Période française de l'histoire de Belgique 1 Chronologie • 1789-1790 : Les Pays-Bas autrichiens et la Principauté de Liège se soulèvent contre leurs souverains respectifs. • 1790 : Période des États belgiques unis • 1790-1792 : Première Restauration autrichienne. • 1792-1793 : Occupation française et première tentative d'annexion. • 1793-1794 : Seconde Restauration autrichienne. • 1794-1795 : Réoccupation française. • 1795-1799 : Directoire. • 1795 : Annexion à la France des « neuf départements réunis » La Première République française en l'an 1800 • 1797 : L'Autriche reconnait la cession de ces territoires à la France lors du Traité de Campo-Formio. La période française de l'histoire de Belgique s’étend de l'occupation des Pays-Bas autrichiens et de la Principauté de Liège en 1792 ou de l'annexion de ces territoires par la France en 1795 puis à leur cession officielle à la France par l'Autriche, ancienne puissance souveraine, lors du traité de Campo-Formio du 18 octobre 1797, à la chute de l'Empire en 1814. • 1799-1805 : Consulat. • 1805-1814 : Premier Empire. • Janvier 1814 : Occupation de la France par les Coalisés qui proclament « l'indépendance de la Belgique » et mettent en place un « Gouvernement provisoire de la Belgique » sous la tutelle de la Coalition. La période française que connurent les territoires qui forment actuellement la Belgique est une époque charnière dans l’histoire de ce pays : • Mars 1815 : à la suite de la bataille de Waterloo, les territoires des anciens Pays-Bas autrichiens et de l'ancienne Principauté de Liège sont unis aux territoires de l'ancienne république des Provinces-Unies pour former un nouvel État européen le Royaume des Pays-Bas (Regnum Belgicum). « Elle consacre, en effet, la fin des privilèges et du régime seigneurial, la naissance des droits de l’homme, d’un nouvel ordre institutionnel, économique, social et juridique. Elle place sur le devant de la scène un personnage jusque-là effacé dans le débat politique : le peuple. Elle laisse des traces profondes non seulement dans les dispositions législatives ou l’organisation administrative, mais aussi dans les gestes les plus anodins de la vie quotidienne : songeons au bouleversement engendré par la généralisation du système métrique ou du papier-monnaie. Enfin pour notre pays, l’époque française scelle la réunion des provinces des Pays-Bas méridionaux avec la principauté de Liège[1] . » 2 Prémices Articles détaillés : Révolution brabançonne, Révolution liégeoise et Révolution française. À partir de décembre 1790, les États belgiques unis et la république liégeoise s’effondrent devant les armées autrichiennes. La Contre-révolution brabançonne avait été dominée par les courants les plus réactionnaires et cléricaux du pays ; — Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815 1 23 LA PREMIÈRE OCCUPATION ET TENTATIVE D'ANNEXION PAR LA FRANCE (NOVEMBRE 1792 - MARS 1793) dans l’espoir de leur plaire, Joseph II sacrifia, dans un esprend les armes que pour la défense de sa liprit d’apaisement, la plupart de ses réformes progressistes berté et de son indépendance[3] . » à la restauration de l’ordre intérieur, sans toutefois parvenir à endiguer la contestation. La volonté affichée par la France à ce moment est « celle de la guerre de propagande et non d'annexion »[4] . Robespierre écrit, le 17 mai 1792, dans le premier numéro du Défenseur de la Constitution : « Il fallait dès l'origine et il faut encore aujourd'hui déclarer solennellement que les Français n'useront de leurs forces et de leurs avantages que pour laisser à ce peuple la Constitution qui lui paraît la plus convenable. » Dans cette guerre proclamée défensive, libératrice et nonconquérante prendront place deux Légions belges et liégeoises. La principauté de Liège (en gris) enclavée dans les Pays-Bas autrichiens (en orange). 