Thème 3 – Dynamiques des grandes aires continentales / Question

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Thème 3 Dynamiques des grandes aires continentales / Question L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud
chapitre 1 - Le continent américain entre tensions et intégration régionale
L’Amérique est un continent de l'hémisphère ouest de la Terre. Elle s'étend depuis l'océan Arctique au nord jusqu'au cap
Horn dans le passage de Drake au sud, à la confluence des océans Atlantique et Pacifique qui la délimitent à l'est et à l'ouest,
respectivement. Avec une superficie de plus de 42 millions de km2, c'est le deuxième continent de la planète, couvrant 8,3 % de la
superficie totale et 28,2 % des terres émergées. De plus, l'Amérique concentre environ 13,6 % de la population humaine avec plus
de 970 millions de personnes et 35 pays.
=Amérique: on distingue l'Amérique du Nord (Canada, États-Unis, Mexique) de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud (au
sud de l'isthme de Panama). L'Amérique latine correspond aux pays de langues espagnole, portugaise et française.
=Intégration régionale: processus de renforcement des relations entre différents territoires d'un même ensemble géographique.
Cette intensification des échanges (commerce intrazone, flux de capitaux) et des mobilités (tourisme, migrations) peut être liée à
un processus volontariste d'harmonisation économique et politique entre différents Etats (UE, ALENA) ou collectivités
territoriales).
- Quels contrastes économiques et culturels caractérisent le continent américain ?
- En quoi la mondialisation redéfinit-elle les rapports Nord/Sud sur le continent américain?
- Quelles sont les tensions sur le continent américain ?
- Les initiatives d’intégrations régionales reflètent-elles ou résorbent-elles les tensions qui affectent le continent américain ?
I. UN CONTINENT MARQUE PAR UNE GRANDE DIVERSITE
Quels contrastes caractérisent le continent américain?
A. Des différences culturelles entre héritages et mutations:
De la conquête coloniale découle une distinction entre, au Nord, une Amérique anglo-saxonne majoritairement
protestante, et, au Sud, une Amérique latine catholique. S'étendant du Mexique à la Terre de feu, l'Amérique latine a été
définie au milieu du XIXe siècle (siècle des indépendances) par sa culture, celle d'un ensemble catholique, majoritairement issu de
la colonisation espagnole et portugaise mais également plus métissée, par opposition à l'Amérique anglophone.
Ce clivage s'articule avec l'héritage amérindien, les apports culturels afro-américains issus de la traite négrière et ceux,
encore plus divers, des dernières vagues d'immigration, notamment asiatiques.
Les Amérindiens représentent encore une forte proportion de la population de l'Amérique latine. La Bolivie, l'E
quateur, le Pérou et le Guatemala ont une population majoritairement indigène. Plusieurs États ont reconnu leurs cultures et leurs
langues; des lois spécifiques, notamment aux États-Unis et au Brésil, établissent leur droit à leur terre. Au Canada, les Inuits
bénéficient même de l'autonomie sur leur territoire. Malgré ces dispositions, les conflits entre les États et les Amérindiens
subsistent pour l'exploitation et la gestion durable de leurs territoires.
=Indigènes: habitants appartenant à un groupe ethnique présent dans le pays avant la colonisation.
=Amérindiens: populations autochtones de l'Amérique, surtout nombreuses dans les deux régions qui ont connu les civilisations
précolombiennes les plus brillantes (Empire aztèque autour de Mexico et Empire inca dans l'actuel Pérou et l'actuelle Bolivie;
Mapuches au Chili).
=Inuits: peuple autochtone des régions arctiques de l'Amérique du Nord et de la Sibérie ainsi que du Groenland.
