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d'essentialisation et de désexistentialisation de l'être qui a marqué les
grandes métaphysiques de l'Occident à partir de Platon, d'Aristote jusqu'à
Hegel en passant par Descartes, Leibnitz, Spinoza, Wolff et Kant. Seules
y ont échappé, semble-t-il, l'ontologie existentlelle d'un saint Thomas, et
celle plus proche de nous d'un Heidegger. Malgré les différences notables
qui les séparent, toutes deux s'entendent pour reconnaitre à l'esse, au Sein
et à l'acte d'exister le primat sur l'essentia, sur le Seindes et sur l'essence.
On a vu par contre les autres systèmes de pensée métaphysique mettre un
tel accept sur l'essence qu'ils finirent par identifier l'être et l'essence. Le ce
qui est, l'habens esse est confondu avec ce qu'est une chose, avec ce qui
fait qu'elle est ce qu'elle est. En d'autres termes, l'essence fut conçue
comme ce qui en tout premier lieu constitue l'être des choses. De là à
identifier l'être avec le possible, la philosophie du réel avec la philosophie
du possible, la distance était course. Elle fut vite franchie. Sans doute
que tous les systèmes essentialistes n'ont pas ignoré au même point l'acte
d'exister. D'ailleurs aucun, semble-t-il, ne l'a totalement discarté. Mais
après 1'avoir admis comme allant de soi, tout devait se passer par la suite
comme s'ils ne devaient plus en tenir compte. L'exister devenait alors une
sorte d'appendice extrinsèque à l'essence ou suivant la formule célèbre de
Wolff un simple “complément de possibilité”. Du même coup, écrit
Gilson, l'ontologie se trouvait réduite “à la science de l'être abstrait comme
tel, posé à part de tout être