3 La Première occupation et tentative d'annexion par la France (novembre 1792 - mars 1793) Dans la Principauté de Liège, au contraire, le princeévêque Constantin-François de Hoensbroeck poursuit Article détaillé : Guerre franco-autrichienne (1792). une politique revancharde et réprime durement les Lié- Article détaillé : Première annexion française des États geois en promulguant un Édit fondamental (10 août 1791) de Belgique (1792-1793). qui pousse les démocrates liégeois à rechercher un changement auprès de la France révolutionnaire. Le 20 avril 1792, après le vote des députés de la ConvenAprès l’échec de leurs révolutions, les restaurations, tant tion française, la guerre est déclarée au roi de Bohême et dans les Pays-Bas du sud que dans la principauté de Liège, de Hongrie, François Ier . furent de courte durée. En effet, depuis le printemps L'armée française conduite par le général Dumouriez de 1792, la France est en guerre contre toute l’Europe franchit la frontière des Pays-Bas autrichiens et met en conservatrice et les armées trouvent leur premier terrain fuite l'armée autrichienne, le 6 novembre 1792 lors de de bataille dans les Pays-Bas méridionaux. la bataille de Jemappes. Les Français entrent à Bruxelles Les exilés liégeois et belges se rassemblent à Paris où le 14 novembre 1792 et poursuivent les Autrichiens dans ils constituent un Comité des Belges et Liégeois unis. leur retraite, sur Louvain, Tirlemont, Liège et jusqu'à la Les Liégeois soutiennent la réunion de la principauté à Roer. la France, tandis que les Belges espèrent mettre en place Le 12 mai 1790, la Constituante française avait déclaré une seconde tentative d'indépendance après l'infructueux dans un décret que la nation française renonce à entreessai de 1790. prendre aucune guerre dans le but de faire des conquêtes, Pour ce faire, ils bénéficient d'appui en France afin les troupes françaises occupent tous les États de Belgique. d'entretenir des troupes belges et liégeoises : l'Assemblée Le général Dumouriez s’oppose aux commissaires de la législative vote un crédit de 500 000 livres dans ce but ; le République envoyés par la Convention en Belgique, dont général Dumouriez, ministre français des affaires étranDanton et Delacroix tous deux partisans d'une annexion gères et général en chef de l'Armée du Nord est favopure et simple des territoires belges à la France rable à une République belge indépendante ; le Liégeois Pierre Lebrun, membre du Comité, succède à Dumouriez Cependant, l'annexion de la Belgique est réclamée par au poste de ministre français des Affaires étrangères[2] . Danton le 13 janvier 1793 dans une déclaration à la Convention où il exprime la doctrine des frontières naL’Assemblée législative assure que : turelles de la France : Les limites de la France sont marquées par la nature, nous les atteindrons des quatre coins « La nation française, fidèle aux principes de l’horizon, du côté du Rhin, du côté de l’Océan, du côté consacrés par sa Constitution déclare de n’endes Alpes. Là doivent finir les bornes de notre République. treprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes, et de n’employer jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple et ne Et à partir de mars 1793, la République française intègre progressivement, via des décrets de la Convention, dans 5.1 Réorganisation territoriale 3 son territoire les provinces, villes, faubourgs et communes de l'État belgique, et cela toujours conformément au souhait du peuple souverain En mars 1793, l'armée française est vaincue à Neerwinden : les Autrichiens réoccupent, avec l'assentiment du peuple belge[5] , les “Etats belgiques” et replacent le prince-évêque de Liège sur son trône. La seconde restauration autrichienne des Pays-Bas autrichiens commence... 4 La seconde occupation française (1794-1795) Article détaillé : Seconde annexion française des États de Belgique. À la suite de leur victoire à Fleurus, le 26 juin 1794, les Jean Auguste Dominique Ingres Bonaparte, Premier Consul 1803 belge était, à quelques exceptions près réalisée : La bataille de Fleurus. troupes de la République française repoussent les troupes alliées (Autriche, Royaume-Uni et Province-Unies) hors des Pays Belgique. Articles détaillés : Directoire, Consulat (histoire de France) et Premier Empire. « Cette période française est décisive. Pour la première fois ont été amalgamées dans un même ensemble territorial des principautés de langue romane qui, jusque là, avaient connu des destins différents en raison des fragmentations de l’espace politique. Enfin, il convient de rappeler que ces vingt années ont laissé un héritage politique, juridique, institutionnel et culturel