l’eau, comme l’air…mais l’or promis par le roi fit son effet et
bientôt les savants amenèrent à Majestissimus des chevaux aux
grandes ailes noires qui permettraient de voler dans le ciel
pour y récolter les étoiles.
Sans attendre Majestissimus les lança à la poursuite de tout ce
qui brillait dans le ciel nocturne, et ils firent des ravages. Ils
attrapaient dans leurs grandes ailes noires comme dans des
filets les étoiles qui paisiblement répandaient pour tout le
monde leur clarté.
Majestimus avait fait creuser par ses serfs, dans une grande
montagne, une immense caverne pouvant contenir la voûte du
ciel. Son astronome, Astrogodi, avait dessiné l’endroit exact de
toutes les constellations sur le grandiose planétarium. Sa
majesté, d’une voix impérieuse, lui désignait du bout de son
sceptre celle-ci, puis, celle-là, qu’Astrogodi marquait d’une croix
dans un grand registre. Majestimus possédait ainsi l’immensité
du ciel. Seules les étoiles filantes lui échappèrent, elles se
réfugièrent au fond des océans, là ou l’on découvre maintenant
des étoiles de mers. Quelques unes se cachèrent sur les plus
hauts sommets recouverts de neige, là où l’été fait naître les
sources des rivières et une étoile d’argent, tel l’edelweiss.
Pendant les journées ensoleillées inondées de lumière,
Majestimus, muni de sa clef d’or, ouvrait les portes de la nuit
et, béatement, s’extasiait devant les étoiles qui ne scintillaient
Son peuple n’avait plus d’étoiles, les amoureux ne pouvaient,
dans les ténèbres voir les reflets étincelants de leurs amours;
les feux des baisers disparurent. Sans l’étoile polaire les marins
se perdaient en mer , sans celle du berger ceux-ci ne savaient
quand rentrer leurs troupeaux. La nuit était froide et triste .Les
hommes avaient perdu l’espoir, pensaient qu’il en serait ainsi
pour toujours.