Sur les atomes de recul des corps radioactifs L. Goldstein To cite this version: L. Goldstein. Sur les atomes de recul des corps radioactifs. J. Phys. Radium, 1937, 8 (7), pp.316-320. <10.1051/jphysrad:0193700807031600>. <jpa-00233517> HAL Id: jpa-00233517 https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00233517 Submitted on 1 Jan 1937 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. SUR LES ATOMES DE RECUL DES CORPS RADIOACTIFS Par L. GOLDSTEIN Institut Henri Poincaré Sommaire 2014 La désintégration du noyau d’un atome radioactif accompagnée de l’émission d’une particule chargée a pour effet de perturber l’état où cet atome se trouvait avant la désintégration. Cette perturbation aurait deux aspects limites; le premier correspond à une perturbation adiabatique en ce sens que le champ du noyau où se trouvent les électrons atomiques varie et le second se rapporte à la collision de la particule traversant l’atome contre’les électrons de celui-ci. Pour obtenir un ordre de grandeur des probabilités relatives aux éventualités qui règlent l’état où est laissé l’atome de recul après la désintégration on étudie ici les effets dus à la seule perturbation adiabatique déclanchée par la variation de charge du noyau. La discussion du critérium relatif au caractère lent ou rapide de la perturbation conduit à reconnaître que les électrons des couches extérieures de l’atome subissent surtout une perturbation rapide ce qui limite essentiellement à ces électrons la possibilité d’excitation ou d’ionisation avec une probabilité pas très réduite. On détermine approximativement ces probabilités dans des cas limites simples ce qui serait justifié vu que l’on se borne, dès le début, à une détermination de l’ordre de grandeur des probabilités considérées. 1. Dans un travail précédent (1) nous avons étudié la réaction des électrons entourant un noyau atomique sur la désintégration artificielle ou radioactive de celui ci.Nous avons pu montrer que la présence des électrons a pour conséquence nécessaire de modifier l’énergie des particules chargées émises ou absorbées par le noyau atomique. On doit ainsi apporter toujours, en principe, une correction aux énergies des corpuscules chargés mesurées expérimentalement lorsque l’on veut déduire de ces dernières les énergies exactes mises en jeu dans la transformation nucléaire considérée. Cette correction désignée sous le nom de « correction adiabatique o, vu qu’elle résulte essentiellement d’un échange d’énergie adiabatique entre le corpuscule chargé émis ou absorbé et le système électronique de l’atome dont le noyau se transforme, se superpose à la correction mécanique de recul dont seule a été tenu comptejusqu’à présent. La réaction des électrons de l’atome dont le noyau se transforme n’a été prise en considération que du point de vue de l’énergie de correction adiabatique et nous avons laissé de côté entièrement le sort de l’atome derecul restant après la désintégration nucléaire. Ce n’est qu’en connexion avec la largeur des raies corpusculaires monocinétiques émises par les noyaux radioactifs et provenant du freinage des corpuscules nucléaires dans l’atome émetteur mêmesque nous avions discuté brièvement de l’état de l’atome de recul restant après la désintégration, en adoptant pour ce but les méthodes et les résultats de la théorie des collisions ordinaires qui règlent le parcours des corpuscules chargés rapides dans la matière. Il paraît, en effet, justifié, dans une certaine mesure, de rapprocher, dans une évaluation d’ordre de grandeur, le phénomène de freinage ordinaire de celui que subit la particule chargée - (1) J. Phys., 1937, [7J, 8, p. 235. émise par le noyau semble, en relatives à lorsqu’elle traverse l’atome. Il effet, permis de dire ici que les conditions un processus de collision habituel soient approximativement réalisées puisque le corpuscule chargé émis par le noyau s’approche d’abord et s’éloigne ensuite des électrons atomiques comme dans un processus apériodique. Cependant ce n’est là qu’un aspect limite du véritable processus qui se joue dans l’atome émetteur lorsqu’il est traversé par la particule nucléaire chargée. L’autre aspect limite de ce processus complexe se traduit par un second mode d’excitation ou de désactivation et qui est précisément l’origine de la correction adiabatique étudiée dans le travail précédent (1). Il est, en effet, essentiel de se rappeler que le système électronique de l’atome change d’état même dans l’éventualité où la particule chargée émise subit une collision élastique sur les électrons atomiques. Ce second mode d’excitation ou de désactivation s’interprète d’une manière particulièrement précise lorsque tous les électrons de l’atome gardent tous leurs nombres quantiques qu’ils avaient avant la désintégration. On se trouve alors