DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE
L'agriculture au secours du climat
Au même titre que d'autres productions agricoles, la filière céréales entend contribuer à la
réduction des gaz à effet de serre dans l'atmosphère à l'origine du dérèglement climatique.
Alors qu'une récente enquête
montre que seule une minorité des
habitants de la région a connaissance
des efforts engagés ces dernières
années par les agriculteurs pour
limiter l'impact de l'évolution du
climat, voire y apporter une
contribution de premier plan, les
membres de la filière ont engagé une
campagne d'information sur cette
thématique auprès du public.
Un changement perceptible aux
champs
Selon un récent sondage d'opinion
mené par Viavoice-Passion céréales
réalisé en Nord-Pas de Calais*, 89
% des personnes interrogées
considèrent que la préservation de la
filière céréalière est quelque chose
d'important pour la région, indique
Francis Hennebert, président de la
coopérative La Flandre et délégué de
Passion céréales. Et si 71 % des
personnes ayant participé au
sondage estiment que le changement
climatique a déjà un impact sur les
cultures céréalières, seulement 40 %
pensent que la filière a engagé des
initiatives pour s'adapter au
changement climatique.
Des chiffres qui peuvent paraître
d'autant plus étonnants que « la
nécessité de s'adapter au climat est
l'essence même de notre métier » ,
répète à l'envi Francis Hennebert qui
note au passage qu'en l'espace d'une
vingtaine d'années, la précocité des
blés a, globalement, été avancée
d'une quinzaine de jours dans la
région. Un changement qui s'est
opéré lentement et qui a conduit les
agriculteurs à revoir leurs modes de
production avec pour ambition de
capter un maximum de gaz
carbonique via le phénomène de
photosynthèse des plantes.
Des techniques qui tiennent
promesse
En produisant un maximum de
biomasse à partir des cultures
conventionnelles, en développant les
Cipan (couverts intermédiaires
pièges à nitrates), les productions
agricoles parviennent notamment à
piéger le CO2 et, dans le cas des
légumineuses, l'azote de l'air,
participant ainsi à une réduction des
émissions de gaz à effet de serre
dans l'air source principale des
dérèglements climatiques.
A l'exemple de Sébastien
Bocquillon, polyculteur-éleveur sur
le territoire d'Humières et président
du Geda du Ternois et de la
commission développement de la
Chambre d'agriculture de région
Nord-Pas de Calais. Exploitant
agri-cole depuis une quinzaine
d'années sur une surface de 97 ha
auxquels s'ajoute un troupeau de 45
vaches laitières, ce jeune céréalier
également investi dans l'as-sociation
Climagri, veille à « optimiser au
maximum les consommations
d'énergie générées aux champs » .
En plus des diagnostics réalisés sur
ces trois tracteurs qui, grâce à des
réglages adaptés, peuvent conduire à
des gains de consommation de
l'ordre de 700 l de
carburant/an/tracteur, s'ajoutent la
conduite économique qui vise à
adapter le régime moteur en fonction
de la nature des travaux à réaliser et
la mise en ouvre de façons culturales
moins gourmandes en énergie
comme le non labour temporaire. De
même, la pratique d'un mode de
production agricole intégré, a
conduit l'exploitant à modifier ses
pratiques culturales. La diminution
de la densité de grains de blé au
semis - soit entre 140 et 160
grains/m2 contre une trentaine de
plus avant - associé à un choix de
variétés résistantes aux maladies, en
particulier à la fusariose, ainsi qu'à
la verse, ont permis de réduire la
pression sanitaire des cultures et
d'optimiser au mieux les apports
d'azote, en particulier en fin de cycle
de végétation afin d'accroître le taux
de protéines via le recours aux outils
d'aide à la décision tel que Jubil
avec l'objectif de « produire une
céréale marchande » . Tout ceci en
ayant le souci de préserver les
performances économiques de la
culture, précise Sébastien
Bocquillon. Quant à la mise en place
de couverts végétaux en inter-culture
(avoine, vesce, mou-tarde), si ces
cultures ont le mérite de capter du
gaz car-bonique, elles s'avèrent un
précieux allié pour structurer le sol,
« ce qui équivaut à un double
bénéfice » , souligne l'exploitant.
Développer les semences hybrides
En aval de la production, les
organismes stockeurs contribuent
eux aussi à ré-duire les gaz à effet
de serre. D'abord « en proposant à
nos adhérents des semences
sélectionnées qui ont bénéficié du
progrès génétique », indique
Laurent Bué, vice président de la
FB7B287855D0BE0B605B0323760505C21888263771B25EDE0B55715
Tous droits de reproduction réservés
PAYS : France
PAGE(S) : 0016
SURFACE : 52 %
PERIODICITE : Hebdomadaire
RUBRIQUE : Climat
DIFFUSION : (11456)
JOURNALISTE : Philippe Duboelle
3 juillet 2015 Cliquez ici pour voir la page source de l’article
coopérative Unéal. Des variétés qui,
dans un contexte de dérèglement
climatique, ont permis de maintenir
les niveaux de rendement, de mieux
résister aux maladies tout en offrant
une meilleure précocité, résume l'élu
professionnel pour qui le
développement de variétés de blé
hybrides devrait permettre de
progresser tant en terme de maturité
qu'en taux de protéines ou de
résistance au stress climatique ou
hydrique sans oublier le rendement,
précise pour sa part Thibault
Troncart, directeur de région
Ternois-Canche Authie Unéal. Et
ainsi, de mieux répondre aux
exigences formulées par le grand
export en proposant des blés à plus
de 11 points de protéines et à plus
de 76 de PS. Des attentes que devra
prendre en compte la future station
de multiplication de semences
d'Avesnes les Bapaume qui devrait
être opérationnelle en 2017. Cet
outil qui fera l'objet d'un
investissement partagé entre Unéal,
La Flandre, l'Ucac (60) et l'Union de
coopératives InVivo, sera chargé de
mul-tiplier des variétés de blés
hybrides dont le niveau de
productivité devrait être supérieur
d'au moins 6 à 7 quintaux/ha en
comparaison à des lignées.
Toujours en vue d'améliorer le bilan
environnemental de la filière blé, les
opérateurs incitent les agriculteurs à
recourir aux outils d'aide à la
décision (Farmstar, Eppiclés, Atlas.)
avec l'objectif d'apporter la bonne
dose au bon endroit et au bon
moment et ce, dans le respect de la
réglementation. Quant au transport
fluvial des grains qui concerne 70 %
de la collecte d'Unéal, là encore, «
ce mode logistique se traduit par
une mélioration de notre emprunte
carbone » , se félicite Laurent Bué
qui compte bien sur l'arrivée du
canal Seine Nord pour booster
l'activité de Nord Céréales dont il
est également le président ; alors que
mardi un bateau était en chargement
à destination de l'Algérie, la Sica
devrait signer un record historique
d'exportation en grains de 3,1
millions de tonnes !
* Enquête réalisée entre le 6 avril et
le 6 mai derniers auprès d'un
échantillon représentatif de 200
personnes âgées de 18 ans et plus.
Philippe Duboelle
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