Averroès et le Monde arabe : modernité et islam 9
Je suis Ibn Rùchd ! Mort ou résurrection d’Averroès dans le Monde arabe ?
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pensée à réconcilier les exigences de
sa foi et l’impératif de la liberté
intellectuelle.
Hélas, la disgrâce d’Averroès à la fin
de sa vie était perçue comme une
disgrâce de la philosophie elle-même
en islam. J’ai toujours trouvé une
certaine consolation mélancolique, si
j’ose dire, dans le souvenir gardé par
Ibn-Arabi qui a assisté au transfert de
la dépouille d’Averroès à Cordoue. Il
écrit : « d’un côté de la monture on
avait chargé le cercueil et de l’autre
les livres d’Averroès, un paquet de
livres équilibrant un cadavre. Ah !
Comme je voudrais savoir si ses
espoirs ont été exaucés ! ». Le texte en
arabe est plus pertinent :
La tristesse d’Ibn-Arabi1 ne doit pas
nous décourager. Au contraire elle
doit nous inciter à redécouvrir l’esprit
d’ouverture qui a tant caractérisé
l’islam d’antan. Notre attachement à
Averroès et aux autres géants de l’es-
prit de la civilisation arabo-islamique
est en fin de compte le seul printemps
digne de ce nom, le printemps de
l’intellect qui en perfectionnant notre
raison nous rend vraiment libre.
AVERROÈS ET LE
MONDE ARABE :
MODERNITÉ ET
ISLAM.
Échange entre deux
philosophes,
Wissam Lahham
et Malek Chebel
Wissam Lahham
Assiégé d’une part par le fantasme
des orientalistes et les préjugés des
occidentaux et d’autre part par le
radicalisme de certains courants inté-
gristes, l’islam se confronte à l’heure
actuelle à un défi considérable, celui
de sauver son apport civilisationnel et
de défendre « l’humanisme arabe »,
pour emprunter une notion du grand
penseur Mohamad Arkoun.
Ce n’est pas une coïncidence si les
libres penseurs d’aujourd’hui se
tournent vers Averroès pour trouver
une synthèse adéquate entre Fides et
Ratio, la foi et la raison. Un sujet qui a
occupé le devant de la scène philoso-
phique pendant des siècles non seu-
lement en terre d’islam mais aussi
dans l'Europe chrétienne.
Averroès avait cette particularité
d’être à la fois un juriste et un philo-
sophe, qui a réussi par la rigueur de sa
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