Des dynamiques culturelles croisées. Si la culture anglo-saxonne et l'américanisation des modes de vie se diffusent dans
tout le continent, l'influence hispanique progresse vivement dans le Sud des États-Unis au point d'imposer, de la Californie à la
Floride, une mixité culturelle fortement teintée des modes de vie latinos (la «Mexamerica»). Cette influence latino-américaine
est une conséquence de l'immigration; les populations d'Amérique latine constituent la première minorité du pays, en hausse
constante, en particulier en Floride et en Californie 1'on compte le plus grand nombre de villes bilingues anglais/espagnol. Les
communautés issues d'Amérique latine et des Caraïbes marquent ainsi la société et la culture des États-Unis.
=Mexamerica / Mexamérique: Espace transfrontalier regroupant les Etats du Nord du Mexique et du Sud des Etats-Unis (de la
Californie au Texas) unis par des liens linguistiques (usage de l'espagnol), économiques et culturels (religion catholique, musique,
pratiques alimentaires et vestimentaires...). Dans les Etats du Sud des EU, les populations d'origine hispanique peuvent atteindre
plus de 30% de la population et conservent vivants leurs héritages culturels.
B. Un continent fortement inégalitaire, entre puissance du Nord et affirmation du Sud
En quoi le continent américain présente-t-il un développement inégal?
1. Un continent traversé par la limite Nord/Sud:
Les indicateurs démographiques et socioéconomiques soulignent la fracture Nord-Sud entre les États-Unis et le Canada
d'une part et les États d'Amérique latine d'autre part. Ils révèlent également une grande hétérogénéité entre les États d' Amérique
latine.
Les Américains ne sont pas égaux du point de vue des évolutions démographiques.
- Etats-Unis et Canada ont achevé leur transition démographique (EU / 2013: taux de mortalité: 8%0 ; taux de natalité: 13%0). En
Amérique latine, les pays d'immigration européenne et à forte population blanche (Argentine, Chili, Costa Rica, Uruguay) ou
ayant adopté très tôt des programmes sociaux (Cuba) se détachent avec une transition démographique très avancée. Le Brésil, le
Mexique, la plupart des pays andins et centraméricains sont en train de la vivre. Le Paraguay, le Guatemala, la Bolivie et Haïti
n'en sont qu'au début.
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- Le taux de mortalité infantile en 2013 était de 5,9 %0 aux EU et de 4,9 %0 au Canada contre 23 %0 en 2012 en moyenne en
Amérique latine. Si le Costa Rica, le Chili, Cuba et l'Uruguay restent en deçà de 10 %0, la mortalité infantile est plus élevée dans
les pays andins, caribéens et centraméricains, la Bolivie atteignant 40%0 et Haïti 59 %0.
- L'espérance de vie à la naissance, en 2013, était de 81 ans au Canada 78 ans et demi aux EU. En Amérique latine, la moyenne
était de 75 ans. Une fois de plus, les mêmes pays sont en tête de classement (Cuba, Costa Rica, Chili, Uruguay, Argentine) avec
une moyenne qui dépasse les 77 ans. Le Brésil atteint 74 ans et demi, le Paraguay et le Pérou frôlent les 72 ans. Haïti avec 67 ans
et la Bolivie avec 62 ans occupent les dernières places.
En Amérique latine, la pauvreté recule mais demeure importante:
- En 1997, l'Amérique latine comptait 204 millions de pauvres (population vivant avec moins de 2 dollars par jour) dont 50
millions d'indigents (population vivant avec moins de 1 dollar par jour). En 2012, on comptait 164 millions de pauvres dont 68
millions d'indigents pour une population totale de 609 millions d'habitants. cette pauvreté touche surtout la population rurale et
les quartiers urbains défavorisés où les populations noires et indigènes sont surreprésentées.
- Le taux de pauvreté dépasse 50% au Honduras, au Guatemala ou au Nicaragua.
- La malnutrition, quoiqu'en recul, touchait encore 53 millions de personnes en 2012.
La répartition des richesses au sein des pays latino-américains est une des plus inégalitaires au monde:
- en 2005, la Bolivie, la Colombie, le Paraguay, le Brésil et le Chili se distinguaient par la concentration d'au moins 60% des
revenus entre les mains des 20% de la population les plus riches.
