L`effet de serge - L`Entracte, scène conventionnée de Sablé-sur

L’effet de serge
Vivarium studio / philippe quesne
ThÉÂtre, performance
Dans son appartement pavillonnaire, Serge concocte à ses amis des
performances de quelques minutes, mini-spectacles à effets spéciaux. Avec
deux pétards, un cierge magique et un hélico télécommandé, il offre ainsi à un
public restreint, chaque dimanche après-midi, d’improbables
représentations, incongrues et poétiques. Pour le moins économe dans leur
approche de la théâtralité, ces séquences utilisent peu d’éléments
dramaturgiques, peu de techniques de jeu et quelques mots. Des cloisons en
placoplatre, une baie vitrée ouvrant sur un jardinet, un bout de moquette, une
télévision, une chaîne hifi, une table de ping-pong sont les éléments du décor
de ce spectacle, recyclés d’anciennes mises en scène.
L’Effet de Serge
déjoue ainsi par l’absurde l’ordinaire du quotidien. Avec un humour décalé,
Philippe Quesne chamboule les conventions théâtrales et l'adresse au public
dans un spectacle, pour le moins, inclassable.
SÉance tout public
Mardi 13 novembre 20h30
Centre culturel / sablÉ-sur-sarthe De la 4ème à la terminale / 1h15
Conception,
mise en scène,
scénographie
Philippe Quesne
Avec
Gaëtan Vourc'h
Isabelle Angotti
Rodolphe Auté…
et des invités locaux
Production Vivarium Studio
Coproduction Ménagerie de Verre
(Paris) dans le cadre des résidences
Avec le soutien du Forum, Scène
conventionnée (Blanc-Mesnil), du
Festival actOral montévidéo
(Marseille)
La compagnie est conventionnée par
la DRAC Ile-de-France.
Création en novembre 2007 à la
Ménagerie de Verre (Paris)
© Argyroglo
Des « modèles » selon le mot de Bresson, fidèles complices de Quesne
occupent le plateau, avec cette fois-ci en solo Gaëtan Vourc’h dans la peau de
Serge, personnage de la fiction. Vourc’h, en cosmonaute, annonce au public le
protocole des productions du Vivarium Studio : « en général, on commence les
spectacles par la fin du spectacle d’avant ; l’année dernière je jouais dans
D’Après
Nature
, un spectacle qui se terminait comme ça, j’étais en cosmonaute. On était
d’ailleurs plusieurs à être en cosmonaute. Là je vais jouer
L’Effet de Serge
, un
spectacle autour de la vie de Serge et qui se passe chez lui ». Il présente le lieu de
vie de Serge, artiste concepteur de projets.
Que signifie la pratique d’un artiste qui bricole chez lui des mini-spectacles à peu
de frais devant un auditoire amical ? Quesne porte un regard amusé sur ce qui
pourrait être une tendance actuelle du discours des professionnels, une apologie
des projets conçus avec peu d’argent (alors que sur certaines scènes perdure un
excès de moyens) ? Malheureusement cet encouragement au bricolage ne sous
tend pas le principe esthétique, disons d’un post théâtre pauvre, dont la pauvreté
consistait à réduire les artifices du théâtre au profit d’une poétique du jeu de
l’acteur, mais constitue un argument économique de la politique culturelle. Serge
est sans effets mais le spectacle de Quesne fait son effet. Comme toujours
Quesne produit un théâtre critique, jubilatoire, qui travaille autant les codes
esthétiques de la théâtralité que les problématiques contemporaines. A l’heure
actuelle, les premiers pas sur le plateau de Gaëtan alias Serge en cosmonaute est
une entrée hautement signifiante : l’artiste appartiendrait-il à une autre planète,
tant il semble considéré par ses Pairs comme un être à part affranchi de toutes
préoccupations matérielles?
Pascale Gateau
À PROPOS DU SPECTACLE
Vivarium studio /
Philippe quesne
En 2003, j’ai fondé l’association Vivarium Studio, afin de concevoir et mettre en
scène mes propres créations et d’interroger le théâtre comme un art
d’assemblage, un art hétérogène. Mon premier spectacle,
La démangeaison des
ailes
, a été inventé avec un groupe de travail composé d’acteurs, de plasticiens,
d’un danseur-musicien, d’un régisseur de cinéma et d’un chien. Riche de cette
première aventure, l’expérience se prolonge depuis sept ans maintenant avec ces
mêmes collaborateurs, auxquels se joignent ponctuellement des invités ou des
figurants qui viennent enrichir en France et à l’étranger chacune de nos créations.
Depuis ma première pièce, mes projets mettent en relation un thème et un mode
de narration approprié : le désir d’envol et la chute (
La démangeaison des ailes
)
,
l’hébétude face aux risques du futur (la série
Des expériences
), les menaces
environnementales et notre incapacité à y remédier (
D’après Nature
), la capacité
de l’être humain à être artiste et à inventer (
L’Effet de Serge, La Mélancolie des
dragons, Big Bang
). En considérant que le théâtre de textes existe, qu’il est
primordial, mais n’est pas seul apte à interroger notre monde, je conçois des
spectacles qui cherchent à développer une dramaturgie contemporaine à partir de
problématiques qui nous habitent. Les sujets abordés, souvent avec une douce
ironie, le sont via différents types de texte (interviews, articles, poèmes,
chansons, listes de mots) qui contribuent à la cohérence narrative de la scène en
se combinant avec d’autres éléments du théâtre (corps, son, lumière, vidéos).
