La France de 1789 à 1815 : VIVRE SOUS LA RÉVOLUTION ET L'EMPIRE Conception : le principe et le matériau initial de cette séquence sont une création initiale d’Yvan Hochet, membre du réseau Ludus, merci à lui. J’ai repris son travail dès ma première année d’enseignement avec des 4èmes, car leurs difficultés à aller vers l’abstraction me semblaient de mauvais augure pour ce chapitre d’histoire nettement plus complexe que tous les précédents. Mon espoir était que l’identification permise par le jeu de rôles permette aux élèves de s’accrocher à travers le chapitre. De ce point de vue ce fut une réussite, j’ai donc repris systématiquement cette démarche les années suivantes, dans le même collège puis dans un autre. J’ai remanié l’original d’Yvan Hochet d’une part pour y introduire des notions des programmes plus récents, comme la place des femmes dans la société en général et dans la politique en particulier, et d’autre part pour que le fil rouge de cette séquence, au-delà des connaissances historiques, soit une éducation à la citoyenneté : quels sont les liens entre condition sociale et positionnement politique ? Pourquoi y a-t-il une telle diversité de partis ? Comment les idées d’une personne donnée évoluent-elles avec le temps ? Si ce travail vous intéresse, je serais heureux d’avoir des retours d’application dans vos classes, et d’échanger sur les modifications que vous y apportez : [email protected]. Démarche : le jeu de rôles suivant accompagne chaque étape d’un cours très conventionnel. Une fois l’organisation de la séquence expliquée et les fiches de présentation remplies, à chaque heure j’utilise les documents du manuel et des extraits vidéo de reconstitutions historiques pour présenter l’enchaînement des événements. La trace écrite est très succincte, complétée par une frise récapitulative en fin de chapitre. On lit à voix haute les étapes correspondantes du jeu de rôles à mesure qu’on avance. Outre la présentation et la compréhension orales des documents, l’essentiel de la mise en activité des élèves tient dans la phase individuelle de choix de réaction de leur personnage puis dans la phase collective où l’on discute de ces choix. Le rôle du professeur n’est pas de faire parler chacun systématiquement, mais de faire varier les conditions sociales et les opinions politiques des personnages sondés afin de faire ressortir les convergences ou les scissions cohérentes, et de mettre les choix de la classe en regard de la réalité historique. Le (grossier) schéma ci-contre est projeté au tableau pour aider au choix des personnages. Les professions soulignées sont celles qui en 1789 étaient réservées aux hommes. La France de 1789 à 1815 Présentation de ton personnage Ton personnage doit être cohérent. Par exemple, si tu choisis un avocat, il y a peu de chance qu’il habite à la campagne. S’il est paysan, il ne sait probablement pas lire. Pour être officier, il doit être noble, etc... Carte d'identité Nom & prénom : Âge en 1789 : Situation de famille : Domicile : Ordre d'appartenance : Profession, éducation et niveau de richesse : Religion : Opinion politique Choisis l'une des quatre suivantes. Attention aux nuances, c'est sur leur base que ton personnage fera ses choix dans la période agitée qui s'annonce. «La royauté française est voulue par Dieu, y toucher serait un sacrilège. Notre Roi est un bon roi et ceux qui médisent de lui et de notre reine Marie-Antoinette devraient être pendus. Bien sûr, il y a des problèmes dans le Royaume, mais c’est parce que les sujets n’obéissent pas assez au Roi et ne respectent pas assez notre sainte Église. Certains protestent contre les inégalités : il ne faut rien changer car les trois ordres sont nécessaires pour bien servir Dieu. Les paysans et les bourgeois n’ont qu’à travailler et payer leurs impôts au roi, au clergé et aux nobles qui les protègent et prient pour eux !» «J’aime notre Roi. Mais il y a trop de problèmes dans notre royaume et je crois que la royauté doit réaliser des changements et des réformes. Peut-être faudrait-il une Constitution, qui dit ce que chacun a