Teilhard de Chardin et l`évolution

CONFÉRENCE DU FORUM DES SAVOIRS
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
TEILHARD DE CHARDIN
ET L’ÉVOLUTION
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
«Tout ce qui monte converge.»
Teilhard de Chardin
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : [phone]
Email : [email protected]
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1000-067

TEILHARD DE CHARDIN ET L’ÉVOLUTION
conférence d’Éric Lowen donnée le 16/06/2006
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Paléoanthropologue et jésuite, Teilhard de Chardin a tenté de relier l’évolution biologique
darwinienne avec l’évolution spirituelle, opérant ce faisant une extraordinaire réhabilitation de
la matière. Cette conférence exposera son itinéraire, les principes de sa théorie de
l’évolution, son influence en son temps, et pourquoi elle est aujourd’hui dépassée malgré son
côté visionnaire. Conférence par Éric Lowen.
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TEILHARD DE CHARDIN ET L’ÉVOLUTION
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Nulle chose n'est compréhensible que par son histoire.
Teilhard de Chardin
I L’HOMME ET SON TEMPS (1881-1955)
1 - Un personnage légendaire
2 - Aperçus biographiques d’un homme difficilement classable
3 - Un homme écartelé : entre dieu et le cosmos, entre christianisme et science
4 - Une œuvre multiforme, entre vocation scientifique et vocation religieuse
5 - L’expérience spirituelle au cœur de la matière, la transcendance horizontale du monde
II SON ŒUVRE SCIENTIFIQUE, OU L’EXPLORATION DU MONDE
1 - L’appel de la science, la conversion à l’évolutionnisme
2 - La géologie : de la tectonique de Jersey aux bassins du Xinjiang
3 - La paléontologie des mammifères, un spécialiste de l’éocène
4 - La paléontologie humaine, l’étude des origines humaines en chine à Choukoutien
III LES PRINCIPAUX POINTS DE LA THÉORIE TEILHARDIENNE
1 - Il part des données de la science pour bâtir des visions cosmo-mystiques
2 - L’axiome de l’existence d’une dimension spirituelle au cœur de la matière
3 - La foi en une évolution cosmique, orthogenèsique, finaliste et anthropocentrique
4 - La montée convergente du Cosmos vers Dieu, l’avenir absolu
5 - Le stade du phénomène humain, le passage de la biosphère à la noosphère
6 - L’émergence d’une surhumanité, le “phénomène chrétien” remplace le phénomène humain
7 - Le “Point Oméga”, point de convergence de l’humanité avec le divin
IV LA NATURE RELIGIEUSE DE LA MYSTIQUE TEILHARDIENNE
1 - Sa doctrine et le christianisme, à la fois orthodoxe et hérétique
2 - Une religion panthéiste, de l’union de la terre et du ciel
3 - L’amour du monde, une resacralisation du monde panthéiste
4 - Communier avec Dieu à travers le monde, l’esprit passe par la matière
5 - Une incitation à l’auto-évolution
6 - Un christianisme humaniste moderne
V LA THÉORIE TEILHARDIENNE FACE À LA SCIENCE
1 - Les théories teilhardienne ne sont pas scientifiques mais extra-scientifiques et religieuses
2 - Des connaissances positives utilisées par une métaphysique théologico-évolutive
3 - Des théories reposant sur les lacunes de la science de son temps
4 - Un néolamarkisme dissimulé
5 - Des organismes soumis à “énergies” extérieures
6 - Des croyances finalistes, internationaliste et anthropofinalistes
7 - Des notions contredites par les progrès ultérieurs de la paléoanthropologie
8 - Des convictions moralement intéressantes, mais scientifiquement de valeur nulle
9 - Une pensée originale, mais appartenant au courant de l’évolutionnisme chrétien
VI LE TEILHARDISME DANS L’HISTOIRE DES IDÉES
1 - La constitution d’un courant de pensée religieux : le teilhardisme
2 - Le double rêve teilhardien : le rêve rénanien et le rêve concordiste
3 - La vaine tentative de synthétiser le christianisme et l’évolutionnisme géologique et darwinien
4 - La théorie teilhardienne, une conséquence de la crise de la chrétienté (la mort de Dieu)
5 - Sa postérité extrascientifique dans les spiritualismes et les créationnismes scientifiques
ORA ET LABORA
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Document 1 : Photo de Teilhard de Chardin en Chine, lors de ses travaux paléontologiques sur les origines
de l’homme. Il pensait qu’une meilleure connaissance de nos origines préciserait le sens du présent et du
devenir du monde.
Document 2 : Bibliographie principale de Teilhard de Chardin, en dehors des articles et publications
purement scientifiques. Les dates indiquées sont celles de la première édition des oeuvres et non de leur
rédaction. La plupart de ses oeuvres significatives sont posthumes alors que certaines sont écrites dès les
années 1920.
1. Le phénomène humain (Œuvres, t. 1), Ed. du Seuil, 1955.
2. L'apparition de l'homme (Œuvres t. 2), Ibid., 1956.
3. La vision du Passé (Œuvres, t. 3), Ibid., 1957.
4. Le milieu divin (Œuvres, t. 4), Ibid., 1957.
5. L'avenir de l'homme (Œuvres, t. 5), Ibid., 1959.
6. L'énergie humaine (Œuvres, t. 6), Ibid., 1962.
7. L'activation de l'énergie (Œuvres, t. 7), Ibid., 1963.
8. La place de l'homme dans la nature (Œuvres, t. 8), Ibid.,1965.
Paru également sous le titre : Le groupe zoologique humain, Albin Michel, 1965.
9. Science et Christ (Œuvres, t. 9), Ibid., 1965.
10. Hymne de l'univers. Ed. du Seuil, 1961.
11. Cahiers de la Fondation Teilhard de Chardin. Ibid.
1. Construire la terre, 1958.
2. Réflexions sur le bonheur, 1960.
3. Pierre Teilhard de Chardin et la politique africaine, 1962.
4. La parole attendue, 1963.
5. Le Christ évoluteur, 1965.
12. Lettres de voyage 1923-1939. Grasset, 1956.
13. Nouvelles lettres de voyage 1939-1955. Grasset, 1957.
14. Genèse d'une pensée (Lettres 1914,1919), Grasset, 1961.
15. Lettres d’Egypte 1905-1908, Aubier, 1963.
16. Lettres d'Hastings et de Paris 1908-1914, Aubier, 1964.
17. Écrits du temps de la guerre 1916-1919, Grasset, 1965.
18. Lettres à Léontine Zanta, Desclée de Brouwer, 1965.
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Document 3 :
L’offrande
Puisque, une fois encore, Seigneur, non plus dans les forêts de l'Aisne, mais dans les
steppes d'Asie, je n'ai ni pain, ni vin, ni autel, je m'élèverai par-dessus les symboles
jusqu'à la pure majesté du Réel, et je vous offrirai, moi votre prêtre, sur l'autel de la Terre
entière, le travail et la peine du Monde.
Le soleil vient d'illuminer, là-bas, la frange extrême du premier Orient. Une fois de plus,
sous la nappe mouvante de ses feux, la surface vivante de la Terre s'éveille, frémit, et
recommence son effrayant labeur. Je placerai sur ma patène, ô mon Dieu, la moisson
attendue de ce nouvel effort. Je verserai dans mon calice la sève de tous les fruits qui
seront aujourd'hui broyés.
Mon calice et ma patène, ce sont les profondeurs d'une âme largement ouverte à toutes
les forces qui, dans un instant, vont s'élever de tous les points du Globe et converger
vers l'Esprit. - Qu'ils viennent donc à moi, le souvenir et la mystique présence de ceux
que la lumière éveille pour une nouvelle journée !
Un à un, Seigneur, je les vois et les aime, ceux que vous m'avez donnés comme soutien
et comme charme naturels de mon existence. Un à un, aussi je les compte, les membres
de cette autre et si chère famille qu'ont rassemblée peu à peu, autour de moi à partir des
éléments les plus disparates, les affinités du cœur, de la recherche scientifique et de la
pensée. Plus confusément, mais tous sans exception, je les évoque, ceux dont la troupe
anonyme forme la masse innombrable des vivants : ceux qui m'entourent et me
supportent sans que je les connaisse; ceux qui viennent et ceux qui s'en vont; ceux-là
surtout qui, dans la vérité ou à travers l'erreur, à leur bureau, à leur laboratoire ou à
l'usine, croient au progrès des Choses, et poursuivront passionnément aujourd'hui la
lumière.
Cette multitude agitée, trouble ou distincte, dont l'immensité nous épouvante, — cet
Océan humain, dont les lentes et monotones oscillations jettent le trouble dans les coeurs
les plus croyants, je veux qu'en ce moment mon être résonne à son murmure profond.
Tout ce qui va augmenter dans le Monde, au cours de cette journée, tout ce qui va
diminuer, — tout ce qui va mourir, aussi, — voilà, Seigneur, ce que je m'efforce de
ramasser en moi pour vous le tendre; voilà la matière de mon sacrifice, le seul dont vous
ayez envie.
Jadis, on traînait dans votre temple les prémices des récoltes et la fleur des troupeaux.
L'offrande que vous attendez vraiment, celle dont vous avez mystérieusement besoin
chaque jour pour apaiser votre faim, pour étancher votre soif, ce n'est rien moins que
l'accroissement du Monde emporté par l'universel devenir.
Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la Création, mue par votre attrait, vous
présente à l'aube nouvelle. Ce pain, notre effort, il n'est de lui-même, je le sais, qu'une
désagrégation immense. Ce vin, notre douleur, il n'est encore, hélas ! qu'un dissolvant
breuvage. Mais, au fond de cette masse informe, vous avez mis — j'en suis sûr, parce
que je le sens — un irrésistible et sanctifiant désir qui nous fait tous crier, depuis l'impie
jusqu'au fidèle : " Seigneur, faites-nous un ! ".
Parce que, à défaut du zèle spirituel et de la sublime pureté de vos Saints, vous m'avez
donné, mon Dieu, une sympathie irréductible pour tout ce qui se meut dans la matière
obscure, — parce que, irrémédiablement, je reconnais en moi bien plus qu'un enfant du
Ciel, un fils de la Terre, — je monterai, ce matin, en pensée, sur les hauts lieux, chargé
des espérances et des misères de ma mère; et là, — fort d'un sacerdoce que vous seul,
je le crois, m'avez donné, — sur tout ce qui, dans la Chair humaine, s'apprête à naître ou
à périr sous le soleil qui monte, j'appellerai le Feu. Première partie de la Messe sur le monde, 1923
extrait de “Hymne de l’Univers”
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