L`Etat doitil reconnaître officiellement l`islam?

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2Opinions
Tribune de Genève | Vendredi 14 mars 2014
Le débat en ligne
Cherche économies.
Désespérément
Chronique
politique
Eric Budry
Rubrique Genève
L’information livrée mercredi par
20 minutes en a surpris plus d’un. Le
Conseil d’Etat songerait à limiter l’accès
de nos écoles aux enfants dont les
parents vivent en France voisine.
Choquant, politiquement déplacé après
le 9 février et surtout en contradiction
avec la position sur le Grand Genève du
gouvernement, ce projet MCGcompatible a tout du poisson d’avril
prématuré. Il est pourtant bien réel, du
moins sous la forme d’une réflexion. Un
détail qui fait toute la différence.
Questionné par les médias, François
Longchamp a lancé un appel au calme.
Cette piste d’économies fait en réalité
partie des dizaines de chantiers ouverts
récemment par le Conseil d’Etat afin
d’explorer ce qui peut être réalisé pour
accroître sa marge de manœuvre
financière durant cette législature. Autant
s’y préparer, ces prochaines semaines
d’autres propositions décoiffantes de ce
type vont obligatoirement essaimer dans
la presse. Le président du Conseil d’Etat a
promis que tout était examiné, «sans
tabou». Prometteur.
L’opération a pour objectif de
permettre au Conseil d’Etat d’élaborer un
programme de législature compatible
avec ses moyens réels. Le document sera
présenté au plus tard le 10 juin, soit six
mois après l’entrée en fonction du nouvel
Exécutif.
Pour l’heure, ce n’est donc pas la
piste des écoles fermées aux enfants de
frontaliers (sans doute suisses pour la
plupart) qui devrait inquiéter les
Genevois, mais ce qui pousse le Conseil
d’Etat à examiner toutes les mesures
possibles, y compris les plus
improbables et les plus désagréables.
En clair, budgétairement parlant,
cela ne sent pas bon. Genève se
préparait déjà à devoir digérer ces
prochaines années la baisse des recettes
«Ce n’est pas la piste
des écoles fermées
aux enfants de
frontaliers qui
devrait inquiéter,
mais ce qui pousse
le Conseil d’Etat à
examiner toutes les
mesures possibles»
fiscales dues à la réforme de
l’imposition des entreprises. Depuis le
9 février, il devra composer avec
l’impact, encore inconnu, du retour du
système des quotas de permis
d’établissement. Et comme,
parallèlement, le peuple veut toujours
plus de prestations, le navire Etat
pourrait bien se mettre à vaciller
dangereusement. Simplement dit, il
faudra faire des choix. Parmi ceux-ci, il
serait absurde que ne figure pas le
financement de prestations par de
nouvelles recettes.
Non
43,8%
Oui
52,8%
Total: 1056 avis
www.tdg.ch
News
U Dons d’organes La Suisse a
réintroduit la pratique de prélèvements après un arrêt cardiaque. Du
coup, le nombre d’organes pour des
transplantations est en hausse.
Vidéo
U Machu Picchu Quatre touristes,
deux Australiens et deux Canadiens,
ont été surpris en train de se
photographier et de se filmer nus
dans la cité inca péruvienne.
Contrôle qualité
Propos recueillis par Irène Languin
Eric Bertinat
Conseiller municipal UDC, coordinateur romand
de l’Action pour une Suisse indépendante
et neutre (ASIN)
Il devient de plus en plus évident que nous aurons à choisir entre deux voies.
L’une consiste à considérer
que les musulmans vivant en
Suisse sont des citoyens à part
entière, et que l’Etat se doit de
reconnaître leurs droits. Cette
position a l’avantage d’écarter
toute forme de discrimination
religieuse, en assurant par
exemple un même traitement
aux Aumôneries du canton.
Elle permettrait en outre de
favoriser la transparence et le
dialogue, en impliquant davantage les musulmans dans
la société civile, ces derniers
s’engageant à en respecter les
lois et les principes.
L’autre voie est malheureusement celle qui revient à
agiter systématiquement un
épouvantail lorsque l’islam
est évoqué, et à surfer sur la
vague de l’islamophobie, qui,
hélas, fait le jeu des populistes.
L’exemple de l’interdiction des minarets a bien montré une volonté d’effacer
complètement toute forme de
visibilité de l’islam, en se livrant à des amalgames douteux, en confondant pratiques religieuses et immigration.
Gardons-nous donc de
faire passer le populisme
avant l’Etat de droit.
A ce jour, la loi reconnaît trois
confessions: l’Eglise nationale
protestante, l’Eglise catholique
romaine et l’Eglise catholique
chrétienne. Toutes trois ont un
lien historique avec notre canton. Ainsi, la cathédrale SaintPierre reçoit la prestation de
serment du Conseil d’Etat. Toutes trois ont un «interlocuteur»
qui s’exprime au nom de son
Eglise et avec lequel l’Etat peut
discuter. Tel n’est pas le cas de
l’islam qui n’a pas d’autorité religieuse commune. J’en veux
pour preuve l’appellation des
deux associations réclamant
une reconnaissance officielle de
l’islam: la Fédération d’organisations islamiques de Suisse ou
Les réactions des internautes
Le coup de gueule du Genevois
Dans mon rêve il y avait les mêmes rues
bloquées à cause du Salon de l’auto, les
mêmes barrages au début des chemins
François-Lehmann et Taverney assortis
de contrôles pour la «vignette riverain»,
les mêmes bus des TPG transportant
hommes, femmes et petits par centaines, le même air de fête, la même
émotion perceptible dans les yeux de
tous, le même enthousiasme exprimé
dans l’allure avec laquelle chacun
affronte, arrogant, les passages pour
piétons, les mêmes sacs, du moins en
apparence, que la plupart tiennent
jalousement entre les doigts. Mais quelle
était leur destination?
