Le système immunitaire
L’organisme doit se protéger des agressions qu’il subit continuellement de la part du milieu
externe.
Cette protection consiste tout d’abord en l’interposition d’une barrière entre l’organisme et
le milieu externe (la barrière cutanéo-muqueuse). Lorsque cette barrière est franchie par un
agresseur physique, chimique ou biologique, l’organisme développe une réaction de défense non
spécifique, commune à tous les types d’agressions possibles, la réaction inflammatoire.
Les réactions développées en réponse à une agression par des micro-organismes ou des
toxines constituent l’immunité. Cette dernière peut être non spécifique (innée) ou spécifique
(acquise). La réaction immunitaire est intimement liée à la réaction inflammatoire, les deux se
complétant réciproquement.
I L’immunité naturelle.
I 1 le « soi » et le « non soi ».
L’ensemble des réactions qui constituent l’immunité résident dans la capacité de
l’organisme à reconnaitre les molécules et les structures qui lui sont propres soi ») et celles qui
viennent de l’extérieur (« non soi »). La réaction ne s’exerce (normalement) que vers le non soi.
Cette reconnaissance sur les protéines, qui sont les seules structures spécifiques du monde vivant.
Tout organisme possède un nombre important de protéines qu’il synthétise dans ses cellules.
Toutes ces protéines sont reconnues comme « soi » pour l’organisme.
Le déclenchement de la réaction immunitaire nécessite donc qu’une protéine, ou qu’un
fragment de protéine « non-soi » arrive à traverser la barrière cutanéo-muqueuse. La reconnaissance
a lieu entre les cellules spécialisées du système de défenses (les lymphocytes) et toutes structures
contenant des protéines.
Les structures cellulaires sont reconnues à l’aide de certaines de leurs molécules de surface
qui jouent le rôle de marqueurs du « soi ». Ces marqueurs sont des protéines situées à la surface de
presque toutes les cellules de l’organisme, mais certains sont plus nombreux à la surface de certaines
cellules spécifiques. Ainsi, les marqueurs AB sont retrouvés à la surface des hématies. Il s’agit de
deux protéines A et B qui peuvent se trouver ensemble (gropue AB) ou séparées (A ou B). Si aucune
protéines ne se trouve à la surface des globules rouges, on parle de groupe 0. Il en est de même pour
les autres marqueurs, comme les antigènes Rh.
Un autre groupe important de marqueurs et le groupe HLA (huma leucocyte antigen),
initialement décrit sur les globules blancs (leucocytes) et qui en a gardé le nom. Ces protéines sont
présentent sur toutes les cellules de l’organisme. Il est aussi appelé complexe majeur
d’histocompatibilité, car tout transplant de tissu ou d’organe doit tenir copte de la compatibilité en
les marqueurs HLA du donneur et du receveur, faute de quoi l’organisme de ce dernier développe
des anticorps contre le tissu implanté et risque de le détruire.
I 2 La barrière cutanéo-muqueuse.
I 2 1 La peau.
La peau recouvre l’ensemble de la surface de l’organisme. Elle constitue une protection
efficace contre la plupart des facteurs physiques, chimiques et physiques.
- Protection mécanique : La structure de l’épithélium stratifié de la peau lui confère une
grande résistance aux facteurs extérieurs. De plus, il y a une certaine imperméabilité des
cellules épidermiques lorsqu’elles se chargent de kératine. Enfin, les radiations
ultraviolettes très agressives pour la peau sont contrées par les cellules pigmentaires de
la peau qui contiennent de la mélanine.
- Protection biologique : les sécrétions cutanées et notamment la sécrétion de sébum,
contiennent aussi des molécules comme des acides gras, qui possèdent un pouvoir
antiseptique. La surface de la peau est colonisée par la flore saprophyte qui s’oppose au
développement de micro-organismes étrangers.
I 2 2 Les muqueuses.
Les muqueuses assurent le recouvrement et la protection des cavités internes en contact
avec l’extérieur : le tube digestif, l’appareil respiratoire, urinaire et génital.
