23 LA PREMIÈRE OCCUPATION ET TENTATIVE D'ANNEXION PAR LA FRANCE (NOVEMBRE 1792 - MARS 1793)
dans l’espoir de leur plaire, Joseph II sacrifia, dans un es-
prit d’apaisement, la plupart de ses réformes progressistes
à la restauration de l’ordre intérieur, sans toutefois parve-
nir à endiguer la contestation.
La principauté de Liège (en gris) enclavée dans les Pays-Bas au-
trichiens (en orange).
Dans la Principauté de Liège, au contraire, le prince-
évêque Constantin-François de Hoensbroeck poursuit
une politique revancharde et réprime durement les Lié-
geois en promulguant un Édit fondamental (10 août 1791)
qui pousse les démocrates liégeois à rechercher un chan-
gement auprès de la France révolutionnaire.
Après l’échec de leurs révolutions, les restaurations, tant
dans les Pays-Bas du sud que dans la principauté de Liège,
furent de courte durée. En effet, depuis le printemps
de 1792, la France est en guerre contre toute l’Europe
conservatrice et les armées trouvent leur premier terrain
de bataille dans les Pays-Bas méridionaux.
Les exilés liégeois et belges se rassemblent à Paris où
ils constituent un Comité des Belges et Liégeois unis.
Les Liégeois soutiennent la réunion de la principauté à
la France, tandis que les Belges espèrent mettre en place
une seconde tentative d'indépendance après l'infructueux
essai de 1790.
Pour ce faire, ils bénéficient d'appui en France afin
d'entretenir des troupes belges et liégeoises : l'Assemblée
législative vote un crédit de 500 000 livres dans ce but ; le
général Dumouriez, ministre français des affaires étran-
gères et général en chef de l'Armée du Nord est favo-
rable à une République belge indépendante ; le Liégeois
Pierre Lebrun, membre du Comité, succède à Dumouriez
au poste de ministre français des Affaires étrangères[2].
L’Assemblée législative assure que :
« La nation française, fidèle aux principes
consacrés par sa Constitution déclare de n’en-
treprendre aucune guerre dans la vue de faire
des conquêtes, et de n’employer jamais ses
forces contre la liberté d’aucun peuple et ne
prend les armes que pour la défense de sa li-
berté et de son indépendance[3]. »
La volonté affichée par la France à ce moment est
« celle de la guerre de propagande et non d'annexion »[4].
Robespierre écrit, le 17 mai 1792, dans le premier numé-
ro du Défenseur de la Constitution :
«Il fallait dès l'origine et il faut encore au-
jourd'hui déclarer solennellement que les Fran-
çais n'useront de leurs forces et de leurs avan-
tages que pour laisser à ce peuple la Constitution
qui lui paraît la plus convenable. »
Dans cette guerre proclamée défensive, libératrice et non-
conquérante prendront place deux Légions belges et lié-
geoises.
3 La Première occupation et ten-
tative d'annexion par la France
(novembre 1792 - mars 1793)
Article détaillé : Guerre franco-autrichienne (1792).
Article détaillé : Première annexion française des États
de Belgique (1792-1793).
Le 20 avril 1792, après le vote des députés de la Conven-
tion française, la guerre est déclarée au roi de Bohême et
de Hongrie, François Ier.
L'armée française conduite par le général Dumouriez
franchit la frontière des Pays-Bas autrichiens et met en
fuite l'armée autrichienne, le 6 novembre 1792 lors de
la bataille de Jemappes. Les Français entrent à Bruxelles
le 14 novembre 1792 et poursuivent les Autrichiens dans
leur retraite, sur Louvain, Tirlemont, Liège et jusqu'à la
Roer.
Le 12 mai 1790, la Constituante française avait déclaré
dans un décret que la nation française renonce à entre-
prendre aucune guerre dans le but de faire des conquêtes,
les troupes françaises occupent tous les États de Belgique.
Le général Dumouriez s’oppose aux commissaires de la
République envoyés par la Convention en Belgique, dont
Danton et Delacroix tous deux partisans d'une annexion
pure et simple des territoires belges à la France
Cependant, l'annexion de la Belgique est réclamée par
Danton le 13 janvier 1793 dans une déclaration à la
Convention où il exprime la doctrine des frontières na-
turelles de la France :Les limites de la France sont mar-
quées par la nature, nous les atteindrons des quatre coins
de l’horizon, du côté du Rhin, du côté de l’Océan, du côté
des Alpes. Là doivent finir les bornes de notre République.
Et à partir de mars 1793, la République française intègre
progressivement, via des décrets de la Convention, dans