sans lequel il n’est pas possible de comprendre l’histoire contemporaine du pays et de ses entités constitutives[7] » En juillet 1794, Robespierre est renversé et la Terreur prend fin. Après une année de violence et de réquisitions, la France, à la suite d’un vote de la Convention le 9 vendémiaire an IV (1er octobre 1795), annexe les PaysBas autrichiens, les principautés de Liège et de Stavelot et le duché de Bouillon le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795)[6] . Le Comité de salut public avait approuvé une nouvelle division territoriale en neuf départements. Pour la première fois, une unification politique de l’espace Entre 1796 et 1797, la guerre entre la France et l'Autriche se poursuit en Italie, l'armée française commandée par le jeune Bonaparte repousse les Autrichiens, à la suite notamment des Batailles du Pont d'Arcole et de Rivoli. L'Autriche signe le traité de Campo-Formio qui met fin à la guerre franco-autrichienne et où elle cède à la France les Pays-Bas méridionaux. 5 La réunion à la France (17951814) 4 5 LA RÉUNION À LA FRANCE (1795-1814) tutions de la Révolution française : administration, Code Napoléon, imposition, justice reformée… Elle bénéficie également de la reconnaissance des « libertés fondamentales » inscrites dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression » ; la liberté religieuse, la liberté de la presse, l’égalité de tous les citoyens devant la loi et dans l’accessibilité aux emplois publics, l’émancipation des juifs et des femmes (l’un des acquis renforça les droits nouveaux reconnus à la femme : l’égalité successorale se substitua aux coutumes les plus variées, au droit d’aînesse et à l’exclusion fréquente des filles), etc[8] . Les limites des neuf départements réunis qui seront conservés tel quels jusqu'à l'indépendace belge où le Limbourg oriental et le grand-duché du Luxembourg seront perdu. 5.1 Réorganisation territoriale 5.2 Réorganisations des institutions et Libertés fondamentales L’annexion à la France signifia aussi la suppression définitive de l’Ancien Régime car un système social fondé sur la division en ordres juridiques, qui « avantageait outrancièrement les gens de bonne naissance », fut aboli[9] . À la différence de la plupart des régions d’Europe conquises par la République et l’Empire, ces droits ne seLes principautés belges sont réorganisées en neuf dé- ront jamais remis en question en Belgique après le départ partements correspondant à peu près aux anciens États des Français en 1815[10] . des Pays-Bas autrichiens et de la principauté de Liège, même si certains furent créés ex nihilo (comme ceux de la Meuse-Inférieure et de l'Ourthe, conséquences 5.3 Laïcisation de la société du démembrement de l'ancienne Principauté de Liège). Cette division administrative sera conservée jusqu'à aujourd'hui. Les évêques français prêtant le serment civil exigé par le Concordat. En 1797, l'Université de Louvain, comme les autres universités de la République, fut supprimée[11] , pour faire place à un nouveau système d'enseignement, des églises furent pillées, les ordres religieux, dont certains l'avaient déjà été sous l'Ancien Régime par l'empereur Joseph II, furent supprimés et les prêtres réfractaires persécutés[12] jusqu'au Concordat en 1801. Mais la liberté de religion, reconnue par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, accéléra la séparation entre l’Etat et l’Église. Les neuf départements réunis bénéficièrent de la laïcisation des services publics (notamment des hôpitaux), des lois sur la sécularisation du mariage, de la légalisation du La Belgique connaît à ce moment l'ensemble des insti- divorce et de la création de l’état civil[9] . 