- Protection mécanique : Les muqueuses sont plus fragiles que la peau (constituée d’une
seule rangée de cellules). Cependant, les muqueuses sécrètent du mucus, qui permet de
fixer certaines particules et de les évacuer par la suite. (ex : cellules ciliées).
- Protection biologique : Le mucus et certaines autres sécrétions (larmes, salive)
contiennent des substances antiseptiques. De plus, certaines muqueuses contiennent
une flore microbienne saprophyte qui inhibe le développement des micro-organismes
pathogènes.
La barrière cutanéo-muqueuse est efficace contre la majeure partie des agressions extérieures à
condition qu’elle soit intacte. C’est là sa principale limite. En effet, si sa structure est altérée par la
malnutrition, par l’âge, par des toxiques (alcool, tabac…) ou que sa continuité soit rompue (ex :plaie
ou brulure) son efficacité diminue rapidement. Une porte d’entrée est ainsi offerte aux agresseurs.
I 3 La réaction inflammatoire.
L’inflammation est l’ensemble des phénomènes survenant lorsqu’un facteur agresseur
provoque une lésion dans un tissu de l’organisme. Les signes cliniques de l’inflammation sont la
rongeur, l’œdème, la chaleur et la douleur.
I 3 1 Les phases de l’inflammation.
Quelque que soit l’agent agresseur, l’inflammation évolue en plusieurs phases.
- Vasodilatation du tissu lésé : Ceci est un acte reflexe végétatif dont le but est d’y assurer
une quantité suffisante de sang. Cette vasodilatation est complétée par une
augmentation de la perméabilité de la paroi vasculaire, qui permet aux molécules et aux
cellules sanguines d’accéder au tissu lésé.
- Phénomènes sanguins : On observe une coagulation du sang dans les petits vaisseaux
locaux et la coagulation de la lymphe. Cela permet l’isolement du foyer inflammatoire du
reste de l’organisme, empêchant la propagation des microorganismes. De
De nombreuses cellules sanguines migrent au niveau de l’inflammation.
- Phase cellulaire : permet l’élimination de l’aggresseur.
I 3 2 - Les cellules de l’inflammation.
Les cellules qui interviennent sont surtout des cellules sanguines. On observe :
- Les monocytes/macrophages : Les monocytes migrent vers les tissus agressés où ils se
différencient en macrophages. Ces cellules vont être les premières à intervenir dans la
réaction inflammatoire. Des molécules chimiotactiques permettent d’attirer ces cellules
vers le foyer inflammatoire.
- Les neutrophiles : ce sont les premières cellules à arriver dans le foyer inflammatoire,
avant les monocytes.
Les cellules réalisent la phagocytose, phénomène qui consiste à l’adhésion puis l’ingestion de
l’agent pathogène. Une fois absorbé, il est digéré à l’aide d’enzymes. Les déchets sont ensuite
exocytés.
Un grand nombre de cellules meurent dans cette confrontation.
I 3 3 Les molécules de l’inflammation.
Le tissu lésé produit une grande quantité de molécules qui entretiennent l’inflammation.
Elles augmentent la perméabilité des vaisseaux sanguins, attirent les cellules immunitaires, stimulent
leurs production dans la moelle, inhibent le développement des microorganismes…On observe les
interleukines, l’histamine, les prostaglandines, le système du complément
I 3 4 La formation du pus.
Les cellules immunitaires mortes, le reste de tissu dégradé et de microorganismes forment
au bout de quelques jours la formation du pus. Ce dernier est dégradé par les macrophages.
I 3 5 Cicatrisation.
Les fibroblastes migrent aussi au niveau de la zone lésée. Ces cellules conjonctives se
multiplient, puis se différencient pour reformer le tissu abimé.
II Réaction immunitaire.
II 1 L’immunité non spécifique.
L’immunité non spécifique (également innée ou naturelle) comprend tous les mécanismes
non spécifiques de protection mis en place par l’organisme pour se protéger des microorganismes
et des toxines.
Si l’agression est provoquée par un micro-organisme, la réaction inflammatoire est la même
mais elle complétée par d’autres aspects de l’immunité non spécifique (et parfois par des réactions
d’immunité spécifique).
