui, du prince ou de la princesse, a le plus de chances de l'emporter et si ces
chances auraient un impact sur le participe passé, car le téléphone résonne. Il y a des jours où la correction
ressemble au standard de SOS Amitié. C'est François, du service France. « Dis-moi, dans le papier sur les livres
des politiques, pour le bouquin de Philippe de Villiers, là, qui s'appelle : Les cloches sonneront-elles encore
demain ? Je ne comprends pas. Il revient de correction, et vous avez enlevé la cap à cloches, pourquoi ? »