- en 2005, en Bolivie, en Colombie, au Paraguay, au Brésil, au Panama, au Guatemala et au Salvador les 20% les plus pauvres
concentraient moins de 3% des revenus.
L'IDH (valeurs de 2012) montre une réduction des écarts de développement à l'échelle du continent américain:
- Etats-Unis (0,937/ 3ème rang mondial) et Canada (0,911 / 11ème rang mondial) appartiennent aux pays les plus riches et les
plus développés de la planète.
- Avec un IDH moyen de 0,741 (contre 0,680 en 2000), l'Amérique latine se situe loin devant l'Afrique subsaharienne (0,475)
et se rapproche des pays d'Europe centrale et orientale (0,771). Cette moyenne cache toutefois des évolutions différentes et de
grandes disparités selon les pays:
=> le Chili (0,819 / 40e) et l'Argentine (0,811 / 45e) figurent dans la catégorie "développement humain très élevé" (IDH > 0,8).
=> l'Uruguay, le Mexique, le Brésil, Cuba ou le Pérou appartiennent, entre autres à la catégorie "développement humain élevé"
(0,7-0,8).
=> avec un IDH inférieur à 0,7 le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Salvador en Amérique centrale, la Bolivie, le
Guyana, le Suriname et le Paraguay en Amérique du Sud figurent parmi les Etats les moins développés du continent. Haïti (0,456 /
161e) appartient à la catégorie es PMA.
2. Ces profonds écarts entre Nord et Sud sont à l'origine d'un système migratoire complexe qui se déploie à l'échelle
continentale:
Les flux migratoires au sein de l'Amérique latine et entre l'Amérique latine et les États-Unis/Canada sont les plus
importants du monde.
Bien que parfois hésitants, les EU sont le premier pays d'accueil pour les immigrants venant d'Amérique latine.
- Près de 50 % des migrants qui entrent aux États-Unis viennent du continent américain. Les migrations vers les États-Unis
proviennent du Bassin caraïbe, du Mexique la fois pays d'émigration séculaire vers les États-Unis et pays de transit pour les
populations centraméricaines) et, secondairement, d'Amérique du Sud.
- Ces migrations renforcent l'interdépendance économique entre EU et Amérique latine. Elles donnent lieu à des envois
d'argent vers les pays de départ, dont le montant dépasse celui de l'aide publique au développement. Ces remesas représentent
plus de 30 % du PIB en Haïti et au Guyana, plus de 15% au Honduras et en Jamaïque. En 2007, les Mexicains installés aux États-
Unis ont transféré la somme record de 24 milliards de dollars vers leur pays d'origine.
= remesas (remises): transferts financiers en provenance des travailleurs émigrés. Ils représentent pour certains Etats d'Amérique
latine jusqu'à 15% de leur PIB.
- Ces migrations contribuent à un brassage culturel au sein des pays d'accueil (EU, Canada) dont témoignent l'usage de
l'espagnol aussi bien à New York qu'à Chicago. Des quartiers ethniques (latinos, haïtiens...) assez étendus existent non seulement
« près » des zones de départ, comme Miami, mais aussi dans les principales métropoles des pays d’accueil, comme New York ou
Toronto. Miami est une ville dont plus de 60% de la population est d'origine latino-américaine.
- Ces migrations ont un impact géopolitique: le maintien d'une importante immigration illégale est à l'origine de politiques de
fermeture (murs à la frontière Mexique / EU, surveillance accrue des frontières, quotas d'immigration). C'est devenu l'un des
thèmes essentiels des rapports entre les États-Unis et l'Amérique latine.
Les flux migratoires au sein de l'Amérique latine reflètent les inégalités de développement: Brésil, Argentine et Chili
attirent des migrants venus des pays voisins plus pauvres. A cela s’ajoutent des flux liés aux violences qui caractérisent certains
États d’Amérique du Sud (trafic de drogue / guérilla en Colombie).