On observe comme phénomène la phagocytose par les neutrophiles et les macrophages,
mais aussi l’intervention de lymphocytes dits « Natural killer » (ou NK) qui sont capables de
reconnaitre et détruire les cellules étrangères, mais aussi des cellules tumorales et des cellules
infectées par des virus. On observe également l’intervention du système du complément (protéines
sanguines qui perforent les membranes des agents pathogènes).
II 2 L’immunité spécifique.
Cette immunité spécifique (ou acquise) est basée sur l’action de deux types de cellules, les
lymphocytes T et les lymphocytes B. Elles sont capables de reconnaitre une molécule protéique et
de déclencher des réactions aboutissant à sa destruction.
Ces deux types de lymphocytes communiquent avec les autres cellules du système
immunitaire. Ils sont à l’origine de l’immunité humorale (lymphocytes B) et de l’immunité cellulaire
(lymphocytes T).
Les lymphocytes sont des cellules originaires de la moelle hématopoïétique, qui la quittent
pendant la vie intra-utérine pour rejoindre, soit le thymus ou ils deviennent des lymphocytes T, soit
d’autres organes lymphatiques ou ils se différencieront en lymphocytes B. Après leurs spécialisations,
ces cellules vont colonisées les autres organes lymphatiques comme la rate, les ganglions…
L’activation de ces immunités se fait par la présence d’une molécule étrangère. Cette
molécule est appelé antigène. La base de la reconnaissance d’un antigène comme « non soi » et de la
réaction immune, correspond au couplage de ce dernier avec un récepteur qui se situe sur la
membrane du lymphocyte (complémentarité des structures). L’antigène peut être reconnu
directement par les lymphocytes, soit il est capté par les macrophages puis présenté aux
lymphocytes.
II 2 1 L’immunité humorale.
Lorsque les lymphocytes B rentrent en contact avec un antigène, ils se différencient en
plasmocytes. Grâce à des modifications de leur métabolisme et d’une augmentation de taille de leur
réticulum endoplasmique, les plasmocytes produisent des anticorps. Les anticorps sont des
molécules protéiques complémentaires à l’antigène.
Ces anticorps sont produits en quantité importante (plusieurs milliers par seconde et par
cellule). Ils se retrouvent dans le sang. Ils sont alors appelés immunoglobulines. Ils en existent
différentes catégories suivant leurs structures (immunoglobulines A, G, M, E).
Quel que soit le type d’anticorps synthétisé, celui-ci a deux catégories d’actions qui
permettent de détruire l’antigène :
- Soit l’anticorps neutralise l’antigène. Ensuite ce complexe antigène-anticorps sera
ensuite phagocyté puis détruit.
- Soit la formation du complexe antigène-anticorps déclenche l’activation le système du
complément. Ce sont des molécules qui vont pénétrer dans les membranes de l’agent
pathogène, conduisant à sa destruction.
Lors de l’activation des lymphocytes B, une petite population de cellules ne se transforme
pas plasmocytes, mais en lymphocytes B « mémoire ». En fait, ces derniers vont mettre en mémoire
l’antigène rencontré, permettant à l’organisme de réagir rapidement lors d’un contact ultérieur avec
le même antigène. La réponse immunitaire sera par conséquent plus rapide, d’une intensité
supérieure et plus longue dans le temps. C’est cette mémoire immunitaire qui utilisé lors de la
vaccination.
II -2 2 L’immunité cellulaire.
L’activation des lymphocytes T entrainent leur prolifération. Ces derniers passent ensuite
dans la lymphe, dans le sang puis migre vers les tissus à travers les capillaires perméabilisés par
l’inflammation. Leur action est déterminée par le biais de molécules actives, les interleukines.
- Les lymphocytes T cytotoxiques (ou CD8) sont capables de détruire directement les
cellules cibles. Pour cela, ils s’attachent directement à la membrane cellulaire, la
perforent et injectent dans les cellules des perforines, qui sont des enzymes
protéolytiques. Cela conduit à l’éclatement de la cellule.
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