Dossier
Technique de l’otoscopie
Martine François
Service ORL, hôpital Robert Debré, 48 boulevard Sérurier 75019 Paris
L’otoscopie chez un nourrisson ou un jeune enfant nécessite un bon éclairage
et des spéculums de taille adaptée, la maîtrise des techniques de nettoyage du
conduit auditif externe, et une contention adéquate de l’enfant pour obtenir
l’immobilité de l’oreille examinée pendant les quelques secondes que dure
l’examen.
Mots clés : otoscope, anse de Billeau, otoscope pneumatique
Pour une bonne otoscopie il faut un
matériel adéquat, la maîtrise des
techniques pour débarrasser le
conduit auditif externe des débris épi-
dermiques ou cérumineux, une mé-
thode pour obtenir l’immobilité de
l’enfant pendant les quelques secon-
des que dure l’examen.
Le matériel
Il est crucial d’avoir un éclairage
de bonne qualité : soit par alimenta-
tion électrique murale par l’intermé-
diaire d’un transformateur, soit par pi-
les (qu’il faut changer souvent) ou
batterie (qu’il faut recharger très régu-
lièrement) [1].
Comme source de lumière, les
ORL restent fidèles au miroir de Clar
qui donne une lumière focalisable
tout en laissant les deux mains libres et
permettant la vision binoculaire. Les
autres praticiens préfèrent l’otoscope
à manche sur piles ou sur batteries. La
vision est alors monoculaire.
Dans les deux cas, il faut un jeu de
spéculums de tailles variées. Les spé-
culums sont stérilisables, ou, de plus
en plus souvent, à usage unique.
Signalons l’intérêt chez le
nouveau-né et le jeune nourrisson de
l’otoscope pneumatique [1]. Il s’agit
d’un otoscope à manche dont la tête
peut être fermée avec une loupe, ce
qui clôt le conduit auditif externe dans
lequel on peut insuffler doucement de
l’air à l’aide d’une poire ajustée sur la
paroi latérale de l’otoscope. L’air re-
foule alors les poils et les menus dé-
bris, ce qui dispense d’un nettoyage,
mais aussi écarte les parois du conduit
auditif externe, flaccides à cet âge, ce
qui améliore grandement la visibilité
de la membrane tympanique.
La membrane tympanique mesure
moins d’un cm
2
, elle est donc toute
petite et pour bien voir les détails il
faut un système grossissant. C’est
pourquoi la plupart des otoscopes
sont équipés d’une loupe.
Les ORL à leur cabinet disposent
d’un microscope, qui agrandit encore
plus l’image, mais il s’agit d’un maté-
riel coûteux dont l’achat n’est justifié
que pour les ORL [2].
Les otoendoscopes sont des opti-
ques rigides d’une dizaine de cm de
long, assez fines pour pouvoir être
introduites dans le conduit auditif ex-
terne [2]. Ces optiques permettent une
vision grand angle donc de l’ensemble
de la membrane tympanique. Signa-
lons que pratiquement toutes les pho-
tos de tympans sont prises avec ces
optiques. Le problème est le coût de
ce matériel (optique + source de lu-
mière), mais aussi le coût de fonction-
nement (produits de décontamina-
tion, et temps passé au nettoyage, puis
décontamination, puis ...).
m
t
p
Tirés à part : M. François
doi: 10.1684/mtp.2007.0122
mt pédiatrie, vol. 10, n° 3, mai-juin 2007
152
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Un conduit auditif externe propre
Le conduit auditif externe est souvent encombré de
débris de peau et d’amas de cérumen qui gênent la visibi-
lité de la membrane tympanique. Le nettoyage doit être
aussi doux que possible car si l’enfant a mal ou s’il se
blesse et saigne, il est à craindre que l’otoscopie ne
devienne impossible.
Les petits débris de peau peuvent être plaqués quel-
ques secondes contre les parois du conduit avec un porte-
coton imbibé d’un liquide quelconque (eau du robinet ou
sérum physiologique). Le porte coton doit être très fin. Il
est préparé extemporanément avec une tige filetée et un
peu de coton hydrophile (figure 1).
Les bouchons partiels de cérumen seront ramenés au
méat par un mouvement de dedans en dehors et éliminés
soit avec un porte-coton, soit avec une anse de Snellen ou
de Billeau.
Si par mégarde l’enfant bouge, l’instrument peut bles-
ser la peau du conduit et provoquer un saignement. Il faut
alors appliquer dans le conduit un petit tampon de coton
hydrophile, pendant 3 minutes environ, le temps que
l’hémostase se fasse, puis le retirer pour examiner la
membrane tympanique. Il est parfaitement inutile de pré-
voir un quelconque traitement en cas de blessure acciden-
telle du conduit lors de l’otoscopie : la peau va cicatriser
toute seule et l’enfant n’aura plus mal avant même de
franchir la porte du cabinet.
Contre les bouchons de cérumen ou les bouchons
épidermiques complètement obstructifs, il n’y a pratique-
ment qu’une solution pour qui n’est pas équipé d’un
microscope et d’aspirations d’oreille : c’est le lavage
d’oreille. Celui-ci se pratique avec une poire ou mieux un
énéma et de l’eau du robinet, tiède (37 °C) pour ne pas
provoquer de vomissement. Le lavage est contre-indiqué
si le patient a un aérateur transtympanique ou une perfo-
ration tympanique : il doit alors être adressé à un ORL.
Immobilité de l’oreille
Il faut exiger l’immobilité de l’oreille le temps de
l’otoscopie, sinon l’examen sera imparfait et ilyaun
risque non négligeable de blesser le conduit auditif ex-
terne contre le spéculum. Cela ne pose guère de problème
chez l’adulte et le grand enfant. Le nouveau né peut être
examiné allongé sur la table d’examen, en décubitus
dorsal ou ventral, l’un des parents lui tient les épaules,
l’examinateur tourne la tête d’un côté puis de l’autre. Le
nourrisson et le jeune enfant seront installés sur les genoux
de l’adulte qui le plaquera contre son torse comme pour
un gros câlin, en coinçant les jambes de l’enfant entre ses
cuisses (figure 2). D’une main il maintient l’enfant plaqué
contre lui en bloquant ses deux bras. Avec l’autre main il
tourne la tête à droite puis à gauche pour présenter les
deux oreilles successivement à l’examinateur.
Le conduit auditif externe est légèrement en baïon-
nette. Il est possible de le rendre plus rectiligne en tirant un
peu sur le pavillon de l’oreille en haut et en arrière.
Enfin, il ne faut pas oublier que la manière dont l’en-
fant est examiné est un investissement pour l’avenir : si
l’enfant a un bon souvenir de l’otoscopie, l’examen sui-
vant sera plus facile, si l’enfant en a un mauvais souvenir il
sera très difficile à approcher et à examiner.
Références
1. Pichichero ME. Acute otitis media : Part I. Improving diagnostic
accuracy. Am Fam Physician 2000 ; 61 : 2051-6.
2. Afssaps. Antibiothérapie par voie générale en pratique courante
dans les infections respiratoires hautes de l’adulte et de l’enfant. 2005
www.afssaps.sante.fr.
Figure 1. Outillage pour l’otoscopie : tige filetée et coton hydrophile,
anse de Billeau, porte coton très fin à usage unique.
Figure 2. Technique pour maintenir un nourrisson le temps d’une
otoscopie.
mt pédiatrie, vol. 10, n° 3, mai-juin 2007 153
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !