©
Face aux désordres
climatiques
Avant-propos
Alors que la France tente de panser les blessures inigées le
28 février 2010 par la tempête Xynthia, la plupart des pays européens
s’interrogent, à des titres divers, sur les conséquences pour leur
territoire des désordres climatiques constatés et à venir. Si, en
effet, la vulnérabilité du continent est désormais reconnue, il est
encore difcile d’évaluer l’ampleur des changements induits par
ces variations. Quelles stratégies ont adoptées et vont adopter les
dirigeants européens face à ces bouleversements climatiques?
BenjaminGarnaud (IDDRI) montre que l’Europe s’est plutôt
employée jusqu’à présent à mettre en œuvre une stratégie
d’atténuation, visant à relativiser l’impact des changements. En
la matière, l’Union européenne cherche même à être pionnière
sur la scène internationale. En revanche, les pays du continent se
sont montrés jusqu’ici moins enclins à chercher des modalités
d’adaptation, mais ce retard semble en passe d’être comblé. Les
deux stratégies (atténuation et adaptation) seront ainsi peut-être
bientôt utilisées de façon complémentaire. Une autre interrogation
porte sur la question sensible des migrations liées au climat, qui va
provoquer, de façon inéluctable et dans diverses régions du monde,
des mouvements importants de population. Or, à l’encontre des
idées reçues, FrançoisGemenne (IDDRI) s’attache à démontrer
que l’enjeu, pour l’Europe, n’est pas tant d’anticiper un afux
massif de migrants venus d’autres continents et jetés sur les routes
de l’exil par les inondations, la sécheresse, le manque d’eau ou les
catastrophes naturelles mais de se préparer à des migrations internes,
sur de faibles distances, consécutives aux changements climatiques
intervenus notamment dans le sud et l’est du continent. Pour
autant, la responsabilité des pays européens, en tant qu’émetteurs
de gaz à effet de serre, à l’égard des pays les moins avancés reste
entière, de même que l’est leur engagement moral à en assumer les
conséquences sur tous les plans.
Selon les régions d’Europe, les situations sont contrastées: si la
banquise tend à se retirer au nord, la sécheresse devrait s’intensier
au sud. EliseLépy (Université de Caen) montre par exemple que la