5.5 5.4 Francisation de la Flandre et de Bruxelles 5 Développement économique Lancement du Friedland le 2 mai 1811 à Anvers, en présence de Napoléon. Jusqu'à l'instauration du consulat en 1799, l'occupation française fut pour les Pays-Bas méridionaux un désastre économique : le port d'Anvers, par exemple, connut une paralysie notable et la pression fiscale s’accrut. Ensuite, le bassin houiller wallon fait sa révolution industrielle et devient une des régions les plus prospères d'Europe : l'industrie belge et liégeoise souffrait jusqu'à l'annexion française du protectionnisme des ProvincesUnies, de l'Angleterre et de la France ; mais aussi des multiples barrières douanières entre les petites principautés belges. L'intégration à la France fera disparaître ces frontières intérieures et ouvrit la production wallonne à l'énorme marché intérieur français. L'éradication, sur le continent européen, des produits britanniques provoquera également un fort enrichissement des industries wallonnes. Le reste de la Belgique, particulièrement la Flandre, demeure peu industrialisée, à l’exception notable de Gand (textile) et du port d’Anvers qui bénéficiera de manière prodigieuse du blocus continental et du désenclavement des bouches de l’Escaut que la ville subissait depuis le Traité de Westphalie (1648)[13] . Contrairement à la légende, les vignes belges n'ont pas été arrachées sur ordre de Napoléon. En réalité, la disparition de ces vignobles est due — outre la modification du climat — à l’amélioration des voies de communications et des échanges commerciaux, qui ont rendu la Belgique plus accessible aux vins français, allemands et espagnols contre lesquels les vins locaux ne pouvaient être comparés ni en valeur, ni en qualité, ni en bouquet ; mais aussi à l’industrialisation des anciennes zones viticoles et à l’extension des cultures maraîchères qui remplacèrent les vignobles[14],[15] . Journal de Bruxelles N°76 (1799). né comme langue administrative[16],[17] . En Wallonie, où le français fut très anciennement et naturellement adopté comme langue écrite avant l'époque française[18] , on constate déjà une lente érosion de la pratique des langues régionales comme le wallon, surtout dans les classes supérieures, bien que la vaste majorité de la population ait continué à ne parler que son dialecte dans la vie quotidienne jusqu'au début du XXe siècle[19] . Par le décret du 2 thermidor an II, le français est imposé dans tous les organismes publics[16],[18] parmi lesquels l'enseignement secondaire[20],[21] . Le français devint la langue de la vie publique et du pouvoir économique, politique et social[22] . Néanmoins, la justice et l'administration durent fréquemment avoir recours au néerlandais pour s’adresser à la population et l'enseignement primaire fut peu touché par la francisation[21] . Jusqu'au XXe siècle le néerlandais fut synonyme de pauvreté et de médiocrité de l'éducation[23] . Alors qu'ailleurs en Europe c'est uniquement l'aristocratie qui se francisait[24] , en Flandre, la francisation de l'élite 5.5 Francisation de la Flandre et de bourgeoise fut très rapide[22] . L'occupation française ne s’accompagna pas de migrations, mais provoqua la franBruxelles cisation de la classe moyenne néerlandophone parce Article détaillé : Francisation de Bruxelles. qu'à cette époque prévalut un système éducatif francoLa période française de la Belgique actuelle conduisit à phone – même s’il était réservé à une faible partie de la un déclin du néerlandais qui fut immédiatement élimi- population[20] . Néanmoins, la pratique du flamand ne fut 6 6 pas réprimée : les chambres de rhétorique continuèrent à publier librement en flamand[21] . Les mesures de francisation étaient considérées par les dirigeants français comme un processus d'unification indispensable pour renforcer l'État[11] , mais elles concernaient essentiellement la bourgeoisie qui, à la suite de la Révolution française, avait enlevé le pouvoir à la noblesse des anciennes provinces des Pays-Bas autrichiens. Dans les classes inférieures, qui comptaient encore environ 60 % d'analphabètes[11] , leur effet fut bien plus limité[25],[26] . L'aspect des rues fut francisé en vertu de la loi : les inscriptions, les affiches, les noms de rue, etc., durent être en français[11] . Les documents officiels durent désormais être écrits en français, bien qu'une traduction officieuse ait été admise « en cas de nécessité »[25] . En même temps, on déclara à tous les employés des communes rurales qui ne maîtrisaient pas le français qu'ils n'auraient plus le droit d'exercer leurs fonctions à l'avenir[18] . Les tribunaux durent également suivre de telles mesures : les plaidoiries, les verdicts et les autres pièces écrites durent être établis en français, à moins que pour des raisons pratiques ce fût impossible[18] . Les notaires furent