On enregistre également des flux migratoires croissants d'Amérique du Sud vers l'Union européenne (Espagne) et le Japon.
Le tourisme est un facteur d’intégration régionale puisqu’il met en contact des sociétés culturellement différentes ; il
engage aussi des flux financiers qui sont considérables. Les flux touristiques (principalement Nord-Sud) contribuent à diffuser
les modes nord-américaines. Miami est le 1er port de croisières du monde. La Floride et les Caraïbes sont l'une des principales
destinations des touristes nord-américains.
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C. Un continent inégalement intégré dans la mondialisation:
1. L'Amérique du Nord: pôle majeur de la mondialisation:
Les États-Unis et le Canada sont les deux principales puissances de l'Amérique du Nord. Le commerce entre les deux
pays a doublé depuis la création de l'ALENA. Toutefois la concurrence est forte entre les deux pays dans certains secteurs
(industrie lourde, automobile, bois) et l'économie canadienne reste très dépendante du marché états-unien.
L'économie des États-Unis est la plus puissante et la plus diversifiée du monde. À l'échelle continentale, ils incarnent
autant un modèle attractif et séduisant qu'un géant aux prétentions hégémoniques. Ils sont les premiers investisseurs dans le
continent américain, notamment au Canada et au Mexique.
Le Canada est un pays riche en ressources naturelles et un grand exportateur de matières premières. Le sud-est du pays,
qui regroupe les principales métropoles (Toronto, Montréal) est l'espace central du Canada. Sa forte intégration aux États-Unis a
contribué à l'émergence d'une vaste région transfrontalière, la Main Street. Elle s'articule avec un immense arrière-pays agricole,
minier (fer, cuivre, nickel) et énergétique (hydroélectricité; 5e producteur mondial de pétrole en 2013).
=Main Street: ou « Grande Rue» canadienne. Axe majeur qui s'étend le long du Saint-Laurent jusqu'à la région des Grands Lacs.
Il concentre 65 % de la population canadienne.
2. Des pays émergents qui connaissent une intégration croissante dans la mondialisation:
Le Brésil s'affirme comme la principale puissance régionale de l'Amérique du Sud: me PIB du continent, 1er pays
récepteur d'IDE d'Amérique latine, il fait contrepoids à la domination américaine. Cependant, il est traversé par de profondes
inégalités sociales.
Mexique, Argentine et Chili sont parfois qualifiés de jaguars.
- Le Mexique (2e PIB d'Am. latine) est le 1er investisseur à l'étranger et le 4e pays d'accueil d'IDE en Amérique latine. C'est le
10e producteur mondial de pétrole (2013). La proximité des États-Unis est autant un atout (exportations) qu'un inconvénient
(dépendance). Mexico constitue une vitrine de cette insertion dans l'économie mondiale.
- L'Argentine et les Chili détiennent respectivement le 3e et le 6e PIB d'Am. latine. Le Chili (cuivre, fruits) et l'Argentine (blé,
soja) sont de grands exportateurs de matières premières et de denrées agricoles. Le Chili est aussi le 2ème émetteur et le 2ème
récepteur d'IDE en Amérique latine.
=Jaguars: nom parfois donné aux pays émergents latino-américains, en comparaison avec les Tigres asiatiques.
Le Venezuela, la Colombie et le Pérou restent aussi très dépendants des exportations de matières premières.
- La Colombie (4e PIB d'Am. latine) exporte du café et du charbon. C'est le 3ème pays d'accueil des IDE en Amérique latine.
- Le Venezuela (5e PIB d'Am. latine) est le 11e producteur mondial de pétrole (2013) mais posséderait des réserves parmi les 5
premières de la planète.
- Producteur d'or (6e rang mondial en 2010) et de produits de la mer (2e rang mondial pour la pêche), le Pérou (7e PIB d'Am.
latine) a vu son PIB multiplié par trois entre 2000 et 2010.