devant un échange d’énergie purement adiabatique entre la particule chargée libérée dans la désintégration du noyau et les électrons de l’atome. Le même processus peut se présenter également lors de l’entrée d’une particule chargée dans le noyau, cas du bombardement des noyaux par des corpuscules chargés accélérés artificiellement ou de provenance radioactive. Le terme adiabatique doit être entendu ici dans ce sens que 1) le changement d’état énergétique du système élecI ronique n’est pas accompagné d’une variation de configuration électronique de l’atome, tous les électrons de l’atome, pratiquement, gardent leurs nombres quantiques initiaux; 2) et la transition en question est provoquée par un Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:0193700807031600 317 changement de valeur d’un paramètre description du système. Ce paramètre entrant dans la est ici la charge nucléaire. La vitesse de variation de ce paramètre n’est pas nécessairement adiabatique ou infiniment faible; elle peut même être très grande, brusque, non-adiabatique, et si la configuration électronique de l’atome ne change pas, l’échange d’énergie entre les électrons et la particule chargée n’en est pas moins adiabatique. Mais ces cas limites, vitesse de variation du paramètre très faible ou très grande, se traitent de manières différentes et il convient d’étudier toujours lequel de ces deux cas limites se trouve réalisé, à un certain degré d’approximation. Lorsqu’un ou plusieurs électrons changent d’état, donc lorsque la configuration électronique de l’atome varie, on se trouve devant un processus complexe où l’effet d’excitation adiabatique dû à la variation de paramètre « charge nucléaire » se superpose à l’effet de collision ordinaire. Nous nous bornerons ici à suivre approximativement le sort de l’atome de recul en étudiant les processus d’excitation adiabatique sous l’effet de variation du paramètre charge nucléaire seul. 2. Considérons d’abord pour plus de simplicité le idéal d’un atome radioactif hydrogénoïde dont le noyau a une charge + Ze, e étant la charge électrique élémentaire. L’électron unique de cet atome peut se trouver dans un état dont l’énergie est, approximativement, - Z2/n2, en unité Rh où R est la fréquence de Rydberg et h la constante de Planck. Il convient, avant - cas tout, de préciser dans quelles conditions la variation finie de charge nucléaire consécutive à un processus de désintégration peut être considérée comme s’effectuant très lentement ou, comme on dit aussi, adiabatiquement, ou, au contraire, très rapidement, d’une manière adiabatique. Le critérium pour que la variation de charge nucléaire corresponde à une perturbation non adiabatique, ou brusque, de l’atome peut s’exprimer et le critérium de perturbation non adiabatique (1) devient : Dans le cas d’un atome radioactif occupe en ce moment : hydrogénoïde qui nous et comme on peut prendre approximativement : r - rn étant la masse rn de (6) = l’électron, on trouvera : étant la vitesse de la lumière dans le vide et écrivant à la place de h c/~ ~re~, l’inverse de la constante de structure fixe, sa valeur numérique arrondie 137. Il semble intéressant d’étudier ici deux cas limites. Notons également que le critérium (7) peut être considéré comme s’appliquant approximativement dans le cas d’un atome quelconque dans l’hypothèse où l’on adopte grossièrement la description hydrogénoïde de ses électrons avec des valeurs convenables, pour chacun d’eux, du paramètre Z. L’un des deux cas limites que nous voudrions considérer est celui où n et n’ sont égaux. En réalité ce cas, où l’électron garde ses nombres quantiques initiaux, se trouve déjà en dehors du domaine de validité stricte du critérium (7) vu que l’on ne peut associer, avec rigueur, une période à cette transition particulière. On trouve avec (7), c @ non par la condition suivante (2) : 1 z ljZ » ’tjT (1) en valeur absolue, la variation de du noyau dont la charge initiale est -~- Ze, r est la durée de cette variation du point de vue des électrons de l’atome et I’ désigne la période atomique associée à la transition particulière susceptible d’être déclanchée par cette perturbation. Soient Jj)n (Z) et En, (Z ± z) l’état initial et final de la transition en question, alors : désigne, charge il est raisonnable de prendre la durée de la traversée de l’atome par la particule de vitesse v connue, mesurée expérimentalement. Dans ces conditions, si r désigne ce ~que l’on appelle grossièrement le rayon de et pour l’atome, (2) Cf. on a : W. PAULI : lI. d. Berlin, 1933. 