aussi assujettis à cette loi, même si elle n'entra vraiment dans la pratique qu'à partir de 1803. Pour cette raison la proportion des actes établis en français à Bruxelles passa de 60 pour cent à la fin du XVIIIe siècle à 80 % en 1813. Il faut toutefois le comprendre comme conséquence du respect des lois plus que comme l'évolution de la langue de la population. Au sortir de la période française, la francisation des classes dirigeantes de toute la Flandre était très avancée. En outre, celles-ci considéraient à présent le français comme « leur » langue : un lien affectif s’était tissé[27] . Le dialecte brabançon subsistait parmi le peuple, mais la langue commune, la langue de culture, avait disparu[28] . 5.6 Armées De nombreux Belges et Liégeois remplirent d’importantes fonctions dans l’armée. Parmi les généraux de la République et de l’Empire, 25 étaient belges ou liégeois, majoritairement d’origine wallonne (Quatorze généraux belges sur vingt-cinq étaient nés dans les provinces wallonnes) [29] , comme Jean-Joseph Fyon, ancien bourgmestre de Verviers ; trois d’entre eux ont leur nom gravé sur l’Arc de Triomphe : Dumonceau, Lahure et Jardon. LA CHUTE DE L’EMPIRE (1812-1814) 6 La chute de l’Empire (1812-1814) 12 10 6 8 4 0 2 122 118 92 28 02 EMPIRE FRANÇAIS 40 17 36 75 en 130 départements 15 ÉCHELLES 32 29 33 31 63 64 25 05 46 77 39 104 06 11 107 12 84 41 14 44 45 115 109 37 23 4 12 16 20 8 Lieues communes de 25 au degré 10 50 20 30 40 127 Italie 13 68 18 Myriamètres de 11,11 au degré 44 89 106 111 87 Espagne 8 7 5 6 112 Lucques 08 65 Mer Adriatique 44 4 3 12 113 2 78 30 Piombino Mer Méditerranée 46 Trieste 18 17 110 10 42 20 16 9 108 85 Provinces Illyriennes 21 19 15 10 105 04 88 14 11 22 23 24 99 01 22 62 Suisse 38 70 03 81 16 48 Autriche Bavière Bade 24 56 80 50 69 20 35 79 DIVISÉ Wurtemberg 82 5050 67 83 42 47 46 52 09 Bohême Wurtsbourg Confédération du Rhin 66 49 43 71 Hesse Darmstadt 55 53 72 73 27 54 OCÉAN ATLANTIQUE A. de Darmstadt Nassau Francfort 100 07 60 26 59 51 34 102 101 98 58 Saxe ducale Berg 96 97 13 21 48 103 95 94 86 57 74 Anhalt Saxe 76 48 Lippe 131 126 93 91 61 La Manche 52 Westphalie 121 119 50 Prusse 129 130 125 14 12 124 123 120 Angleterre Mecklembourg 128 4 2 Mer du Nord Irlande 52 114 117 1 19 116 Naples 42 90 Départements de France sous le Premier Empire en 1811 La période française prend fin en janvier 1814 avec l'évacuation des troupes et fonctionnaires français, consécutive à la défaite de Leipzig (1813), puis l'abdication de Napoléon. L’intégration des terres wallonnes fut incontestablement mieux réussie que l’incorporation des populations de langue flamande ou allemande, où l’anticléricalisme du pouvoir français suscitait des oppositions bien plus vives[6] . Bref, lorsque l’on essaye de dresser un bilan de l’opinion publique entre 1812, quand surviennent les premiers revers de Napoléon en Russie, et la débâcle consécutive à la défaite de Waterloo (18 juin 1815), trois constatations retiennent l’attention : Si le mécontentement de la population s’aggravait à la suite des levées de troupes successives, il n’y a pas eu de comportement national face à l’effondrement de l’Empire. Hervé Hasquin schématise l’état de l’opinion selon trois régions : • Dans la région flamande, une opinion marquée par l’hostilité envers l’Empire. • Dans le Pays de Liège, une opinion caractérisée par la persistance de l’attachement des habitants à la France. • Dans le reste de la Wallonie, l’opinion était un mélange des deux précédentes : le mécontentement régnait mais l’agressivité envers l’Empire y était bien moindre qu’en Flandre[32] . Les Wallons étaient généralement plus prompts à endosser l’uniforme que leurs homologues flamands[30] . Mais parfois, la population se révolte, particulièrement La conquête de la France par les troupes russes, dans les régions flamandes, notamment à propos de la prussiennes, autrichiennes et britanniques fait suite à la Conscription obligatoire et sur le plan religieux. chute de Napoléon. Un régime d'occupation très dur se Cependant, le peuple français, dont Belges et Liégeois met en place en Belgique. Les Russes et les Prussiens font désormais partie, souffre ; notamment à cause des administrent ces régions, souvent de manière brutale et guerres de la Révolution et de l'Empire. Ainsi, sur écrasante. l'actuelle province de Liège, 6 % de la population meurt D'après Jacques Logie et Jean Stengers, les Belges considéraient les Habsbourg comme leurs souverains sur les champs de bataille (6500 hommes)[31] . 