Inteview du P. Frédéric Fornos, SJ, le nouveau Directeur Général

Inteview du P. Frédéric Fornos, SJ, le nouveau Directeur Général Délegué
de l’AP et du MEJ
Père Frédéric Fornos, SJ, le nouveau Directeur Général Délegué de l’Apostolat de la Prière (AP)
et du Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ), a assumé officiellement la mission au cours
de la 4ème Rencontre Panafricaine de l’Apostolat de la Prière et du MEJ, en Douala,
Cameroun. P. Fornos est en 1968. Il a entré dans la Compagnie de Jésus en 1994 et, en
2004, il a été ordonné. Pour en savoir plus sur sa histoire dans l'interview qui suit.
Interview du père Frédéric Fornos, SJ
Pourquoi choisissez-vous d’être prêtre jésuite? Racontez un peu votre histoire.
J’ai rencontré Jésus-Christ grâce aux protestants évangéliques qui donnaient les Evangiles dans
la rue. Je suis resté plusieurs années proche d’eux, dans la prière et l’approfondissement des
Ecritures. Peu après être tombé amoureux d’une jeune femme, Cathy, le Seigneur m’a invité à
le suivre. C’était le 18 août 1990. Je me sentais appelé à aller de village en village à la manière
des Apôtres, comme je le voyais dans les Evangiles, pour annoncer sa Bonne Nouvelle. Comme
je désirais être “célibataire pour le Royaume” (Mt 19-10-12), pour une plus grande
disponibilité, et à la manière des Apôtres, dans la mobilité et la docilité à l’Esprit, je suis allé
vers l’Eglise Catholique et ai demandé à devenir “prêtre jésuite”.
Quels ont été les faits marquants dans votre travail en tant que le coordinateur européen de
l’Apostolat?
En Europe, dans notre contexte culturel, l’Eglise est en pleine mutation. Une figure d’Eglise est
en train de disparaître dans les douleurs de l’enfantement, mais nous pouvons percevoir
d’autres figures d’Eglise que l’Esprit du Seigneur fait naître. Comme le disait le pape Benoît XVI
« le centre de la crise de l’Église en Europe est la crise de la foi ». La foi naît de la rencontre
avec le Christ Ressuscité au cœur de nos vies, en y reconnaissant, par notre cœur brûlant, sa
présence. La prière est essentielle, ainsi qu’un « art de vivre l’Evangile » au cœur des défis de
notre monde. En Europe l’Apostolat de la Prière est en crise et le Mouvement Eucharistique
des Jeunes, bien que dynamique est peu présent. Mon premier souci, ces dernières années, a
été d’accompagner le processus de recréation de l’Apostolat de la Prière en Europe, à l’aide
des documents élaborés au niveau international. Je pense que si nous continuons sur ce
chemin, l’AP, qui est le réseau de prière du Pape François, peut retrouver une nouvelle
jeunesse.
Vous avez reçu la mission de Directeur Général Délegué de l’Apostolat de la Prière et du
Mouvement Eucharistique des Jeunes. Comment avez-vous reçu cette nouvelle? Et quand
est-ce que le nouveau mandat commence?
Lorsque ma nomination officielle par le Père général a été rendue publique, le 20 septembre
2014, je me demandais encore s’il n’y avait pas eu une erreur dans le casting. Je travaillais
depuis 4 ans avec le Père Claudio Barriga dans son conseil international, et depuis 2 ans
comme son conseiller principal pour le processus de recréation. Il y avait donc quelques
risques pour que je sois appelé à lui succéder, mais lorsque cela a été confirmé par le Père
général j’ai été tout de même surpris. Le Seigneur est le Dieu des surprises. Il vient au moment
on ne l’attend pas, mais j’avais depuis un moment préparé mon coeur intérieurement pour
me rendre libre et accueillir ce que le Seigneur attendait de moi, mon seul désir étant d’être
docile à son Esprit. Aujourd’hui je découvre donc cette mission avec joie. Accompagner et
soutenir à travers le monde les équipes qui ont en charge l’AP et le MEJ, non pas autour du
bassin méditerranéen, comme à l’époque de saint Paul, mais autour du monde. C’est une
grâce de pouvoir être témoin de ce que fait le Seigneur dans le monde.
Nous sommes allés avec P. Claudio au Togo, au Gabon et au Cameroun, rencontrer les équipes
locales du Mouvement Eucharistique des Jeunes et participer à la 4ème Rencontre
Panafricaine de l’Apostolat de la Prière et du MEJ. Nous avons été témoins de la foi profonde
de beaucoup d’hommes, femmes et jeunes. J’ai pu découvrir le dynamisme du MEJ local à
travers des temps de prière, d’échange, de chants et de danses. Un moment particulierement
émouvant a eu lieu le lundi 14 avril à Douala, lorsque nous avons fait avec Claudio la passation
des fonctions.
Comment voyez-vous cet appel à la mission confiée à l’Apostolat, depuis que tout a
commencé en France il y a 170 ans?