3. Des périphéries en retard de développement:
De nombreux pays latino-américains sont des périphéries dominées. Si certains profitent de la flambée des prix des
matières premières (pétrole à Trinidad-et-Tobago), la plupart souffrent d'une économie à faible valeur ajoutée (fruits tropicaux,
aquaculture en Équateur et en Amérique centrale), voire mono-exportatrice (bauxite au Surinam).
D'importants écarts séparent les campagnes et les villes. L'agriculture reste très inégalement compétitive et souvent destinée
à l'autoconsommation. Autrefois florissante à Cuba, elle a été très affectée par la chute de l'URSS et l'embargo américain. La
culture de coca pour le trafic de cocaïne est autant vue comme une alternative qu'un fléau (Andes).
Les populations et les États les plus pauvres restent à l'écart de l'économie mondialisée. Haïti fait partie des pays les
moins avancés (PMA) de la planète et, partout, les indigènes (60 % des Boliviens et des Guatémaltèques) sont les premiers
frappés par la misère. Fréquente, la corruption freine le développement. Dans ce contexte de vulnérabilité, les nombreux aléas
climatiques et sismiques (cyclones, séismes) sont à l'origine de catastrophes dont certains États peinent à se remettre (Haïti,
Honduras).
Certains groupes sociaux demeurent particulièrement en marge de l'intégration. À l'échelle nationale, les indigènes
restent souvent marginalisés économiquement et politiquement, y compris dans des pays où ils sont majoritaires (Guatemala). À
l'échelle du continent, les entraves à la libre circulation des personnes sont nombreuses, comme l'illustre la frontière américano-
mexicaine.
II. L' AMERIQUE, ENTRE TENSIONS ET APAISEMENT:
Quelle est l'évolution récente des tensions sur le continent américain?
A. L'hégémonie des États-Unis: une réalité ancienne mais en recul
L'hégémonie des États-Unis sur l'Amérique latine est ancienne. La politique étrangère des États-Unis, héritière de la
doctrine Monroe (1823), s'est longtemps accompagnée du soutien aux régimes militaires et aux dictatures bananières [nommées
ainsi en raison de l'appui de la firme états-unienne United Fruit Company pendant la Guerre froide. Cette position hégémonique a
alimenté un sentiment d'antiaméricanisme dans toute l'Amérique latine et la dénonciation de l'impérialisme des États-Unis.
=Doctrine Monroe: en 1823, James Monroe (1758-1831), président des États-Unis, proclame que toute intervention européenne
en Amérique latine sera jugée inamicale => L'Amérique latine est considérée comme le domaine servé de l'influence des États-
Unis. Cette position, illustrée par le slogan « l'Amérique aux Américains », marque le début d'une prise de conscience
panaméricaine, mais sous domination des États-Unis.
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=Impérialisme: politique de conquête ou de domination territoriale.
Bien qu'en recul aujourd'hui, cette tutelle conserve les formes d'un interventionnisme diffus, relayé par une influence
multiforme pour défendre les intérêts états-uniens:
- Dollarisation des économies de certains pays: Equateur, Panama, Salvador ;
- importance des IDE et FTN états-uniens en Amérique latine.
- 9% (2011) de l'aide publique au développement (APD) versée par les EU est à destination de l'Amérique latine.
- La présence militaire des États-Unis demeure importante. La base de Guantanamo et l'embargo imposé à Cuba depuis 1962
illustrent le maintien de cette influence dans le bassin Caraïbe. Les interventions armées ont été nombreuses au cours des 50
dernières années (Panama, Grenade, etc...), et l'armée américaine est active dans la lutte contre le narcotrafic.
=Dollarisation: ce néologisme décrit le choix pour un pays d'abandonner sa monnaie nationale pour adopter le dollar américain
ou de lier le cours de sa monnaie au dollar américain.
