UNION AFRICAINE BUREAU INTERAFRICAIN DES RESSOURCES ANIMALES Le trésor du cocon : Le vers à soie de mûrier (Bombyx mori) Il est assez fascinant de constater que quelques-unes des plus belles choses de la vie ont des origines très modestes. Tout au long de l’histoire, le pouvoir et la royauté ont été une source d’admiration, et rien ne les a fait ressortir mieux que les parures. Parmi les tissus les plus préférés, figure en tête de liste la soie - une fibre unique produite naturellement par les stades larvaires du vers à soie1. En Afrique, le Bombyx mori est l’espèce de ver à soie le plus répandu. Cette espèce appartient à la classe des Insectes, ordre de Lépidoptères, famille des Bombycidae, genre Bombyx. Le nom latin Bombyx mori de l’espèce signifie le vers à soie du mûrier. Ce nom définit typiquement cette espèce de ver qui se nourrit principalement de feuilles de mûrier durant un de ses cycles de vie critiques. Cette espèce particulière est la première productrice de soie et, en raison des siècles de domestication, elle n’est plus présente dans la nature et a même perdu son instinct naturel de se nourrir de manière naturelle2. Ce ver à soie a un cycle de vie à quatre stades (Figure 1). Le cycle biologique de Bombyx mori comprend les étapes suivantes : œuf-larve-cocon et papillon. Œuf La femelle a la capacité de pondre plus de 400 œufs qui éclosent après dix jours pour donner des larves. La couleur des œufs passent souvent du jaune citron (Figure 2) au noir avant l’éclosion1. Figure 1: cycle de vie du Bombyx mori Larve Le stade larvaire (Figure 3) dure 32 à 38 jours (www.encylopedia.com). Au cours de ce stade, les larves subissent quatre mutations successives avec cinq stades de croissance cumulative. Les larves se nourrissent férocement de feuilles de mûrier et la plupart des poussées de croissance sont observées pendant cette période. Les larves ont une préférence gustative pour le mûrier en raison de la cis-jasmone1. À la fin de la phase larvaire, les vers mesurent environ 3 pouces de longueur2. Les vers à soie muent 4 fois avant leur maturation en nymphes encapsulées dans des cocons bien filés. Figure 2: Les œufs nouvellement pondus par la Nymphe Au cours de cette étape, les larves cessent de se nourrir et se fixent femelle du ver de mûrier (https://www.pinterest. sur n’importe quel substrat, dans un mouvement lent et circulaire, puis com/jcmarvin4rescue/sericulture/) tissent un cocon2. Ces cocons bien filés sont de couleur blanche (Figure 4) et composés d’une substance humide connue sous le nom de fibroïne, produite au moyen de la filière. Ver adulte Le ver à soie de mûrier adulte est poussiéreux et de couleur brune, mais en raison de sa génération lors de son stade larvaire, il est incapable de voler. Les papillons, qui émergent du cocon après deux semaines, n’ont pas de parties buccales fonctionnelles. Les adultes se distinguent par leurs gros abdomens et grandes antennes, trouvés respectivement chez les femelles et les mâles. L’accouplement survient souvent 24 heures Figure 3: 4ème stade de développement de la après l’éclosion. Importance économique du ver à soie de mûrier larve de Bombyx mori (https://simple.wikipedia. org/wiki/Silkworm) Sériculture L’élevage du ver à soie (sériciculture) est pratiqué depuis des siècles en Asie et en Chine. Cependant, il gagne de plus en plus du terrain en Afrique, notamment dans des pays comme Madagascar, l’Afrique du Sud, le Botswana, l’Égypte, le Nigéria, le Ghana, l’Éthiopie, le Rwanda, le Kenya et le Zimbabwe. Dans la plupart de ces pays, la sériciculture est associée à des groupes ou organisations d’entraide de femmes. Quelques-uns de ces pays africains ont investi davantage dans les infrastructures destinées à faire tourner les fils de soie grège : il s’agit de l’Éthiopie, du Kenya et du Rwanda3. Figure 4: cocon du ver à soie de mûrier Figure 5: Une éleveuse de vers à soie (africajumpstart.com) Figure 6: Tapis tissés utilisés pour la nymphose des larves en sériciculture En Afrique, la plupart des vers à soie sont élevés sur des lits. Ces lits sont souvent constitués d’enveloppes en bois avec un fond maillé (Figure 5). Les éleveurs de vers à soie donnent souvent aux larves en croissance des aliments adéquats jusqu’à la 5ème mue, après laquelle les vers à soie cessent de manger et sont prêts à commencer à filer leurs cocons prêts pour la nymphose. C’est à ce stade que les éleveurs les mettent souvent sur des nattes tissées de manière spéciale (Figure 6), dans de petites Figure 7: Cocons de vers à soie aux couleurs rangées pour leur permettre de se fixer et de commencer à filer leur fluorescentes (http://inti-genetics.blogspot.co.ke) cocon. Le cocon est le cycle de vie le plus important dans la durée de vie du vers à soie ; ce cocon est composé d’un fil de soie grège qui peut filer environ 300-900metres de long4. Il faudrait 3.000 cocons pour produire 0,4kg de soie2. Les cocons sont souvent immergés dans l’eau chaude pour tuer les nymphes à l’intérieur de manière à empêcher la rupture du fil lors de l’émergence et pour ramollir la sécrétine qui maintient les fils de soie ensemble3. Il est important de noter que les régimes des vers à soie affectent également la production de soie. Il a été prouvé que les vers qui se nourrissent de feuilles de mûrier flétries ou de plantes indigènes produisent une soie de faible qualité6. Les progrès de la recherche ont introduit des colorants fluorescents dans les aliments du ver à soie, et lorsque ces aliments sont ingérés ils donnent lieu à des cocons colorés (Figure 7). De plus, l’introduction de vers à soie génétiquement modifiés est un autre résultat de la recherche. Mais cette dernière technique n’a pas encore été introduite en Afrique même si elle présente un potentiel considérable6. Figure 8: Nymphes de vers à soie enfilées sur des tiges en bambous à servir comme collation (http://gbtimes.com/life/yikes-thereare-silkworms-my-plate) Source de nourriture Les nymphes de ver à soie sont également utilisées comme source de nourriture, principalement dans les pays asiatiques tels que la Chine, la Corée et le Japon. Elles sont une riche source de protéines, de fibres, et de certaines vitamines et minéraux. Ce délice (figure 8) est considéré comme très respectueux de l’environnement car les insectes ne laissent aucune trace de carbone. Nymphes de vers à soie enfilées sur des tiges en bambous à servir comme collation Maladies Les maladies du vers à soie du mûrier sont souvent virales, bactériennes, fongiques et protozoaires. Ces maladies sont souvent déclenchées par un élevage de piètre qualité. Conclusion L’Afrique devrait tirer profit de cette ressource animale et s’efforcer d’augmenter sa productivité. L’élevage de vers à soie est un modèle agricole facile pour l’Afrique, et le continent devrait trouver des moyens d’utiliser cette ressource naturelle qu’est le ver à soie pour générer plus de revenus. Références 1. Striking facts about silkworms (www.buzzle.com). 2. ”silkworm.” The Columbia Encyclopedia, 6th ed.. . Encyclopedia.com. 27 Oct. 2016 <http://www.encyclopedia.com>. 3. Silkworm farming turns into a money-spinner http://www.businessdailyafrica.com/Silkworm+farming+turns+into+a+ money+spinner/-/539444/1142706 4. Facts about silk (http://www.thesilkroadchina.com/fact-v8-facts-about-silk.html) 5. Francie Diep( 2013) Scientists Color Silk By Feeding Silkworms Fabric Dyes The process is designed to be more environmentally friendly than traditional dyeing. http://www.popsci.com/article/science/scientists-color-silk-feedingsilkworms-fabric-dyes 6. Bokrezion, H (2015) Silk Production Secrets: Why This African Business Opportunity Is Profitable and Unique http://africajumpstart.com/2015/10/19/silk-production-african-business-opportunity-is-profitable-and-unique/