C’est en fait le statut intermédiaire de ce prétendu véhicule qui pose problème à Augustin.
Comment pouvons-nous de ce fait nous assurer de son existence!? S’il est muable selon le
lieu, il est clair qu’il n’est pas intelligible (Ep. 13, 2). Ce qui n’est pas intelligible peut certes
tomber sous les sens. Mais si une chose ne peut être ni comprise ni sentie, il est téméraire de
s’en former une opinion. Mieux vaut donc prendre congé de la question posée. Si Nébridius
objectait qu’il est du moins possible de comprendre, au sujet de certains corps que nous ne
pouvons pas percevoir nous-mêmes, qu’ils existent, il faudrait répondre en distinguant deux
espèces de compréhension!: «!De ces deux espèces, la première, celle au sujet de ce qui est en
nous, nous la comprenons par nous-mêmes en consultant Dieu (illud primum per nos, id est de
eo quod apud nos est, Deum consulendo)!; la seconde, au sujet de ce qui est annoncé par le
corps et les sens, nous la comprenons en consultant tout autant Dieu (hoc autem secundum de
eo quod a corpore sensusque nuntiatur, nihilo minum Deum consulendo intellegimus)!». En
d’autres termes, ce qui est intelligible dans nos perceptions présuppose nécessairement une
sensation. Par conséquent, dans le cas du prétendu véhicule de l’âme, «!personne ne peut
connaître si ce corps existe à moins qu’un sens ne lui ait annoncé quelque chose à son sujet!»
(Ep. 13, 4). Or nos sens n’ont rien décelé de tel. Peut-être ce prétendu corps pourrait-il être
perçu par un être doté de sens plus fins que les nôtres (Ep. 7, 4). Nos sens étant cependant ce
qu’ils sont, la question de son existence ne nous concerne pas.
Ep. 14!: Existe-t-il une forme des choses individuelles!?
La Lettre 14, qui marque l’interruption de la correspondance, tente de répondre à deux
questions!: pourquoi Augustin et Nébridius peuvent-il accomplir de nombreuses actions
identiques alors que le soleil et les autres astres ne le peuvent pas (Ep. 14, 1)!? Le Fils de
Dieu, «!suprême sagesse et forme première des choses!» «!contient-il la raison de l’homme de
façon générale ou bien aussi la raison de chacun d’entre nous!» (Ep. 14, 4)!? C’est, dit
Augustin, une «!grande question!». Elle soulève de fait un problème ancien, posé par Platon
(Rép. 596!a) puis repris par Alcinoos (Didasc. 163, 24 sq.) (➳A 78) et par Plotin (Enn. V 9,
12!; V 7 [18]), et qui consiste à savoir de quelles entités il y a des formes (cf. O’Daly 15,
p.!197). La réponse d’Augustin est dense. Elle repose sur la distinction suivante!: «!Il me
semble!», dit-il, «!qu’eu égard à la création de l’homme, il y a en Lui seulement une raison de
l’homme et non pas la mienne ou la tienne, mais qu’eu égard au cycle du temps, les diffé-
rentes raisons des hommes vivent dans la pureté qui est la Sienne!». Une analogie fort
complexe avec la géométrie doit illustrer ce point «!très obscur!».
EMMANUEL BERMON.
13 NÉCHEPSO-PÉTOSIRIS RE M II!
a!?
Auteur (plutôt qu’auteurs) gréco-égyptien, sous un nom fictif (légendaire),
d’un manuel célèbre d’astrologie, vraisemblablement produit au cours du II!
e
siècle av. J.-C., mais fondé sans doute sur une tradition plus ancienne. Ce
manuel, dont on ne conserve que des fragments épars, représente l’un des témoi-
gnages les plus anciens sur la tradition hermétique.
Témoignages et fragments. 1 E. Riess (édit.), «!Nechepsonis et Petosiridis
fragmenta magica!», coll. «!Philologus Suppl.!» 6, Göttingen 1891-1893, p.!323-
394!; 2 F. Boll (édit.), Epistula Petosiridi supposita (e cod. Berol. 170, fol. 10),
dans CCAG VII!: Codices Germanici, Bruxellis 1908, p.!161-162 (de nombreux
témoignages importants absents du recueil de Riess 1 se trouvent édités dans le
CCAG!; cf. en particulier Boll 2, p.!129-151)!; 3 F. Jacoby (édit.), FGrHist 663,
test. 3C!:214!; 4 A. Olivieri (édit.), Aëtii Amideni libri medicinales I-IV, dans
CMG VIII 1, Leipzig 1935, p.!152-255, notamment p.!164 (fr. tiré du livre II
d’Aétius)!; 5 S. Zervos, «!'A|…ß∑ 'A¥§{äµ∑◊ ≥∫z∑» {Ä≤`…∑» √Ä¥√…∑»!»,
Athena 21, 1909, p.!7-138, notamment p.!42 (fr. tiré du livre XV d’Aétius)!;