Ce principe d’écriture scénique repose également sur une relation privilégiée
entre l’espace de jeu, la scénographie et les corps qui y sont mis en scène. Je
conçois des dispositifs scéniques qui sont autant des décors que des ateliers de
travail, des « espaces vivarium » pour étudier des microcosmes humains. Mes
spectacles se nourrissent de références hétéroclites puisées dans la littérature,
les sciences humaines, les arts plastiques, la musique, le cinéma, etc. Dans le
cadre de certains projets, j’utilise des matériaux empruntés au « réel » (collectes
de témoignages, interviews). L’idée de départ est souvent prétexte à des
expérimentations, du processus de création à la représentation, préservant
l’ambiguïté vrai/faux, réel/artificiel, illusion/vérité. Le flottement du vivant…
Philippe Quesne
QUELQUES PISTES Le Théâtre de l’Absurde
Dans les années 1950, le Théâtre de l’Absurde naît des controverses d’après-
guerre qui touchent les fondements mêmes de la littérature (langage, personnage,
temps, espace...). Certains auteurs comme Samuel Beckett, Eugène Ionesco, Jean
Genet ou Arthur Adamov, s’illustrent dans ce nouveau genre. Le traumatisme de la
Seconde Guerre Mondiale suscite chez les intellectuels un débat essentiel,
l’écrivain doit-il s’engager dans le débat politique et public pour éviter que de
pareilles horreurs ne se reproduisent ? D’autant plus que beaucoup d’écrivains
viennent de vivre des expériences affreuses qui vont contribuer à l’apparition
d’une littérature de la dérision.
Le Théâtre de l’Absurde se caractérise par la disparition de l’histoire (les
situations n’évoluent pas), la crise du personnage (présenté comme un pantin qui
perd parfois son identité) et un certain tragique de la conscience (solitude,
souffrance, absurdité de la condition humaine). Il dénonce la société sur un ton
plein de dérision et d’humour noir.
Monty Python
Monty python est un groupe d’humoriste britannique qui a œuvré des années 1960
aux années 1990. Cette troupe est formée de John Cleese (1939), Eric Idle (1943),
Terry Gilliam (1940), Michael Palin(1943), Terry Jones (1942) et Graham Chapman
(1941-1989). L’humour des pythons est bien connu pour son caractère absurde.
Or, ce type d’absurde n’est pas dépourvu de sens puisque celui-ci fait de
nombreuses références à des questions politiques, historiques, philosophiques et
même sociales.
La bande dessinée
Dès ses origines, la bande dessinée s’est imposée comme l’un des plus efficaces
média du rire, dans la satire sociale, la caricature politique ou l’absurde.
La presse
Cette tranche de vie, aussi flottante qu’une partie de ping-pong en solo sur une
table de salle à manger, possède le charme d’une fable sur le vide de nos
quotidiens. Comment habiter sa vie (ou le plateau) ?
L’Effet de Serge
y répond
avec une fantaisie économe qui sauve son auteur et émerveille la galerie. Tout en
ironisant sur l’invention théâtrale, cette pièce faussement ingénue témoigne de
l’importance vitale du geste créatif quel qu’il soit.
Le Monde, Rosita Boisseau
De courtes séquences drôles, poétiques et oniriques, dans une veine
délicieusement critique. Philippe Quesne a de la suite dans les idées. (…) Moins
panique que l’effet de serre, les revoici dans
L’Effet de Serge,
une série d’actions
aussi courtes que désopilantes, opérées par Gaëtan Vourc’h, grande Duduche
solitaire au tempérament mâtiné de l’inventivité d’un Gaston Lagaffe et des
difficultés relationnelles d’un Gai-Luron. Face à ces références exclusivement
liées à la BD qui nous viennent spontanément, Philippe Quesne avoue, lui, avoir
songé, pour préparer ce spectacle, à
« Paul Nougé, Roman Signer, les Sims,
Melodium, Gregory Crewdson, Goulwen Boivin, Glen Baxter, Jean-Luc Godard,
Hauser Orkater, Sparklehorse, Chris Ware, Samuel Beckett, Paul Hornschemeier,
Robert Filliou, Jérôme Bosch, Smog et d’autres... ».
Rassurez-vous, cette
avalanche d’influences ne se devine ni n’alourdit la veine légère et délicieusement
critique, c’est-à-dire lucide et réflexive, qui caractérise la démarche de Philippe
Quesne. Le mystère de la représentation - la durée, l’espace, le personnage ; on
n’invente rien, on expérimente toujours - reste son graal, même drolatique à la
façon des Monty Python.
Les Inrockuptibles, Fabienne Arvers
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