=Embargo: mesure administrative ou militaire visant à empêcher la libre circulation de marchandises.
Un sentiment anti-américain persiste dans de nombreux pays sud-américains. Ce sentiment antiyankee est entretenu par
des pays comme Cuba, le Venezuela, l'Equateur et la Bolivie. L'impact de la crise mondiale de 2008 sur des économies latino-
américaines très dépendantes du marché de consommation des États-Unis a renforcé l'axe anti-impérialiste incarné par le
Vénézuélien Hugo Chavez (président du Venezuela de 1999 à son décès en 2013; il a été remplacé par Nicolas Maduro qui suit
la même ligne politique). Cependant, la stabilité de la démocratie américaine continue d'en faire un modèle et un puissant pôle
d'attraction.
Un gradient de dépendance décroissant à l'égard des États-Unis s'observe à l'échelle du continent. Les États-Unis
exercent une influence et un fort pouvoir d'attraction sur leurs voisins immédiats (Canada, Mexique) et sur l'ensemble du Bassin
caraïbe, alors qu'au Sud du continent, le Brésil et les pays du cône Sud affirment une plus grande autonomie.
B. Des tensions nationales et internationales en voie d'apaisement
1. Des tensions nationales apaisées par la démocratisation:
Dans les années 1980, la démocratisation a balayé les dictatures latino-américaines alors soutenues par les États-Unis et
la mocratie s'est consolidée dans les années 2000-2010. Des traités de paix ont mis fin aux guerres civiles (Salvador / 1992;
Guatemala / 1996). Le retour à la démocratie a favorisé l'accession au pouvoir d'anciens guérilleros (Daniel Ortega, ancien leader
de la guérilla sandiniste, est président du Nicaragua depuis 2006; Ex-guérillero des Tupamaros dans les années 1960-1970, José
Mujica a été président de l'Uruguay de 2009 à 2015) ou d'indigènes (Evo Morales, président de Bolivie depuis 2005; Ollanta
Humala, président du Pérou depuis 2011).
La Colombie reste le seul pays de la région confronté à un conflit armé interne, celui qui oppose l'Etat colombien à la guérilla
marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). On estime que depuis 1964 (création des FARC), il aurait
causé au moins 220.000 morts et plus de 5 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays.
Les États cherchent intégrer certains espaces peu peuplés pour affirmer leur souveraineté sur l'ensemble de leur territoire,
mais également parce qu'ils convoitent les ressources stratégiques que renferment ces espaces. C'est ce qu'illustrent les fronts
pionniers brésiliens en Amazonie, paraguayen du Chaco ou canadien dans le Grand Nord. Ces dynamiques sont sources de
conflits entre les États et les ethnies indigènes qui occupent ces territoires et revendiquant la reconnaissance de leurs droits
ancestraux sur leurs terres ainsi qu'une gestion durable des ressources (Amazonie, déserts, Patagonie, Grand Nord canadien).
Elles viennent également heurter des logiques de défense de l'environnement (déforestation massive frappant l'Amazonie et le
Chaco).
=Front pionnier: processus d'appropriation d'un territoire considéré comme "vierge" à des fins de mise en valeur (agricole,
minière, etc...) et/ou de peuplement.
Des revendications régionalistes nouvelles émergent pouvant aller jusqu'au risque de fractures au sein des territoires
nationaux.
- La Bolivie est confrontée aux revendications autonomistes de la province gazière de Santa Cruz.
- Certains Brésiliens voient dans la vaste réserve des indiens Yanomami, à la frontière du Venezuela, une menace de sécession,
au nom du droit à l’autodétermination et des droits des peuples indigènes. Et le territoire amazonien de l’Acre la frontière de
la Bolivie et du Pérou), ache à la Bolivie en 1903 pour 2 millions de livres, n’est pas non plus à l’abri d’une demande de
rétrocession.