le droit de faire, comme en Angleterre où le Parlement a aussi des pouvoirs, mais je ne veux quand même pas une République ! Ce qu’il faut améliorer rapidement ce sont les injustices entre les sujets du Roi : je suis d’accord pour qu’il y ait une noblesse mais ses privilèges sont vraiment trop importants. Les impôts que paye le Tiers-état sont justes mais ils sont trop lourds en ce moment.» «La monarchie française est usée : il faut la remplacer par une République, comme l’ont fait nos amis américains. La liberté n’existe pas en France. Vous voulez publier un livre ? Censure ! Vous voulez devenir officier ? Impossible si vous n’êtes pas noble ! En plus, le royaume est très mal gouverné et personne n’arrive à résoudre les problèmes. Ce ne sont pas les plus riches qui payent les impôts mais les plus pauvres ! C’est parfaitement injuste. Pour résoudre la misère, un seul moyen : la fin des privilèges de la noblesse et du clergé, et l’égalité de tous devant une loi votée par les représentants du peuple.» «Il faut balayer les riches et les privilégiés en France. S’ils résistent, il ne faudra pas hésiter à les exécuter, comme les Anglais qui ont décapité leur roi Charles Ier. Aucun homme n'a le droit de diriger seul la vie des autres, à bas le Roi et vive la République ! Il faut la liberté pour tous et l’égalité entre tous pour en finir avec les privilèges honteux de la noblesse et du clergé : plus de riches, plus de pauvres ! Et l’Église ne sert qu’à justifier l'oppression du peuple , moi je ne crois pas que Dieu puisse vouloir la misère : les religieux sont gras et riches, il faut récupérer par la force ce qu’ils nous ont volé !» 1789-1791 : l’affirmation de la souveraineté populaire, de l’égalité juridique et des libertés individuelles. Fin juin 1789 - Le voisin de ton personnage vient de recevoir une lettre enthousiaste de son député aux États-Généraux de Versailles, qui décrit avec passion la proclamation de l’Assemblée nationale et le serment du jeu de paume. Le voisin a l’air d’être ravi mais comment réagit ton personnage ? - Il arrache la lettre des mains de votre voisin et la piétine en criant “ils insultent le Roi !” - “Ce qu’ont fait les députés n’est qu’un début : les pauvres doivent se révolter dans toutes les villes et dans les campagnes. Laissons donc les avocats bavards discuter entre eux.” - “C’est une bonne chose : les députés vont s’occuper sérieusement de réformer le royaume. Pourvu que le Roi soit d’accord !” - “Il faut en profiter : si les députés rédigent une Constitution, il faut que ce soit une République.” 16 juillet 1789 - Tout le monde est réuni pour apprendre l’incroyable nouvelle : le peuple de Paris a pris la Bastille. De jeunes gens distribuent une nouvelle cocarde bleue, blanche et rouge à tous les passants. - “C’est une très bonne chose que cette prison où le Roi faisait enfermer qui il voulait disparaisse. La Liberté est en marche ! C’est la fin de la monarchie absolue !” Il met la cocarde sur son chapeau ou sur sa veste car même le roi l’a acceptée. - “Le Peuple est enfin passé à l’action ! Il faut faire la même chose dans tout le royaume avec tous les châteaux, qui sont autant de petites Bastilles !” Il prend la cocarde, mais il lui enlève la couleur blanche. - “Le roi aurait dû faire tirer sur cette foule indisciplinée pour la calmer. Il va falloir ramener l’ordre avec l’armée”. Il crache sur la cocarde : il est arrêté et passe une nuit en prison. Fin août 1789 – La Garde Nationale affiche partout la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. - “Quelle superbe texte ! Plus de privilèges ! La loi est l’expression de la volonté du peuple et le roi doit la respecter.” - “Ces décisions dépassent mes espérances. La liberté, l’égalité sont de beaux cadeaux. Le Roi doit en profiter pour bâtir un royaume nouveau, plus juste et en paix. La révolution peut s’arrêter là.” - “Les nobles sont rabaissés au niveau du dernier des paysans. Ces privilèges étaient voulus par Dieu, qui n’est même pas mentionné dans leur maudite déclaration. Le Roi est trop faible.” - “La fin des privilèges, quelle