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INTRODUCTION
Les espèces de Madagascar ont évolué dans l’isolement (Storey et al. 1995). Cela a donné lieu à une immense diversité
d’espèces, à un niveau exceptionnel d’endémisme dans certains groupes taxonomiques, même au niveau des gènes
et familles, et à l’absence totale d’endémisme dans d’autres groupes courants tels que les canidés, les félidés, les
cervidés ou des bovidés (Goodman et Benstead 2005; Dewar et Richard 2007). Près de 90% des espèces de plantes,
d’amphibiens, de reptiles et de mammifères n’existent nulle part ailleurs sur la terre. 615 nouvelles espèces ont été
identiées au cours des dix dernières années (WWF, 2011). Les efforts de conservation ont commencé au début des
années 1970 avec l’ouverture du bureau du WWF à Antananarivo. Entre 2004 et 2006, environ 32 millions de dollars
ont été dépensés sur des projets de conservation dans tout le pays par les ONG seules (Brockington & Scholeld,
2010). Les principaux bailleurs ont également eu un vif intérêt pour les ressources naturelles de ce pays: la Banque
Mondiale, l’USAID1, le PNUD2, fondations privées entre autres.
Cependant, les efforts antérieurs de conservation sont confrontés à une
nouvelle menace: le changement climatique. Les chiffres sont alarmants: 15%
à 37% des espèces sont vouées à l’extinction d’ici 20503, 10% des espèces vont
probablement s’éteindre pour chaque degré d’augmentation des températures
mondiales4 à cause de la réduction ou de la modication des habitats,
accompagnée par l’incapacité des espèces à suivre ces modications dans
le temps ainsi que dans l’espace. Ces projections ont un degré d’incertitude
assez large5, parce qu’elles ne tiennent pas compte des particularités locales
(barrières géographiques, pressions anthropiques additionnelles dues au
processus d’adaptation des communautés humaines, fragmentation des habitats6, réactions non linéaires dans la
sensibilité des systèmes au changement des paramètres climatiques, incertitude sur la modélisation de la diffusion
des maladies et des espèces envahissantes, etc) qui peuvent inuencer la capacité d’adaptation ou de migration.
Les corps scientiques mondiaux chargés d’enquêter et de communiquer
sur les enjeux du changement climatique – le Groupe d’experts
Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) et la Convention des
Nations Unies sur la Diversité Biologique (CDB)7 – ont commencé à discuter
des effets du changement climatique sur la biodiversité il y a presque 10
ans (dans le cas du GIEC)8. Ces premières analyses ont été suivies par des
recherches pionnières comme celles de Parmesan et Yohe (2003), Thomas
et al (2004). Nous savons maintenant que les distributions des espèces sont susceptibles de changer mais que les
différentes espèces seront affectées de différentes manières, ce qui pourrait causer des ravages pour les espèces
symbiotiques ou interdépendantes; les écosystèmes intacts et fonctionnels verront certaines espèces disparaître ou
migrer, tandis que de nouvelles espèces se mettront à coloniser – le fait que les espèces clés soient affectées ou non
permettra de déterminer la viabilité continue de ces écosystèmes; les aires protégées peuvent devenir obsolètes dans
les zones où des changements massifs d’espèces et d’écosystèmes ont lieu et de nouvelles aires protégées peuvent être
nécessaires ou elles devront être gérées différemment. Le modus operandi des conservateurs devra changer : au lieu
de planier dans le cadre d’un climat statique comme c’est actuellement le cas, nous devrons tenir compte d’un climat
dynamique dans l’équation complexe de la pratique de la conservation.
1. United States Agency for International Development
2. Programme des Nations Unies sur le Développement
3. Thomas et al 2004
4. IPCC, 2007
5. Global Biodiversity Outlook 3, 2010, United Nations Convention for Biological Diversity
6. Hannah et al., 2008
7. Campbell et al, « review of the literature on the link between biodiversity and climate change”, Convention for Biological Diversity, Technical paper, 42, 2009
8. IPCC. 2002. Climate Change and Biodiversity IPCC Technical Paper V. 45pp. http://www.ipcc.ch/pdf/technical-papers/climate-changes-biodiversity-en.pdf
Les efforts antérieurs de
conservation, ainsi que les
espèces et les écosystèmes
qu’ils ont visé à protéger sont
confrontés à une nouvelle
menace: le changement
climatique.
A Madagascar, les conditions
d’une Tempête existent
en termes d’ effets du
changement climatique sur
les systèmes naturels.