2. Des tensions internationales relatives mais réelles:
Contrastant avec les États-Unis, l'Amérique latine est la région du monde qui consacre le moins de crédits à la défense.
- Le Pacte de Rio de 1947 (Traité interaméricain d'assistance réciproque), liant l'ensemble des pays américains sauf le Canada et
Cuba, a largement perdu de sa pertinence depuis la fin de la Guerre froide. Il prévoit le règlement pacifique des conflits entre les
États signataires et une défense commune contre toute agression dirigée contre un État américain. Le Mexique s'en est retiré en
2002 (par anticipation et en signe de désaccord avec l'invasion de l'Irak de 2003) et les Etats membres de l'ALBA en 2012.
- Aucun pays d'Amérique latine n'a l'arme nucléaire.
- Les armées du Chili, du Brésil, d'Argentine et d'Uruguay ont travaillé ensemble au maintien de la paix dans le cadre de l'ONU,
notamment en Haïti où l'instabilité politique demeure forte.
Les principales tensions sont liées aux frontières:
- Depuis une vingtaine d'année, les Etats-Unis ont mis en place des contrôles très stricts à la frontière avec le Mexique afin de
lutter contre l'immigration clandestine (estimée à plus de 400.000 immigrants clandestins par an). Depuis le 11 septembre 2001 s'y
ajoute un impératif sécuritaire. En 2006, l'administration Bush a décidé de construire un véritable mur sur trois tronçons
frontaliers, le tout dépassant les 1000 km. Cette politique a suscité de vives protestations de la part des pays d'émigration:
Mexique, Amérique centrale, Colombie.
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- En Amérique latine, les tensions portent sur des contestations de frontières entre États:
La Bolivie a perdu son accès à la mer à la suite de sa défaite contre le Chili en 1879 (Guerre du pacifique). Depuis, elle
n'a cessé de revendiquer la récupération d'une te souveraine, ce qui nécessite l'accord du Pérou qui ne veut pas perdre sa
frontière avec le Chili., Pérou et Chili, par exemple) et constituent un obstacle aux intégrations régionales.
Le dernier conflit ouvert (une soixantaine de morts) a eu lieu en 1995 sur la frontière chaude entre le Pérou et
l'Équateur. Un accord de paix en 1998 a permis la résolution de ce conflit frontalier.
=Frontière chaude: frontière contestée et militarisée.
Les différends frontaliers entre l'Argentine et le Chili n'ont trouvé de solution que récemment: en 1984, la frontière
dans la zone australe (Terre de Feu) a été définitivement établie après de longues négociations et la médiation de Jean-Paul II par
le Traité de Paix et d'Amitié entre l'Argentine et le Chili; en 1998, un accord entre ces deux pays a précisé le tracé de leur
frontière en Patagonie méridionale.
Le contrôle des ressources génère des contentieux, généralement de faible ampleur:
- Des tensions persistent au sujet de la délimitation des eaux territoriales et des zones économiques exclusives (ZEE):
• Le conflit concernant la délimitation de la frontière maritime entre les ZEE chilienne et péruvienne s'est réglé
pacifiquement en 2014 devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye.
La question de la souveraineté sur le Golfe du Venezuela oppose la Colombie et le Venezuela
Il existe des tensions entre les petits États de l'isthme centraméricain: Salvador, Honduras et Nicaragua se disputent le
contrôle des eaux du golfe de Fonseca; différents litiges opposent le Costa Rica et le Nicaragua à l'embouchure du Rio
San Juan (tracé de la frontière, droit de navigation sur le fleuve).
- Le pétrole est l'enjeu de tensions entre États-Unis et Canada (en Arctique) et entre Venezuela et Guyana.
- L'Argentine continue de faire valoir ses droits sur les îles Malouines (sous souveraineté britannique) aux eaux poissonneuses.
Ces tensions, associées au nationalisme et à l'instabilité politique de certains pays, ont longtemps entravé l'intégration
régionale, qui progresse néanmoins en Amérique latine depuis le début des années 1990.