victoire ! Mais l’égalité en droits ne suffit pas, il faut aussi une égalité de richesse. Cette déclaration a été faite pour les bourgeois.” Début octobre 1789 - Ton personnage tient entre ses mains un des premiers journaux libres de la Révolution. Son titre annonce que le roi a été ramené de force de Versailles à Paris par les Parisiennes du peuple qui étaient venues le chercher. - “Voilà le Roi prisonnier des gredins ! Et tous ces journaux qui continuent à bafouer son autorité, c’est lamentable. Heureusement que j’arrive à me procurer des journaux royalistes, comme les Actes des Apôtres de Rivarol.” - “Il aurait fallu en profiter pour le tuer, lui et toute sa famille ! Je ne suis pas le seul à le penser : c’est écrit dans l’Ami du Peuple de Marat.” - “C’est injuste. Le Roi aurait pu rester à Versailles. Je suis sûr que c’est encore à cause de l’Autrichienne ! Je l’ai lu dans le Journal de Paris.” - “C’est normal. Le roi doit être sous le contrôle du peuple. Je vais lire au café le Patriote Français de Brissot.” Fin juillet 1791 - Comme sur le Champ de Mars à Paris, une manifestation d’hommes et de femmes en colère proteste : “A bas le roi !”, “A mort le traître et l’Autrichienne !”, “A mort le fuyard !”. La Garde Nationale fait face au manifestants, prête à tirer. - “Les citoyens ont raison de manifester et de demander la mort du roi. J’espère que les Gardes Nationaux d’ici n’oseront pas tirer sur nous. La Fayette doit être jugé et exécuté pour avoir laissé tirer sur une foule d’innocents.” - “Que la Garde Nationale tire sur ces gueux qui bafouent l’autorité du Roi, comme elle l’a fait à Paris. Ce traître de La Fayette a bien fait son travail pour une fois ! Si le Roi avait réussi à s’enfuir à l’étranger, il aurait pu mener la contre-révolution et rétablir son trône.” - “Le Roi a fait une erreur, mais il a été mal influencé par la reine. Il faut lui donner une seconde chance pour que s’établisse une monarchie parlementaire stable. Mais la foule doit se calmer.” - “Le roi est un traître. Il faut le juger et en profiter pour abolir la royauté et passer à la République. Mais la Garde Nationale doit maintenir l’ordre et il faut éviter toute violence.” Fin août 1791 - L’assemblée Constituante va disparaître car elle a fini son travail en proposant une nouvelle Constitution. Une réunion est organisée dans votre commune, la discussion porte sur le bilan de la Constituante. Comment se comporte ton personnage dans cette réunion ? - “Le bilan est bon ! Le Roi conserve assez de pouvoir, ce qui équilibre bien celui de l’Assemblée. Les impôts sont plus justes car il sont payés par tous en fonction de sa fortune. La Justice respecte l’égalité.” - Il n’y va pas par précaution car il pense que le roi est encore rabaissé puisqu’il n’est plus “Roi de France par la grâce de Dieu” mais “par la grâce de Dieu et de la Constitution de l’État, roi des Français”. - “Ceux qui ont profité de la Révolution ne sont que les bourgeois riches. La liberté économique n’est faite que pour les enrichir alors que la misère n’a pas disparu. Il faudra sûrement une autre révolution pour donner un vrai pouvoir au Peuple français et surtout aux plus pauvres.” Il est applaudi par des citoyens pauvres. - “Le bilan est bon mais incomplet. Il est vrai que les impôts et la Justice respectent l’égalité des citoyens, mais le roi a trop de pouvoir. Son droit de veto va paralyser le gouvernement.” 1792-1794 : la République, la guerre et la Terreur Septembre 1791 - Les premières élections de l’histoire de France sont organisées dans tout le royaume. Il faut élire les députés à la nouvelle Assemblée nationale, créée avec la nouvelle Constitution. Selon son sexe, son âge et sa richesse, ton personnage est-il citoyen passif ou citoyen actif ? Comment agit-il lors de ces élections ? - Il va voter pour des candidats républicains, les Jacobins. Il faut continuer la Révolution. - Il ne vote pas puisqu’il est citoyen passif. Mais il trouve cela normal. - Il va voter pour des candidats modérés, les Feuillants. Il faut que la Révolution s’arrête maintenant, comme