24;1, ‘?e éd., p. 163-4, Springer, 137 47tv 1 ° (8) Considérons, pour préciser, une désintégration naturelle par particule alpha. On sait alors que 4 7i.v/c est de l’ordre de l’unité et comme dans ce cas z/Z est au plus 1/~0, il est entièrement négligeable devant 2, ce qui donne pour Z la condition Z« 68,5. (8 a) montre que si l’on décrit approximativeélectron d’un atome lourd comme un électron hydrogénoïde dans le champ écrané du noyau, la perturbation subie par l’électron lors du départ d’une particule alpha ne peut être considérée comme brusque du point de vue de la transition considérée ici, que pour un électron d’une couche médiane ou extérieure de l’atome. Le caractère brusque ou non adiabatique de la perturbation est d’autant mieux assuré que l’électron appartient à une couche plus extérieure. On peut se demander également si la condition inverse à ( ï) qui représenterait la condition de perturbation adiabatique, ou très lente, est satisfaite. Cette inégalité ment un 318 On voit facilomént que ceci n’est le caS ïraneRement pour aucun électron. Le premier membre de (8) ne devient légèrement inférieur à l’unité que pour les électrons les plus liés d’un atome radioactif naturel par rayon alpha. D’une manière générale, on peut dire, c’est la perturbation brusque ou non adiabatique qui est réalisée pour un grand nombre d’électrons d’un atome radioactif naturel et pour les transitions d’un tel type où les nombres quantiques des électrons restent fixes (3). Le second cas que nous voudrions examiner rapidement à la lumière de (7) est celui où les nombres quantiques de l’électron changent) donc le cas d’excitation ou d’ionisation. Dans ce dernier cas, n’ --~ oc et (7) devient des électrons qui subissent une perturbations brusque procéclerong de la manière suivante. Nous considérons un électron particulier d’un ensemble d’électrons équivalents, donc de même nombre quantique nous principal et azimutal, que nous traiterons conime hydrogénoïde et indépendant des autres électrons. La probabilité d’excitation une fois déterminée, pour cet électron particulier, on étendra ce résultat à un électron quelconque de l’ensemble considéré à l’aide de considérations de probabilité usuelles. On obtiendra ainsi des estimations sur les probabilités de transition cherchées. Dans le cas des perturbations rapides ou non adiabaltiques on démontre la continuité approchée de la fonction d’onde du système avant et après la pertuibastion (2). Partant de l’équation d’onde l’on voit que le caractère non-adiabatique ou brusque de la perturbation, dans la transition envisagée, ne peut être considéré comme réalisé que pour les électrons tout à fait périphériques, toujours dans l’éventualité où 47t vIe est de Perdre de l’unité. Du point de vue de ces transitions ionisantes, contraire- et au cas précédente la majorité des électrons subit perturbation approximativement adiabatique, ce ment une qui se traduit essentiellement par le fait que ces élec- et gardent avec une probabilité élevée leurs nombres quantiques initiaux. Dès lors, pour prévoir, d’une trons la structure électronique de l’atouie de recul, il suffira d’étudier de près les électrons des couches périphériques qui subissent une perturbation non adiabatique lors de la désintégration. Dans l’étude du critérium (7) nous nous sommes limités au cas des atomes radioactifs par particule alpha. Le cas des atomes radioactifs par rayon bêta ne diffère pas pratiquement du cas précédent. Il suffit de (1n) conduits, après intégration, à manière approchée, pcendre dans les relations (7) à (9), v - c, ce qui est approximativementL réalisé dans tout le spectre continu bélà à lèxeèptiôt! de son début de faible énergie. On voit alors que la condition du caractère non adiabâtique de la perturbation subie par les électrons de Paterne est réalisable même pour des couches électroniques relativement profondes puisque les premiers membres des inégalités (7), (9) sont maintenant de dix à vingt fois, environ, plus grands que dans le cas de désintégration alpha. Pour trouver approximativement l’état où est laissé un atome de recul après la désintégration il suffirait d’étudier plus particulièrement l’ensemble des éleotrons des couches extérieures pour lesquelles la condition de perturbation non adiabatique est le mieux réalisée. Ceux qui subissent une perturbation adiabatique ou presque adiabatique gardent, pratiquement tous, l’état où ils se trbuvaient avant la désintégration. Pour trouver la probabililé d’excitation ou d’ionisation 3. - (3) Des observations analogues se trouvent dans rieure de l’auteur, cf. C. R., 1935, 200,1294. une note anLc- désigne la durée de la perturbation supposée comparée aux périodes atomiques qui peuvent se présenter ici, ~~ et Z~ sont les valeurs du paramètre vâtliftble Z avant et après la perturbation. Par suite de le second membre la petitesse admise de 1 devant de (&#x3E;13) est également très petit et peut être égalé à zéro approximativemént. lien résulte alors où zr courte ) x c j c) étant les coefficients de développement et série de la fonction