C. Drogue et trafics: des facteurs de tensions
L'Amérique est confrontée à de fortes inégalités sociales, facteurs de violence. Salvador, Honduras et Venezuela
connaissent les plus forts taux d'homicide du monde. Des gangs armés, les maras, diffusent cette violence de Los Angeles à
l'Amérique centrale. La question foncière et l'accès à la terre sont aussi des facteurs de contestation et de violence en Bolivie ou au
Paraguay.
=Maras: gangs ultraviolents nés de l'exil de Centraméricains aux États-Unis dans les années 1980.
Cette violence est aussi largement liée au narcotrafic. L'impuissance de l'État mexicain face aux cartels (organisations
criminelles) contrôlant le trafic de drogue à destination des États-Unis explique l'importance de la criminalité dans les villes
proches de la frontière américaine (Ciudad Juarez, Tijuana) et en Amérique centrale (Guatemala, Salvador). La guerre contre le
narcotrafic au Mexique aurait fait entre 70 000 et 100 000 morts depuis 2006.
L'enclavement et le retard économique de certaines régions (piémont des Andes, hauts plateaux d'Amérique centrale, forêt
amazonienne dense) ont favorisé l'émergence de guérillas de longue durée, issues de rébellions paysannes (les FARC en
Colombie, en particulier) et les activités illicites (production de drogues). Les conflits et les trafics issus de ces zones grises
débordent le seul cadre national et impliquent les États voisins proches (le Venezuela et l'Équateur, dans le conflit en Colombie
=> en 2008, une incursion colombienne en Équateur lors d'une offensive contre les FARC a entraîné la rupture des relations
diplomatiques entre les deux pays) ou plus lointains (les États-Unis, qui interviennent au Mexique et en Colombie contre le
narcotrafic).
Les États-Unis tentent de contenir le trafic de drogues qui s'est mis en place à l'échelle du continent et dont ils sont les
premiers destinataires. Ils exercent une forte pression sur les pays andins producteurs et financent des opérations de lutte contre la
culture de coca et contre les narcotrafiquants.
III. UN CONTINENT MARQUE PAR DES LOGIQUES D'INTEGRATION DIVERGENTES:
Quelles sont les logiques et les effets des intégrations régionales sur le continent américain?
En quoi reflètent-elles les tensions que connaît ce continent?
A. L'ALENA, une intégration régionale au bénéfice des États-Unis?
L'Accord de libre-échange nord-américain (Alena), entré en vigueur en 1994 entre le Canada, les États-Unis et le Mexique,
organise une vaste zone de libre-échange qui permet la libre circulation des capitaux et des marchandises (suppression des
barrières douanières) entre les trois pays, mais exclut la libre circulation des personnes. Le caractère incomplet de cet accord
traduit surtout un rapport de forces inégal entre les partenaires:
- d'un té, le monde anglo-saxon dont les entreprises investissent librement au Mexique, mais qui veut se prémunir contre une
immigration mexicaine jugée indésirable;
- de l'autre, le Mexique moins veloppé (son PIB ne représente que 6% de celui des États-Unis) qui a choisi d'arrimer son
économie à celle de ses puissants voisins du Nord, au risque de fragiliser ses liens traditionnels avec son aire culturelle au Sud.
L'Alena forme un marché de près de 470 millions d'habitants et constitue une des trois grandes aires de puissance
économique de la planète avec un PIB de 20500 milliards de dollars en 2014 (plus du quart de la richesse produite dans le monde).
L'ALENA a favorisé la hausse des échanges entre les trois États (marchandises et matières premières) et la croissance de
leurs économies respectives.
L'ALENA est très centrée sur les États-Unis, qui attirent 75 % des exportations canadiennes et 78 % des exportations
mexicaines. De plus, la moitié des importations canadiennes et mexicaines proviennent des EU. Le Canada et le Mexique
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