le pensent La Fayette et Mirabeau. - Il hésite puis finit par voter pour les candidats du centre, les “Constitutionnels”. - Il ne vote pas puisqu’il est citoyen passif et il trouve cela lamentable car l’Égalité n’est pas respectée. Tous les citoyens devraient pouvoir voter, comme le réclament Robespierre et Danton. Sauf les femmes évidemment. - Il ne vote pas puisqu’il est citoyen passif : il trouve cela lamentable car l’Égalité n’est pas respectée. Tous les citoyens devraient pouvoir voter, même les femmes comme l'écrit Olympe de Gouges, l'auteur de la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne ! - Il refuse d’aller voter. Il reste enfermé toute la journée à lire des journaux opposés à la Révolution. Fin juillet 1792 - L’armée française ne connaît que des défaites face à l’armée de l’empereur d’Autriche à qui la France avait déclaré la guerre. Les armées ennemies sont entrées en France. La situation est catastrophique. Comment réagit ton personnage ? - Il est fou de joie car les troupes de l'empereur, cousin du roi, arrivent en France pour balayer la racaille révolutionnaire et remettre Louis XVI sur son trône avec tous ses pouvoirs. Vive la défaite de la France ! - Il est désespéré car il voulait se servir de la guerre pour que d’autres pays se débarrassent de leurs rois. Pour lui, le roi et la reine, qui sont les parents de l’empereur, trahissent la France en communiquant des secrets militaires à l’ennemi. - Il est désespéré : pour lui, c’est la faute de tous les nobles émigrés, anciens officiers de l’armée française, qui ne sont plus là pour commander l’armée. -“C’était prévisible : un roi traître, des nobles émigrés, une armée désorganisée. Comment vaincre avec ça ? Robespierre avait raison : cette guerre était une idée absurde.” 11 août 1792 - L'ex-Louis XVI est prisonnier des Parisiens : son château des Tuileries a été pris par les fédérés et les sans-culottes. L’Assemblée a voté sa déchéance : il n’y a plus de roi en France. De nouvelles élections vont être organisées pour une nouvelle assemblée : la Convention. - “C’est une excellente nouvelle ! Plus de roi en France ! Vive la République, alors !” - “S’il n’y a plus de Roi, il n’y aura plus de France. Je suis anéanti. J’espère au moins que les troupes autrichiennes vont libérer le Roi.” - “C’est un échec : la meilleure solution était d’installer une monarchie parlementaire en France. Je suis déçu, car personne n’a mis de bonne volonté dans ce projet ... même le Roi, qui n’a pas été à la hauteur alors que je croyais en lui.” - “Les sans-culottes parisiens ont montré leur force en arrêtant le traître et l’Autrichienne. Les députés bourgeois doivent agir vraiment en faveur du peuple. C’est le moment de relancer la Révolution.” 21 janvier 1793 - La France entière apprend l’exécution de “Louis Capet” à Paris, après sa condamnation à mort par la Convention. - “C’est une mesure dure mais inévitable. De toute façon, le roi n’existait plus, comme l’a écrit Robespierre : alors, mort ou vivant, quelle importance ? Maintenant, il sera impossible de revenir en arrière.” - “C’est très triste, d’autant que la mort n’était pas nécessaire : la prison ou l’exil suffisaient. Cela va diviser les Français et provoquer les autres rois européens.” - “C’est le jour le plus triste de ma vie. J’ai prié toute la journée et toute la nuit pour son âme.” - “Tant mieux ! J’ai fêté cette bonne nouvelle avec mes amis sans-culottes. Au tour de toute la noblesse maintenant de passer à la guillotine, comme l’a si bien écrit Marat.” Fin 1793 - Des tracts anonymes circulent dans la commune : “Citoyens ! La France a rétabli la situation militaire : les révoltés vendéens (catholiques et royalistes) ont été définitivement battus à Cholet, les fédéralistes girondins (opposés au pouvoir de Paris) ont été écrasés à Lyon, les ennemis étrangers ont été repoussés aux frontières. La France n’est plus en danger. Il faut donc arrêter la Terreur, cette tyrannie de Robespierre qui arrête et exécute tout le monde.” Quelles est la réaction de ton personnage ? - Il est en colère car tous les