7 légitimes[33] . Hervé Hasquin affirme que seule l’aristocratie belge et liégeoise se montrait généralement favorable au retour aux anciens Pays-Bas autrichiens ou au rétablissement de la principauté de Liège[34] . Selon Jacques Logie, les Belges se réjouirent de la fin du régime napoléonien, qui s’était traduit en Belgique par la guerre, la conscription, de lourds impôts et des troubles religieux[35] . Jean Stengers note qu'une minorité souhaitait néanmoins le rattachement à la France et qu'elle se fit quelque peu entendre, au contraire de la majorité de la population, qui resta résignée et apathique[36] . Hervé Hasquin affirme au contraire que la bourgeoisie était nettement francophile, mais que, compte tenu de la situation politique qui prévoyait le démembrement de la France par la Sainte-Alliance, cette option semblait irréalisable[34] . Il affirme également que la majorité de la population, plongée dans la crise économique et le chômage depuis sa séparation de la France, devait regretter le régime précédent[34] . tions Crédit Communal, 1993, p.5. [2] Mabille Xavier, Histoire Politique de la Belgique, facteurs et acteurs de changement, Éditions du CRISP, Bruxelles, 2000, p. 47-48, (ISBN 978-2870750728). [3] Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Op.Cit., p.19. [4] Mabille Xavier, ibid, p.48. [5] Lode Wils, Histoire des nations belges, chapitre VI. [6] Hervé Hasquin, historiographie et politique en Belgique, Op.Cit., p.187. [7] Hervé Hasquin, la Wallonie, son histoire [8] Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Editions Crédit Communal, 1993, p.10 [9] Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Editions Crédit Communal, 1993, p.9 Jacques Logie affirme que les Belges n'étaient pas favorables à la réunion avec les provinces du nord, car elles [10] Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Editions Crédit Communal, 1993, pp.8-9 étaient protestantes (en réalité elles avaient une petite majorité protestante et environ 45 pour cent de catholiques) et lourdement endettées[37] . Hervé Hasquin dé- [11] (nl) (nl) G. Geerts, M.C. van den Toorn, W. Pijnenburg, J.A. van Leuvensteijn et J.M. van der Horst, fend la thèse suivante : comme la réunion à la France « Nederlands in België, Het Nederlands bedreigd en overétait impossible, de nombreux bourgeois se tournèrent levend », Geschiedenis van de Nederlandse taal, Amsvers l’orangisme, qui avait l'avantage de compenser les efterdam University Press (Université d'Amsterdam), 1997 fets de la grave crise économique qui résultait de la perte (ISBN 9053562346, consulté le 15 janvier 2009) du marché intérieur français, par le commerce avec les [12] (en) Alexander Ganse, « Belgium under French Adminiscolonies hollandaises[34] . tration, 1795-1799 », Korean Minjok Leadership Acade- L'idée d'une Belgique indépendante était absente semy (consulté le 3 avril 2008) lon Logie[35] . Jean Stengers affirme que la majorité des Belges souhaitaient obtenir un régime d'autonomie natio- [13] Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Op.Cit., p.226. nale (similaire à celui qu'ils connaissaient sous la maison d'Autriche), mais il insiste sur le peu d'effort entrepris e e par la population pour atteindre cet objectif. La popu- [14] Aux XVII et XVIII siècles, le vignoble Belge va disparaître presque complètement (sauf Huy), sous l’effet lation resta en effet résignée et apathique[36] . Pour Hasde fortes gelées et de l’amélioration des voies de comquin, s’il y eut des partisans de l’indépendance nationale, munication. Les classes supérieures méprisent le vin du ils restèrent extrêmement silencieux, très peu nombreux cru ou " vin paysan ", alors que la faveur du peuple [38] et isolés . va à la bière.http://www.villers-la-vigne.be/index.php? Selon Stengers, dans l'ancienne principauté de Liège, le souhait général était d'être réuni à la Belgique[39] . José Olcina affirme au contraire que le pays liégeois se sentait nettement plus proche du reste de la France