d’onde ~ du système suivant le système complet des fonctions propres orthogonales les en - + La relation précédente traduit, continuité de la fonction d’onde § du système avant et après la perturbation non adiabatique subie par le système. On tire de (14), immédiate- Z;) et u, (1’, d’après Pauli (1),. la Ùk ment, et la probabilité de trouver turbation, dans l’état j est : le système, après la per- 319 Dans le cas où de c~2~ qui on trouvei« tous les est alors sont égal à l’unité, nulj, à l’exception en valeur absolue, - désigne la voit qne si m système soit excitée on probabilité après la perturbation pour que le on a : et etc1 lité pour dans le cas particulier n = n’ est la probabilité inverse, donc la probabiqu’aucune excitation ne soit produite par la perturbation considérée. Les éléments de la matrice S se calculent sans difficulté dans le cas, adopté ici, d’une description hydrogénoïde approchée des électrons. Plus exactement les éléments de matrice associés aux transitions entre niveaux discrets seuls peuvent se calculer facilement, ceux associés à des transitions depuis un niveau discret vers un niveau du spectre continu ne peuvent s’obtenir, en général, sous une forme fermée simple. Les éléments de matrice discrets de S sont, en coordonnées polaires. Aux éléments de matrice précédents on devrait adjoindre ceux du type Snl,’lDl relatifs à l’ionisation dans la bande d’énergie comprise entre tv et w -~- d w. Le calcul de ces éléments de matrice exige un labeur considérable et il est douteux qu’ils puissent être obtenus forme fermée, tout au moins en coordonnées polaires. Nous nous contenterons de donner approximativement la probabilité d’excitation globale définie par (19) et qui se met ici sous la forme explicite sous une Comme les fonctions propres normalisées à l’unité sont : Z L ,1 . ----~ (25) -.~-. n Rnl (r) est la fonction radiale normalisée à l’unité et q:;1 (x), la fonction de Legendre associée également où normalisée à l’unité, on voit que les éléments de matrice de S ne sont différents de zéro que si 1 = l’ etf rrc m’. Ils be réduisent alors à: - avec donné par (24 a). On peut, cependant, se faire une idée de l’ordre de grandeur des éléments de Il suffit, pour cela, de tenir compte de matrice ce que ces éléments de matrice représentent les défauts d’orthogonalité des fonctions propres associées à des valeurs voisines du paramètre numéro atomique Z. On doit s’attendre alors à ce que le défaut d’orthogonalité, pour deux valeurs fixes du paramètre, soit d’autant + plus prononcé que les fonctions propres u,,, (r, Z) et un’t + donc que n diffère le d’ailleurs pour 1 = 0 1 et que les éléments de matrice Snl, n’l sont proportionnels à 1 /Z et inversement proportionnels, pour n’ » 7z, à n’3/2. Les probabilités d’excitation diminuent donc rapidement, comme 1 pour n’ grand comparé à ~. Il en résulte que pour un niveau initial de nombre quantique principal assez faible on doit s’attendre à des éléments de matrice wt faibles. Mais pour n assez grand ils peuvent devenir, pour w assez petit, du même ordre de grandeur que des éléments de matrice purement discrets relatifs à des niveaux voisins. Il semble donc que l’on obtient l’ordre de grandeur de la probabilité d’ionisa- (r, Z’) sont plus dissemblables, plus possible de it’. On trouve les étant les polynômes de Laguerre associés, on trouve, après des calculs longs mais ne présentant aucune difficulté, (x) 320 tion pour les électrons de nombre quantique principal élevé en calculant la probabilité d’excitation globale (25). On obtient ainsi une sorts de limite supérieure de cette probabilité, dans l’hypothèse où l’on laisse de côté l’autre aspect limite du phénomène qui se traduit par l’effet de collision ionisante direct, vu que la particule chargée émise par le noyau provoque, en dehors de la variation du paramètre numéro atomique, une perturbation analogue à celle qui est déclanchée lors de la traversée d’un atome par un corpuscule chargé incident sur cet atome. Ajoutons, en terminant, que les éléments de matrice précédents se rapportaient à un certain électron pai ticulier d’un ensemble d’électrons équivalents ; dans l’hypothêse où l’on n’admet que l’excitation d’un élec- tron unique, on étend immédiatement la probabilité calculée à un électron quelconque de l’ensemble des électrons considérés. Soit, en effet, k le nombre d’électrons équivalents en question, la probabilité de l’excitation globale devient ici : Les formules explicites données plus haut permetun choix convenable de la valeur du paramêtre Z, dans la description hydrogénoïde approchée, de calculer les probabilités précédentes et d’obtenir ainsi une idée assez précise de l’état où est laissé l’atome de recul d’un corps radioactif après la désinté- tent, après gration. ’ Manuscrit reçu le 10 mai 1936.