traîtres n'ont pas disparu, il va montrer ce tract à la section des sans-culottes et à la mairie pour qu’on arrête les auteurs. - Il jette le tract au feu en pensant “Ce n’est pas la Terreur qu’il faut arrêter, c’est la Révolution.” - Il jette le tract au feu en pensant “La Révolution est allée trop loin.” Il regrette les premières années de la Révolution où tout le monde s’entendait si bien ... - Il sourit car le tract exprime exactement ce qu’il pense : Robespierre doit disparaître car il est devenu un tyran. La Terreur effraie toute la population. Fin 1794 - mi 1795 - Robespierre est arrêté est exécuté, la Terreur est supprimée. Une nouvelle Constitution instaure le Directoire, qui rétablit le suffrage censitaire et divise le pouvoir exécutif entre cinq “directeurs”. Ton personnage fait-il partie des riches électeurs ? Que pense-t-il de cette nouvelle Constitution ? - “Elle est satisfaisante car le bas-peuple ne fera plus régner ses lois en France”. - “Elle est satisfaisante car ainsi, personne n’aura le pouvoir pour lui seul, comme Robespierre”. - “Elle ne vaut rien puisque c’est encore une maudite république. Il va être temps d’organiser un coup d’État pour faire revenir un roi en France. Je vais contacter les émigrés qui reviennent en France”. - “C’est écœurant. Le Peuple a perdu tous ses droits. Les bourgeois ont récupéré le pouvoir pour eux seuls.” 1796 - 1799 - Le Directoire s’est lancé dans des conquêtes en Europe et même en Egypte en 1798, sous la direction de Napoléon Bonaparte, un très jeune général déjà victorieux en Italie en 1797. - “Avec ces conquêtes, la Révolution va enfin gagner toute l’Europe ! Nous créons des Républiquessœurs ! Ce général est un grand républicain.” - “Ces conquêtes sont inutiles, coûteuses et dangereuses. Que va-t-on faire en Égypte ? Ce Bonaparte n’est qu’un ambitieux.” - “J’espère que la France sera battue pour faire revenir le Roi en France. Ce Bonaparte est un traître car il a réprimé nos tentatives de coup d’État alors qu'il est noble aussi.” - “Ce Bonaparte, c’est l’homme qu’il nous faut pour rétablir définitivement l’ordre et la paix en France. Qu’on lui donne tous les pouvoirs pour mettre fin à ce Directoire incapable !” 1799-1804 : du Consulat à l’Empire 10 novembre 1799 - Bonaparte vient de renverser le Directoire avec l’aide de l’armée. Il s’est nommé “consul” avec deux autres hommes et déclare “Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée : elle est finie.” - “La Révolution ne doit pas se terminer : le pouvoir doit revenir au Peuple qui doit sortir de la misère.” - “La Révolution ne me semble pas finie car le pouvoir revient dans les mains d’un ancien révolutionnaire.” - “La Révolution est finie car le pouvoir revient dans les mains d’un seul homme.” - “La Révolution sera vraiment finie quand le Roi reviendra au pouvoir.” 1800 - Les principaux chefs sans-culottes et royalistes ont été arrêtés. La guérilla dans l’ouest (la Chouannerie) s’arrête. De nombreux journaux ont été interdits. - “Il est anormal que les chefs sans-culottes soient arrêtés et que les journaux jacobins soient interdits. Tous les chefs de la Chouannerie devraient être fusillés.” - “Il est anormal que les chefs royalistes soient arrêtés et que les journaux royalistes soient interdits. Tous les chefs sans-culottes devraient être fusillés.” - “Je ne lisais pas ces journaux et je n’écoutais pas ces hommes, alors ...” - “C’est normal que Bonaparte se débarrasse des extrémistes : c’est le prix à payer pour que l’ordre et la paix règnent en France.” 