Avec plus de 400 000 fidèles, l’islam est, en termes de nombre de croyants, la troisième
religion de Suisse. Diverses communautés musulmanes souhaitent une reconnaissance
officielle. La revendication serait constitutionnelle, de l’avis de trois professeurs de droit de
l’Université de Lucerne. La reconnaissance juridique et politique d’une organisation religieuse
relève de la compétence des cantons. A Bâle-Ville, le projet est à bout touchant.
Je ne sais pas 3,4%
Répondre à nos sondages sur:
www.tdg.ch
Rêve saconnésien
L’Etat doit­il reconnaître
officiellement l’islam?
Hani Ramadan
Président de l’Union des organisations
musulmanes de Genève (UOMG), directeur du
Centre islamique de Genève (CIG)
Sondage
U La question d’hier
Redevance radio-TV: tout le monde doit-il
payer cette taxe?
A vous la parole! Trois jeudis par mois, la «Tribune de
Genève» publie des interventions des internautes sur
un thème d’actualité. Venez débattre sur www.tdg.ch
A mon plus grand étonnement, tout le
monde allait au Salon du livre mais,
malheureusement, ce n’était qu’un rêve.
Le matin suivant, en allant vérifier
personnellement, je ne retrouvais que
des voitures à la place de mes bouquins
bien-aimés qui n’ont tenu bon que
l’espace d’une nuit dans mes pensées.
J’aurais tant voulu les revoir et les
remercier. Mais je le ferai fin avril quand
ils auront droit à cinq jours de vitrine à
Palexpo au lieu des 11 réservés aux
voitures. Pas juste!
Sergio Piloni
Le Grand-Saconnex
Un billet d’humeur de 1000 signes?
Envoyez-le à [email protected]
U «L’Etat ne devrait «reconnaître»
aucune religion, pas plus celle-ci que
celles qui sont déjà reconnues. Quid des
autres alors, bouddhisme, jaïnisme,
etc.?» Frédéric Bastiat
«Etant donné que l’islam est la
deuxième plus grande religion du monde
(23,2%) après le christianisme (31,5%), ne
pas le reconnaître officiellement est non
seulement une erreur mais aussi une
insulte au 1,57 milliard de musulmans
dans le monde.» Vierotchka Hart
«Laïque ne veut pas dire qu’un Etat ne
reconnaît pas les religions, au contraire.
Cela veut simplement dire qu’il reste
neutre et n’applique pas les préceptes
religieux dans sa sphère. De plus un Etat
laïque comme Genève, dont le discours
d’investiture des magistrats s’effectue
dans un temple protestant: laissez-moi
rire!» Corentin Celton
«Avec tout le néfaste que véhicule
cette religion il vaut mieux en rester là.»
Enzo Gravante
«Cette reconnaissance pourrait se
faire uniquement et seulement si ce
groupe religieux s’engage «officiellement» à respecter la laïcité, les valeurs de
la Constitution et celles de l’instruction
publique des cantons en matière
d’égalité entre les filles et les garçons, le
renoncement aux châtiments et autres
«punitions divines» sur le territoire
helvétique et européen.» Ysee Dunand
«Non! Nos cantons sont catholiques
ou protestants. C’est un fait historique.
Tous nos cantons appliquent la non-discrimination dans l’administration et les
autres rapports à l’Etat. C’est amplement
suffisant et il ne faut par rallumer les
guerres de religions.» Hans Müller
«On a réussi à se sortir du dogme de
l’Eglise catholique, à s’affranchir de
l’impôt ecclésiastique obligatoire. Enfin
libres! Pitié, ne nous imposez pas l’islam
comme troisième religion, c’est déjà bien
assez compliqué comme ça.»
Patrick Tissot
«Les musulmans payent aussi des
impôts, donc pourquoi ne pas leur
accorder des cimetières musulmans, et
de pouvoir manger et s’habiller comme
ils le veulent. Ce n’est pas forcer les
autres à le faire, mais permettre à des
croyants de vivre selon leur foi.»
Joséphine Vallet
la Coordination des organisations islamiques de Suisse.
Si on demandait aux Genevois s’ils voulaient que l’Etat reconnaisse toutes les religions, la
réponse serait sûrement non!
Le Conseil d’Etat se prononcerait, tout aussi certainement,
négativement. A écouter la population, ce serait même une
application du laïcisme pur et
dur qui serait souhaitée. Il me
semble donc curieux que les représentants de l’islam demandent une reconnaissance officielle de leur religion «qui n’est
pas comme les autres», pour reprendre l’expression de l’ancien président du Conseil français du culte musulman.
Sondage
U La question de la semaine L’Etat doit-il
reconnaître officiellement l’islam?
Je ne sais
pas 2,8%
Non
67,4%
Oui
29,8%
Total: 494 avis
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