Résumé
Une présidence hamiltonienne : la politique étrangère de Ronald Reagan. Denis Lacorne.
II n'est plus possible, au lendemain du Watergate, d'écrire sur la politique étrangère des États-Unis sans
faire référence aux rapports conflictuels qui opposent le président au Congrès. A une « présidence
impériale », justement dénoncée dans les années 1960, succédait une présidence affaiblie, en but aux
assauts d'un Congrès qui cherchait à réétablir son ancienne prééminence. Face au « déséquilibre »
produit par un Congrès dominateur, le président Reagan a tenté d'inverser la balance au profit de
l'exécutif. Il n'y a réussi qu'imparfaitement, au prix d'une incessante confrontation avec un Congrès
revigoré, comme l'illustrent la question de l'entrée en guerre des États-Unis, la crise de l'Irangate, et les
tentatives de réinterprétation du traité des missiles antibalistiques. La présidence « restaurée » par
Reagan n'est pas la « présidence impériale », mais plutôt une « présidence énergique », ou encore «
hamiltonienne », puisqu'elle se rattache à une conception du pouvoir inaugurée, dès la fin du 18e
siècle, par le plus monarchique des Pères fondateurs : Alexander Hamilton.
Abstract
A hamiltonian presidency: Ronald Reagan's foreign policy. Denis Lacorne.
After Watergate, one can no longer write about US foreign policy without referring to the conflictual
nature of the relationship between presidency and Congress. For a while, the « imperial presidency »,
justly denounced in the sixties, was replaced by a weakened presidency, which had to face the
repeated assaults of an insurgent Congress wishing to recover its former preeminence. Faced with the "
disequilibrium " provoked by a dominant Congress, president Reagan attempted to redress the balance
in favor of the executive. His success, the result of a long confrontation with a stronger Congress, was
only partial, as demonstrated by the exercise of his war-making powers, the Iron-Contra affair and his
attempt at reinterpreting the ABM treaty. President Reagan did not « restore » an « imperial »
presidency, but instead an « energetic », or « Hamiltonian » presidency, for it derives from a concept of
power inaugurated at the end of the eighteenth century by the most monarchical of the Founding
Fathers : Alexander Hamilton.