4
avis, aura tendance à s’affranchir des limites mises par la loi à fonctions. Il propose la
dénomination de chambre impériale de comptabilité ; l’appellation de commissaire-juge aux
comptes lui semble préférable à celle de maîtres aux comptes, et de commissaire impérial à
celle de procureur impérial.
Cambacérès, ancien maître des comptes à la Cour des comptes, Aides et finances de
Montpellier (office tenu également par son père et son grand-père), réfute bon nombre des
critiques de Gaudin. Son Avis sur les observations de Gaudin est intéressant non seulement
par les arguments avancés, mais parce qu’il souligne la participation de Napoléon à
l’élaboration du texte. Le terme de Cour, écrit Cambacérès, est devenu purement honorifique
et ne se rattache pas plus aux anciennes idées que les nouveaux titres aux titres féodaux. Il
ajoute qu’il n’est pas exact de dire qu’il n’y a rien de juridique dans le nouveau Tribunal de
comptabilité, ni que dans l’ancienne chambre des comptes, on distinguait les actes judiciaires
des opérations qui avaient purement le caractère administratif. En conséquence, ce qui
concerne les termes choisis dans le projet, celui de Cour convient mieux que celui de chambre
car il a plus de dignité, celui de maître aux comptes a été voulu par Sa Majesté, qui a
également estimé que trois chambres étaient nécessaires ; si deux suffisent, il n’y aura que
deux présidents. Napoléon a dès cette date décidé qu’il y aurait 18 maîtres des comptes. C’est
le Conseil d’Etat qui a jugé le ministère public indispensable; son titre ne peut être que celui
de procureur impérial. Les autres articles du projet ne semblent pas, d’après Cambacérès,
avoir prêté à l’arbitrage impérial.
C’est ce projet de loi corrigé qui sera présenté par le tribun Gillet de La Jacqueminière
au Corps législatif et voté le 16 septembre 1807. Telle qu’elle est organisée la Cour est
conçue pour recevoir et juger les comptes publics ; elle n’avait pas à se prononcer sur l’action
des ordonnateurs, ni sur la légalité des dépenses. Il ne lui appartenait pas de censurer la
politique du gouvernement, mais, par ses observations, d’aider à son application.
Un certain nombre des autres articles composant le second projet seront insérés avec
ou sans modification dans le décret d’application.
Le décret du 28 septembre
Il fait l’objet également de deux projets : l’un présenté au Conseil d’Etat le 22
septembre, le second le 25 septembre. Barbé-Marbois dont ses amis Lebrun et Mollien ont
obtenu de l’Empereur la désignation comme Premier Président de la Cour, a présenté des
commentaires sur le premier projet. Ils sont intéressants notamment parce qu’ils soulignent
certaines décisions de l’Empereur et leur divergence par rapport à celles du Conseil.
L’article 6 de la loi du 16 septembre prévoyait l’inamovibilité des magistrats. Aucun
article sur l’inamovibilité ne figure dans le premier projet de décret, alors que le second
indique : « Nos lettres de nomination à vie seront données …aux conseillers … après trois ans
d’exercice...». Selon les notices de Barbé-Marbois, les membres du Conseil d’Etat
prévoyaient un noviciat de cinq ans pour les maîtres des comptes, de deux ans pour les
référendaires, Barbé de deux ans pour tous. Napoléon tranche et décide qu’il serait de cinq
ans pour tous.
La loi du 16 septembre ne fixait pas le nombre des référendaires. Les deux projets de
décret avançaient le chiffre de 80 référendaires qui selon le deuxième projet seraient « divisés
par moitié en première et deuxième classe ». C’est Napoléon lui-même qui fixa le nombre des