PAYS : France RUBRIQUE : Climat PAGE(S) : 0016 DIFFUSION : (11456) SURFACE : 52 % JOURNALISTE : Philippe Duboelle PERIODICITE : Hebdomadaire 3 juillet 2015 Cliquez ici pour voir la page source de l’article DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE L'agriculture au secours du climat Au même titre que d'autres productions agricoles, la filière céréales entend contribuer à la réduction des gaz à effet de serre dans l'atmosphère à l'origine du dérèglement climatique. A lors qu'une récente enquête montre que seule une minorité des habitants de la région a connaissance des efforts engagés ces dernières années par les agriculteurs pour limiter l'impact de l'évolution du climat, voire y apporter une contribution de premier plan, les membres de la filière ont engagé une campagne d'information sur cette thématique auprès du public. Un changement perceptible aux champs Selon un récent sondage d'opinion mené par Viavoice-Passion céréales réalisé en Nord-Pas de Calais*, 89 % des personnes interrogées considèrent que la préservation de la filière céréalière est quelque chose d'important pour la région, indique Francis Hennebert, président de la coopérative La Flandre et délégué de Passion céréales. Et si 71 % des personnes ayant participé au sondage estiment que le changement climatique a déjà un impact sur les cultures céréalières, seulement 40 % pensent que la filière a engagé des initiatives pour s'adapter au changement climatique. Des chiffres qui peuvent paraître d'autant plus étonnants que « la nécessité de s'adapter au climat est l'essence même de notre métier » , répète à l'envi Francis Hennebert qui note au passage qu'en l'espace d'une vingtaine d'années, la précocité des blés a, globalement, été avancée d'une quinzaine de jours dans la région. Un changement qui s'est opéré lentement et qui a conduit les agriculteurs à revoir leurs modes de production avec pour ambition de capter un maximum de gaz carbonique via le phénomène de photosynthèse des plantes. Des techniques qui tiennent promesse En produisant un maximum de biomasse à partir des cultures conventionnelles, en développant les Cipan (couverts intermédiaires pièges à nitrates), les productions agricoles parviennent notamment à piéger le CO2 et, dans le cas des légumineuses, l'azote de l'air, participant ainsi à une réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'air source principale des dérèglements climatiques. A l'exemple de Sébastien Bocquillon, polyculteur-éleveur sur le territoire d'Humières et président du Geda du Ternois et de la commission développement de la Chambre d'agriculture de région Nord-Pas de Calais. Exploitant agri-cole depuis une quinzaine d'années sur une surface de 97 ha auxquels s'ajoute un troupeau de 45 vaches laitières, ce jeune céréalier également investi dans l'as-sociation Climagri, veille à « optimiser au maximum les consommations d'énergie générées aux champs » . En plus des diagnostics réalisés sur ces trois tracteurs qui, grâce à des réglages adaptés, peuvent conduire à des gains de consommation de l'ordre de 700 l de carburant/an/tracteur, s'ajoutent la conduite économique qui vise à adapter le régime moteur en fonction de la nature des travaux à réaliser et la mise en ouvre de façons culturales moins gourmandes en énergie comme le non labour temporaire. De même, la pratique d'un mode de production agricole intégré, a conduit l'exploitant à modifier ses pratiques culturales. La diminution de la densité de grains de blé au semis - soit entre 140 et 160 grains/m2 contre une trentaine de plus avant - associé à un choix de variétés résistantes aux maladies, en particulier à la fusariose, ainsi qu'à la verse, ont permis de réduire la pression sanitaire des cultures et d'optimiser au mieux les apports d'azote, en particulier en fin de cycle de végétation afin d'accroître le taux de protéines via le recours aux outils d'aide à la décision tel que Jubil avec l'objectif de « produire une céréale marchande » . Tout ceci en ayant le souci de préserver les performances économiques de la culture, précise Sébastien Bocquillon. Quant à la mise en place de couverts végétaux en inter-culture (avoine, vesce, mou-tarde), si ces cultures ont le mérite de capter du gaz car-bonique, elles s'avèrent un précieux allié pour structurer le sol, « ce qui équivaut à un double bénéfice » , souligne l'exploitant. Développer les semences hybrides En aval de la production, les organismes stockeurs contribuent eux aussi à ré-duire les gaz à effet de serre. D'abord « en proposant à nos adhérents des semences sélectionnées qui ont bénéficié du progrès génétique », indique Laurent Bué, vice président de la FB7B287855D0BE0B605B0323760505C21888263771B25EDE0B55715 Tous droits de reproduction réservés PAYS : France RUBRIQUE : Climat PAGE(S) : 0016 DIFFUSION : (11456) SURFACE : 52 % JOURNALISTE : Philippe Duboelle PERIODICITE : Hebdomadaire 3 juillet 2015 coopérative Unéal. Des variétés qui, dans un contexte de dérèglement climatique, ont permis de maintenir les niveaux de rendement, de mieux résister aux maladies tout en offrant une meilleure précocité, résume l'élu professionnel pour qui le développement de variétés de blé hybrides devrait permettre de progresser tant en terme de maturité qu'en taux de protéines ou de résistance au stress climatique ou hydrique sans oublier le rendement, précise pour sa part Thibault Troncart, directeur de région Ternois-Canche Authie Unéal. Et ainsi, de mieux répondre aux exigences formulées par le grand export en proposant des blés à plus de 11 points de protéines et à plus de 76 de PS. Des attentes que devra prendre en compte la future station de multiplication de semences Cliquez ici pour voir la page source de l’article d'Avesnes les Bapaume qui devrait être opérationnelle en 2017. Cet outil qui fera l'objet d'un investissement partagé entre Unéal, La Flandre, l'Ucac (60) et l'Union de coopératives InVivo, sera chargé de mul-tiplier des variétés de blés hybrides dont le niveau de productivité devrait être supérieur d'au moins 6 à 7 quintaux/ha en comparaison à des lignées. Toujours en vue d'améliorer le bilan environnemental de la filière blé, les opérateurs incitent les agriculteurs à recourir aux outils d'aide à la décision (Farmstar, Eppiclés, Atlas.) avec l'objectif d'apporter la bonne dose au bon endroit et au bon moment et ce, dans le respect de la réglementation. Quant au transport fluvial des grains qui concerne 70 % de la collecte d'Unéal, là encore, « ce mode logistique se traduit par une mélioration de notre emprunte carbone » , se félicite Laurent Bué qui compte bien sur l'arrivée du canal Seine Nord pour booster l'activité de Nord Céréales dont il est également le président ; alors que mardi un bateau était en chargement à destination de l'Algérie, la Sica devrait signer un record historique d'exportation en grains de 3,1 millions de tonnes ! * Enquête réalisée entre le 6 avril et le 6 mai derniers auprès d'un échantillon représentatif de 200 personnes âgées de 18 ans et plus. Philippe Duboelle Tous droits de reproduction réservés