Journal Identification = VIR Article Identification = 0542 Date: December 7, 2013 Time: 11:0 am
revue
combiné à la ribavirine, est limité par une efficacité res-
treinte, des coûts élevés, des effets secondaires majeurs et
un important risque de résistance virale [2]. De nouveaux
antiviraux ciblant la protéase du HCV ont été approuvés
récemment en Europe et aux États-Unis, mais unique-
ment pour le traitement d’une infection par le HCV de
génotype 1. D’autres substances antivirales directes ciblant
des protéines du HCV (protéase, polymérase, NS5A (pour
revue [3]), sont en cours de développement. Bien que
l’association d’un antiviral direct au traitement standard
permette d’augmenter l’efficacité du traitement, cela ne
permet pas d’éliminer le virus chez tous les patients.
Par ailleurs, l’infection chronique à HCV est une indication
majeure de transplantation hépatique. Malheureusement,
après transplantation hépatique, le virus réinfecte systéma-
tiquement le greffon et les options thérapeutiques chez le
patient greffé sont limitées à cause du risque d’interactions
médicamenteuses et de toxicité accrue du traitement [4].
Il existe donc un besoin urgent de développer des alter-
natives thérapeutiques. Une meilleure compréhension des
mécanismes d’interaction entre le HCV et sa cellule hôte,
et notamment des mécanismes d’entrée et d’internalisation
des virions, contribuera à l’identification de nouvelles cibles
thérapeutiques et au développement de nouveaux traite-
ments plus efficaces et mieux tolérés.
L’entrée virale joue un rôle important que ce soit lors de
l’initiation de l’infection par le HCV, de sa dissémination
pouvant résulter en sa persistance ou de la réinfection du
greffon au cours de la transplantation hépatique. Elle se défi-
nit comme la séquence des évènements de l’attachement
du virus à sa cellule hôte jusqu’à la libération du génome
viral dans le cytoplasme. Le HCV, arrivant par la circu-
lation sanguine au foie, interagira avec différents facteurs
d’attachement et d’entrée à la surface de la membrane
basolatérale des hépatocytes afin d’être internalisé par ces
cellules et de poursuivre son cycle de vie. En plus de cette
infection des hépatocytes par le virus libre, qui joue un rôle
fondamental au cours de la primo-infection par le HCV, il a
été démontré qu’une autre voie d’infection existe : la trans-
mission de cellule à cellule [5, 6]. En effet, le HCV peut être
transmis directement d’un hépatocyte infecté à un hépa-
tocyte adjacent et cette voie de transmission joue un rôle
primordial pour l’établissement d’une infection chronique.
Bien que les mécanismes exacts de transmission de cel-
lule à cellule du HCV restent à élucider, plusieurs facteurs
d’entrée importants pour l’entrée du virus libre ont égale-
ment été identifiés comme cruciaux pour ce processus (pour
revue [7]). Les glycoprotéines d’enveloppe E1 et E2 consti-
tuent les facteurs viraux impliqués dans l’internalisation
du HCV interagissant avec divers facteurs cellulaires. Au
cours des dernières années, l’évolution des technologies
et donc des modèles d’étude du HCV (pour revue [8, 9])
a permis de découvrir de très nombreux nouveaux récep-
teurs et cofacteurs d’entrée de ce virus (pour revue [7]).
L’entrée du HCV devient donc un mécanisme d’une grande
complexité, faisant intervenir une multitude de facteurs de
l’hôte. De plus, ce processus est en partie responsable de la
spécificité tissulaire et d’espèce de l’infection par le HCV.
Cette revue fait le point sur les récentes découvertes sur le
processus d’entrée du HCV et développe la séquence des
évènements conduisant à l’internalisation des virions, les
facteurs cellulaires mis en jeu et les voies de signalisation
impliquées.
Les facteurs d’attachement et d’entrée
du virus de l’hépatite C
Chez les patients atteints d’hépatite C, le HCV circulant est
associé à des lipoprotéines comme les apolipoprotéines E,
B, C1, C2 et C3 (apoE, B, C1, C2, C3) pour former des
lipoparticules virales (LVP) [10]. Ces LVP suivront le flux
sanguin jusqu’au foie où le virus pourra pénétrer dans ses
principales cellules cibles : les hépatocytes. Cette compo-
sition particulière du virus impacte l’interaction avec les
hépatocytes et le processus d’entrée du HCV [11].
La première étape lors de l’infection des hépatocytes par
le virus libre est l’attachement du virion aux cellules cibles
(figure 1). Ce mécanisme fait intervenir plusieurs éléments
qui sont à la fois cellulaires et viraux. Ainsi, de nombreux
facteurs contribuent à la fixation du virus aux cellules hôtes
tels que les héparanes sulfates protéoglycanes (HSPG),
le récepteur des LDL (LDLR), le récepteur scavenger BI
(SR-BI), les lectines de type C, l’apoE, l’apoB et les gly-
coprotéines de surface E1 et E2 du HCV. L’attachement
du virus à la membrane cellulaire est suivi par l’interaction
du virus avec plusieurs facteurs conduisant à des réarrange-
ments moléculaires à la membrane plasmique et permettant
l’internalisation virale (figure 1).
Les protéoglycanes à héparanes sulfates,
le récepteur des LDL et les apolipoprotéines
L’attachement initial du HCV fait intervenir des facteurs
cellulaires non spécifiques au HCV et également utilisés
par d’autres pathogènes. Les lectines de type C, L-SIGN et
DC-SIGN, sont présentes à la surface des cellules dendri-
tiques (DC-SIGN) et à la surface des cellules endothéliales
du foie (L-SIGN) [12]. Elles appartiennent à la famille des
récepteurs de reconnaissance de pathogènes (PRR) qui ont
la capacité de reconnaître des motifs moléculaires associés
aux pathogènes (PAMPs) de nombreux virus et bactéries.
Dans le cas du HCV, il a été démontré que DC-SIGN et
L-SIGN interagissent directement avec la glycoprotéine
402 Virologie, Vol 17, n◦6, novembre-décembre 2013
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