que des autres territoires formant aujourd’hui la Belgique[40] . option=com_content&task=view&id=50&Itemid=98 [15] Les causes de la disparition de la vigne en Belgique sont multiples. L'amélioration de la circulation des marchandises (voies d'eau et routes), l’extension des villes sur leurs anciens vignobles (transformés en Parc royal à Bruxelles, en fortifications à Namur, par exemple) et l'industrialisation des anciennes zones viticoles ont accéléré cette décadence. http://www.vignes.be/vignes.htm Au niveau des psychologies collectives, l’amalgame entre principautaires liégeois et Belges n’était certainement pas réalisé en 1814 ; ce fut cependant chose faite, sous la période hollandaise. De larges couches de la Bourgeoisie [16] (fr) Michel de Coster, « Les enjeux des conflits linguisn’étaient pas satisfaites de cette réunion avec les Pays-Bas tiques : le français à l'épreuve des modèles belge, suisse et l’amalgame entre Belges et Néerlandais ne prit jamais. et canadien », L'Harmattan, 2007 (ISBN 2296033946, consulté le 26 février 2009) 7 Références [1] Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Edi- [17] (nl) (nl) Daniel Suy, « De Franse overheersing (1792 1794 - 1815) », De geschiedenis van Brussel, Commission communautaire flamande, 1997 (consulté le 17 janvier 2009) 8 7 RÉFÉRENCES [18] (fr) Daniel Droixhe, « Le français en Wallonie et à Bruxelles aux XVIIe et XVIIIe siècles », Université libre de Bruxelles, 13 avril 2002 (consulté le 2 avril 2008) L'auteur est professeur à la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université libre de Bruxelles (ULB). Page d'accueil : . [33] Jacques Logie, De la régionalisation à l'indépendance, 1830, Paris-Gembloux, éditions Duculot, 1980, 248 p. (ISBN 2-8011-0332-2), p. 11 et Jean Stengers, Histoire du sentiment national en Belgique des origines à 1918, tome 1, Les Racines de la Belgique, éditions Racine, Bruxelles, 2000 (ISBN 2-87386-218-1), p. 168. [19] (fr) Daniel Blampain, « Le français en Belgique : Une communauté, une langue », De Boeck Université, 1997 (ISBN 2801111260, consulté le 26 janvier 2009) [34] Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Op.Cit., p.383. [20] (nl) (nl) Paul De Ridder, « Peilingen naar het taalgebruik in Brusselse stadscartularia en stadsrekeningen (XIIIdeXVde eeuw) » [PDF], Taal en Sociale Integratie, II, Vrije Universiteit Brussel, 1979 (consulté le 16 janvier 2009), p. 1-39 [21] Jean Stengers, Histoire du sentiment national en Belgique des origines à 1918, tome 1, Les Racines de la Belgique, éditions Racine, Bruxelles, 2000 (ISBN 2-87386-218-1), p. 165. [22] (fr) Catherine Capron, Marc Debuisson, Thierry Eggerickx, Michel Poulin ; Jacques Verón (réd.), « La dualité démographique de la Belgique : mythe ou réalité ? [255278] », Régimes démographiques et territoires : les frontières en question : colloque international de La Rochelle, 22-26 septembre 1998, INED, 2000 (ISBN 2950935680, consulté le 26 février 2009) [23] (nl) (nl) « Geschiedenis van de Vlaamse Beweging », Cultuurkunde van België, NEDWEB — Université de Vienne (consulté le 16 janvier 2009) [24] (fr) Eliane Gubin, « La situation des langues à Bruxelles au XIXe siècle à la lumière d'un examen critique des statistiques » [PDF], Taal en Sociale Integratie, I, Université libre de Bruxelles (ULB), 1978 (consulté le 16 janvier 2009), p. 33-80 L'auteur est professeur à la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université libre de Bruxelles (ULB). Page d'accueil : . [25] (nl) (nl) « Vlaanderen tot 1914 », Nederlands Online (neon), Université libre de Berlin (FU Berlin), 27 juin 2004 (consulté le 16 janvier 2009) [26] (fr) Ernest Mandel, Jacques Yerna, « Perspectives socialistes sur la question flamande », La Gauche no 16, Ernest Mandel — Archives internet, 19 avril 1958 (consulté le 17 janvier 2009) [27] Jean Stengers, op. cit., p. 166. [28] Jean Stengers, op. cit., p. 167. [29] Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Op.Cit., pp.255-256. [30] Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Op.Cit., p.259. [31] Lode Wils, op cit. [32] Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, op. cit., p.379. [35] Jacques Logie, op. cit., p. 11. [36] Jean Stengers, op. cit., p. 168-170. [37] Jacques