Je viens de France, de Toulouse, cette ville du Sud-Ouest qui a vu la naissance de l’Apostolat de
la Prière il y a 170 ans. Je suis donc particulièrement sensible à l’étincelle initiale qui s’est
propagé à travers le monde. Un chemin de disponibilité à la mission du Christ. Aujourd’hui
comme hier, Jésus, le Ressuscité, continue d’inviter des hommes et des femmes à être avec lui,
dans une relation intime et personnelle, au plus près de son Coeur, pour mieux répondre aux
défis de notre humanité. L’AP peut aider, comme le disait le Pape François, à « redécouvrir
notre baptême comme source vive, puiser une énergie nouvelle à la racine de notre foi et de
notre expérience chrétienne... C’est à cette étincelle que je puis allumer le feu pour
l’aujourd’hui, pour chaque jour, et porter chaleur et lumière à mes frères et à mes sœurs »
(Veillée Pascale 20 avril 2014)
En votre opinion, quels sont les principaux défis en votre mission?
Je ne connais pas suffisamment la réalité culturelle et ecclésiale au Brésil, ou même en
Amérique Latine, aussi ma vue reste partielle. Sur le plan international il me semble important
d’accompagner le processus de recréation de l’Apostolat de la Prière sur le terrain, en lien avec
le MEJ. Favoriser les collaborations et les synergies. Prendre en compte que nous sommes
dans un monde de communication visuelle, en renforçant en particulier notre présence dans le
continent numérique. Redonner aussi un dynamisme missionnaire à l’AP au service de la
revitalisation spirituelle des Paroisses.
On vit dans une diversité culturelle et religieuse sans précédent. Comment peut-on
surmonter cette diversité et faire progresser le travail fait avec l'Apostolat de la Prière?
L’Apostolat de la Prière a un atout dans la diversité culturelle et religieuse sans précédent que
nous vivons au niveau planétaire. L’AP est un réseau mondial de prière au service des défis de
l’humanité et de la mission de l’Eglise, exprimés dans les intentions mensuelles du Pape.
Beaucoup de défis qui nous sont proposés par le Pape concernent tout le monde, quelles que
soient les convictions religieuses ou philosophiques, ou même les cultures : l’écologie, la
promotion d’un développement économique de la dignité de tous, le respect des personnes
âgées et des droits des femmes, les réfugiés, etc. Nous pouvons ensemble, par la prière et le
service, contribuer à un monde nouveau de fraternité et de paix.
Quelle est l’importance de l’Apostolat de la Prière aujourd’hui?
L’Apostolat de la Prière est aujourd’hui présent dans 84 pays dans le monde, sur tous les
continents. 40 millions de personnes participent et soutiennent ce réseau de prière. Bien que
l’Apostolat de la Prière soit très vivant et répandu au Brésil, d’après ce que me dit le P. Claudio,
dans de nombreux pays il est veillissant et n’a plus de dynamisme missionnaire, c’est pourquoi
une “recréation” est nécessaire (comme le dit le Père Adolfo Nicolas, Le Père Général). Nous
ne pouvons pas la décréter, elle dépend de l’Esprit du Seigneur, mais nous pouvons nous y
disposer.
L’Apostolat de la Prière est une mission confiée à la Compagnie de Jésus et reconnue par
l’Église depuis 1849. Comment est-il possible de maintenir et en même temps faire connaître
une tradition ancienne dans le cœur et dans la vie des personnes, surtout des jeunes?
C’est en effet un difficulté car l’Apostolat de la Prière ressemble à une vieille dame. C’est le
problème aussi de l’Eglise et de l’Evangile, avec ses mots et images usés, tellement entendus
et connus qu’ils semblent ne plus pouvoir rejoindre nos vies. C’est pourquoi un des défis de
l’Apostolat de la Prière, dans le processus de recréation que nous vivons, est de trouver un
langage et des images nouvelles qui puissent rendre compte du trésor qui nous a été confié et
qui, nous le croyons, peut aujourd’hui encore aider la mission du Christ. Certains pensent que
l’Apostolat de la Prière est comme une grand-mère a qui nous demanderions de surfer sur les
vagues des plages de Rio de Janeiro, je ne sais pas en effet si elle y arriverait, mais je connais
une soeur de 86 ans qui, apprenant que l’AP était sur internet, s’est mise à surfer sur le web et
à accompagner sa communauté et ses nièces dans ce nouveau continent où Jésus nous
précède.
Au Brésil, le Mouvement Eucharistique des Jeunes est encore relativement faible et peu
connu. Comment peut-on engager et motiver les jeunes à rejoindre ce mouvement?
Jésus est le même, hier et aujourd’hui. Celui qui le rencontre en est bouleversé et sa vie
transformée. L’AP propose un chemin éprouvé dans le temps, un chemin pour se laisser saisir
par cet Amour que la petite Thérèse de Jésus à connu à l’âge de 12 ans et qui l’a conduite sur
un chemin de sainteté. Thérèse de Lisieux, comme enfant, était membre dans l’Apostolat de la
Prière, de ce qui deviendra plus tard le MEJ le Mouvement Eucharistique des Jeunes. Elle est,
avec saint François-Xavier, la sainte patronne de l’AP et du MEJ. Celle qui a su trouver dans sa
petite voie de l’amour, un “ascenseur” qui l’a conduite, sans faire d’immenses efforts, au coeur
de Jésus, aidera certainement les jeunes qui le souhaitent à répondre aux grands désirs qu’ils
portent et aux défis du monde d’ajourd’hui.
La première rencontre du Mouvement Eucharistique des Jeunes au Brésil va avoir lieu ce mois
de mai (1er 4 mai). Je pense qu’elle contribuera, avec l’aide de l’équipe nationale, à créer
une dynamique MEJ qui sera non seulement heureuse pour les jeunes mais la rendra plus
présente dans l’Eglise du Brésil.
Journaliste Vanessa Fonseca
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