1802 - La paix est signée après dix ans de guerres avec l’Europe. Quelques soldats recrutés pendant la Révolution reviennent, acclamés par la foule. Que crie ton personnage ? - “Vive la paix !” - “Vive Bonaparte !” - “Vive la Révolution !” - “Honneur à nos soldats victorieux !” - “Vive la France !” Fin mars 1804 - Une querelle conjugale oppose le voisin de ton personnage et sa femme. Elle veut divorcer, mais lui le refuse. Ils prennent à témoin ton personnage : elle demande que le divorce créé en 1792 soit appliqué. - “Désolé, mais le nouveau Code civil dit que l’épouse doit obéir à son mari. C'est une oeuvre excellente : il consacre la liberté et l’égalité en droits, comme la Révolution l’a décidé en 1789.” - “Ce nouveau Code civil rend le divorce plus difficile : Bonaparte veut que le père soit le seul chef de la famille, comme lui est le seul chef de la France. Ce Code civil ne fait que renforcer le pouvoir des bourgeois.” - “Le mariage est une institution sacrée. Personne ne peut rompre un engagement pris devant Dieu.” Juin 1804 - Un plébiscite est organisé au suffrage universel masculin, pour demander aux Français de voter pour ou contre la création de l’Empire. Bonaparte va devenir empereur sous le nom de Napoléon I er et il aura tous les pouvoirs. Comment vote ton personnage ? - Il vote oui car en cinq ans, Bonaparte a rétabli la situation en France : l’ordre règne, l'économie va mieux, la paix est faite avec l’Europe, la liberté religieuse est rétablie. Qu'importe qu'il ait tous les pouvoirs, puisqu'il les utilise bien. - Il ne vote pas. Il attend un vrai Roi. - Il vote oui car voilà enfin un dirigeant qui demande directement l'avis de tous les Français. - Il vote non, car Bonaparte a trahi la République et la Révolution et va instaurer une dictature. - Il ne vote pas, pourquoi ? 1811 - La mairie expose une carte géante de l’Europe où chacun peut découvrir que le continent est dominé par Napoléon, grâce à ses victoires militaires et à sa famille qu’il a placée à la direction de ses conquêtes. - “Derrière cette carte, il y a des milliers de morts, français et étrangers. Tout cela pour la folle ambition de ce tyran qui a trahi la Révolution.” - “C’est inespéré. La France domine l’Europe grâce au génie de notre Empereur. Il ne reste plus qu’à vaincre cette maudite Angleterre.” - “Exporter la guerre est une mauvaise chose : cela risque de se retourner contre nous un jour ou l’autre.” - “Ça ne durera pas. Les rois ne vont pas supporter longtemps l’arrogance de ce nain sanguinaire.” 1814-1815 - Napoléon a été battu au début de 1814. Le frère de Louis XVI est revenu en France et a pris le pouvoir sous le nom de Louis XVIII. Mais au printemps 1815 Napoléon s’évade de l’île d’Elbe où il était prisonnier. Il reprend le pouvoir, chasse Louis XVIII et recommence la guerre. Au bout de ces Cent Jours, il est battu définitivement à Waterloo et exilé sur l’île Sainte-Hélène, où il mourra. Louis XVIII revient à nouveau, c’est la Restauration monarchique. Comment réagit ton personnage à ces revirements ? - Il est pour le Roi : il triomphe sous Louis XVIII mais pendant les Cent Jours il a dû faire ses valises pour échapper à la vengeance des partisans de Napoléon. - Il est pour l’Empereur : il n’a pas admis le retour du roi et il soutient le retour de Napoléon. - Quand l’empereur a été une première fois battu, il s’est rangé du côté des royalistes, mais ensuite c’est le roi qui part et l’empereur qui revient, alors il devient bonapartiste. Pourvu qu’il arrive à dire qu’il a toujours été royaliste quand le pouvoir changera à nouveau de mains ! - Le pouvoir change trop vite de mains depuis un an, il préfère attendre et reste discret en politique. - Dans aucun des deux camps : choisir entre le frère du roi qu’il déteste et le tyran Bonaparte, autant choisir entre la peste et le choléra. Bilan de la période pour ton personnage Âge en 1815 : Nombre de régimes politiques différents connus au cours de sa vie : Son orientation politique a-t-elle évolué depuis 26 ans ? Justifie. Quel régime a-t-il préféré et pourquoi ? De quelle évolution est-il est le plus satisfait ? Quelle est celle qui lui plaît le moins ? Cite au moins deux moments où sa vie a pu être menacée : Évaluation En guise de synthèse et de contrôle sur ce chapitre, rédige à la 1ère personne une lettre que ton personnage envoie à un proche en 1816, dans laquelle il retrace les grandes lignes de ses espoirs et de ses actions depuis un quart de siècle. Sélectionne les informations qui permettent de comprendre son évolution en fonction des événements, et n'oublie d'utiliser le vocabulaire précis étudié en cours.