En4-261-1998-fra - Publications du gouvernement du Canada

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Des maisons dans les arbres
gens croient généralement que les oiseaux construisent leur nid à la jonction des
L esbranches
d’arbre. C’est ce que certains oiseaux font, mais d’autres habitent dans des
Kathy Martin, Ph.D.
Chercheure
cavités qu’ils percent ou trouvent dans les troncs. Ces cavités forment des nids plus chauds
et plus secs que ceux qu’on trouve sur les branches. Elles sont également plus sûres, car les
prédateurs sont généralement trop gros pour s’y introduire. Ainsi, les parents des oisillons
peuvent quitter le nid pour chercher la nourriture sans trop craindre pour la sécurité de
leurs petits. Comme les oiseaux qui nichent dans des trous d’arbre dépensent beaucoup
d’énergie et de temps pour percer ceux-ci, il est fréquent que d’autres espèces se livrent
concurrence pour s’approprier les trous abandonnés, qui sont déjà tout aménagés. Dès lors,
on trouve dans les forêts toutes sortes de cavités qui sont utiles à de nombreux animaux.
Le régime de la copropriété
Recherche parrainée par
le Service canadien de la faune
(Environnement Canada)
et
l’Université de la
Colombie-Britannique
S
elon une étude menée récemment dans des forêts de la région de Cariboo-Chilcotin,
dans le centre-nord de la Colombie-Britannique, environ le tiers des espèces
d’oiseaux qui y vivent nichent dans des trous d’arbre. La plupart de ces trous sont creusés
par des pics et utilisés ultérieurement par d’autres oiseaux, et même aussi des chauvessouris et des écureuils. La taille et la forme des cavités varient selon l’espèce qui les
aménage, mais ils consistent généralement en une entrée étroite et arrondie qui débouche
sur un espace creux où les occupants nichent et se reposent. Les pics creusent les cavités
19 fois sur 20 dans le peuplier faux-tremble, un arbre à larges feuilles, et seulement une
fois sur 20 dans des conifères.
Les bâtisseurs et les squatters
étude a permis d’établir la structure de la communauté animale qui occupe
L adesmême
trous d’arbre :
■
Constructeurs primaires. Huit espèces de pics mettent à profit leur puissant bec et
leur robuste cou pour creuser leur abri. Deux espèces en particulier, le Pic flamboyant
et le Pic à nuque rouge, creusent 75 % des cavités utilisées par l’ensemble de la
communauté et 90 % des cavités qu’habitent les nicheurs secondaires.
■
Nicheurs secondaires. Six espèces d’oiseaux chanteurs, dont des hirondelles et des
merlebleus, cinq espèces de canards, tels le Garrot à œil d’or et le Petit Garrot, et huit
espèces d’oiseaux de proie (crécerelle, chouettes et hiboux) nichent seulement dans des
trous d’arbre. Or, comme ces oiseaux ne peuvent pas creuser eux-mêmes leur cavité de
nidification, ils sont entièrement dépendants des trous creusés par les pics, à moins
qu’ils puissent trouver une rare cavité naturelle.
■
Constructeurs occasionnels. Quatre espèces de mésanges et de sittelles peuvent creuser
leur propre cavité si elles trouvent un arbre au bois mou qui est pourri. Parfois, elles
peuvent agrandir une cavité naturelle, comme un trou de noeud dans un tronc. Toutefois, les cavités creusées par ces oiseaux n’attirent par d’autres espèces, car elles sont
généralement trop petites et creusées dans des arbres fragiles que le vent risque
d’abattre. Mésanges et sittelles peuvent établir eux-mêmes leur domicile, mais elles
occupent parfois des cavités existantes et entrent ainsi en concurrence avec des nicheurs
secondaires.
■
Petits mammifères. Huit espèces de chauves-souris et deux espèces d’écureuils
occupent souvent des trous creusés par des pics.
Beaucoup d’oiseaux
des forêts
nichent dans des
trous d’arbre.
Préservons
leur habitat!
Site de l’étude
Distribution des cavités
nouvelles cavités sont creusées chaque année. Au fil du temps, les trous se
D edétériorent
et offrent moins de protection, à force d’être occupés par des oiseaux et
des petits mammifères. L’arbre ou la branche finit par tomber et la cavité ne peut plus
servir.