Logie, op. cit., p. 11-12. [38] Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, op. cit., p. 385. [39] Jean Stengers, op. cit., p. 185. [40] José Olcina, « L’opinion publique de la retraite de Russie à Waterloo », dans La Belgique française, 1792-1815, dir. H. Hasquin, Crédit Communal, 1993, p.393 et 395. [41] Hervé Hasquin, historiographie et politique en Belgique, Op.Cit., pp.186-187. • Portail de la Belgique • Portail de la Révolution française • Portail du Premier Empire 9 8 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image 8.1 Texte • Période française de l'histoire de Belgique Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9riode%20fran%C3%A7aise%20de% 20l'histoire%20de%20Belgique ?oldid=110644120 Contributeurs : Mu, Vincnet, Jmh2o, BrightRaven, Stéphane33, Karel Anthonissen, Nohky, Litlok, Anas1712, Pautard, Escarbot, Auseklis, Bruxellensis, CommonsDelinker, Gz260, Lysosome, Binabik, Hooiwind, Dhatier, HerculeBot, WikiCleanerBot, ZetudBot, Micbot, EmDee, XIIIfromTOKYO, Zmiley, Bhikkhu, MathsPoetry, DITWIN GRIM, Florimond09, Silkworm, Coyote du 86, Lomita, Nimajneb, S0l0xal, Polytech82, Hunsu, Bertol, Mymolettekiller, Demaretbechoux, Addbot, ScoopBot et Anonyme : 8 8.2 Images • Fichier:Aigle_Empire.svg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/77/Aigle_Empire.svg Licence : Public domain Contributeurs : Vectorialisation of Aigle_Empire.png Artiste d’origine : Frédéric Michel • Fichier:Bataille_de_Fleurus_1794.JPG Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e5/Bataille_de_Fleurus_1794.JPG Licence : Public domain Contributeurs : http://www.fontainebleau-photo.com/2012/10/le-bas-breau.html Artiste d’origine : Jean-Baptiste Mauzaisse • Fichier:Belgique_1830.jpg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/ce/Belgique_1830.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Big Bad Dog • Fichier:Belgium_stub.svg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/ae/Belgium_stub.svg Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : Map shape is from Image:Flag and map of Belgium.svg, colors and dimensions are from Image:Flag of Belgium.svg Artiste d’origine : PavelD • Fichier:Declaration_of_Human_Rights.jpg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6c/Declaration_of_the_ Rights_of_Man_and_of_the_Citizen_in_1789.jpg Licence : Public domain Contributeurs : [1] Artiste d’origine : Jean-Jacques Le Barbier • Fichier:Departements_of_French_Empire_1811-fr.svg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/2f/ Departements_of_French_Empire_1811-fr.svg Licence : Public domain Contributeurs : Tiré d'une carte établie en 1811 par Messieurs Drioux et Leroy (voir la carte de l’<a data-x-rel='nofollow' class='external text' href='http://www.es-conseil.fr/pramona/outils/ franceempire.jpg'>Empire français divisé en 130 départements</a>, par MM. Drioux et Leroy, également sur Commons : Dep-fr.jpg). Artiste d’origine : Ewan ar Born • Fichier:France_1800.png Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/34/France_1800.png Licence : Public domain Contributeurs : Euratlas - Carte historique de l'Europe en l'an 1800 Artiste d’origine : European citizen • Fichier:FrenchChurchOathConcordat.jpg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/bb/ FrenchChurchOathConcordat.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Henri Gourdon de Genouillac, Paris à travers les siècles, v. 4, Paris, F. Roy, 1881. Artiste d’origine : Renaud • Fichier:Jean_Auguste_Dominique_Ingres,_Portrait_de_Napoléon_Bonaparte_en_premier_consul.jpg Source : http: //upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/43/Jean_Auguste_Dominique_Ingres%2C_Portrait_de_Napol%C3%A9on_Bonaparte_ en_premier_consul.jpg Licence : Public domain Contributeurs : njn.net Artiste d’origine : Jean-Auguste-Dominique Ingres • Fichier:Journal_de_Bruxelles_nr_76_1799_(601).jpg Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a1/Journal_de_ Bruxelles_nr_76_1799_%28601%29.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Journal de Bruxelles (1799) Artiste d’origine : J.L. Deboubers • Fichier:OoNL1786.png Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/36/OoNL1786.png Licence : Public domain Contributeurs : ? 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