Les cavités et leurs occupants ne sont pas répartis uniformément dans les forêts.
Certaines parties des forêts ont la préférence de nombreuses espèces qui nichent dans des
cavités tandis que d’autres secteurs sont pratiquement désertés par ces animaux. Étant
donné que ce sont les pics qui creusent les trous, les endroits fréquentés par des pics le
sont aussi par beaucoup de nicheurs secondaires. Les mésanges et les sittelles, pour leur
part, ont tendance à éviter les endroits très fréquentés par les autres espèces qui nichent en
cavité. En automne et en hiver, après que les oiseaux migrateurs sont partis, les oiseaux
résidents et les écureuils utilisent parfois les trous abandonnés pour se protéger contre les
rigueurs du temps.
La chaîne de nidification
AMKE
BUFF
EUST
TRES
MOBL
WCE
ARBRES
At
Fd
RBNU
NAT
NOFL
RNSA
Pic tridactyle
Pic mineur
Grand Pic
Pic chevelu
Pic à nuque rouge
Pic flamboyant
Cavité naturelle
HAWO
PCE
PIWO
MOCH BCCH
Constructeurs primaires
(PCE)
TTWO
DOWO
PIWO
HAWO
RNSA
NOFL
NAT
TAHU
SCN
NSOW
Petite Nyctale
Écureuil roux
Hirondelle bicolore
Merlebleu azuré
Étourneau sansonnet
Grand Garrot
Crécerelle d’Amérique
omme la chaîne alimentaire, la chaîne de nidification montre la dépendance entre
les espèces. La chaîne qui est illustrée ici indique les liens qui unissent les espèces de
la région de Cariboo-Chilcotin. Les espèces d’un niveau particulier dépendent de celles
qui se trouvent au niveau inférieur. Plus les lignes sont larges, plus les liens entre les
espèces sont forts.
DOWO
NSOW
TAHU
TRES
MOBL
EUST
BUFF
AMKE
C
TTWO
Nicheurs secondaires
(SCN)
Pl
Sx
Caractéristiques :
Constructeurs occasionnels
(WCE)
MOCH Mésange de Gambel
BCCH Mésange à tête noire
RBNU Sittelle à poitrine rousse
■
Les cavités sont presque toujours creusées dans le peuplier faux-tremble. Cet arbre est
tout à fait ou très essentiel aux espèces qui y nichent dans ces cavités.
■
Les constructeurs primaires utilisent seulement des cavités qu’ils ont creusées euxmêmes. Les nicheurs secondaires utilisent les cavités creusées par les constructeurs
primaires (et parfois des cavités naturelles). Les constructeurs occasionnels nichent soit
dans leurs propres cavités, soit dans des cavités creusées par des constructeurs primaires.
■
La plupart des nicheurs secondaires se disputent les trous creusés par deux ou trois
espèces de pics. Certaines espèces dépendent exclusivement d'une autre pour leur nid.
Par exemple, la Petite Nyctale affectionne uniquement les cavités des Grands Pics
alors que tous les pics, sauf le Pic flamboyant, utilisent seulement le peuplier fauxtremble.
Arbres
At
Fd
Pl
Sx
Peuplier faux-tremble
Sapin Douglas
Pin tordu latifolié
Épinette hybride
Préservons la biodiversité
Environnement
Canada
PLAN D'ACTION
DU FRASER
Université de la
Colombie-Britannique
http://www.pwc.bc.doe.ca/
ec/frap/index.html
menée dans la région de Cariboo-Chilcotin montre que certaines espèces
L' étude
« clés » jouent un rôle capital dans la biodiversité, car beaucoup d’autres espèces
dépendent d’elles. Le grand nombre d’oiseaux qui nichent dans des cavités dépendent
presque entièrement d’une espèce d’arbre, le peuplier faux-tremble, et très fortement de
deux espèces de pics, qui leur fournissent les cavités. Cet arbre et ces deux espèces
d’oiseaux sont essentiels à la survie de près du tiers des espèces d’oiseaux qui peuplent les
forêts de la région de Cariboo-Chilcotin.
Si l’une ou l’autre de ces trois espèces clés subit des perturbations, c’est toute la
communauté qui s’en ressent. Il faut préserver en particulier le peuplier faux-tremble, à
cause du grand nombre d’espèces différentes qu’il accueille.
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